Au théâtre ce soir
La représentation est libre, l’entrée est gratuite. Cela fait 62 samedis de suite que les Gilets Jaunes, les blouses blanches, les robes noires, les verts, les bleus donnent matinée dans toute la France. Cela fait 62 semaines que tous les acteurs s’étripent, s’arrachent les mains, s’éborgnent dans un Grand Guignol national. Les costumes bleus sont de Castaner, le reste du monde s’habille et en voit de toutes les autres couleurs. Les décors sont pyrotechniques avec palettes brûlées, voitures incendiées, vitrines explosées. Dans la République en Marche, le spectacle est assuré. « The show must go on !»
Le couple princier, Emmanuel et Brigitte, indifférent au brouhaha des faubourgs, s’offre pour 35 euros une parenthèse enchantée. Quelle mouche a piqué notre président mouche du coche et sa professeur·e de théâtre ? Sans doute l’amour partagé pour la divine comédie. Sans doute un acte manqué de ces deux spectateurs avertis qui craignent de se voir métamorphosés en cloporte : cette pièce, La Mouche, raconte la déshumanisation de Robert qui se transforme peu à peu en insecte et de sa mère Odette joyeuse. On est chez les Bidochon jusqu’à l’absurde. La France profonde des années soixante, celle de mère Denis, celle que Macron exècre.
Ridicule et beaufitude pour celui qui a réussi.
Depuis 62 semaines, indifférent aux clameurs de la rue, le Roi danse et se divertit. « Qu’ils viennent me chercher ». C’est ce qu’a tenté de faire une troupe de saltimbanques en troublant la représentation, battant le pavé du Théâtre des Bouffes du Nord.
Il aura fallu sa garde prétorienne, le GSPR (70 gendarmes robocops dédiés à sa protection) pour exfiltrer le couple Macron du pigeonnier.
Pendant que la France sombre, Emmanuel Macron, en monarque assumé, sans vergogne, se divertit. Plus belle sa vie ! La nôtre il s’en fout. Mais combien de temps encore ce jeu du chat et de la souris ? L’Officiel des spectacles annonce : samedi 25 janvier, acte 63.
Michel Lebon