Tensions entre Paris et Alger : quelles conséquences ?
Le torchon brûle entre Alger et Paris
Après le rappel de son ambassadeur, voilà que l’Algérie interdit son espace aérien aux avions militaires français pour exprimer son « rejet de toute ingérence dans ses affaires intérieures ». Mais que ce passe-t-il ? Quelle mouche pique le gouvernement algérien ?
Et bien, la mouche en question s’appelle Emmanuel Macron qui, par des propos prenant le contre-pied de ses précédentes génuflexions et auto-flagellations mémorielles, s’en est allé faire des déclarations incendiaires alors qu’il recevait des descendants de protagonistes de la guerre d’Algérie. Selon Le Monde, le chef de l’État français aurait estimé qu’après son indépendance en 1962, l’Algérie s’est construite sur « une rente mémorielle » évoquant par ailleurs « une histoire officielle totalement réécrite [qui] ne s’appuie pas sur des vérités [mais sur] un discours qui repose sur une haine de la France ». Selon les médias locaux, Emmanuel Macron aurait encore ajouté : « Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Ça, c’est la question » en rappelant qu’il y avait eu « de précédentes colonisations ». Il n’en fallait pas plus pour provoquer l’ire des autorités algériennes.
Si de tels propos sont frappés au coin du bon sens puisque décrivant une évidence historique, il faut bien convenir qu’ils viennent aujourd’hui comme un cheveu sur la soupe. En effet, après avoir demandé un rapport à l’historien controversé, Benjamin Stora, portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie, Emmanuel Macron s’était livré à des déclarations de repentance tous azimuts :
• reconnaissance de la colonisation de l’Algérie comme un « crime contre contre l’humanité »,
• reconnaissance des fautes de l’armée française dans l’affaire Audin (jeune mathématicien et militant de l’indépendance algérienne),
•reconnaissance du « passé sombre de la France » (singeant Jacques Chirac dans son discours le sur le Vél” d’Hiv),
• reconnaissance de la responsabilité de la France dans le meurtre de l’avocat et nationaliste algérien, Ali Boumendjel…
Pris dans cette folle politique mémorielle, il a étendu ses déclarations de repentance au génocide du Rwanda puis à la Polynésie reconnaissant une « dette » de la France à son égard.
Alors, aujourd’hui, qu’est-ce qui nous vaut cette volte-face du Président ?
Des considérations purement électoralistes, évidemment. Emmanuel Macron a conscience que la notion de pardon suscite bien des polémiques et que ses jugements totalement négatifs sur la politique de ses prédécesseurs ne jouent pas en sa faveur dans un pays de plus en plus sensible aux thèses d’un Éric Zemmour qui revendique l’amour de la France et le patriotisme. Il voit que le débat politique de pré-campagne se cristallise autour des questions d’immigration, de résilience, de fierté, d’honneur – notions qui lui sont totalement étrangères et qu’il a constamment bafouées – et se met à donner des gages. Mais, ce faisant, il joue avec des allumettes car ce petit jeu machiavélique pourrait bien avoir des conséquences inattendues. Il pourrait bien mettre le feu aux poudres des banlieues gorgées d’allogènes indigénistes issus notamment des pays du Maghreb et nourrissant une haine entretenue à l’égard de la France qui pourtant les accueille et les nourrit.
Dès lors, ces gesticulations de l’Algérie pourraient-elles donner des idées aux Algériens en France ? Rappelons qu’en 2009, lors de l’élection présidentielle algérienne, 776 218 personnes étaient inscrites sur les listes électorales en France. Cela représentait environ 4,4 millions d’Algériens vivant sur notre sol selon l’ambassade d’Algérie à Paris. Ceux-ci constituent la première communauté immigrée avec 12,8 % du nombre total des étrangers vivants dans l’Hexagone, d’après les données de l’INSEE. Si cette population se soulevait pour « laver l’honneur » de l’Algérie, une guerre civile pourrait en découler. La décision de Paris de réduire fortement les visas aux pays du Maghreb (dont l’Algérie) pourrait bien servir de détonateur.
Ce scénario n’a rien de farfelu compte tenu du climat explosif qui règne en permanence dans nos banlieues. Il est donc à espérer que les deux pays reviennent très vite à des relations apaisées et matures.
Charles ANDRÉ
« L’important n’est pas de convaincre mais de donner à réfléchir. »
Notre illustration à la une : source Le Matin d’Algérie
C’est affolant ce président, il joue à quoi ? C’est tout et n’importe quoi.
Il sera plus que temps que cette république « En Marche » finisse « En Courant »…