Raymond Moretti, le génie gênant

par | 30 juin 2025 | Aucun com­men­taire

Le Conseil Général des Alpes Maritimes orga­ni­sait du 4 avril au 29 juin 2025 une expo­si­tion consa­crée à Raymond Moretti, pla­te­ment inti­tu­lée « Raymond Moretti, L’homme qui peint ».

Raymond Moretti - Exposition Nice - Juin 2025

Rassurez vous : vous n’avez rien raté !

L’exposition nous montre un Moretti dans le sillage des Cocteau et Picasso.

Une vidéo nous montre l’a­te­lier du peintre niçois dans les sous-sols du Parvis de la Défense à Paris, dans lequel reste pen­due à un cintre une blouse de Cocteau, pré­sen­tée comme une relique véné­rée qui porte encore les traces de pein­ture, et que Moretti conserve pieu­se­ment en l’é­tat. C’est tout juste si l’on ne nous pré­sente pas le Saint Suaire ! C’est abso­lu­ment ridicule.

L’exposition ne manque pas de rap­pe­ler que Pablo Picasso aurait dit qu’il voyait en Moretti son successeur.

Ainsi donc l’ex­po­si­tion place notre génie niçois sous l’om­brelle des « vrais grands maîtres du XXe siècle » qu’il convient de bien main­te­nir au pinacle.

Le Conseil Général des Alpes Maritimes a raté une belle occa­sion de pla­cer notre peintre niçois bien au des­sus du lot de tous ces gri­bouilleurs que les spé­cu­la­teurs ont rete­nu pour :
1- gagner beau­coup d’argent et
2- cas­ser l’har­mo­nie qui accom­pagne toute œuvre d’art(1).

Raymond Moretti est né avec un don qui lui vient du ciel.

Raymond Moretti est né le 25 juillet 1931 à Nice dans une famille modeste d’immigrés ita­liens ayant fui l’Italie de Mussolini. Son père, Secundo, était un char­pen­tier anar­chiste ori­gi­naire de Toscane, athée, et sa mère, Madeleine, une femme de ménage ombrienne, pro­fon­dé­ment catho­lique. Raymond gran­dit dans les ruelles popu­laires de Nice, un envi­ron­ne­ment qu’il décri­vait comme pauvre mais cha­leu­reux, impré­gné de l’atmosphère médi­ter­ra­néenne de la ville. Cette période a for­gé son atta­che­ment pro­fond à Nice, qu’il consi­dé­rait comme une source d’inspiration majeure pour son art. Dès l’âge de 14 ans, il devient appren­ti bou­lan­ger, un métier exi­geant qui l’habitue à un rythme de vie noc­turne, influen­çant son pro­fil de « noc­tam­bule » et son éner­gie créa­tive. Malgré les contraintes maté­rielles, il com­mence à des­si­ner très jeune, mon­trant un véri­table don pour le dessin.

Raymond Moretti - Œuvres de jeunesse

L’apprenti bou­lan­ger s’ex­prime dans le des­sin. Ici il a 17 ans !
Cliquer sur l’i­mage pour l’agrandir

Ce don éblouis­sant s’est accom­pa­gné d’une créa­ti­vi­té débor­dante et d’une grande liber­té d’expression.

La pre­mière expo­si­tion de Raymond Moretti a eu lieu en 1954 à la Galerie Bretau à Nice. À l’âge de 23 ans, cette expo­si­tion marque le début de sa recon­nais­sance publique.

Il est alors remar­qué par les stars du busi­ness de l’art qui fré­quentent alors la Côte d’Azur. Le jeune Moretti y voit bien enten­du une recon­nais­sance et une oppor­tu­ni­té. Jean Cocteau, le men­tor de jeunes artistes comme avec Raymond Radiguet ou Jean Marais, lui pro­pose une col­la­bo­ra­tion dès 1962. Moretti a 29 ans. Tous deux créent une série de litho­gra­phie inti­tu­lée L’Âge du Verseau, dont voi­ci un exemplaire :

Âge verseau - Jean Cocteau - Raymod Moretti

Nul besoin d’ex­pli­ca­tion pour devi­ner ce que cha­cun a peint !
Cliquer sur l’i­mage pour l’agrandir

Picasso éga­le­ment est ébloui par le talent pro­di­gieux du jeune Moretti et le prend éga­le­ment sous sa coupe. Il dit : « Moretti sera mon suc­ces­seur ». Mais c’est une manière de le conte­nir et de se pla­cer, lui, au des­sus du génie niçois, ins­pi­ré par le Divin. Moretti disait : « Je fais ce que je sens, s’il y a un mes­sage je ne le connais pas ».

Raymond Moretti - Portraits

En paral­lèle, voi­ci quelques por­traits de celui qui se fai­sait appe­ler « Maître » de son vivant :

Pablo Picasso - Portraits

Le Conseil Général des Alpes Martimes avait là une magni­fique occa­sion de pla­cer le peintre niçois à sa place, non pas dans le sillage de l’un ou l’autre, mais au-des­sus, en dehors tel­le­ment son art est ins­pi­ré par un mes­sage que nous avons, nous aus­si, du mal à cerner.

Mais le Politiquement Correct a ses règles que même les pro­fes­sion­nels de l’art se doivent de respecter.

Lire dans nos colonnes : Lou Che à Nice défraie la chro­nique… et défraie son créa­teur du 12 décembre 2019

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