Offensive wokiste en Afrique : de la tradition à la judiciarisation
Le sujet n’est pas un marronnier(0) ; l’actualité n’est pas creuse, le problème n’est pas léger. Depuis peu à Abidjan, comme chaque année en cette saison nord-américaine de la « célébration des fiertés »(1), l’ambassade des États-Unis en Côte d’Ivoire arbore le slogan « Les droits LGBTQI+ sont des droits humains ».
On note un changement de méthode dans la promotion du wokisme. Moins explicite, elle est davantage ciblée, plus insidieuse. Avec le soutien de la communauté diplomatique européenne, dont la France.
Un activisme occidental croissant et décalé
Le 26 mai dernier, un média français woke(2) couvrait la quatrième édition du festival annuel Awawalé, organisé discrètement, pour des raisons prétendues de sécurité, par l’ONG Gromo(3) à l’Institut Goethe [allemand] d’Abidjan : « Face aux tentatives de mise en place ou de durcissement des législations homophobes dans plusieurs pays de la sous-région, l’une des priorités est de préserver le relatif havre de paix qu’offre la Côte d’Ivoire. » En 2023, c’est l’ambassadeur d’Espagne qui assurait une présence européenne au festival consacré aux violences basées sur le genre (VBG).
En Côte d’Ivoire et dans la 9e circonscription des Français de l’Étranger, (seize pays du Maghreb et d’Afrique de l’Ouest dont le Sénégal), le parti immigrationniste et wokiste LFI arrive largement en tête aux élections législatives et présidentielles ; suivi par celui de la défunte majorité présidentielle ; puis, par la droite nationale forte. Pourtant, « Les gauchistes aiment l’Afrique … mais l’Afrique n’aime pas les gauchistes »(4).
Une colonisation idéologique en marche forcée
Sur place, on constate la progression d’une nouvelle colonisation idéologique de l’Afrique par les lobbies mondialo-progressistes(5). Elle est ressentie comme offensante(6) par la plupart des Africains d’Afrique (hors diasporas déracinées) attachés à leurs cultures endogènes ancrées dans des valeurs ancestrales, garantes d’une fragile stabilité sociale. Au point de susciter des tensions intra- et inter-communautaires, toutes ethnies et confessions confondues, en en dramatisant un problème numériquement insignifiant. Car le conservatisme éclairé, valorisé en Afrique, reflète une sagesse populaire inspirée par les spiritualités naturelles et les religions révélées.
Il n’est pas question, ici, de justifier des violences contre les personnes apparentées à la communauté LGBT. Par décence et honnêteté, il convient toutefois de ramener ces agressions et discriminations à leurs justes proportions, eu égard aux problèmes graves et urgents d’intérêt général, récurrents et croissants : santé et éducation publiques sinistrées, conditions de vie insalubres, précarisation socio-économique, insécurité sous toutes ses formes. Il s’agit ici de survie, non de qualité de vie. Car les autres catégories de victimes de la mauvaise gouvernance, dont les LGBT font partie, pourraient chacune revendiquer une reconnaissance et une défense différenciées mais fratricides, la compersion solidaire des exclus de la croissance se muant alors en jalousie et en conflits. Le slogan américain « Les droits LGBTQIA+ sont des droits humains » signifie-t-il qu’il serait inhumain de ne pas les reconnaitre comme fondamentaux, primordiaux et prioritaires aux autres mentionnés plus haut ?
C’est ainsi qu’un phénomène ultra marginal, absent des préoccupations quotidiennes des populations, devient un problème général disproportionné ; d’une frange discrète et tolérée de la population, à une minorité bruyante et quérulente de pression, dont l’addition de représentations dérisoires finit par constituer une majorité apparente.
Massification d’apparence, victimisation à outrance
En effet, le communautarisme LGBT s’étend, par effet de nombre, en multipliant ses déclinaisons jusqu’à constituer une masse indifférenciée. Il s’alimente de nouvelles catégories, de plus en plus nombreuses mais aussi réduites(7). Aux LGBTQ s’ajoutent désormais les Intersexuels, les Asexuels ou Aromantiques (!) et autres, désignés par le signe positif indéfini +.
La liste des troubles identitaires, non close, s’allonge sans cesse par réductionnisme. Un quotidien national français(8)(8) mentionne « l’existence d’un réseau de 28 associations pro-LGBT+ [autant de subsides distribués] répertoriées par le Conseil National des Droits de l’Homme de Côte d’Ivoire (CNDH) ». Il affirme, par un hyperlogisme non documenté, que « dans un contexte d’homophobie régionale accrue » [CQFD], « un travail important reste à mener pour aboutir à une pleine acceptation des personnes LGBT+ dans la société ». Et dénigre « le Family Watch international, un puissant lobby chrétien venu des États-Unis, opposé à l’homosexualité et à l’avortement ».
Selon le même média militant, « au rejet familial, suivent les agressions du voisinage, le harcèlement en milieu scolaire et les discriminations dans l’accès au logement et à l’emploi. Selon un sondage [indisponible] effectué en 2021 par l’ONG Gromo, 70 % des personnes LGBT+ ivoiriennes seraient au chômage, quand d’après la Banque mondiale, seule 3 % du reste de la population est concernée ». Ce chiffre est fantaisiste car le taux général visible de chômage, constaté sur le terrain, est plutôt de l’ordre de 40%. Un juriste humaniste ivoirien commente, désabusé : « C’est une plaisanterie de mauvais goût… Par ces temps d’augmentation du coût de l’électricité… Et avec tous les jeunes au chômage que je connais… LE MONDE décrit n’est pas le mien. » On se rappelle la position charitable et ferme de l’Église du Cameroun, fin 2023, en réaction à la déclaration Fiducia Supplicans(9) sur la bénédiction des couples homosexuels : « Nous recommandons ceux qui sont enclins à l’homosexualité, à la prière et à la compassion de l’Église, en vue de leur conversion radicale. Nous les invitons aussi à sortir de leur mentalité de victimisation dans laquelle ils se complaisent à se considérer comme victimes, faibles, minorités. »
Judiciarisation et double chantage
Il y a deux ans(10), la banderole US LGBT était placée au côté du slogan racialiste ‘Black Lives Matter’, dont on avait souligné le caractère incongru en Afrique. L’amalgame psychologique entre des réalités distinctes, peu convaincant, a fait place à un lobbying juridique et économique plus ciblé et professionnel, associatif et institutionnel. On note une évolution légaliste d’inspiration très américaine, pour imposer par la justice civile et pénale, des mœurs que réprouvent les lois naturelles et traditionnelles, alors que les gouvernements africains comptent encore des ministères de la réconciliation et de la cohésion nationale. Par le recours accru au droit dans les interactions ordinaires, la juridicisation entraine la judiciarisation, par la saisie systématique, coûteuse et peu sûre, des tribunaux pour régler les conflits, que la médiation permettait d’éviter ou de régler.
Exit ‘Black Lives Matter’, la banderole LGBT est maintenant apposée à côté d’une banderole de format similaire affichant « Le Partenariat États-Unis /Côte d’Ivoire »(11). Celui-ci fait référence à l’accord bilatéral conclu en janvier dernier, lors de la visite du Secrétaire d’État américain Blinken, qui affirme « des relations solides, fondées sur des valeurs communes ». Des centaines de millions de dollars sont promis pour de très alléchants « programmes de transition politique et d’inclusion », d’aide sociale, sanitaire, humanitaire, économique, financière sécuritaire…moyennant l’alignement sous-entendu sur les valeurs progressistes américaines. La conditionnalité par des mécanismes d’évaluation et de mise en œuvre, d’attribution mais aussi de retrait unilatéral de ces aides, constitue un véritable et puissant chantage au développement(12) (12), une ingérence à laquelle les bénéficiaires auront du mal à résister.
Par ailleurs, le même média(13) affirmait clairement en mars dernier, que « des centaines de personnes homosexuelles, bisexuelles ou transgenres demandent l’asile en France chaque année. L’Ardhis, la principale association d’aide aux demandeurs d’asile LGBT, a accompagné depuis 2005 plus de 5 000 exilés originaires du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne, en particulier de RDC, de Côte d’Ivoire, du Mali et du Sénégal. » Cette injonction à la France d’imposer la culture LGBT en Afrique, constitue, pour les Français, un véritable chantage à l’immigration. On a vu l’effet contreproductif des rodomontades progressistes du trublion Mélenchon, qui s’est fait récemment moucher par le Premier ministre du Sénégal(14). De quoi attiser le fameux sentiment anti-français.
Jean-Michel Lavoizard
Le « marronnier » est un terme utilisé en journalisme… (plus ici)
Le mois des fiertés de l’ambassade américaine agace en Côte d’Ivoire [sur Boulevard Voltaire]
Festival Awawalé : la Côte d’Ivoire, un relatif havre de paix pour les LGBT+ [source RFI]
Côte d’Ivoire : L’ONG « GROMO » promeut l’insertion sociale de la communauté LGBTIQ+ dans sa diversité [source InfoDrome]
Les gauchistes aiment l’Afrique… mais l’Afrique n’aime pas les gauchistes [source Boulevard Voltaire]
Une nouvelle colonisation, idéologique, est en marche en Afrique [source Boulevard Voltaire]
Offensive LGBT en Afrique : défense ou offense ? [source Boulevard Voltaire]
Qu’est-ce que le « wokisme » ? [source Journal du Dimanche]
La Côte d’Ivoire, un refuge fragile pour les personnes LGBT+ d’Afrique de l’Ouest [source Le Monde]
Bénédiction des couples de même sexe : décidément, le courant progressiste ne passe pas en Afrique, dans Nice Provence Info
Le mois des fiertés de l’ambassade américaine agace en Côte d’Ivoire [source Boulevard Voltaire]
Les États-Unis et la Côte d’Ivoire : le renfort de notre partenariat[source U.S. Department of States]
Ces Africains LGBT qui demandent l’asile en France pour fuir les persécutions : « Si on me renvoie dans mon pays, c’est la mort » [source Le Monde]
Mélenchon au Sénégal : un démagogue hors-sol [source Boulevard Voltaire]
Mélenchon, promoteur de l’idéologie Woke en Afrique montre bien que cette ordure est complètement inféodé aux États-Unis.
Il est pire encore que Macron.