Au 18e sommet de la Francophonie, une fois de plus, la France se renie

par | 26 novembre 2022 | Aucun com­men­taire

Depuis plus de 10 ans Jean-Michel Lavoizard exerce son acti­vi­té pro­fes­sion­nelle dans le domaine de l’in­tel­li­gence éco­no­mique en Afrique. Il est tout par­ti­cu­liè­re­ment bien pla­cé pour appor­ter son ana­lyse sur le 18e som­met de la Francophonie qui s’est tenu ces 19 et 20 novembre 2022 à Djerba, en Tunisie (cli­quer ici pour agran­dir la pho­to­gra­phie de groupe).

Ces 19 et 20 novembre s’est tenu le 18e sommet de la Francophonie à Djerba, en Tunisie.

Organisation Internationale Francophonie

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On peut s’interroger légi­ti­me­ment sur le rôle et l’évolution de cette « usine à gaz » bureau­cra­tique dans laquelle la France se dilue tou­jours plus en reniant son magis­tère cultu­rel et spi­ri­tuel. Il est d’ailleurs signi­fi­ca­tif et navrant, en Afrique d’où sont écrites ces lignes, que les ins­ti­tuts cultu­rels fran­çais, dénom­més fran­co­phones par pudeur gênée voire hon­teuse, pro­gramment et sou­tiennent désor­mais beau­coup plus d’activités cultu­relles locales que françaises.

Cette pièce inter­na­tio­nale de théâtre social était d’emblée enta­chée par la nomi­na­tion incon­grue, par le Président Macron, d’une chan­teuse fran­çaise d’origine congo­laise comme mar­raine de la Francophonie en 2024. Le choix de cette per­sonne, en qui la très grande majo­ri­té de Français ne se recon­naissent aucu­ne­ment, qui cri­tique ouver­te­ment la France où elle a eu la chance de naître et de gran­dir dans des condi­tions pri­vi­lé­giées, sus­cite natu­rel­le­ment de nom­breux com­men­taires exas­pé­rés par­mi les Français de culture, de souche et de bou­ture. Les reven­di­ca­tions pour soi et pour autrui les plus fan­tai­sistes étant à la mode, l’ingrate pré­tend ne rien devoir à la France, qu’elle accuse de « lui avoir pris, ou à ses parents… », on ne sau­ra pas quoi, elle ne le pré­cise pas. Personne n’est dupe des vraies rai­sons fis­cales de son exil en Belgique sous pré­texte fal­la­cieux du choix d’un pays qui assu­me­rait davan­tage son pas­sé colo­nial. Nul doute qu’elle trou­ve­ra un accueil cha­leu­reux dans l’importante com­mu­nau­té congo­laise du célèbre quar­tier bruxel­lois de Matonge, d’où elle pour­ra conti­nuer à déni­grer la France qui l’a élevée.

Rappelons que l’Organisation inter­na­tio­nale de la Francophonie (OIF), créée en 1970 pour pro­mou­voir la langue fran­çaise, compte 88 États et gou­ver­ne­ments, dont plus de la moi­tié ne sont pas fran­co­phones. La secré­taire géné­rale de l’OIF, Louise Mushikiwabo, ancien ministre des Affaires étran­gères du Rwanda, élue en octobre 2018 avec le sou­tien incon­di­tion­nel de Paris pour un man­dat de quatre ans, a été réélue à cette occa­sion. Détail crous­tillant : le Rwanda, ancienne colo­nie belge, a depuis dix ans déclas­sé la langue fran­çaise comme deuxième langue inter­na­tio­nale après l’anglais. Autrefois langue de l’enseignement public, le fran­çais a subi­te­ment été rem­pla­cé par l’anglais comme langue obli­ga­toire à l’é­cole en 2008.

Après tout, c’est ce qu’a déjà fait la tech­no­struc­ture euro­péenne en impo­sant l’anglais comme langue de tra­vail au sein des ins­tances de l’Union euro­péenne mal­gré le départ du Royaume-Uni, sans que les citoyens n’aient leur mot à dire, ni que les auto­ri­tés fran­çaises n’y trouvent à redire. La fran­co­pho­nie est donc davan­tage pro­mue à l’étranger, même défran­ci­sée, que dans notre propre espace natio­nal de vie. Que ne ferait-on pas, en se reniant, pour ten­ter de s’attirer un par­don illu­soire de pays envers les­quels on entre­tient une atti­tude mal­saine et injus­ti­fiée de repen­tance colo­niale, effort contre-pro­duc­tif qui ne fait que sou­li­gner la fai­blesse mépri­sée de la France ? Or, celle-ci n’inspire nulle part de la com­pas­sion ni du res­pect, encore moins de la sym­pa­thie, alors que des poli­tiques et des acti­vistes naïfs vou­draient qué­man­der de l’amitié.

En réa­li­té, à l’OIF, il est de plus en plus ques­tion d’économie, de puis­sance poli­tique et diplo­ma­tique supra­na­tio­nale. Cette orga­ni­sa­tion non gou­ver­ne­men­tale, par­mi d’autres organes pré­ten­dants à la table d’une nou­velle gou­ver­nance mon­diale non élue, se sub­sti­tue sans légi­ti­mi­té aux cadres natio­naux choi­sis par les peuples, vec­teur poli­tique et idéo­lo­gique d’imposition for­cée des idéo­lo­gies mon­dia­lo-pro­gres­sistes conqué­rantes – tota­li­ta­risme woke, reli­gions de sub­sti­tu­tion droit-de‑l’hommiste et isla­mique, bouillon mul­ti­cul­tu­ra­liste, trans­hu­ma­nisme scientiste.

Ainsi va la marche du monde, sous le regard déso­lé de très nom­breux étran­gers qui savent ce qu’ils doivent de posi­tif à la France et ce qu’elle a appor­té de beau et de bon à l’humanité. Il en sera ain­si tant qu’un nombre suf­fi­sant de Français de culture, trop pas­sifs et silen­cieux, défai­tistes et pares­seux, ne réagi­ront pas éner­gi­que­ment pour sau­ve­gar­der et pro­mou­voir, vivre et trans­mettre, leur grande civi­li­sa­tion et leur belle culture.

Jean-Michel Lavoizard


Aris - Jean-Michel LavoizardJean-Michel Lavoizard est le diri­geant-fon­da­teur de la socié­té ARIS – Advanced Research & Intelligence Services.
Jean-Michel Lavoizard publie éga­le­ment sur Boulevard Voltaire.

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