Réforme des retraites : le psychodrame mal joué qui finira mal

par | 15 jan­vier 2023 | 2 Commentaires 

Les acteurs poli­tiques et syn­di­caux nous ont encore rejoué pour la nième fois le psy­cho­drame de « l’âge de la retraite ».
En bleu les poli­ti­ciens qui sont som­més par Bruxelles de réta­blir l’âge de la retraite à 65 ans, comme cela se pas­sait avant la déci­sion catas­tro­phique de François Mitterrand de le fixer à 60 ans.
En rouge les syn­di­cats qui défendent les « acquis sociaux », com­pre­nez les avan­tages caté­go­riels des pro­fes­sions lour­de­ment syn­di­quées : SNCF, EDF, ensei­gnants, contrô­leurs aériens ou tech­ni­ciens des raf­fi­ne­ries. Les autres, les sala­riés des PME, qui consti­tuent le tis­su éco­no­mi­co-social, ils s’en foutent bien pas mal.
Les Français qui se font ber­ner par cette tar­tu­fe­rie sont las­sés.
La réforme des retraites est orches­trée par les per­sonnes qui pro­fitent le plus du méca­nisme et qui s’ef­forcent de pré­ser­ver leur sta­tut pri­vi­lé­gié sachant qu’il est struc­tu­rel­le­ment insup­por­table éco­no­mi­que­ment. Nous écri­vions le 12 octobre 2022 : « Réforme des retraites ? D’abord pré­ser­vons les pri­vi­lèges ! »

Il existe bien une solu­tion que nous pré­sen­tions le 17 sep­tembre 2019 et que nous repro­dui­sons ci-des­sous car elle est encore par­fai­te­ment d’ac­tua­li­té. Mais cette réforme requiert un cou­rage poli­tique hors de por­tée de nos dirigeants.

Retraites : il faut renverser la table !

René Magritte (1898−1967), Homme assis à une table

Alors que l’es­pé­rance de vie se pro­longe, que les per­sonnes vivent plus long­temps en bonne san­té et que les condi­tions de tra­vail ne cessent de s’a­mé­lio­rer, François Mitterrand — pour faire croire qu’il était de gauche — met­tait en œuvre dès 1981 l’une de ses pro­messes de cam­pagne : abais­ser l’âge de la retraite à 60 ans. Cette mesure entre en appli­ca­tion avec les lois Auroux de 1982.

C’était une aberration économique et culturelle que nous n’avons pas fini de payer

À peine 10 ans plus tard, en 1991, Michel Rocard, alors pre­mier ministre de François Mitterrand, décla­rait : « Avec la réforme des retraites, il y a de quoi faire sau­ter plu­sieurs gou­ver­ne­ments ». Depuis lors tous les gou­ver­ne­ments se cassent le nez sur le finan­ce­ment des retraites. Il y a de quoi : il y a de moins en moins de coti­sants pour de plus en plus de retraités.

Ratio_actifs_cotisants-retraites

Retraites déficit public-privé

C’est un véri­table casse-tête chi­nois pour nos poli­tiques qui sont ame­nés :
→ à ne pas faire de vagues lors des cam­pagnes élec­to­rales,
→ puis enta­mer des consul­ta­tions une fois élus,
→ puis repor­ter toutes les mesures envi­sa­gées à la saint-Glinglin face aux mani­fes­ta­tions caté­go­rielles afin de se faire réélire.
C’est comme cela depuis trente ans. C’est que le sys­tème fran­çais est pro­fon­dé­ment injuste. Ceux qui sont péna­li­sés sont les moins bien repré­sen­tés poli­ti­que­ment : arti­sans, sala­riés des PME, agri­cul­teurs notam­ment. Et ceux qui gèrent le sys­tème sont ceux qui béné­fi­cient des meilleures retraites car ils sont les mieux pla­cés pour taper dans la caisse. Einstein disait : « On ne règle pas un pro­blème avec ceux qui l’ont créé ».

La preuve : Le « Monsieur Retraite » du gou­ver­ne­ment cumule son salaire avec plu­sieurs pen­sions… de retraite. Jean-Paul Delevoye(1) négo­cie l’a­bais­se­ment de la retraite des Français tan­dis qu’il s’est mis, lui, confor­ta­ble­ment à l’a­bri au fil de sa car­rière poli­tique. C’est ain­si que ça se passe : les énarques hauts-fonc­tion­naires débattent avec les élus de l’a­bais­se­ment de la retraite des Français tan­dis qu’ils ne cessent de se pro­té­ger, sans même avoir coti­sé ! Voilà pour­quoi nous écri­vions dans notre article inti­tu­lé Retraites et démo­cra­tie : « L’indispensable réforme de notre sys­tème de retraites est pro­ba­ble­ment incom­pa­tible avec notre sys­tème poli­tique ».

La solution ? Il faut renverser la table !

Et repar­tir sur les fon­da­men­taux :
1) Redéfinir la soli­da­ri­té : Qui est soli­daire de qui ? Qui paie pour qui ? Les Français pour toute la misère du monde ? (tou­jours selon Rocard). Voilà pour­quoi il est indis­pen­sable de réta­blir les fron­tières et d’ex­pul­ser tous les émi­grés éco­no­miques oppor­tu­nistes. Qui paie­ra la retraite de tous ces immi­grés clan­des­tins qui ne cotisent pas ? Les pers­pec­tives sont effroyables. Il ne peut y avoir de soli­da­ri­té sans frontière !
Régis Debray Éloge des frontières

Retraites déficit

À ces défi­cits abys­saux, il faut encore ajou­ter les défi­cits des régimes spéciaux.

2) Mettre fin au mythe de la répar­ti­tion : le mon­tant des retraites n’est plus cor­ré­lé aux pré­lè­ve­ments sinon il n’y aurait pas de pro­blème. Chaque année on répar­ti­rait les sommes pré­le­vées. Point. Si on était dans un véri­table sys­tème de répar­ti­tion les retraites bais­se­raient puisque les coti­sa­tions baissent. Personne n’acceptant que voir sa retraite bais­ser, l’État bouche le trou :

3) Plafonner les retraites : une fois que la soli­da­ri­té sera réta­blie — si on y arrive, car les forces conser­va­trices s’y oppo­se­ront farou­che­ment — on pour­ra deman­der aux Français d’être soli­daires des Français, et donc les riches retrai­tés feront l’ef­fort néces­saire pour les pauvres retrai­tés. Il ne faut pas confier aux poli­ti­ciens et aux hauts fonc­tion­naires les « réformes » des retraites car ils pré­ser­ve­ront tou­jours leur pri­vi­lèges. Marine Le Pen elle même se range du côté des « touche pas à ma (bonne) retraite » : « Je ne crois pas qu’il soit néces­saire de modi­fier pro­fon­dé­ment le sys­tème tel qu’il existe, sauf bien sûr pour rele­ver les très petites retraites qui, aujourd’hui, sont une véri­table honte dans un pays civi­li­sé » Ainsi pour elle, on ne touche pas aux retraites confor­tables tout en aug­men­tant les petites retraites. Bien sûr qu’il FAUT MODIFIER le sys­tème en PROFONDEUR !
Puisque le mon­tant des retraites n’est plus cor­ré­lé sur les mon­tants coti­sés par cha­cun, cha­cun tou­che­ra une retraite for­fai­taire. Forfaitaire et pla­fon­née !
Son mon­tant sera éta­bli en fonc­tion de la durée et de la péni­bi­li­té du tra­vail, et il sera pla­fon­né. Chaque Français tou­che­ra une retraite qui lui per­mette de vivre digne­ment et non plus de som­brer dans la misère pour les uns et de mener grand train pour les autres. Impossible ! dites vous. Pourtant cela fonc­tionne déjà pour le régime Santé : les coti­sa­tions sont pro­por­tion­nelles au salaire, et pour autant les frais médi­caux sont les mêmes pour tous. Vous n’êtes pas rem­bour­sés de vos médi­ca­ments selon vos coti­sa­tions. Alors on peut fort bien en arri­ver là pour les retraites.

Pourquoi donc ces hauts fonc­tion­naires — ou ces cadres supé­rieurs — avec des retraites à 10 000 par mois ne par­ti­ci­pe­raient-ils pas à l’ef­fort de soli­da­ri­té natio­nale ? Imaginez com­bien d’ar­ti­sans sont ponc­tion­nés tous les mois pour assu­rer la retraite d’un seul de ces man­da­rins. En outre leur salaire confor­table leur a per­mis de consti­tuer du patri­moine pen­dant leur car­rière, pour­quoi donc conti­nue­raient-ils à tou­cher autant d’argent alors qu’ils ne tra­vaillent plus ? De sur­croît ces per­sonnes ont ten­dance à vivre vieux !

Une même retraite pour tous, éta­blie selon des cri­tères trans­pa­rents, y com­pris cer­taines caté­go­ries qui pour­raient tou­cher plus tôt cette retraite for­fai­taire (tra­vail de nuit, main d’œuvre du bâti­ment, sous-offi­ciers d’ac­tive dans cer­taines uni­tés par exemple, mais cela doit être transparent).

Une même retraite pour tous, à l’intérieur d’une fourchette de 1 500 à 2 500 euros, c’est la solution !

Les plus faibles seront pro­té­gés et pour­ront vivre digne­ment leurs vieux jours. Les plus riches auront eu tout le loi­sir d’é­par­gner pour assu­rer leurs vieux jours et feront preuve de soli­da­ri­té, pour de vrai !

Enfin cette approche pré­sente un avan­tage consi­dé­rable, c’est qu’elle brise le monde maté­ria­liste et égoïste du « Toujours plus pour moi ». Elle ouvre sur un monde nou­veau moins rapace, moins glou­ton, moins pré­da­teur et plus res­pon­sable, plus res­pec­teux, plus éco­nome et donc plus éco­lo­gique. Pas sûr que nos élites y soient prêtes bien qu’elles se gar­ga­risent de « nos valeurs ». Voilà une rai­son de plus de les chasser.

Massimo Luce

[NDLR] Notre illus­tra­tion à la une : René Magritte (1898−1967), Homme assis à une table

(1) Ce franc-maçon a été maire, conseiller régio­nal, pré­sident de la com­mu­nau­té de com­mune de Bapaume, pré­sident de l’as­so­cia­tion des maires de France, dépu­té, séna­teur, ministre de Jacques Chirac, média­teur de la République. Il est donc tout à fait bien pla­cé pour être le Haut-com­mis­saire à la réforme des retraites de Macron puisque lui n’a aucun sou­ci de ce côté-là !

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Massimo Luce

2 Commentaires 

  1. Objectif simple. Peut mar­cher avec un cré­dit social à la Française qui en temps réel sanc­tionne pécu­niai­re­ment les contri­buables convain­cus de fraudes, et à l’oc­ca­sion du cas d’es­pèce de la fausse pan­dé­mie demande un droit d’in­ven­taire sur ceux qui ont ter­ri­ble­ment pro­fi­té de la situa­tion, monde médi­cal non sus­pen­du qu’on trou­ve­ra peut-être dans la manif de demain pour défendre leurs caisses en glis­sant le dou­ble­ment de leurs honoraires.

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  2. Je suis tout à fait en accord sur le prin­cipe d’une retraite basée sur le sys­tème san­té. Cotiser selon les salaires mais ver­ser une retraite iden­tique pour tous, les plus aisés pou­vant se faire un com­plé­ment de retraite en capitalisant

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