La macronie championne du grenouillage
Chacun sait qu’en politique les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Et tout le monde se souvient que le candidat Macron en avait fait beaucoup, des promesses, notamment celle de rompre avec les vilaines pratiques en interdisant aux parlementaires d’exercer des activités de conseil parallèlement à leur mandat, pour mettre fin aux conflits d’intérêts. Notons au passage qu’il avait également assuré vouloir « passer d’une administration du contrôle et de la sanction systématique, à une administration […] du conseil et de l’accompagnement. » On a vu ce qu’il en a été avec la crise du Covid mais le sujet n’est pas là.
En fait, depuis plus de quatre ans, la macronie s’est avérée être un ramassis de tristes sires, tous plus méprisants les uns que les autres quant à leur propension à s’asseoir sur les promesses faites mais aussi sur la République, ses lois, son droit, l’éthique et la morale. Il y a eu Benalla, l’usurpateur de fonctions policières et diplomatiques ; il y a eu de Rugy(1) menant vie de château sur fonds publics ; il y a eu Delevoye(2) le spécialiste du conflit d’intérêt… Et puis le big boss en personne qui, au mépris de la séparation des pouvoirs, est intervenu directement dans une procédure judiciaire pour protéger son collaborateur le plus proche, Alexis Kohler, et à couvrir un mensonge d’État, ce qui constitue de fait une entrave caractériése à la Justice.
En effet, passant outre la séparation des pouvoirs, Emmanuel Macron a écrit au PNF (Parquet National Financier), à l’été 2019, pour disculper Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Élysée mis en cause dans un rapport de police accablant. S’en est suivi un second rapport d’enquête aboutissant, comme par enchantement, à des conclusions diamétralement opposées. Un mois plus tard, l’enquête était classée sans suite ! Voilà qui constitue le dernier scandale éclaboussant la macronie et l’État jupitérien.
L’affaire remonte à juin 2018 lorsque l’association Anticor dépose plainte pour prise illégale d’intérêts, trafic d’influence et corruption passive visant le secrétaire général de l’Élysée. Une enquête préliminaire avait alors été ouverte par le Parquet National Financier. Les magistrats voulaient vérifier les éléments avancés par l’association à savoir des liens familiaux et professionnels avec l’armateur italo-suisse MSC (Mediterranean Shipping Company) – dont le fondateur est le cousin par alliance de Mme Kohler mère ! –, un des premiers clients des chantiers de Saint-Nazaire. Cette proximité n’aurait pas été déclarée par Alexis Kohler à la commission de la fonction publique lors de son entrée à Bercy. Et donc, à plusieurs reprises, celui-ci aurait mis les moyens de l’État à disposition du croisiériste, avant d’aller y pantoufler !
Car Alexis Kohler, qui est sorti, lui aussi, des écoles les plus prestigieuses de la République (Sciences Po puis l’Essec et enfin l’ENA) est passé par le FMI (Fonds Monétaire International) et surtout par l’Agence des Participations de l’État (APE)(3). À ce poste stratégique il était le représentant de l’État dans les différents conseils d’administration d’entreprises partiellement détenues par la France : Renault, RATP, Aéroports de Paris, Port du Havre et… STX France (chantiers de Saint-Nazaire) dans lesquels l’État est actionnaire à hauteur de 33,4 % et avec lesquels il concluait, en 2010, des contrats avec MSC, l’entreprise familiale du petit Kohler. Ainsi, notre brillant énarque défendait les intérêts de gros groupes tout en étant serviteur de l’État. Ce qui lui valut un avis défavorable de la Commission de déontologie de la fonction publique lorsqu’en avril 2014 il fit une demande pour rejoindre MSC.
Or, cette année 2014 est celle au cours de laquelle Alexis Kohler rencontre Emmanuel Macron qui en fera son directeur de cabinet lorsqu’il succèdera à Arnaud Montebourg à Bercy. Comme par hasard, en août 2016, la Commission de déontologie reviendra sur son avis défavorable l’ayant empêché de rejoindre MSC : le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, était passé par là, se portant garant de la probité de son collaborateur ! Le même ministre favorisera ensuite le rachat de STX France par… MSC ! La boucle sera bouclée. Alexis Kohler renverra l’ascenseur en s’impliquant activement dans la conquête de l’Élysée par son mentor qu’il rejoindra sous les ors de la République après l’élection.
Du grenouillage dans toute son horreur !
C’était cependant sans compter sur la pugnacité d’Anticor qui y a vu malice estimant que la proximité d’Alexis Kohler avec l’entreprise MSC aurait pu l’amener à traiter des dossiers sensibles intéressant la société alors qu’il était directeur de cabinet. Du coup, le PNF s’intéresse maintenant à ses deux années passées comme directeur adjoint au cabinet du ministre de l’Économie et des Finances Pierre Moscovici, de 2012 à 2014, époque où il siégeait toujours au conseil d’administration des chantiers STX de Saint-Nazaire.
Le Pouvoir n’est pas parvenu à enterrer l’affaire qui ressort ces jours-ci (voir vidéo ci-dessous). Alexis Kohler est en train de devenir un caillou très gênant dans la chaussure d’Emmanuel Macron, sur un autre registre, s’entend, que l’affaire Benalla. L’opposition en profite, bien sûr, pour multiplier les attaques : Gilbert Collard du Rassemblement National demande la destitution du chef de l’État et l’Insoumis Ugo Bernalicis appelle à l’ouverture d’une enquête par l’inspection générale de la justice. Plusieurs élus parlent de scandale d’État. À moins de six mois de l’élection présidentielle, cette affaire Kohler prend un petit air d’affaire Fillon. Les conséquences en seraient-elles potentiellement analogues ?
Charles ANDRÉ
« L’important n’est pas de convaincre mais de donner à réfléchir. »
(1) Lire La nouvelle posture : « J’assume ! » du 18 juillet 2018
(2) Lire Delevoye : révélateur du pourrissement complet du Système du 15 décembre 2019
(3) Le monde de notre technocratie dirigeante étant petit, le directeur de l’APE n’est autre que Martin Vial, époux de Florence Parly, ministre de la Défense
Infographie publiée par France Bleu le mercredi 24 juin 2020 :
Plus, avec la vidéo ci-dessous :
C’était déjà la MAFIA avec les autres gouvernements.
Avec le gouvernement MACRON, c’est la véritable république bananière.
Disparition progressive de notre république : Liberté, Egalité, Fraternité.
Je croyais, moi qui suis d’origine italienne, que la Mafia d’Etat ne concernait que l’Italie, mais là avec Macron on a passé un cap bien supérieur… Il faut dire que la Constitution de la 5ème république a permis à tous les chefs d’Etat d’avoir une certaine impunité. En effet, tous les pouvoirs dans les mains d’un seul homme ce n’est pas la démocratie. Le Général De Gaulle doit se retourner dans sa tombe…!!! Mais qui sera assez honnête pour l’admettre et la changer …???