Que fait la Police, oui mais laquelle ?
Cette fonction régalienne qui, dans un soi-disant État de droit, devrait être dévolue à la seule Police nationale se décline en rien moins que SEPT strates d’intervention. Intervenir sur un délit, fusse-t’il insignifiant, peut se transformer en affrontement hors de contrôle. Alors, chacun de ces acteurs de l’ordre républicain se défausse sur les autres pour se refiler la patate chaude.
1) La Police nationale qui se décline en toutes sortes de structures armées jusqu’aux dents. Les CRS, la BAC, la BRAV, les commissariats, etc.
• À Cagnes-sur-Mer, sans compter les personnels administratifs, c’est 130 flics réputés « actifs ». On n’en voit jamais un dans la rue.
2) La gendarmerie territoriale qui a vocation à patrouiller les zones rurales. Hier encore militaires, ils ont été partiellement rattachés au Ministère de l’Intérieur. Ils ont les mêmes missions que la PN. Ainsi par exemple, sur décision du parquet, une enquête judiciaire en zone Police peut-être confiée à la Gendarmerie et vice-versa.
• À Cagnes-sur-Mer en 2012, dont chacun connaît la ruralité, les 35 gendarmes ont quitté leur quartier pour aller s’installer dans la commune voisine de Villeneuve-Loubet, dont chacun connaît l’activité agricole. On n’a jamais vu un gendarme arpenter le trottoir.
3) La Police municipale. Seules 5 000 des 36 000 communes en sont équipées. C’est à la volonté du maire qui, par la course à l’échalote sécuritaire, recrute à qui mieux mieux. Bien qu’armés, ces flicaillons n’ont pas les mêmes prérogatives que la Police nationale. À eux les tâches ingrates de verbalisation des stationnements et des crottes de chien que les vrais poulets leur délaissent.
• À Cagnes-sur-Mer, ils sont une cinquantaine. Ils déambulent en segway, font la sortie des écoles ou les manifestations festives.
On a la réponse :
4) Les supplétifs privés. Comme chacun sait, la verbalisation des stationnements est tout à fait impopulaire. Aussi, les mairies ont trouvé une martingale pour refiler sa principale mission à des pauvres bougres : le soin de coller les papillons sur les pare-brises.
• À Cagnes-sur-Mer, c’est la milice privée Streeteo qui traque le moindre dépassement d’horaire sur le bandit-manchot appelé horodateur.
Un employé milicien déclare : « Environnement travail désagréable. Environnement anxiogène, la direction nous met la pression malgré les chiffres, excuses pour ne pas donner la prime max… Les chefs font du favoritisme et insultent leurs agents derrière leurs dos. Société à fuir. » [source, voir les commentaires]
(lire Prunes à Cagnes du 24 août 2019)
5) La force Sentinelle. L’Armée française est sans aucun doute le couteau suisse du politique aux manettes du char national. Le militaire est multitâches, avec sa jeep et son couteau. Incendies de forêt, le bidasse est pompier. Marée noire, le troufion passe la serpillière sur la plage. Le grenadier-voltigeur sait tout faire. Beaucoup de nos jeunes volontaires à l’engagement ont pu rêver d’ailleurs avec ces jolis nom d’OPEX : Barkhane, Chammal, etc. Mais, certainement pas prévu l’opération « Sentinelle ». Dispositif sécuritaire mis en place après les attentats de janvier 2015. Voilà que nos troupiers se sont transformés en vigiles de société de sécurité, plantons et factionnaires.
Les Français sont rassurés nous dit-on. Ils voient ces cerbères en jolie tenue camouflage faire le trottoir (de la rue Saint Denis à la rue Thubaneau). Ils en avaient oublié toutes les jolies couleurs de bérets de leurs amis bidasses. Du rouge, du noir, du bleu, du vert comme leur bic quatre couleurs.
• À Cagnes-sur-Mer, l’armée remplace la police pour la sécurité publique.
6) Les sociétés de sécurité. Le secteur est florissant, il y en a 2 600 en France. Il est très communautarisé. Vigiles, gardiens, gardes du corps, ils vous tâtonnent avec leur détecteur de couteaux égorgeurs à l’entrée des spectacles. On les reconnaît à leurs pantalons noirs plein de poches et leur T‑shirt floqué « sécurité ».
• À Cagnes-sur-Mer, si vous n’êtes pas encore assez rassurés par les cerbères précédents, il y a une société pour vous.
Plus sur le lien : Magnum Sécurité
7) Les voisins vigilants. Le dispositif est controversé. L’autodéfense n’est pas trop compatible avec l’État de droit. On imagine que ce dispositif officiel a de l’avenir.
• À Cagnes-sur-Mer, la police forme les voisins à être vigilants. Ben voyons ! [source] On les comprend. Ils ont déjà peur de sortir dans la rue. Nul doute que pour remplacer le mille-feuilles sécuritaire inefficace précédemment énuméré, il va falloir dans un proche avenir s’organiser comme au far west.
L’insécurité est un juste « sentiment » pour notre sinistre Garde des sots. Plutôt qu’y remédier, il suffirait de déclarer que l’insécurité-phobie est un délit. Comme l’homo et l’islamo. Aux armes citoyens ♪♫
Michel Lebon
[NDLR] Notre illustration à la une : photo prise à Orléans [source]
J’ai également apprécie l’auteur qui termine son article avec élégance :
L’insécurité est un juste « sentiment » pour notre sinistre Garde des sots.
Plutôt qu’y remédier, il suffirait de déclarer que l’insécurité-phobie est un délit. Comme l’homo et l’islamo.
Aux armes citoyens ♪♫
La police ne peut pas guérir toutes les maladies de la société. La protection et l’ordre sont sa mission la plus noble. Mais que faire lorsque des concitoyens rejettent et ignorent l’ordre et font de la police la cible de leur aversion pour l’État et la société ? Les policiers doivent alors se protéger en premier lieu eux-mêmes et se retrouvent devant la justice, qui enquête méticuleusement sur leurs actes. Qui veut encore devenir policier dans ces conditions ?
Personnellement, j’ai constaté la présence de gendarmes, affublés de gilets pare-balles, à la sortie des écoles élémentaires des Plans à Villeneuve-Loubet (06270), en l’année 2021.
La milice à ma cr on a fait du zèle pour vérifier les muselières. Je ne peux plus les voir, j’en ai eu 6 pour moi toute seule dans un car urbain désert de Valbonne, pitoyable à pleurer.
Excellent article. Bien vu M. Lebon !