La démocratie représentative en déperdition

Les élec­tions régio­nales pré­vues pour les 20 et 27 juin pro­chains finissent de dés­illu­sion­ner les Français quant au fonc­tion­ne­ment de la République représentative.

Alors qu’il n’a jamais été aus­si néces­saire de pré­sen­ter et de débattre de pro­po­si­tions poli­tiques struc­tu­rantes (mon­dia­lisme effré­né, finance glo­ba­li­sée, liber­tés rabo­tées, immi­gra­tion mas­sive, iden­ti­té lami­née, niveau sco­laire en déclin, sécu­ri­té en essor, par exemple), il n’est ques­tion que d’al­liances des uns avec les autres, des uns contre les autres.

Patrice Lemaître écri­vait dans sa semaine d’ob­ser­va­tion de l’in­fo du 9 mai :

Vendredi 7 mai 2021

Régionales en Paca : de L’UMPS à LREM, le feuille­ton conti­nue… rien ne change !
Renaud Muselier : « Le bon sens vou­drait que LREM me sou­tienne. »
Jean Castex : « La majo­ri­té pré­si­den­tielle répond très favo­ra­ble­ment à l’initiative de Renaud Muselier, Sophie Cluzel et des repré­sen­tants de la majo­ri­té par­le­men­taire vont inté­grer le dis­po­si­tif qu’il conduit. »
Christian Jacob : « Nous allons reti­rer l’investiture LR à Renaud Muselier. »
Éric Ciotti : « Pour moi, Renaud Muselier ne fait plus par­tie des Républicains. »
Renaud Muselier : « Il n’y aura aucun membre du gou­ver­ne­ment, ni aucun par­le­men­taire LREM sur ma liste. »
Christian Jacob : « Nous main­te­nons fina­le­ment notre inves­ti­ture à Renaud Muselier. »
Hubert Falco : « Je décide de reprendre ma liber­té. Je quitte donc le par­ti Les Républicains. »
Gabriel Attal : « Il y aura bien sûr des can­di­dats LREM sur la liste de Renaud Muselier. »
Sophie Cluzel : « Je diri­ge­rai une liste LREM pour les élec­tions régio­nales en Provence-Alpes-Côte d’Azur. »
Christian Estrosi : « Je m’en vais de LR. Les fon­da­men­taux por­tés par Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac sont ma réfé­rence. »

Où sont les débats d’idées ? Où sont les engagements ? Où sont les bilans ? Où sont les électeurs ?

Chaise musicale

Mais ce n’est guère mieux au RN qui devrait consti­tuer l’es­poir de sor­tir de cette fange. Ce par­ti est lui aus­si conta­mi­né par les seules ambi­tions de ses élus ou can­di­dats. Rivarol, jour­nal géné­ra­le­ment clas­sé à droite, dresse un tableau tout aus­si pitoyable de la situation :

Les règlements de compte se mul­ti­plient [au RN]. La faute à la com­mis­sion natio­nale d’investiture (CNI) dont les réunions ont été ponctuées, ces dernières semaines, par des échanges virils, des cla­quages de porte en série et des menaces de démission. En fait, la CNI décide de tout, ne lais­sant aucune marge aux têtes de liste régionales dans le choix de leurs têtes de listes départementales et can­di­dats en posi­tion éligible. Tout est décidé à Nanterre par un trio ultra-mari­niste, déserteur du Chemin des Dames, le député Bruno Bilde, le maire d’Hénin-Beaumont, Steeve Briois et le maire de Fréjus, David Rachline. Le trio dia­bo­lique, hétérophobe, qui a complètement ver­rouillé le système avec l’appui de la présidente du RN, est accusé d’instruire en interne un large procès en “anti-mari­nisme” de tout ce qui serait trop iden­ti­taire, catho­lique, natio­na­liste ou trop conservateur. 
Ce fonc­tion­ne­ment tyran­nique a évidemment choqué les nou­veaux ralliés du RN, dont l’ancien secrétaire d’Etat UMP, Thierry Mariani. Après avoir patienté sur les marches du siège, on vint lui annon­cer que les can­di­dats qu’il pro­po­sait dans le Var étaient passés à la trappe, au pro­fit de petits copains de David Rachline. Fou de rage, il s’apprêtait à annon­cer son retrait quand il fut rat­trapé in extre­mis, obte­nant que deux de ses can­di­dats fussent sauvés.
Les élec­tions sont une mise en scène qui ne sert qu’à faire croire que c’est le Peuple qui gou­verne. Mais ce n’est pas le Peuple : « En démo­cra­tie, la poli­tique est l’art de faire croire au peuple qu’il gou­verne » nous aver­tit pour­tant Louis Latzarus (1878−1942), auteur et jour­na­liste français.

Mais ce ne sont même pas les élus qui gou­vernent ! Eux servent de mirage. Écoutons Valérie Bugault :

L’inexistence démo­cra­tique : la repré­sen­ta­tion popu­laire contre le Peuple
Les élus ne rendent plus compte à leurs élec­teurs mais au par­ti auquel ils appar­tiennent et auquel ils sont bel et bien sou­mis par une dis­ci­pline de par­ti, indé­pen­dam­ment du corps élec­to­ral. L’élu est deve­nu un homme de paille.
Il n’y a pas de sépa­ra­tion des Pouvoirs (légis­la­tif – exé­cu­tif – judi­ciaire) telle que l’imaginait Montesquieu car tous les Pouvoirs sont concen­trés dans les mains des par­tis vain­queurs. Curieusement le Pouvoir le plus puis­sant, le Pouvoir finan­cier, n’apparaît pas dans ce trip­tyque alors que nous vivons sous un régime plou­to­cra­tique abso­lu. Bruxelles est le reflet de cette plou­to­cra­tie omnipotente.

Les can­di­dats se cha­maillent dans des mani­gances sor­dides pour jouer ce rôle d’hommes de paille car ils doivent être bien rému­né­rés pour s’as­su­rer de leur subordination.

Il est temps que le Peuple reprenne son destin en mains.

Georges Gourdin

4 Commentaires 

  1. Le Pen VITE!!

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  2. Et dire qu’en 2017, le pro­jet d’Emmanuel Macron était de « faire de la poli­tique autre­ment », avec exi­gence de sin­cé­ri­té, de pro­bi­té et d’exem­pla­ri­té des res­pon­sables publics !
    « Autrement » ??? Qu’est-ce à dire ?… Avec plus de faus­se­té, de men­songes, de com­pro­mis­sions, de magouilles, de tam­bouilles élec­to­rales, de ral­lie­ment contre-nature ?
    Et dire que tant de gogos l’ont cru !… Et qu’il y en a encore 25 % à 28 %, selon les son­dages, prêts à voter encore pour lui !
    Pauvre France !

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    • Si vous regar­dez bien il a été élu la der­nière fois avec presque le même pour­cen­tage
      Il y a eu quand même 60 % d’abstention
      PETAIN avait rai­son : Français vous avez la mémoire courte

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  3. Effectivement l’as­sem­blée repré­sen­ta­tive est à bout de souffle, trop d’al­liances, de com­bines oppor­tu­nistes, leur car­rière une prio­ri­té, le bien du citoyen, la recon­nais­sance de la France aux oubliettes, le com­bat va être long et semé d’embûches mais il fau­dra un chan­ge­ment radi­cal, à quel prix ?

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