L’Hebdo varois semaine 47–2015
Cette semaine, focus sur La Seyne
L’agglomération du Grand Toulon, au sens large en incluant quelques communes limitrophes de Toulon-Provence-Méditerranée en continuité d’urbanisation, rassemble plus de la moitié des habitants du département. Au sein de cet ensemble, La Seyne-sur-Mer constitue un pôle important, c’est la deuxième ville du Var. Les deux sœurs rivales se font face de chaque bord de la rade.
Là s’arrêtent les similitudes. Car Toulon et La Seyne ont pris depuis longtemps des chemins différents, quand ils n’étaient pas carrément opposés. Que ce soit au niveau industriel et économique, militaire, ou encore culturel et sportif. Et bien sûr au plan politique aussi, les deux cités prenant depuis toujours ou presque un malin plaisir à systématiquement se retrouver dans des camps opposés, quelles que soient les alternances.
Il était donc légitime d’inaugurer la rubrique « L’HEBDO VAROIS » par La Seyne. Non pour faire une énième monographie de la ville, accompagnée ou non des clichés habituels. Juste en prenant quelques événements de la semaine qui s’achève, comme symboliques de mœurs et mentalités, qui dépassent au demeurant les limites de la commune.
Ça bouge au FN 83
Le coup de tonnerre, largement éclipsé par l’actualité des attentats de Paris, mais qui laissera des traces dans le paysage politique, c’est l’outing de Damien Guttierez, en pleine campagne électorale pour les élections régionales. D’origine pied-noir, élu local FN, et pas des moindres puisque conseiller municipal de la Seyne, conseiller communautaire Toulon-Provence-Méditerranée et Conseiller départemental du Var, Guttierez n’a pas hésité à remettre en cause publiquement le mode de financement des campagnes électorales de son parti, ainsi que la qualité du recrutement des militants et la sélection des candidats. En outre, il n’envisage pas moins que de briguer la présidence du FN face à Marine Le Pen. Il a été immédiatement suspendu et sera convoqué devant les instances disciplinaires internes. À suivre donc.
Grandes manœuvres, petits résultats
Dérisoire et risible, si ce n’était le contexte sanglant des attentats parisiens, cette opération de police le 17 novembre à Berthe. Cette cité, véritable ville dans la ville, c’est un peu le Molenbeek de la rade. Un déploiement de grande envergure, en plein état d’urgence national, pour finir par interpeler des possesseurs de barrettes de cannabis et intercepter des deux-roues sans plaque d’immatriculation… L’ordinaire anodin local. Pas de quoi fouetter un insoumis, même dans ce quartier.
Fait-divers regrettable
Lamentable et symptomatique de la perte des repères et du respect, la dégradation et le déplacement d’une stèle érigée à la mémoire d’un jeune Seynois assassiné il y a une quinzaine d’années, devant la Caisse d’Épargne, pour un billet de 100 Francs. Le maire de l’époque, Arthur Paecht, avait autorisé que l’on honorât ainsi sa mémoire. Les parents sont dévastés par ce vandalisme cruel et crétin. On ne peut que leur témoigner notre indignation et notre sympathie.
Politiquement incorrect mais juridiquement inattaquable ?
Plus léger, mais révélateur aussi de l’ouverture d’esprit de l’actuel maire, Marc Vuillemot, sa réaction face au contenu d’un panneau publicitaire 4×3 : il a effectué un signalement au Procureur de la République et une information au Préfet. Il faut dire que le propriétaire de cet espace d’affichage avait écrit : « Monsieur le Président, changeons la loi. La mort pour les terroristes et leurs complices. » Il a précisé que ses opinions étaient « apolitiques », que la liberté d’opinion dans notre pays est absolue et qu’il avait reçu beaucoup de messages « 100 % de soutien ». Certes, mais la réaction du premier édile devrait l’amener à se méfier : apparemment la vigilance de la Police de la Pensée ne laisse passer aucun délit d’opinion, fût-il largement partagé.
Marc FRANÇOIS, Toulon, 22 novembre 2015