Réforme des retraites : le psychodrame mal joué qui finira mal
Les acteurs politiques et syndicaux nous ont encore rejoué pour la nième fois le psychodrame de « l’âge de la retraite ».
En bleu les politiciens qui sont sommés par Bruxelles de rétablir l’âge de la retraite à 65 ans, comme cela se passait avant la décision catastrophique de François Mitterrand de le fixer à 60 ans.
En rouge les syndicats qui défendent les « acquis sociaux », comprenez les avantages catégoriels des professions lourdement syndiquées : SNCF, EDF, enseignants, contrôleurs aériens ou techniciens des raffineries. Les autres, les salariés des PME, qui constituent le tissu économico-social, ils s’en foutent bien pas mal.
Les Français qui se font berner par cette tartuferie sont lassés.
La réforme des retraites est orchestrée par les personnes qui profitent le plus du mécanisme et qui s’efforcent de préserver leur statut privilégié sachant qu’il est structurellement insupportable économiquement. Nous écrivions le 12 octobre 2022 : « Réforme des retraites ? D’abord préservons les privilèges ! »
Il existe bien une solution que nous présentions le 17 septembre 2019 et que nous reproduisons ci-dessous car elle est encore parfaitement d’actualité. Mais cette réforme requiert un courage politique hors de portée de nos dirigeants.
Retraites : il faut renverser la table !
Alors que l’espérance de vie se prolonge, que les personnes vivent plus longtemps en bonne santé et que les conditions de travail ne cessent de s’améliorer, François Mitterrand — pour faire croire qu’il était de gauche — mettait en œuvre dès 1981 l’une de ses promesses de campagne : abaisser l’âge de la retraite à 60 ans. Cette mesure entre en application avec les lois Auroux de 1982.
C’était une aberration économique et culturelle que nous n’avons pas fini de payer
À peine 10 ans plus tard, en 1991, Michel Rocard, alors premier ministre de François Mitterrand, déclarait : « Avec la réforme des retraites, il y a de quoi faire sauter plusieurs gouvernements ». Depuis lors tous les gouvernements se cassent le nez sur le financement des retraites. Il y a de quoi : il y a de moins en moins de cotisants pour de plus en plus de retraités.
C’est un véritable casse-tête chinois pour nos politiques qui sont amenés :
→ à ne pas faire de vagues lors des campagnes électorales,
→ puis entamer des consultations une fois élus,
→ puis reporter toutes les mesures envisagées à la saint-Glinglin face aux manifestations catégorielles afin de se faire réélire.
C’est comme cela depuis trente ans. C’est que le système français est profondément injuste. Ceux qui sont pénalisés sont les moins bien représentés politiquement : artisans, salariés des PME, agriculteurs notamment. Et ceux qui gèrent le système sont ceux qui bénéficient des meilleures retraites car ils sont les mieux placés pour taper dans la caisse. Einstein disait : « On ne règle pas un problème avec ceux qui l’ont créé ».
La preuve : Le « Monsieur Retraite » du gouvernement cumule son salaire avec plusieurs pensions… de retraite. Jean-Paul Delevoye(1) négocie l’abaissement de la retraite des Français tandis qu’il s’est mis, lui, confortablement à l’abri au fil de sa carrière politique. C’est ainsi que ça se passe : les énarques hauts-fonctionnaires débattent avec les élus de l’abaissement de la retraite des Français tandis qu’ils ne cessent de se protéger, sans même avoir cotisé ! Voilà pourquoi nous écrivions dans notre article intitulé Retraites et démocratie : « L’indispensable réforme de notre système de retraites est probablement incompatible avec notre système politique ».
La solution ? Il faut renverser la table !
Et repartir sur les fondamentaux :
1) Redéfinir la solidarité : Qui est solidaire de qui ? Qui paie pour qui ? Les Français pour toute la misère du monde ? (toujours selon Rocard). Voilà pourquoi il est indispensable de rétablir les frontières et d’expulser tous les émigrés économiques opportunistes. Qui paiera la retraite de tous ces immigrés clandestins qui ne cotisent pas ? Les perspectives sont effroyables. Il ne peut y avoir de solidarité sans frontière !
2) Mettre fin au mythe de la répartition : le montant des retraites n’est plus corrélé aux prélèvements sinon il n’y aurait pas de problème. Chaque année on répartirait les sommes prélevées. Point. Si on était dans un véritable système de répartition les retraites baisseraient puisque les cotisations baissent. Personne n’acceptant que voir sa retraite baisser, l’État bouche le trou :
3) Plafonner les retraites : une fois que la solidarité sera rétablie — si on y arrive, car les forces conservatrices s’y opposeront farouchement — on pourra demander aux Français d’être solidaires des Français, et donc les riches retraités feront l’effort nécessaire pour les pauvres retraités. Il ne faut pas confier aux politiciens et aux hauts fonctionnaires les « réformes » des retraites car ils préserveront toujours leur privilèges. Marine Le Pen elle même se range du côté des « touche pas à ma (bonne) retraite » : « Je ne crois pas qu’il soit nécessaire de modifier profondément le système tel qu’il existe, sauf bien sûr pour relever les très petites retraites qui, aujourd’hui, sont une véritable honte dans un pays civilisé » Ainsi pour elle, on ne touche pas aux retraites confortables tout en augmentant les petites retraites. Bien sûr qu’il FAUT MODIFIER le système en PROFONDEUR !
Puisque le montant des retraites n’est plus corrélé sur les montants cotisés par chacun, chacun touchera une retraite forfaitaire. Forfaitaire et plafonnée !
Son montant sera établi en fonction de la durée et de la pénibilité du travail, et il sera plafonné. Chaque Français touchera une retraite qui lui permette de vivre dignement et non plus de sombrer dans la misère pour les uns et de mener grand train pour les autres. Impossible ! dites vous. Pourtant cela fonctionne déjà pour le régime Santé : les cotisations sont proportionnelles au salaire, et pour autant les frais médicaux sont les mêmes pour tous. Vous n’êtes pas remboursés de vos médicaments selon vos cotisations. Alors on peut fort bien en arriver là pour les retraites.
Pourquoi donc ces hauts fonctionnaires — ou ces cadres supérieurs — avec des retraites à 10 000 par mois ne participeraient-ils pas à l’effort de solidarité nationale ? Imaginez combien d’artisans sont ponctionnés tous les mois pour assurer la retraite d’un seul de ces mandarins. En outre leur salaire confortable leur a permis de constituer du patrimoine pendant leur carrière, pourquoi donc continueraient-ils à toucher autant d’argent alors qu’ils ne travaillent plus ? De surcroît ces personnes ont tendance à vivre vieux !
Une même retraite pour tous, établie selon des critères transparents, y compris certaines catégories qui pourraient toucher plus tôt cette retraite forfaitaire (travail de nuit, main d’œuvre du bâtiment, sous-officiers d’active dans certaines unités par exemple, mais cela doit être transparent).
Une même retraite pour tous, à l’intérieur d’une fourchette de 1 500 à 2 500 euros, c’est la solution !
Les plus faibles seront protégés et pourront vivre dignement leurs vieux jours. Les plus riches auront eu tout le loisir d’épargner pour assurer leurs vieux jours et feront preuve de solidarité, pour de vrai !
Enfin cette approche présente un avantage considérable, c’est qu’elle brise le monde matérialiste et égoïste du « Toujours plus pour moi ». Elle ouvre sur un monde nouveau moins rapace, moins glouton, moins prédateur et plus responsable, plus respecteux, plus économe et donc plus écologique. Pas sûr que nos élites y soient prêtes bien qu’elles se gargarisent de « nos valeurs ». Voilà une raison de plus de les chasser.
Massimo Luce
[NDLR] Notre illustration à la une : René Magritte (1898−1967), Homme assis à une table
(1) Ce franc-maçon a été maire, conseiller régional, président de la communauté de commune de Bapaume, président de l’association des maires de France, député, sénateur, ministre de Jacques Chirac, médiateur de la République. Il est donc tout à fait bien placé pour être le Haut-commissaire à la réforme des retraites de Macron puisque lui n’a aucun souci de ce côté-là !
Objectif simple. Peut marcher avec un crédit social à la Française qui en temps réel sanctionne pécuniairement les contribuables convaincus de fraudes, et à l’occasion du cas d’espèce de la fausse pandémie demande un droit d’inventaire sur ceux qui ont terriblement profité de la situation, monde médical non suspendu qu’on trouvera peut-être dans la manif de demain pour défendre leurs caisses en glissant le doublement de leurs honoraires.
Je suis tout à fait en accord sur le principe d’une retraite basée sur le système santé. Cotiser selon les salaires mais verser une retraite identique pour tous, les plus aisés pouvant se faire un complément de retraite en capitalisant