Mais que fait le CSA ?
Tel Jupiter descendu de l’Olympe pour prodiguer ses oracles, Emmanuel Macron s’est adressé aux Français, mardi dernier le 9 novembre 2021 depuis le palais de l’Élysée, avec le ton grave qu’on lui connaît en la circonstance. Qu’avait-il de si important à dire qui justifiât cette apparition solennelle ?
D’abord, nous faire son sempiternel point sur la situation de l’épidémie de Covid-19 et annoncer la pérennisation des mesures de restriction de liberté. Au prétexte d’une cinquième vague annoncée, il a enjoint les six millions de Français non encore vaccinés de s’y résoudre au plus vite, rappelant le slogan mensonger affirmant qu’il y a onze fois moins de chance de finir à l’hôpital quand on est vacciné. Et, dans la foulée, il a annoncé la nécessité d’une troisième dose contredisant de fait son ministre de la Santé qui avait déclaré, quelques semaines auparavant, que celle-ci n’aurait aucune incidence sur le passe sanitaire. Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté, chantait Guy Béart… Pour sûr, nos deux larrons auront une vie longue !
Ces annonces auraient logiquement dû être présentées par le Premier ministre, Jean Castex, mais en « monarchie présidentielle », l’occasion était trop belle pour Emmanuel Macron de se mettre en scène. Car l’objet essentiel de cette prise de parole était ailleurs : il s’agissait de poursuivre sa campagne électorale sans se déclarer officiellement. Passé les quelques huit minutes à nous seriner avec la crise sanitaire, on a vu le Président verser totalement dans la harangue de campagne pour vingt longues minutes. Le candidat Macron s’est ainsi mis a égrainer, sans aucune contradiction possible, son chapelet de satisfécits. La France n’a pas démérité dans la course aux vaccins, elle a préféré miser sur la recherche de traitements. « Le gouvernement – comprendre “lui-même” – s’est attaché à protéger tout le monde, nos enfants, nos jeunes, les plus précaires, nos artistes, nos entrepreneurs… ». Il a « investi dans la santé » comme « jamais, depuis la création de la Sécurité sociale ». Les soignants qui souffrent de conditions de travail déplorables ont apprécié. Le « quoi qu’il en coûte » (100 milliards distribués), ce n’est pas de la dette… Même si « notre situation économique reste à consolider » – Qu’en termes élégants ces choses-là sont dites – et au final, « Nous sommes l’un des seuls pays du monde où le pouvoir d’achat a continué à progresser en moyenne et ou la pauvreté n’a pas augmenté. » Les Gilets Jaunes s’en étouffent encore.
Ça, c’était l’argumentaire principal, celui sur lequel il mise pour asseoir sa réélection. Son atout majeur. Sera-t-il gagnant ? Les sondages semblent l’assurer mais rien n’est encore joué à six mois du scrutin. Quant à son programme, Macron a soigneusement évité les sujets qui sont au centre de la campagne depuis que le polémiste Éric Zemmour s’est lancé dans la bataille : rien sur l’immigration, le communautarisme, l’islamisme et l’insécurité ! Pas davantage d’allusion au délabrement du niveau scolaire et du système éducatif.
En revanche, Macron a martelé le mot « travail ». Il a dit viser le plein-emploi et assuré que, depuis le début de son mandat, « le travail paye mieux ». Là encore, les Gilets Jaunes se sont étranglés. Dans sa grande lâcheté, il a déclaré abandonner la réforme des retraites, pourtant promise durant sa campagne de 2017, arguant que « les conditions ne sont pas réunies pour relancer aujourd’hui ce chantier ». Pas folle la guêpe ! Relancer l’affaire maintenant serait une manœuvre suicidaire. Il la renvoie donc à 2022, c’est-à-dire… après sa réélection, dont il ne doute pas. Il finira son monologue par un éloge de sa politique sécuritaire (?), de son plan France 2030 – ce qui confirme qu’il ne doute pas un instant d’être réélu – et à l’Europe. Fallait surtout pas l’oublier, celle-là. Ni les ambitions climatiques intervenues en fin de discours avec cependant un pavé dans la mare des écologistes anti-nucléaires. Macron qui a fermé Fessenheim et annonce maintenant la construction de nouvelles centrales considère-t-il aujourd’hui que les bulletins de vote des Khmers verts sont quantité négligeables ?
Ce discours fleuve du Président était donc bien une tribune de campagne
Cela n’a échappé à personne et surtout pas au député européen de La France insoumise, Manuel Bompard, qui l’a dénoncé avec une certaine dose d’humour : « Elle a l’air bien cette nouvelle émission de campagne où le candidat peut parler sans être interrompu. j’espère que les autres candidats seront bientôt invités ». Bizarrement, cette évidence a quand même échappé au CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) qui, pourtant, s’était montré tellement sourcilleux avec Éric Zemmour. Les esprits mesquins y verront une marque flagrante du deux-poids-deux-mesures qui caractérise si bien toutes les instances judiciaires et de contrôle de notre pays. Quand l’un a dû quitter son job à CNews, l’autre se pavane partout, à Beauvau, à Marseille, en Avignon, chez les Harkis, avec les sportifs olympiques, avec la jeunesse… distribuant partout, tel la Semeuse, des largesses avec le carnet de chèques des contribuables.
Mais non, le CSA n’y trouve rien à redire
Il se borne, selon lui, à appliquer la loi : « Tout ce qui ne relève pas du débat politique national passe sous les radars » et n’est donc pas décompté. Sauf que ses règles du jeu sont changeantes, floues et subjectives puisque soumises à sa discrétion. Et le CSA s’auto-décrivant comme une « autorité publique indépendante » – magnifique oxymore ! – suit docilement la voix de son maître. Il y a donc guère de chance que la saisine du CSA par Manuel Bompard, directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon, pour demander de comptabiliser le temps de parole d’Emmanuel Macron au même titre que les autres candidats à la présidentielle, aboutisse. Dans cette « vraie-fausse » campagne électorale déjà bien engagée, il est clair que tout le monde ne se bat pas à armes égales.
Charles ANDRÉ
« L’important n’est pas de convaincre mais de donner à réfléchir. »
Bonus : Guy Béart dans « La Vérité »
Il est à gerber, ce président !!! Mais il caracole toujours dans les sondages … snif ! snif !!! Les Français sont des veaux !!! Déjà tous vaccinés … et bientôt marqués au fer rouge sans meugler. Pauvre France !!!