Pâques et la résurrection

par | 1 avril 2021 | Aucun com­men­taire

Le lapin de Pâques

Comme cha­cun le sait, la fête de Pâques est la célé­bra­tion de la Résurrection du Christ après sa cru­ci­fixion et la mise au tom­beau. Mais, comme pour d’autres fêtes (la Toussaint, Noël ou encore la Chandeleur), on décèle diverses don­nées issues de tra­di­tions euro­péennes païennes. Et c’est ici qu’intervient une notion d’une extrême impor­tance – deve­nue une constante de nos chro­niques : l’appartenance à un ensemble culturel.

En effet, la lec­ture atten­tive des évé­ne­ments rap­por­tés par les Évangiles montrent qu’à tra­vers la Passion du Christ trans­pa­raissent des images qui, tota­le­ment étran­gères au monde vété­ro­tes­ta­men­taire, sont pré­sentes dans divers mythes euro­péens, nous allons y reve­nir. De manière récur­rente, des don­neurs de leçon, apôtres pro­sé­lytes d’un mon­dia­lisme uni­for­mi­sé, viennent de décré­ter la néces­si­té de sup­pri­mer la tra­di­tion des œufs de Pâques ; et ce, sous pré­texte qu’il s’agit là d’une entorse à la laï­ci­té. Après les sapins de Noël et les crèches – sans par­ler des cloches des églises ! – consi­dé­rés comme apo­lo­gé­tiques de la Chrétienté, c’est au tour du rituel popu­laire pas­cal de pro­vo­quer l’indignation d’individus assu­ré­ment per­tur­bés dans leurs méandres céré­braux et prô­nant d’obsessionnelle façon la dis­pa­ri­tion des spé­ci­fi­ci­tés euro­péennes (je vous ras­sure, toutes les autres, à leurs yeux, sont à sau­ve­gar­der et à pro­mou­voir). Alors, posons-nous la ques­tion sui­vante : faut-il voir uni­que­ment dans un tel com­por­te­ment la consé­quence d’un posi­tion­ne­ment idéo­lo­gique des plus sec­taires se com­bi­nant, sans doute, avec un mal être existentiel ?

Intellectuel suicidaire

Ce des­sin du célèbre cari­ca­tu­riste du XIXe siècle Honoré Daumier pour­rait illus­trer la men­ta­li­té sui­ci­daire d’intellectuels auto­pro­cla­més appe­lant de leurs vœux l’éradication de l’identité européenne.

En somme, une sorte de patho­lo­gie pous­sant à dénon­cer et invec­ti­ver des mani­fes­ta­tions socié­tales non-conformes en regard d’une concep­tion du monde ? On pour­rait qua­li­fier cela de détes­ta­tion de soi, de sa lignée ou, d’une façon plus géné­rale, de refus d’un ensemble civi­li­sa­tion­nel homo­gène. En fait, un tel com­por­te­ment tra­hit quelque chose de plus pro­fond mais que la men­ta­li­té pré­do­mi­nant de nos jours s’avère inca­pable de per­ce­voir. Afin de s’efforcer de com­prendre ce qui déclenche des réac­tions aus­si aber­rantes, il convient de s’interroger sur la signi­fi­ca­tion de Pâques par de-là le cadre de la for­mu­la­tion chré­tienne.

Deux symboles dominent l’expression populaire de Pâques : l’œuf (ou plutôt les œufs) et le fameux lapin.

Lapin Pâques
L’un et l’autre tra­duisent la notion de fécon­di­té évi­dem­ment en adé­qua­tion avec la ger­mi­na­tion et la réac­ti­va­tion de la sève que sus­cite le Printemps, sai­son durant laquelle on célèbre Pâques. Il semble bien que le thème de l’œuf remonte fort haut dans le temps puisque, aux dires de mytho­logues aver­tis, des œufs d’autruche ont été retrou­vés dans des tombes à Sumer ; et, en Égypte puis, plus tard, chez les Perses, une habi­tude vou­lait que l’on s’offre des œufs pour célé­brer le renou­veau du monde.
Notre cou­tume pas­cale déri­ve­rait du Christianisme copte qui asso­cia l’œuf à la célé­bra­tion de Pâques vers la fin du Ve siècle de notre ère.

Marie de Magdala tenant un œuf rouge rela­tif à un miracle qui, dit la légende, se serait pro­duit devant l’empereur Tibère.

Découvrons à présent l’ésotérisme qu’implique le choix de cet objet pondu.

Nous venons d’évoquer l’Égypte et, dans cette nation, l’œuf, à l’origine, aurait été conçu par le dieu Ptah dont pro­cé­dait l’ensemble de ce que les hommes pou­vaient créer, du plus simple objet usuel, en pas­sant par ceux accom­pa­gnant la sacra­li­té des prêtres et de pha­raon, jusqu’aux édi­fices colos­saux que consti­tuaient palais, temples, tom­beaux et pyramides.

Dieu Ptah

Sculpture mon­trant le dieu Ptah, maître des formes, tenant trois des objets les plus rituels.

Or, Ptah était le dieu régis­sant le Nord, ce qui signi­fie que toute fabri­ca­tion était issue de ce point car­di­nal. Ainsi que nous l’avons men­tion­né dans plu­sieurs articles, à en croire diverses tra­di­tions, le Nord (et même l’extrême Nord) est indis­so­ciable de ce qui consti­tue l’origine idéale des civi­li­sa­tions (de l’Inde védique(1) à la Grèce en pas­sant par la Perse). L’image de Ptah façon­nant l’œuf est d’autant plus signi­fi­ca­tive que l’ovale de sa coquille s’inscrit dans le fameux nombre d’or(2), ins­pi­ra­teur de tant d’œuvres à carac­tère sacré. Sur une pein­ture, la blan­cheur de l’objet se fait évo­ca­trice de pri­mor­dia­li­té (car le blanc se situe avant toutes les autre cou­leurs) et ses pro­por­tions syno­nymes de per­fec­tion. Ces deux choses, la blan­cheur et les justes pro­por­tions étant sym­bo­li­que­ment une éma­na­tion du Septentrion.

Ptah_oeuf_autruche_Egypte

Peinture de l’Égypte antique repré­sen­tant Ptah en train d’achever de façon­ner un œuf d’autruche.

Oeuf_nombre_or

Le nombre d’or s’inscrivant sur l’œuf.

On sait que le nombre d’or est omni­pré­sent dans la nature et, de la sorte, révèle qu’il existe un ordre pré­sident à l’éclosion d’innombrables formes végé­tales. Pour illus­trer le déve­lop­pe­ment spa­tial de ce nombre on choi­sit géné­ra­le­ment la spi­rale des coquilles d’escargots et des conques :

Conque_nombre_or

La struc­ture de la conque se fait sym­pho­nie du nombre d’or.

On sait que le nombre d’or est omni­pré­sent dans la nature et, de la sorte, révèle qu’il existe un ordre pré­si­dant à l’éclosion d’innombrables formes végé­tales. Pour illus­trer le déve­lop­pe­ment spa­tial de ce nombre on choi­sit géné­ra­le­ment la spi­rale des coquilles d’escargots et des conques :

Discobole_Myron

Le célèbre dis­co­bole de Myron : les corps les plus par­faits sont aux pro­por­tions du nombre d’or et le mou­ve­ment har­mo­nieux de l’athlète semble pré­si­der au tra­cer de la spi­rale déployant ce nombre.

De plus, le corps humain est struc­tu­ré par ce jeu de pro­por­tion. Particulièrement en ce qui concerne les plus belles mor­pho­lo­gies repré­sen­tées dans la sta­tuaire grecque.

Nous en arrivons donc au concept de beauté

… et on est en droit de se deman­der si les tra­di­tions popu­laires n’ont pas pour fonc­tion de faire per­du­rer des notions d’une extrême impor­tance car sous-enten­dant ce qui doit être com­pris et pré­ser­vé par un peuple voire, dans le cadre euro­péen, un ensemble des peuples d’une même ori­gine. L’œuf nous enseigne que le prin­cipe de fécon­di­té qu’il repré­sente ne peut être sépa­ré d’un module mathé­ma­tique ins­crit par­tout dans le monde mani­fes­té et per­met­tant de déter­mi­ner – et d’identifier – ce qui porte la per­fec­tion. À cela s’ajoute le mys­tère chris­tique de Pâques : la mort et la résur­rec­tion d’un per­son­nage que l’iconographie montre immua­ble­ment – au moins jusqu’à une période rela­ti­ve­ment récente – empreint de majes­té et, tant par sa sta­ture que par ses traits admi­ra­ble­ment régu­liers, expri­mant une har­mo­nieuse beau­té. On com­pren­dra sans peine qu’il mani­feste cor­po­rel­le­ment le nombre d’or, comme Apollon ou d’autres Olympiens pour la civi­li­sa­tion grecque. Semblablement à la nature au sor­tir de l’hiver, le Christ reprend vie. Thème pré­sent dans cer­taines reli­gio­si­tés antiques et l’on songe à Osiris en Égypte. La vic­toire sur la mort pro­clame qu’il n’y a pas de fata­li­té défi­ni­tive et que rien n’est irré­ver­sible.

Resurrection_Grunwald

Peinture de Mathias Grünewald (retable d’Hildesheim) mon­trant la Résurrection du Christ. Le carac­tère apol­li­nien du Sauveur est dou­ble­ment mar­qué : par sa blon­deur, qu’on croi­rait éclai­rée depuis l’intérieur de la tête, et par ce halo de lumière qui, accom­pa­gnant l’apesanteur du corps, semble un soleil levant.

À l’évidence, pour les indi­vi­dus dési­reux de faire dis­pa­raître les œufs de Pâques (ain­si que, redi­sons-le, les arbres de Noël et les crèches, en atten­dant la galette des rois et pour­quoi pas les crêpes), cette tra­di­tion se révèle tri­ple­ment insup­por­table.
D’abord parce qu’elle appar­tient au domaine popu­laire consi­dé­ré par eux comme par­ti­cu­liè­re­ment néfaste à par­tir du moment où il exprime un enra­ci­ne­ment fai­sant obs­tacle au pro­jet mon­dia­liste d’éradication des iden­ti­tés eth­no­cul­tu­relles. De tels indi­vi­dus n’ont que mépris pour l’appartenance à une terre et toutes les fes­ti­vi­tés com­mu­nielles qu’elle implique.
Puis, second aspect irri­tant, le fait que l’ovale de l’œuf ren­voie à une har­mo­nie fon­dée par l’existence du nombre d’or. Car il est bien cer­tain qu’en une époque géné­rant des men­ta­li­tés chao­tiques et si promptes à pro­mou­voir la lai­deur dans l’art ce qui pro­cè­de­rait d’un ordre dont le déploie­ment engendre la beau­té relève de concepts émi­nem­ment dan­ge­reux.
Enfin, troi­sième et der­nier point, le thème de la Résurrection pas­cale, écho de mythes plus anciens, ne peut que contrer l‘acceptation des fata­li­tés his­to­riques – consi­dé­rées comme irré­ver­sibles – et son corol­laire : l’incapacité à réagir, à pro­vo­quer un sur­saut sal­va­teur. La venue – l’invasion ! – de mil­lions de « migrants » avec pour consé­quence de « sub­mer­ger » les popu­la­tions « de souche » en est un exemple des plus patents. Ce qui condui­rait obli­ga­toi­re­ment à la des­cente au tom­beau de l’identité euro­péenne. Mais le miracle de Pâques pro­clame que la Résurrection est pos­sible et, mieux encore, se veut l’accomplissement d’une néces­si­té qui trans­cende l’Histoire.

Walther

(1) Et non dra­vi­dienne. Cf., pour toute per­sonne dési­rant appro­fon­dir la ques­tion, le tra­vail de Bal Gandadhar Tilak inti­tu­lé The Arctic Home in the Veda.
(2) Sur ce que repré­sente ce nombre, on lira avec pro­fit l’ouvrage de Philippe Lamarque pré­ci­sé­ment inti­tu­lé Le Nombre d’Or, Éditions Trajectoire, Bayeux, 2005.

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