France-Algérie : la querelle révèle l’état de désagrégation avancée des deux nations

Les causes du différend

Elles trouvent, évi­dem­ment, leurs véri­tables ori­gines dans la ces­sion par de Gaulle, en 1962, d’une par­tie impor­tante du ter­ri­toire fran­çais qu’il a aban­don­née entre des mains qui ne la méri­taient pas et qui n’ont pas su la faire gran­dir et pros­pé­rer bien qu’elles aient eu toutes les chances de leur côté.
Le Figaro du 14 avril 2025 énu­mé­rait les cinq étapes qui, en quelques mois, avaient conduit à la crise diplo­ma­tique actuelle qui oppose les gou­ver­ne­ments fran­çais et algérien.

1- Reconnaissance du Sahara occi­den­tal par la France
« Le 30 juillet 2024, M. Macron adres­sait en effet au roi du Maroc, Mohammed VI, un cour­rier consa­crant solen­nel­le­ment le ral­lie­ment de la France à la thèse de la sou­ve­rai­ne­té maro­caine sur le Sahara occi­den­tal. »

2- Rappel de l’ambassadeur de l’Algérie en France
Le gou­ver­ne­ment algé­rien déci­dait, le 30 juillet 2024, le « retrait avec effet immé­diat » de son ambas­sa­deur en France, après l’annonce du sou­tien fran­çais au plan d’autonomie maro­cain pour le ter­ri­toire contes­té du Sahara occi­den­tal (ancienne colo­nie espa­gnole de 266 000 km2 (la moi­tié de la France), riche en eaux pois­son­neuses et en phos­phates ; l’Algérie sou­tient le Front Polisario qui reven­dique ce territoire).

3- Arrestation de Boualem Sansal
Arrêté à l’aéroport d’Alger le 16 novembre 2024, l’écrivain fran­co-algé­rien Boualem Sansal a été condam­né le 27 mars à cinq ans d’emprisonnement pour avoir cri­ti­qué les fron­tières actuelles de l’Algérie dans le maga­zine Frontières, en repre­nant la posi­tion du Maroc (voir ci-dessus).

4- Plusieurs influen­ceurs algé­riens arrê­tés
Ces « influen­ceurs » pré­sentent tous le même pro­fil : exer­çant leurs acti­vi­tés en France, ils sont Algériens ou Franco-Algériens, ils sou­tiennent le Pouvoir en place en Algérie et ils dénoncent, insultent ou menacent d’égorgement ceux de leurs com­pa­triotes qu’ils estiment traîtres à leur patrie (d’origine) ; la même patrie qui les ren­voie en France lorsqu’ils sont expul­sés par la France. On ne s’étonnera pas que l’un d’entre eux « pré­sen­tait les membres de la dia­spo­ra algé­rienne en France comme des “sol­dats dor­mants” prêts à deve­nir “des mar­tyrs” ».
« Ces der­niers jours, plu­sieurs res­sor­tis­sants algé­riens ou fran­co-algé­riens ont été arrê­tés en France après avoir pos­té des vidéos sur TikTok pro­pa­geant des appels à la haine et ont été mis en exa­men. Hier, jeu­di 9 jan­vier 2025, l’un d’entre eux a été envoyé en Algérie avant d’être ren­voyé en France, l’Algérie l’ayant inter­dit de ter­ri­toire. »
« “L’Algérie cherche à humi­lier la France”, a esti­mé ce ven­dre­di le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau» (Ouest-France, 10 jan­vier 2024)
Une influen­ceuse fran­co-algé­rienne, Sofia Benlemmane, qui « avait été inter­pel­lée elle aus­si début jan­vier, avait insul­té une femme : Nique ta mère toi et ta France, lui avait-elle lan­cé. J’espère que tu seras tuée, j’espère qu’ils vont te tuer. »
« Si elle cri­ti­quait vive­ment le pré­sident algé­rien Abdelmadjid Tebboune dans une vidéo de 2020, son dis­cours a depuis radi­ca­le­ment chan­gé et elle affiche désor­mais un sou­tien au gou­ver­ne­ment d’Alger. »
Les auto­ri­tés fran­çaises ne semblent pas s’offusquer outre-mesure de ce qui, en d’autres temps et, sur­tout, en d’autres pays, consti­tue­rait, de l’aveu même des pro­ta­go­nistes, une « cin­quième colonne » ; cette femme a été condam­née à du sur­sis et à des « heures de tra­vail d’intérêt général »…

5- L’attentat de Mulhouse
Interrogé sur TF1, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a indi­qué que le sus­pect, qui a tué une per­sonne et en a bles­sé six autres, fai­sait l’ob­jet d’une obli­ga­tion de quit­ter le ter­ri­toire fran­çais (OQTF) et a accu­sé l’Algérie de l’a­voir refu­sé à dix reprises. « Il n’y aurait pas eu d’attentat à Mulhouse si l’Algérie avait res­pec­té le droit et ses obli­ga­tions » a‑t-il décla­ré.
Il s’est ensui­vi ce feuille­ton ridi­cule où les deux par­ties expulsent à tour de bras et réci­pro­que­ment les agents consu­laires adverses.
Ainsi, « Samedi 12 avril, Alger a vive­ment pro­tes­té contre la mise en exa­men la veille d’un de ses agents consu­laires. L’homme est soup­çon­né d’être impli­qué dans l’en­lè­ve­ment sur le sol fran­çais d’un influen­ceur et oppo­sant algé­rien. » (France Info du 13 avril 2025)

Une question d’honneur ?

On a beau­coup par­lé dans cette affaire d’humiliation et d’honneur bafoué.
Cette his­toire prend une tour­nure pathé­tique, les repré­sen­tants de ces deux pays lar­ge­ment décon­si­dé­rés dans le monde (pour les rai­sons que nous allons évo­quer dans les cha­pitres sui­vants) ne ces­sant de bom­ber le torse comme des coque­lets qui tentent d’affirmer leur viri­li­té devant leurs basses-cours gogue­nardes et invo­quant des ques­tions d’honneur dont ni les uns ni les autres ne sont en mesure de prou­ver qu’ils savent de quoi ils parlent(1), parce que tout, dans le pas­sé dont ils sont comp­tables, ou dans leur atti­tude dans la ges­tion des affaires actuelles, vient infir­mer leur com­pé­tence en ce domaine, à com­men­cer par le pré­sident Macron, qui n’a pas hési­té à fou­ler aux pieds les prises de posi­tion de ses ministres en les contre­di­sant et venant sou­te­nir les… Algériens et leur pré­sident Tebboune. Les Pieds-Noirs n’auront pas oublié que, le 15 février 2017 à Alger, il avait qua­li­fié la colo­ni­sa­tion de « crime contre l’humanité ».
Pour remon­ter le niveau sur ce sujet, et pour bien mon­trer la dif­fé­rence abys­sale qu’il peut exis­ter entre nos ancêtres euro­péens et les pal­to­quets au Pouvoir à notre pré­sente époque, Bernard Lugan - Histoire des Algériesje vais évo­quer le glo­rieux fait d’armes rap­por­té par Bernard Lugan dans son livre Histoire des Algéries, qui s’est dérou­lé lors de la pre­mière guerre punique oppo­sant les Romains et les Carthaginois : « En 255 av. J.-C., ils [les Romains] mirent ain­si à terre un corps expé­di­tion­naire à proxi­mi­té de Carthage. Le consul Marcus Atilius Regulus qui le com­man­dait rem­por­ta une pre­mière vic­toire, puis il fut bat­tu par le grec Xanthippe, chef des mer­ce­naires car­tha­gi­nois. Capturé, il fut libé­ré sur parole deux ans plus tard contre la pro­messe de se consti­tuer pri­son­nier en cas d’échec de la mis­sion de paix dont les Carthaginois l’avaient char­gé. Regulus prit la parole devant le Sénat romain et il défen­dit au contraire l’option de la guerre ; puis, res­pec­tant sa parole, il retour­na à Carthage pour s’y consti­tuer pri­son­nier… Les Carthaginois l’auraient tor­tu­ré à mort. »
La France des « repen­tants », incluant tout le médiocre per­son­nel diplo­ma­tique macro­nien, ne com­pre­nant rien à la men­ta­li­té des peuples à qui ils ont affaire, ont eu, dans cette aven­ture gro­tesque, une atti­tude exac­te­ment à l’inverse de ce qu’il conve­nait de faire ; les Arabes, dans ce domaine, ne res­pectent que la force. Au contraire des ater­moie­ments crain­tifs de nos poli­ti­ciens indi­gents, il suf­fi­sait de taper du poing sur la table (ou sim­ple­ment du pied sur le sol) pour se faire res­pec­ter, accom­pa­gnant cette fer­me­té de ton de quelques mesures immé­diates et sans équi­voque, comme de cou­per toutes les aides trop géné­reu­se­ment consen­ties à l’Algérie à laquelle la France ne doit rien. Bien au contraire. La dépu­tée euro­péenne Sarah Knafo a chif­fré à 9 mil­liards d’euros par an les aides appor­tées par la France à l’Algérie, soit 3 fois le bud­get de nos dépar­te­ments d’outre-mer et plus que le bud­get accor­dé chi­che­ment à nos pay­sans qui meurent…

Pourquoi la France s’est-elle emparée de l’Algérie ?

Esclaves français rachetés en Algérie Capitaine britannique horrifié chrétiens esclaves Alger 1815.

Comment Algérie devint françaiseLa rai­son a été sim­ple­ment et d’une manière très concise expli­quée dès la pre­mière phrase de l’excellent livre de Georges Fleury, Comment l’Algérie devint fran­çaise ? : « Ainsi que les Algériens l’affirmeront en inau­gu­rant leur indé­pen­dance en 1962, les guerres d’Algérie ont com­men­cé lorsque le géné­ral de Bourmont s’empara d’Alger pour le compte de Charles X le 5 juillet 1830 avec, hor­mis l’Angleterre, la béné­dic­tion des États euro­péens dont les res­sor­tis­sants étaient en Méditerranée vic­times de la pira­te­rie bar­ba­resque(2). »
On estime que les pirates bar­ba­resques qui ont com­men­cé à écu­mer la Méditerranée après l’invasion des Arabes en Afrique du Nord ont sou­mis en escla­vage jusqu’à 1 250 000 chré­tiens, pra­ti­quant leurs raz­zias jusqu’en Islande.
En Provence, vers 889, un raid de Sarrasins s’empara de Fraxinetum, La Garde-Freinet, où ils for­ti­fièrent un nid d’aigle à par­tir duquel ils purent effec­tuer des raz­zias tout le long de la future Côte d’Azur jusqu’en Italie et remon­ter les Alpes. C’est seule­ment en 973, 84 ans plus tard, qu’une coa­li­tion pro­ven­çale et pié­mon­taise com­man­dée par le comte de Provence Guillaume put les battre. L’Histoire retien­dra son nom et sa geste en le dénom­mant Guillaume le Libérateur(3).
« Les cor­saires bar­ba­resques ont cap­tu­ré des mil­liers de navires chré­tiens et ont atta­qué à plu­sieurs reprises la plu­part des loca­li­tés côtières des rives nord de la mer Méditerranée. En consé­quence, les rési­dents ont aban­don­né leurs anciens vil­lages côtiers en Espagne, France et en Italie et en ont construit d’autres, sou­vent for­ti­fiés, au som­met des buttes et des col­lines. Les raids ont été un tel pro­blème que les côtes sont res­tées en par­tie désertes jus­qu’au début du XIXe siècle… Après les guerres napo­léo­niennes et le Congrès de Vienne de 1814–1815, les puis­sances euro­péennes sont conve­nues d’é­li­mi­ner com­plè­te­ment les cor­saires bar­ba­resques, et leur menace a lar­ge­ment été atté­nuée. Des inci­dents occa­sion­nels se sont pro­duits, y com­pris deux guerres bar­ba­resques entre les États-Unis et les États bar­ba­resques, jus­qu’à ce que leur acti­vi­té ait fina­le­ment pris fin avec la conquête fran­çaise d’Alger en 1830. » (Wikipédia).

Les bar­ba­resques auront donc accom­pli leurs for­faits pen­dant 1 000 ans.

Le grand écri­vain espa­gnol Miguel de Cervantes fut cap­tu­ré en mer par les bar­ba­resques le 26 sep­tembre 1575 et res­ta pri­son­nier des pirates pen­dant 5 ans à Alger : « On me mit une chaîne, plu­tôt en signe de rachat que pour me tenir en escla­vage, et je pas­sais ma vie dans ce bagne, avec une foule d’hommes de qua­li­té dési­gnés aus­si pour le rachat. Bien que la faim et le dénue­ment nous tour­men­tassent quel­que­fois, et même à peu près tou­jours, rien ne nous cau­sait autant de tour­ment que d’être témoins des cruau­tés inouïes que mon maître exer­çait sur les chré­tiens. Chaque jour, il en fai­sait pendre quelques-uns ; on empa­lait celui-là, on cou­pait les oreilles à celui-ci et cela pour si peu de chose, ou plu­tôt tel­le­ment sans motif, que les Turcs eux-mêmes recon­nais­saient qu’ils ne fai­saient le mal que pour le faire et parce que son humeur natu­relle le por­tait à être le meur­trier de tout le genre humain ».

Algérie - Épée - Charrue Algérie - Rivages amers

La Constitution des deux pays est fondée sur deux gros mensonges

J’ai bien par­lé, dans le titre de cet article, de la « désa­gré­ga­tion avan­cée des deux nations », et non pas « des deux gou­ver­ne­ments » ou « des deux États » car il faut inclure les peuples fran­çais et algé­rien dans cette déli­ques­cence en cours parce que ni l’un ni l’autre, sauf quelques cou­ra­geuses excep­tions, ne s’est levé pour arrê­ter le pro­ces­sus de déclin ini­tié par leurs gou­ver­ne­ments cor­rom­pus, ni pour se libé­rer des contraintes que les hommes de Pouvoir ont fait peser sur eux.
Ce n’est pas seule­ment le corps phy­sique de ces nations qui a été atteint mais aus­si le corps éthé­rique, vital, l’âme, que des forces exté­rieures mal­saines ont com­men­cé à ron­ger.
Ce pro­ces­sus de déca­dence a com­men­cé en 1962, pour les deux pays, lors de l’exode mas­sif des Européens d’Algérie obli­gés de se réfu­gier, pour la plu­part, en France – cette France qui les avait aban­don­nés – sous la menace des bar­bares isla­mistes qui ont pris le pou­voir en Algérie et qui ne leur ont lais­sé d’autre choix que « la valise ou le cer­cueil », et ce n’était pas juste une for­mule. Beaucoup d’entre eux ont payé de leur vie sa véri­fi­ca­tion.
Les indi­gènes, d’origine kabyle d’abord et arabe ensuite, qui ont pro­li­fé­ré(4) sur le ter­ri­toire que les Français ont dénom­mé « Algérie », parce qu’il fal­lait bien lui trou­ver un nom, se sont rapi­de­ment retrou­vés sans res­sources alors que la France, repré­sen­tée par les Français d’Algérie, leur avait lais­sé un mor­ceau du pays (13 dépar­te­ments fran­çais en par­fait état de fonc­tion­ne­ment(5)) qu’ils ont len­te­ment lais­sé se dégra­der, ne vou­lant pas, et ne sachant pas, l’entretenir.
La pre­mière Constitution algé­rienne a vu le jour en 1963, constam­ment révi­sée, elle a consa­cré la dic­ta­ture du par­ti unique isla­mique, le FLN, aux mains des mili­taires au pou­voir depuis 1962.
En France, la Constitution du 4 octobre 1958 est celle qui a fon­dé la Cinquième République et qui est tou­jours valide. Ce sont les Européens d’Algérie qui en sont à l’origine puisque ce sont eux qui ont alors appe­lé de Gaulle pour réta­blir l’ordre en Algérie d’abord et, par voie de consé­quence, en France.

Le men­songe de de Gaulle en 1958 : il n’a jamais eu l’intention de gar­der l’Algérie à la France

Ce que les Pieds-Noirs ont repro­ché à de Gaulle, ce sont sur­tout ses men­songes et les condi­tions épou­van­tables(6) dans les­quelles ils ont été contraints de quit­ter leur terre.
De Gaulle est arri­vé au Pouvoir grâce aux Pieds-Noirs en leur fai­sant croire qu’il œuvre­rait pour le main­tien de la France en Algérie alors qu’il savait déjà qu’il ne res­pec­te­rait pas les nom­breuses pro­messes qu’il avait faites à la foule des Français d’Algérie et des musul­mans fidèles à la France réunis par dizaine de mil­liers dans les villes d’Algérie en 1958 auprès de laquelle il venait por­ter la (fausse) bonne parole. Ne décla­rait-il pas per­ti­nem­ment le 16 sep­tembre 1959 à l’ancienne RTF : « Depuis que le monde est monde, il n’y a jamais eu d’unité, ni à plus forte rai­son, de sou­ve­rai­ne­té algé­rienne. Carthaginois, Romains, Vandales, Byzantins, Arabes syriens, Arabes de Cordoue, Turcs, Français, ont tour à tour péné­tré le pays sans qu’il y ait eu à aucun moment, sous aucune forme, un État algé­rien. »

De Gaulle - Alger - Je vous ai compris

D’autant plus que le terme lui-même, « Algérie », a été inven­té par le géné­ral Schneider en 1839. Cette seule cita­tion de de Gaulle suf­fi­rait pour exo­né­rer les Français d’Algérie de tout pro­cès d’occupation d’un « pays qui ne leur appar­te­nait pas », puisqu’il n’appartenait à per­sonne(7) et qu’ils ont su le mettre en valeur et mettre en valeur ses richesses au-delà de toute espérance.

Bachaga Boualem - Mon pays, la France

On se sou­vien­dra de la phrase du Bachaga Boualem, qui fut un temps vice-pré­sident de l’Assemblée natio­nale fran­çaise, chef de la tri­bu des Beni-Boudouane, musul­mans fidèles à la France, né à Soukh Arhas (comme le « pied-noir » de l’époque romaine, Saint-Augustin) : « Que de volon­té il a fal­lu à ces pre­miers Pieds-Noirs dans ce pays hos­tile, lut­tant contre la fièvre, la cha­leur, les pillards. Le fils à la char­rue, la fille à pétrir le pain, la femme à soi­gner les musul­mans, ils ont tout sacri­fié à cette terre(8). »
De Gaulle avait confié à Alain Peyrefitte, qui l’a retrans­crite dans C’était de Gaulle, cette asser­tion : « Vous croyez que le corps fran­çais peut absor­ber dix mil­lions de musul­mans, qui demain seront vingt mil­lions et après-demain qua­rante ? Si nous fai­sions l’intégration, si tous les Arabes et Berbères d’Algérie étaient consi­dé­rés comme Français, com­ment les empê­che­rait-on de venir s’installer en métro­pole, alors que le niveau de vie y est tel­le­ment plus éle­vé ! ».
Ce qui s’est effec­ti­ve­ment pro­duit, avec et sans de Gaulle, qui n’a pris aucune mesure pour empê­cher cette inva­sion alors qu’il en était encore temps et qu’il était donc par­fai­te­ment conscient du dan­ger. Il a dis­po­sé de six années pour contrer cette menace. Qu’a‑t-il fait ?
Que ce départ des Français d’Algérie ait été iné­luc­table est une autre ques­tion, ques­tion d’autant plus épi­neuse que les mili­taires fran­çais avaient gagné sur le ter­rain la bataille contre les ter­ro­ristes isla­miques du FLN.
Cette vic­toire est d’autant moins éton­nante que, même après les hor­ribles mas­sacres dont ils ont été vic­times, les musul­mans fidèles à la France étaient au moins 4 fois plus nom­breux que les par­ti­sans de la sépa­ra­tion.
Selon Bernard Lugan, qui se base sur des sources par­le­men­taires algé­riennes, les trois-quarts des 2 mil­lions de por­teurs de la carte de moud­ja­hi­dine et d’ayants droit sont des faux. « Le mythe d’un peuple una­ni­me­ment dres­sé contre le colo­ni­sa­teur connaît donc de sérieuses lézardes. D’autant plus que ceux que l’histoire offi­cielle (algé­rienne, NDLR) pré­sente comme une mino­ri­té de “col­la­bo­ra­teurs” et de “traîtres” semblent avoir été plus nom­breux que les moud­ja­hi­dines… En effet, (…) alors que le pro­ces­sus menant à l’indépendance était clai­re­ment enga­gé, 307 146 Algériens ser­vaient alors dans l’armée fran­çaise (selon les minu­tieux registres de cette même armée, NDLR) contre envi­ron 65 000 moud­ja­hi­dines. »
C’est à ce même moment de vic­toire totale de la France contre les rebelles que de Gaulle leur a offert cet immense ter­ri­toire fran­çais (2 382 000 km2, dont 2 000 000 de km2 pour le seul Sahara qui regorge de res­sources natu­relles, notam­ment pétro­li­fères) sans contre­par­tie, si ce n’est ces scan­da­leux « Accords d’Évian » qui n’ont jamais été res­pec­tés par le FLN.

Pourquoi avoir envoyé à la mort ces dizaines de mil­liers de sol­dats fran­çais, de Pieds-Noirs, de har­kis, sachant que c’était en pure perte(9) ?
Cette félo­nie ne lui a pas réus­si puisqu’il a été obli­gé de quit­ter le Pouvoir six ans après sa tra­hi­son. La déca­dence fran­çaise n’a ces­sé de s’amplifier après sa for­fai­ture, chaque pré­sident de la France se révé­lant plus nocif et plus anti-Français que son pré­dé­ces­seur, cha­cun riva­li­sant d’ingéniosité pour détruire le pays qu’il était char­gé d’administrer, jusqu’à l’apothéose : Macron. Il faut beau­coup d’imagination pour conce­voir pire que lui dans l’avenir.

Le men­songe du Pouvoir algé­rien en 1954 : le FLN était com­po­sé d’islamistes et non d’indépendantistes

Dans une inter­view au Monde datée du 4 décembre 1980, Ben Bella, le pre­mier pré­sident de la République algé­rienne décla­rait : « Plus que l’arabisme, c’est l’islamisme qui offre le cadre les plus satis­fai­sant, non seule­ment parce qu’il est plus large et donc plus effi­cace » et il avoue­ra au même jour­na­liste que le natio­na­lisme ne fut “qu’une pos­ture, une tac­tique, une ruse” ».
« D’aucuns diraient une mani­fes­ta­tion de la taqîya, dis­po­si­tion cora­nique qui auto­rise la dis­si­mu­la­tion de ses objec­tifs reli­gieux… » ajou­te­ront les jour­na­listes de Valeurs actuelles dans le remar­quable hors-série n° 21 qu’ils ont publié sur la guerre d’Algérie.

Valeurs Actuelles - 23 octobre 2019 - Algérie française vérités interdites

C’est donc le chef du FLN lui-même qui recon­naît que l’objectif prin­ci­pal qui avait moti­vé cette rébel­lion n’était pas d’ordre poli­tique mais reli­gieux ; ce n’était pas le natio­na­lisme, façon roman­tique, dont s’étaient enti­ché les pro­gres­sistes de l’époque (qui ser­vi­ront de « por­teurs de valise » aux ter­ro­ristes), ni même le pan­ara­bisme qui était le but de ce sou­lè­ve­ment bru­tal et inat­ten­du, mais l’islamisation de la popu­la­tion indi­gène(10). On com­pren­dra ensuite que ce qui inté­res­sait vrai­ment les moud­ja­hi­din, les « com­bat­tants de la foi », c’était le dji­had, la guerre sainte et puis, ensuite, la prise de Pouvoir et la mise en place d’une orga­ni­sa­tion stricte pour gar­der ce Pouvoir, et sur­tout pour contrô­ler le pro­fit que génè­re­ra l’énorme cadeau que leur avait fait de Gaulle en leur offrant le Sahara.
Il suf­fi­sait de dési­gner la colo­ni­sa­tion et la France comme uniques res­pon­sables des déboires de leur popu­la­tion afin de mas­quer la cor­rup­tion des diri­geants et leur inca­pa­ci­té à gou­ver­ner ; j’ai décrit dans un article pré­cé­dent daté du 8 juin 2024, Les Algériens exigent de la France repen­tance et com­pen­sa­tions : Ah bon ? Et de quel droit ? la façon dont les diri­geants algé­riens ont, depuis leur acces­sion au pou­voir en 1962, éla­bo­ré et entre­te­nu un sen­ti­ment de haine de la France et des Français auprès de leur popu­la­tion, et par­ti­cu­liè­re­ment de leur jeune popu­la­tion, ce qui explique le com­por­te­ment exces­si­ve­ment agres­sif et les into­lé­rables exac­tions des jeunes Algériens, Franco-Algériens ou Français d’origine algé­rienne à l’encontre du pays qui les accueille et qui les nour­rit(11).

Pierre-Émile Blairon

Algérie – Macron : l’humiliation de trop ?JT du mer­cre­di 16 avril 2025

Q

[NDLR] Y com­pris la Russie.

Voir mon ouvrage : Guide secret de la Côte d’Azur, Éditions Ouest-France, p. 18–19.
Pierre-Émile Blairon - Guide secret Côte Azur

La popu­la­tion indi­gène a été esti­mée à 2,5 mil­lions d’habitants en 1830, 12 mil­lions en 1962 et elle est éva­luée à 47 mil­lions en 2025 ; voir aus­si les études du CDHA

L’Algérie n’était pas une « colo­nie » fran­çaise comme on ne cesse de le répé­ter ; c’était une par­tie du ter­ri­toire fran­çais consti­tuée par 13 dépar­te­ments français.

Voir notre article : Oran, 5 juillet 1962 : la fin d’un monde du 7 juillet 2023

« Le dey Mustapha Pacha régnait en maître abso­lu au nom du sul­tan de Constantinople sur les 40 000 habi­tants d’Alger et, de manière plus infor­melle, sur les 2 mil­lions d’Arabes et de Berbères qui peu­plaient le reste du pays divi­sé en plus de 1 000 tri­bus dont à peine le tiers lui acquit­tait l’impôt. » (Comment l’Algérie devint fran­çaise, Georges Fleury, édi­tions Perrin)

Pour remettre les idées à l’endroit, pre­nez le temps de regar­der cette courte vidéo :

Nous pour­rions nous retrou­ver dans la même situa­tion si Macron per­siste à pro­vo­quer la Russie alors que tout le monde connaît l’issue de cette bataille qui serait fati­dique pour la France.

Les pre­mières vic­times et les plus nom­breuses de la guerre d’Algérie (envi­ron 200 000) furent des musul­mans pour la plu­part abo­mi­na­ble­ment tor­tu­rés, que les membres du FLN vou­laient mon­trer en exemple à leurs core­li­gion­naires afin de les dis­sua­der de col­la­bo­rer avec les Français, ce qu’ils avaient fait en toute bonne conscience depuis des générations.
Ancien combattant nord-africain

Pierre-Émile Blairon est l’auteur d’un cer­tain nombre de livres liés à l’Histoire, notam­ment de la Provence, de Nostradamus à Giono et à la fin du Cycle :

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