L’Hebdo Varois 01–2016

Une mauvaise et une bonne nouvelles

Il faut savoir choi­sir, si l’on veut agir. C’est le cas en matière édi­to­riale aus­si. Ce début d’année donne matière à réflé­chir sur beau­coup de sujets, cer­tains com­por­tant de forts enjeux directs pour notre Var, d’autres à por­tée plus natio­nale. Nous avons déci­dé d’en extraire deux, emblé­ma­tiques en eux-mêmes et parce qu’ils reflètent l’ambivalence de nos temps : l’un s’est dérou­lé loin mais révèle une inquié­tude qui pour­rait se pro­pa­ger, l’autre apporte chez nous un espoir concret de ressaisissement.

Notre suc­cès nais­sant, c’est d’abord le vôtre, chers lecteurs

Mais aupa­ra­vant, une fois n’est pas cou­tume, par­lons de briè­ve­ment de nous. C’est-à-dire de vous. Et là les nou­velles sont encou­ra­geantes en ce début d’année 2016. Plus de 3 mil­lions de pages lues sur Nice-Provence.info en 2015, plu­sieurs mil­liers de visi­teurs uniques chaque jour, près de 20000 chaque lun­di avec par­fois des pointes à 50000, un taux de pages lues par visi­teur unique se sta­bi­li­sant entre 6 et 8, ce qui démontre votre inté­rêt pour le maga­zine au-delà du clic « one-shot » visant une info pré­cise. C’est un bilan que beau­coup de médias peuvent nous envier, dès notre pre­mière année pleine de pré­sence sur la toile. Les inter­nautes varois se joignent de plus en plus au flot des autres pro­ven­çaux, preuve qu’il existe une véri­table attente pour un web-maga­zine de qua­li­té, indé­pen­dant finan­ciè­re­ment et idéo­lo­gi­que­ment, trai­tant de ce qui nous inté­resse loca­le­ment en don­nant du sens géné­ral. Vous inté­res­ser, c’est notre plai­sir. Nous vous remer­cions de votre fidé­li­té, elle consti­tue notre pre­mière récompense.

Nos vœux s’adressent bien sûr à vous et aux vôtres pour cette nou­velle année, dans une période qui recèle des écueils et des dan­gers, donc appelle le besoin de repères et de dis­cer­ne­ment. C’est ce que nous nous effor­ce­rons de conti­nuer à vous livrer chaque jour sur Nice-provence.info, et chaque semaine dans l’Hebdo varois. En espé­rant vous offrir en cours d’année d’autres avan­cées. Et quelques sur­prises du côté du Var.

Une pro­tec­tion impo­sée, c’est syno­nyme de vas­sa­li­té subie

La mau­vaise nou­velle que nous avons sélec­tion­née la semaine pas­sée, c’est para­doxa­le­ment celle qui a lais­sé indif­fé­rent le plus grand nombre, voire qui a réjoui les médias et mal­heu­reu­se­ment cer­tains catho­liques. A Lens, la messe de minuit le soir de Noël a été célé­brée sous la garde osten­ta­toire et média­ti­sée de milices musul­manes. Les fidèles catho­liques se sen­taient-ils plus mena­cés que d’habitude ? Non. Le cler­gé local aurait-il reçu des menaces pré­cises pour ces offices ? Non. Quelque auto­ri­té civile ou reli­gieuse a‑t-elle requis ces vigiles au phy­sique de videurs de boîte reloo­kés façon « soft jihad » ? Non. En cas de trouble pré­vi­sion­nel, un ser­vice d’ordre isla­mique est-il plus légi­time que la force publique en charge d’assurer la liber­té du culte ? Non. C’est même illé­gal. Alors on est en droit de se deman­der pour­quoi le ministre des cultes, qui n’est autre que le ministre de l’intérieur, donc en charge de l’ordre public, a lais­sé faire et n’a pas condamné.

On reste médu­sé de sur­croît par l’angélisme, ou la cré­ti­ne­rie, voire la com­pli­ci­té, de cer­tains fidèles qui n’ont rien trou­vé à redire, ou même se sont réjouis de cet œcu­mé­nisme uni­la­té­ral et for­cé. Relayés avec com­plai­sance par les médias. Pas d’indignation non plus du côté de la hié­rar­chie catho­lique. Le coup par­fait pour les bar­bus de ser­vice ce soir-là, gagné sur deux tableaux essen­tiels : pro­sé­ly­tisme reli­gieux et expo­si­tion média­tique. L’espace d’un ins­tant, on a oublié au nom de qui et de quoi les Kouachi, Coulibaly et Abaaoud ont per­pé­tré les mas­sacres de jan­vier et de novembre 2015. L’inversion totale des termes, la reli­gion mon­tante des assas­sins se fai­sant pas­ser pour la pro­tec­trice de la reli­gion décli­nante des autoch­tones. L’image des vieux et frêles fidèles chré­tiens timo­rés, enca­drés mal­gré eux par les jeunes cos­tauds mili­tants musul­mans gogue­nards, res­te­ra impri­mée dans les esprits comme un symbole.

Pas besoin pour­tant de se poser en expert du Coran pour com­prendre. On conseille plu­tôt à ceux qui ne voient qu’innocence ou joie dans ce fait divers de révi­ser, ou de décou­vrir, la condi­tion du dhim­mi dans les pays isla­miques. Ainsi que la notion stra­té­gique de taqyya dans l’expansion de l’islam.

Pour prendre des com­pa­rai­sons plus proches de notre culture, et plus per­ti­nentes compte tenu du mode opé­ra­toire des milices musul­manes, disons que nous avons un mot pour qua­li­fier une pro­tec­tion encom­brante subie sans l’avoir deman­dée : ça s’appelle le racket. Et ce n’est pas parce que les vic­times demeurent silen­cieuses, ne se plaignent pas, voire qu’elles font mine d’accepter de bonne grâce, que le délit n’est pas consti­tué. Ceux qui payent le piz­zo en Sicile ou à Naples col­la­borent rare­ment à la lutte contre le par­rai­nage for­cé. La peur et le syn­drome de Stockholm font le reste. Ils sont pour­tant les pre­miers lésés. Les chré­tiens de France, les catho­liques en par­ti­cu­lier, seraient bien ins­pi­rés d’y réflé­chir. Avant qu’il ne soit trop tard.

La scène s’est dérou­lée dans le Nord de la France. Le Pas-de-Calais pré­ci­sé­ment. C’est loin. Et en même temps pareille menace pour­rait être plus proche de nous qu’on ne l’imaginerait, si on n’était pas aver­ti. On est tou­te­fois enclin à espé­rer qu’en pareil cas, dans le Var, l’évêque de Fréjus ne res­te­rait pas inerte.

Le com­bat de la mos­quée de Fréjus semble chan­ger d’âme

C’est de Fréjus jus­te­ment qu’est venue la bonne nou­velle de la semaine. Le tri­bu­nal admi­nis­tra­tif a reje­té la requête en réfé­ré d’une asso­cia­tion isla­miste. L’action judi­ciaire enga­gée par cette asso­cia­tion visait à obli­ger le pré­fet du Var à se sub­sti­tuer au maire pour déli­vrer l’autorisation d’ouverture de la mos­quée liti­gieuse. Les requé­rants invo­quaient la déci­sion du Conseil d’Etat ordon­nant au maire d’autoriser l’ouverture, sous astreinte.

L’affaire parais­sait mal enga­gée après la mise en demeure au maire par la pré­fec­ture d’ouvrir le lieu de culte objet de toutes les contro­verses depuis plus de deux ans. Sujet cen­tral lors des élec­tions muni­ci­pales, gagnées par le FN David Rachline contre le maire sor­tant, qui avait déli­vré le per­mis de construire. Dans des condi­tions qui semblent désor­mais inté­res­ser la justice.

Une série d’indices semble reflé­ter une amorce de revi­re­ment dans ce com­bat dont le nou­veau maire avait fait un thème emblé­ma­tique de sa cam­pagne. Et dans lequel les oppo­sants à la mos­quée enre­gis­traient décep­tions sur décon­ve­nues. De quoi engen­drer le doute. L’espoir renaît dans ce camp : en novembre 2015 le Parquet requiert la démo­li­tion, en décembre le réfé­ré en ouver­ture est reje­té. En février 2016, c’est le tri­bu­nal cor­rec­tion­nel qui appré­cie­ra les condi­tions dans les­quelles le per­mis de construire a été déli­vré à l’époque.

L’ouverture for­cée a été reje­tée par le tri­bu­nal admi­nis­tra­tif de Toulon en réfé­ré le 24 décembre. Joli cadeau de Noël pour les Fréjussiens en par­ti­cu­lier et les Varois en géné­ral. Quand on pense que l’article de Var-Matin com­men­çait par « Pas de cadeau de Noël pour les musul­mans de Fréjus », on com­prend pour­quoi ce jour­nal perd régu­liè­re­ment des lec­teurs, pen­dant que Nice-Provence info et l’Hebdo varois en gagnent. Restez avec nous, vous avez bien rai­son. Ils ont choi­si leur côté. Nous, nous sommes du vôtre.

Marc FRANÇOIS, Toulon, 4 jan­vier 2016