Canicule : un temps de chien ?
À l’heure où je vous écris (il est 11h) le thermomètre placé au nord de ma maison indique un bon 30°. Nous sommes dans la dernière semaine de juin, cela n’a rien d’exceptionnel.
Il fait chaud, et alors ?
Pourtant tous vos journaux d’information font leur une avec ce mot : CANICULE !
Petit rappel étymologique d’abord. Pourquoi ce terme évoquant le meilleur ami de l’homme ? Et bien il nous vient de l’Égypte ancienne, où dans l’antiquité, le lever héliaque de Sirius (le moment où l’étoile devient visible à l’est, à l’aube, après une période où elle était noyée par la luminosité du soleil), annonçait l’arrivée des grandes inondations fécondantes provoquées par les crues du Nil. Cela arrivait aux alentours du 19⁄20 juillet avec de fortes chaleurs. Sirius est l’étoile la plus brillante de notre ciel, elle appartient à la constellation du « Grand chien (Canis Major) », d’où le nom de canicule. C’est donc bien un temps de chien !
Des canicules il y en eut depuis… et ceci de manière régulière.
Elles n’ont pas toutes été recensées puisque nos véritables statistiques météorologiques n’ont pas deux siècles. Mais justement, un petit rappel ne fait pas de mal. Qui se rappelle qu’en 1911, il y a à peine plus de cent ans, une de ces canicules dura du 5 juillet jusqu’au 13 septembre ? Elle fit près de quarante mille morts dont vingt-neuf mille enfants.
En 1922, la « fournaise » commença dès le 20 mai et ce jusqu’à la fin du mois avec dans certaines villes du sud-ouest des températures maximales supérieures à 30°C pendant 12 jours consécutifs !
Après la seconde guerre mondiale, une série d’étés caniculaires a touché l’Europe de l’ouest (1945, 1947, 1949, 1950 et 1952). En 1947, les températures ont été constamment supérieures à la moyenne d’avril jusqu’à début octobre. Qui en parle ?
Les changements climatiques sont évidents pour tout le monde. Mais aucune statistique vraiment fiable sur un suffisamment grand nombre d’années n’existe pas. Le site Futura rapporte par exemple que, selon une étude scientifique sérieuse basée sur la mesure des cernes de troncs d’arbre datant de l’époque romaine ou de la fin du Moyen Âge, la température moyenne, en Scandinavie, entre 20 et 51 ap. J.-C., était supérieure de 1,05 °C à celle mesurée entre 1951 et 1980 (donc égale à la température actuelle !) et de 2 °C par rapport à celle qui prévalait entre 1451 et 1480, période froide.
De la même manière notre planète a connu un entre 1645 et 1715, une époque glaciale peut-être due à l’absence prolongée de taches solaires.
La cause de tout cela nous dépasse largement. Tout ce que nous pouvons affirmer c’est que le climat est influencé par des radiations solaires à propos desquelles nous savons très peu de choses. Elles n’obéissent en tous cas, à aucune logique qui nous soit accessible dans l’état actuel de nos connaissances.
C’est la raison pour laquelle la Doxa nous culpabilise aussi facilement.
Le grand coupable, c’est l’Homme. L’Homme et sa façon de vivre en société. On nous inflige la confusion entre pollution et réchauffement climatique. Et pas question de réagir. On doit rester tête basse et réciter notre acte de contrition envers la planète : je m’accuse de… Ceux qui ne le font pas sont condamnés d’avance. On a d’ailleurs inventé un mot pour mieux les stigmatiser : des « climatosceptiques ». Cela suffit à vous évincer à l’avance d’un débat, puis d’une manière plus large, de la société. Rappelez-vous Claude Allègre, ex-ministre de l’Éducation nationale, ou Philippe Verdier présentateur météo sur France2, passés tous les deux aux oubliettes pour avoir contredit la sainte écriture.
On utilise d’ailleurs un subterfuge linguistique pour cela. On ne vous reproche pas de discuter les causes du changement climatique, mais on vous accuse carrément de le nier, ce qui n’est pas le cas ! De grâce, laissons tomber cette orgueilleuse vision anthropocentriste et revenons à notre canicule de cette semaine. Ce n’est pas l’homme qui en est la cause, ce n’est pas l’homme qui la fera cesser.
En attendant que ça passe, suivez les conseils dispensés sur toutes les antennes et toutes les pages, buvez de l’eau, mettez vous au frais. On vous dit d’aller dans les endroits climatisés grâce à notre électricité nucléaire : pour quelques jours, vous avez le droit de participer au réchauffement climatique ! Tout ça finira bien par passer… comme le reste. Et dans quelques mois, on vous dira comment mieux utiliser votre chauffage électrique !
Patrice LEMAÎTRE
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