Gérald Darmanin sur RTL : langue de bois, malhonnêteté et cynisme

Dimanche der­nier le 24 mai 2020, dans son émis­sion Le Grand Jury, sur la radio RTL, le jour­na­liste Benjamin Sportouch rece­vait Gérald Darmanin, l’actuel ministre de l’Action et des comptes publics. Sans grande sur­prise, tout au long de l’entretien, nous avons eu droit à une grande démons­tra­tion de langue de bois mais aus­si à l’affichage d’un cynisme des plus repoussants.

Dès la ques­tion pré­li­mi­naire, la machine à bla-bla était lan­cée. Benjamin Sportouch, fai­sant réfé­rence à de récents pro­pos du ministre expri­mant son admi­ra­tion pour Jean-Pierre Chevènement, qu’il consi­dé­rait comme une réfé­rence poli­tique, deman­dait : « Si le Chef de l’État vous pro­pose de deve­nir pre­mier Ministre, est-il pos­sible que vous le refu­siez ? » Les audi­teurs ne sau­ront jamais : la réponse a consis­té en une longue tirade d’éloges à l’endroit d’Édouard Philippe inter­rom­pue, au bout d’une demi-minute, par le jour­na­liste ani­ma­teur lui fai­sant remar­quer qu’il ne répon­dait pas à la ques­tion posée. Peine per­due, Gérald Darmanin repar­tit dans une nou­velle tirade d’autosatisfaction à pro­pos de l’action gou­ver­ne­men­tale. Au bout d’une minute sup­plé­men­taire de rem­plis­sage hors-sujet, les jour­na­listes désa­bu­sés se rési­gnèrent à chan­ger de chapitre.

Adrien Gindre (TF1, LCI) deman­da alors à notre ministre boni­men­teur d’expliquer com­ment celui-ci « a pu s’engager au RPR, par­ti­ci­per à la cam­pagne de Jacques Chirac, en 2002, puis voter pour Jean-Pierre Chevènement ». Notre Darmanin repar­tit pour trois minutes et demi – ce qui est très long quand on attend en vain une expli­ca­tion claire – de bavar­dage sté­rile, fai­sant une magis­trale démons­tra­tion de ce qu’on apprend à Sciences Po (Paris bien enten­du, mais aus­si à Lille) afin ne pas répondre aux ques­tions qui fâchent. Partant d’un éloge appuyé à Philippe Seguin en pas­sant par sa défiance de Nicolas Sarkozy puis par l’exemple de Xavier Bertrand et François Fillon pour expli­quer « qu’il n’y a pas d’incohérence à se situer entre Seguin et Chevènement », des­quels il loue le sou­ve­rai­nisme sans pour autant cau­tion­ner celui de Dupont-Aignan et Marine Le Pen, l’équilibriste-jongleur par­vient à faire oublier la ques­tion posée et à entraî­ner ses inter­lo­cu­teurs sur un tout autre sujet.

Du grand art !

Tout le reste fut à l’avenant avec, en plus, une grosse dose de mal­hon­nê­te­té et de cynisme quand vint la ques­tion de son cumul de man­dats, à la fois au gou­ver­ne­ment et à la mai­rie de Tourcoing. Darmanin nous apprit qu’il avait lui-même deman­dé au pré­sident et au pre­mier Ministre de pou­voir conser­ver les deux fonc­tions et ce en totale contra­ven­tion aux lois du 15 sep­tembre 2017 ins­ti­tuant la mora­li­sa­tion de la vie publique. Sans ver­gogne, ce petit Monsieur – au sens propre comme au figu­ré – affiche ain­si au grand jour sa pré­ten­tion de se situer au-des­sus de tout le monde et de s’affranchir des lois de la République. Ce triste per­son­nage nour­rit des ambi­tions per­son­nelles déme­su­rées qui le portent à croire qu’il a un ave­nir pour 2022 et le poussent à ne recu­ler devant aucune tur­pi­tude pour se posi­tion­ner au mieux. Il est tout dis­po­sé à retour­ner sa veste une nou­velle fois en fai­sant les yeux doux à Xavier Bertrand qui, en ce moment, appa­raît comme le meilleurs « chal­len­ger » à droite face à Emmanuel Macron. « En même temps », il entend faire de la mai­rie de Tourcoing son « para­chute doré » — au cas où — sen­tant bien que la pres­sion sociale reprend du poil de la bête. C’est ce qui s’appelle man­ger à tous les râte­liers.

Gérald Darmanin - Grand Jury RTL - 24 mai 2020

Mais, comme l’avait dit Nicolas Sarkozy dans la lettre de mis­sion qu’il adres­sa en sep­tembre 2010 au vice-pré­sident du Conseil d’État, le char­geant d’émettre des pro­po­si­tions en vue de ren­for­cer la trans­pa­rence des ins­ti­tu­tions et de res­tau­rer la confiance des citoyens : « Il ne suf­fit pas que la République soit irré­pro­chable. Il faut encore qu’elle ne puisse même être sus­pec­tée de ne pas l’être ». En d’autres termes, que les élus de la République soient irré­pro­chables ne suf­fit pas, ils doivent en outre se mon­trer exem­plaires. Or, si Darmanin sait décer­ner des bre­vets de petite morale à ses contra­dic­teurs, cela ne l’empêche nul­le­ment de fou­ler aux pieds la « mora­li­sa­tion » concer­nant sa propre action. Déjà rap­pe­lé à l’ordre, en octobre 2017, pour avoir cumu­lé plu­sieurs man­dats, il réci­dive sans aucun scru­pule en s’octroyant, de sur­croît, l’onction présidentielle.

Quel culot et quel cynisme !

Par ailleurs, n’oublions pas que mon­sieur Darmanin reste sous le coup d’une plainte pour viol qui va être réexa­mi­née bien­tôt et qui met pré­ci­sé­ment en doute son hon­neur et sa mora­li­té… Nous ver­rons ce que vau­dra sa parole, publi­que­ment si chan­geante, quand il s’agira de convaincre le prétoire.

Gérald Darmanin fait par­tie de ce genre d’individus avide de pou­voir, au com­por­te­ment scan­da­leux, fait de renie­ments et de passe-droits, qui ali­mente la colère de « ceux qui ne sont rien ». Ce sont toutes ces magouilles res­sen­ties comme des injus­tices qui nour­rissent le res­sen­ti­ment et la défiance d’une grande par­tie de la popu­la­tion à l’égard des hommes poli­tiques de notre pays.

Mais il a été réelu dès le 1er tour à la mai­rie de Tourcoing ! objec­te­rez vous. Et bien jus­te­ment, c’est cela qui pose pro­blème et doit don­ner à réflé­chir sur la san­té de notre vie politique.

Ce sont les gens comme Darmanin qui fra­gi­lisent la démo­cra­tie car ils ne la servent pas, mais s’en servent à des fins per­son­nelles. Par leurs agis­se­ments osten­si­ble­ment immo­raux et mépri­sants, ils cau­tionnent la déli­ques­cence de la vie publique.

Gageons que ce mépris affi­ché des règles de la mora­li­sa­tion de la vie publique, Darmanin ne l’emportera pas au para­dis… Ou alors, les Français sont bien des veaux, comme le déplo­rait le Général de Gaulle.

Charles ANDRÉ

« L’important n’est pas de convaincre mais de don­ner à réflé­chir. »

3 Commentaires 

  1. Il n’y a qu’en France où nous accep­tons des 100 % étran­gers pour nous faire la morale et infil­trer nos administrations…

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  2. Et ils s’étonnent encore qu’on ne les sup­porte plus ! Il faut une révo­lu­tion pour mettre tous ces pour­ris dehors !!!

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    • Qui va le faire ? Il n’y en a pas un pour oser net­toyer ce panier à crabes !
      Par ailleurs, la « bisque » est bien trop goû­teuse et les pré­bendes sont à l’avenant… !
      Alors pour­quoi se pri­ver ? et ce, à tous les étages du Pouvoir !

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