Macron, ce grand complotiste

Macron ne peut pas com­prendre avec son prisme idéo­lo­gique et cultu­rel que les Gilets Jaunes soient un mou­ve­ment popu­laire. Cela lui est impos­sible.

Lors de la tra­di­tion­nelle allo­cu­tion de fin d’an­née, il décla­rait le 31 décembre 2018 : « Que cer­tains prennent pour pré­texte de par­ler au nom du peuple (…) et n’étant en fait que les porte-voix d’une foule hai­neuse, s’en prennent aux élus, aux forces de l’ordre, aux jour­na­listes, aux juifs, aux étran­gers, aux homo­sexuels, c’est tout sim­ple­ment la néga­tion de la France. » Autrement dit, pour celui qui est sen­sé être le pré­sident de tous les Français :

Gilets Jaunes = fascistes, antisémites, xénophobes, homophobes.

Le Président déci­da alors d’une répres­sion farouche contre ce mou­ve­ment de contestation,

  • répres­sion poli­cière sans pré­cé­dent au point de déclen­cher un malaise pro­fond dans les forces de l’ordre (sui­cides, désobéissance)
    Gilets-Jaunes-acte-9-Nice-samedi-12-janvier-2019-violences-policieres
  • répres­sion judi­ciaire massive :
Selon le maga­zine Basta ! du 3 avril 2019 :
Les condam­na­tions à la pri­son ferme ou avec sur­sis recen­sées par Basta ! montrent l’ampleur du volet judi­ciaire dans la répres­sion du mou­ve­ment des gilets jaunes. Des com­pa­ru­tions immé­diates très nom­breuses, des dos­siers vite fice­lés, des condam­na­tions par­fois sans preuve concrète des faits repro­chés, ou sim­ple­ment pour avoir eu la volon­té de par­ti­ci­per à une mani­fes­ta­tion.
Des Gilets Jaunes jugés en grande par­tie en com­pa­ru­tion immé­diate, des peines allant d’un mois de pri­son avec sur­sis à plus de trois ans de pri­son, des jets de pro­jec­tiles majo­ri­taires par­mi les motifs des condam­na­tions : les chiffres que nous avons publiés donnent une idée du trai­te­ment judi­ciaire du mou­ve­ment des gilets jaunes, qui repré­sente un nombre consi­dé­rable de pro­cé­dures : 2000 par­ti­ci­pants au mou­ve­ment des gilets jaunes ont été condam­nés entre mi-novembre et fin mars, 1800 autres per­sonnes sont en attente d’être jugées, selon le minis­tère de la Justice.

  • répres­sion média­tique : la presse sub­ven­tion­née n’a eu de cesse de dia­bo­li­ser les Gilets Jaunes fau­teurs de troubles et fos­soyeurs incon­sé­quents de l’é­co­no­mie du pays. Dans cette meute média­tique, citons L’Express du 9 décembre 2018 : « Gilets jaunes : une “catas­trophe” pour l’é­co­no­mie ». Les débats avec des Gilets Jaunes sont sou­vent pipés de sorte à dis­cré­di­ter le mouvement.

Les rouages de conni­vence se sont enclen­chés avec des licen­cie­ments dans plu­sieurs entre­prises au pré­texte que les sala­riés étaient des Gilets Jaunes : Amazon licen­cie des sala­riés qui ont affi­ché leur sou­tien aux blo­cages des « Gilets Jaunes ».

Notre Président est dépassé par la nature et l’ampleur du mouvement qui ne lâche rien.

Pour lui, ce n’est pas pos­sible que ces Français qui ne sont rien puis­qu’ils n’ont pas réus­si, comme ses amis mil­liar­daires, puissent avoir une conscience poli­tique. Ainsi Macron ne com­prend pas que Christophe Dettinger, le cham­pion de boxe qui a secou­ru une femme bat­tue à terre par un gen­darme, soit capable de s’ex­pri­mer avec intel­li­gence et pon­dé­ra­tion : « Pour Emmanuel Macron, Christophe Dettinger “n’a pas les mots d’un gitan”. » Dès février 2019 Macron s’a­gace de la trop grande com­plai­sance — selon lui — des médais à l’é­gard des Gilets Jaunes : « Drouet, c’est un pro­duit média­tique, un pro­duit des réseaux sociaux […] Les dif­fé­rentes strates de Gilets jaunes, la décons­truc­tion de ce qu’est le mou­ve­ment, de ses influences, la décons­truc­tion de ses influences exté­rieures, ça, on l’a très peu enten­du. Il y a eu une forme aus­si de légi­ti­ma­tion accé­lé­rée de ce qu’a été ce mou­ve­ment qui est un pro­blème. » Macron sait de quoi il parle, lui qui a été entiè­re­ment fabri­qué par les médias.
Notre Président répète que les Gilets Jaunes, qu’il prend pour des cons, sont for­cé­ment « conseillés de l’é­tran­ger ». Comment expli­quer que des per­sonnes qui n’ont pas fait Sciences Po soient capables de tenir un dis­cours poli­tique qui a du sens ? Pour Macron, Président de tous les Français, c’est IMPOSSIBLE. Sans le dire expli­ci­te­ment, pour Macron, c’est la Russie qui attise le mou­ve­ment des Gilets Jaunes.

Gilets Jaunes arrête prendre pour cons Champs Élysées

Le mou­ve­ment qu’il croyait avoir maté, per­dure. C’en est trop pour notre Président.

Macron persiste dans son analyse du complot fomenté de l’étranger.

Récemment inter­viewé par le maga­zine amé­ri­cain, The New Yorker, le Président fran­çais affirme que consi­dé­rer les Gilets Jaunes comme de simples mani­fes­tants, est du « pure bull­shit » (mot à mot « pure crotte de tau­reau », disons : « pure conne­rie »).

Pour Macron, c’est clait : la France est dans le col­li­ma­teur de com­plo­teurs étran­gers (com­pre­nez russes) qui inter­viennent dans notre poli­tique natio­nale de diverses manières : en dif­fu­sant des infox dans leurs médias de pro­pa­gande, en mani­pu­lant les Gilets Jaunes qui sans cela ne seraient que des imbé­ciles. Du reste le secré­taire d’État Cédric O consi­dère qu’il existe en France un « risque mons­trueux » que les médias russes aient pour des­sein de « por­ter au pou­voir en France tel ou tel par­ti poli­tique ».

Le Pouvoir en France nous montre qu’il est adepte de la théorie du complot.

Georges Gourdin