
Raymond Moretti, le génie gênant
Le Conseil Général des Alpes Maritimes organisait du 4 avril au 29 juin 2025 une exposition consacrée à Raymond Moretti, platement intitulée « Raymond Moretti, L’homme qui peint ».
Rassurez vous : vous n’avez rien raté !
L’exposition nous montre un Moretti dans le sillage des Cocteau et Picasso.
Une vidéo nous montre l’atelier du peintre niçois dans les sous-sols du Parvis de la Défense à Paris, dans lequel reste pendue à un cintre une blouse de Cocteau, présentée comme une relique vénérée qui porte encore les traces de peinture, et que Moretti conserve pieusement en l’état. C’est tout juste si l’on ne nous présente pas le Saint Suaire ! C’est absolument ridicule.
L’exposition ne manque pas de rappeler que Pablo Picasso aurait dit qu’il voyait en Moretti son successeur.
Ainsi donc l’exposition place notre génie niçois sous l’ombrelle des « vrais grands maîtres du XXe siècle » qu’il convient de bien maintenir au pinacle.
Le Conseil Général des Alpes Maritimes a raté une belle occasion de placer notre peintre niçois bien au dessus du lot de tous ces gribouilleurs que les spéculateurs ont retenu pour :
1- gagner beaucoup d’argent et
2- casser l’harmonie qui accompagne toute œuvre d’art(1).
Raymond Moretti est né avec un don qui lui vient du ciel.
Raymond Moretti est né le 25 juillet 1931 à Nice dans une famille modeste d’immigrés italiens ayant fui l’Italie de Mussolini. Son père, Secundo, était un charpentier anarchiste originaire de Toscane, athée, et sa mère, Madeleine, une femme de ménage ombrienne, profondément catholique. Raymond grandit dans les ruelles populaires de Nice, un environnement qu’il décrivait comme pauvre mais chaleureux, imprégné de l’atmosphère méditerranéenne de la ville. Cette période a forgé son attachement profond à Nice, qu’il considérait comme une source d’inspiration majeure pour son art. Dès l’âge de 14 ans, il devient apprenti boulanger, un métier exigeant qui l’habitue à un rythme de vie nocturne, influençant son profil de « noctambule » et son énergie créative. Malgré les contraintes matérielles, il commence à dessiner très jeune, montrant un véritable don pour le dessin.

L’apprenti boulanger s’exprime dans le dessin. Ici il a 17 ans !
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Ce don éblouissant s’est accompagné d’une créativité débordante et d’une grande liberté d’expression.
La première exposition de Raymond Moretti a eu lieu en 1954 à la Galerie Bretau à Nice. À l’âge de 23 ans, cette exposition marque le début de sa reconnaissance publique.
Il est alors remarqué par les stars du business de l’art qui fréquentent alors la Côte d’Azur. Le jeune Moretti y voit bien entendu une reconnaissance et une opportunité. Jean Cocteau, le mentor de jeunes artistes comme avec Raymond Radiguet ou Jean Marais, lui propose une collaboration dès 1962. Moretti a 29 ans. Tous deux créent une série de lithographie intitulée L’Âge du Verseau, dont voici un exemplaire :

Nul besoin d’explication pour deviner ce que chacun a peint !
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Picasso également est ébloui par le talent prodigieux du jeune Moretti et le prend également sous sa coupe. Il dit : « Moretti sera mon successeur ». Mais c’est une manière de le contenir et de se placer, lui, au dessus du génie niçois, inspiré par le Divin. Moretti disait : « Je fais ce que je sens, s’il y a un message je ne le connais pas ».
En parallèle, voici quelques portraits de celui qui se faisait appeler « Maître » de son vivant :
Le Conseil Général des Alpes Martimes avait là une magnifique occasion de placer le peintre niçois à sa place, non pas dans le sillage de l’un ou l’autre, mais au-dessus, en dehors tellement son art est inspiré par un message que nous avons, nous aussi, du mal à cerner.
Mais le Politiquement Correct a ses règles que même les professionnels de l’art se doivent de respecter.
Lire dans nos colonnes : Lou Che à Nice défraie la chronique… et défraie son créateur du 12 décembre 2019
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