Tour de Babel de la modernité, quel ordre après le chaos ?

Il y a deux ans exac­te­ment, en cette fête de l’esprit de Pentecôte cen­sé souf­fler dans le cœur de tous les hommes, je déplo­rais une socié­té fran­çaise désas­sem­blée car déspi­ri­tua­li­sée(1). Atteinte de babé­lisme, confu­sion cau­sée par l’orgueil déme­su­ré qui pré­tend construire une tour aus­si haute que le Ciel. Qu’en est-il aujourd’hui ?

L’hystérie poli­ti­co-sani­taire du Covid-19 avait cau­sé une panique géné­ra­li­sée, sus­ci­tée par un enne­mi fabri­qué de dimen­sion pla­né­taire, face auquel le pré­sident Macron s’était éri­gé en « chef de guerre ». Or, c’est sur le seul champ de bataille de la décons­truc­tion natio­nale qu’il méri­tait le titre de « chef de guerre », sta­tut auquel il sem­blait tant tenir pour se tailler une illu­soire étoffe sur mesure d’homme d’État capable d’écrire, quitte à la réécrire, l’Histoire.

Si Macron a atteint ce pouvoir, est-ce pour le Bien Commun ?

Je m’alarmais de ce que la confu­sion des déci­sions publiques depuis le début d’une crise sani­taire ins­tru­men­ta­li­sée, par son inef­fi­ca­ci­té aus­si contre-pro­duc­tive que cou­teuse, se montre, sous son vrai jour, redou­ta­ble­ment effi­cace dans le domaine du contrôle social. L’étau de l’État s’est-il relâ­ché, ou au contraire renforcé ?

Je déplo­rais que pour par­ve­nir à ses fins, le pro­gres­sisme éga­li­ta­riste avait semé la dis­corde entre les com­mu­nau­tés et en leur sein, ara­sé la socié­té en pré­ten­dant l’égaliser. Il avait ato­mi­sé et mas­si­fié la socié­té jusqu’à en faire d’un tout, un tas ; de chaque per­sonne, per­sonne, indi­vi­sible indi­vi­du sans valeur. La cohé­sion natio­nale est-elle reve­nue, ou s’est-elle encore délitée ?

Je citais le phi­lo­sophe écri­vain suisse Henri-Frédéric Amiel dans son Journal intime, en 1866, d’une actua­li­té trou­blante : « On ne sait bien­tôt plus où décou­vrir le ter­rain com­mun entre les doc­trines en conflit. C’est décou­ra­geant et effrayant, car la consé­quence est l’a­to­misme soli­taire des indi­vi­dus et le babé­lisme des intel­li­gences. Cette dis­so­lu­tion de l’au­to­ri­té, des tra­di­tions, des croyances, des volon­tés col­lec­tives, tend à rame­ner au chaos spi­ri­tuel et favo­rise sin­gu­liè­re­ment le des­po­tisme bru­tal de la force et du nombre. ». L’autorité est-elle main­te­nant mieux res­pec­tée, ou plus que jamais piétinée ?

Je dénon­çais alors ces stra­té­gies de com­mu­ni­ca­tion d’influence qui visent la conver­sion des esprits par adhé­rence for­cée plu­tôt que par adhé­sion spon­ta­née ; si besoin, par la crainte d’une nota­tion sociale en construc­tion ; en der­nier recours, par la force légale, avec relé­ga­tion sociale et exclu­sion pro­fes­sion­nelle. La liber­té de conscience et d’expression est-elle mieux res­pec­tée, ou la pres­sion sociale est-elle plus que jamais pesante au point d’amener des adultes à cacher leur atta­che­ment à des valeurs natio­nales, par crainte des consé­quences personnelles ?

Strasbourg - Parlement européen - Tour de Babel

Le bâti­ment du Parlement euro­péen à Strasbourg : res­sem­blance trou­blante avec la Tour de Babel modé­li­sée par le peintre Pieter Brueghel en 1563 (notre illus­tra­tion à la une)

Nul doute que la Tour de Babel qu’est deve­nue notre socié­té mon­dia­li­sée, plus haute et vaine que jamais, s’effondrera inévi­ta­ble­ment et avec fra­cas, tant ses fon­da­tions sont construites sur le sable instable d’une moder­ni­té insen­sée. Ce gratte-ciel de l’hubris à l’échelle d’une huma­ni­té mon­dia­li­sée a été construit depuis une dizaine de géné­ra­tions par déchris­tia­ni­sa­tion for­cée, accé­lé­rée par les nou­velles idées insi­gni­fiantes et incon­sis­tantes en vogue, qu’une vague de saine réac­tion conser­va­trice et res­pon­sable vien­dra un jour balayer.

Mais quel ordre viendra après ce chaos programmé ?

Celui d’une socié­té nou­velle et trans­hu­maine, inhu­maine, por­tée par des cou­rants de pen­sée déli­rants, ou le retour à une saine nor­ma­li­té de valeurs trans­cen­dan­tales et tra­di­tion­nelles où l’Homme retrouve sa place natu­relle dans la Création, au som­met de laquelle il exerce plei­ne­ment sa liber­té mesu­rée à sa res­pon­sa­bi­li­té ? N’est-ce pas à cha­cun d’entre nous de le déci­der et de le construire, plu­tôt que de le nier et de le subir ?

Jean-Michel Lavoizard

(1) https://www.bvoltaire.fr/de-babylone-a-la-france-nouvelle-tour-de-babel/

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Jean-Michel Lavoizard

3 Commentaires 

  1. Le Rubicon est fran­chi.
    L’oracle Harari l’a annon­cé.
    Le trans­hu­ma­nisme porte au som­met (de la tour) des mino­ri­tés qui ne défendent plus mais pro­clament.
    C’est le renversement !
    Être anor­mal est la norme.
    Je dois doré­na­vant m’ex­cu­ser de ne pas me reven­di­quer gay, trans­genre, noir ou tout ce qui fait les fon­da­tions de cette tour de Babel.
    On fait du bon béton avec des cailloux du sable et de l’eau.
    Il n’y a plus de sable !
    Tout le monde com­pren­dra que des cailloux et de l’eau ne peuvent pas s’agglomérer.
    Le liant dis­pa­raît, l’é­di­fice est fra­gile et voué à l’écroulement.
    Le cata­clysme cli­ma­tique va balayer tout ça.
    Il fau­dra recons­truire nos futurs sur ces ruines.
    Il fau­dra faire par­tie des « autres » car il ne res­te­ra que les inutiles et les « autres ».

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  2. Jusqu’au siècle der­nier, les nou­veau­tés émer­geaient dans la socié­té et les hommes poli­tiques ins­ti­tu­tion­na­li­saient ces ins­tances après leur appa­ri­tion. Aujourd’hui, un petit groupe semble déci­der des reven­di­ca­tions qui doivent émer­ger, qu’elles soient mûres ou expri­mées dans la socié­té. Peu de gens savent que toute cette agi­ta­tion autour des per­sonnes LGBT n’a pas d’o­ri­gine dans les per­sonnes direc­te­ment concer­nées, c’est une construc­tion entiè­re­ment poli­tique, les per­sonnes trans­genres par exemple n’ont jamais deman­dé que du tra­vail et de la nor­ma­li­té, aucun désir de publi­ci­té et pour­tant les LGBT deviennent une idéo­lo­gie, entrent dans l’é­du­ca­tion publique et ain­si de suite, et pour­tant pour les per­sonnes trans­genres l’a­van­cée la plus impor­tante a été le blo­cage de la puber­té loin du droit reven­di­qué d’être trans à 4, 5 ou 7 ans.

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    • À Marina TRIO :
      Merci pour cet excellent commentaire !

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