La France n’est plus un État de droit

par | 29 sep­tembre 2025 | 3 Commentaires 

Christian Estrosi, maire de Nice, a déci­dé — tout seul — (« J’ai déci­dé ») ce lun­di 29 sep­tembre 2025 de don­ner le nom de Nicolas Sarkozy au par­vis situé devant le futur Hôtel des polices muni­ci­pales et natio­nales de la ville.

Christian Estrosi se targue de faire de la sécu­ri­té de Nice SA prio­ri­té, mais il échoue mal­gré ses rodo­mon­tades chro­niques et des moyens finan­ciers consi­dé­rables. Tous les clas­se­ments le prouvent :

Source Classement de Nice
Valeurs Actuelles (pal­ma­rès 2025 des villes les plus sûres) 30e sur ~115 villes (> 50 000 hab.)
Ville-Data.com
(clas­se­ment délin­quance 2025)
117e sur 366 villes (> 22 500 hab.) pour taux de victimes/​hab.
LeParisien (pal­ma­rès 2024, ten­dances 2025 similaires) 55e sur ~100 villes (> 50 000 hab.)
Numbeo (indice sécu­ri­té 2025, per­cep­tions mondiales) ~13e sur 20 villes euro­péennes pour criminalité

La raison invoquée par Christian Estrosi est donc parfaitement fallacieuse

Ce qui n’est pas éton­nant puisqu’Estrosi ment tou­jours, comme Sarkozy du reste, ce que nous démon­trons régu­liè­re­ment dans nos colonnes(1).

La véri­té, ce n’est pas qu’Estrosi veuille « saluer l’action déter­mi­nante que [Nicolas Sarkozy] a menée, d’abord comme Ministre de l’Intérieur puis comme Président de la République, en fai­sant de la sécu­ri­té une prio­ri­té natio­nale ». La véri­té, c’est qu’Estrosi veut hono­rer un pote, au mépris de la Justice.

Estrosi honore un voyou qui a consi­dé­ra­ble­ment nui à la France, qui a men­ti, tri­ché en per­ma­nence(2).
Tout comme son men­tor, il bafoue les règles fon­da­men­tales de droit, au pro­fit de la sau­ve­garde de ses amis. La règle qui pré­vaut, c’est l’ap­par­te­nance au clan.

Autrement dit : le système mafieux

C’est vieux comme le monde. Deux visions s’af­frontent à tra­vers les âges :
la pro­tec­tion par une enti­té abs­traite, l’État, qui doit être juste et impar­tial,
la pro­tec­tion de son clan : famille de sang (mafia au sens propre), reli­gieuse, géo­gra­phique, etc.

La République prô­nait un État de droit lors­qu’elle vou­lait ren­ver­ser la royauté :

Loi même pour tousMais très vite cette règle fut trans­gres­sée, comme si l’État de droit était une situa­tion fra­gile qu’il faut sans cesse pré­ser­ver. Le géné­ral de Gaulle par­lait « des copains et des coquins » à pro­pos des poli­ti­ciens de la IVe répu­blique. Il revient à nos diri­geants de pré­ser­ver ce fra­gile État de droit,
• d’a­bord en s’y sou­met­tant, et
• ensuite en s’é­ri­geant en exemples.
Nous en sommes bien loin. Dans notre répu­blique déli­ques­cente, plus haut on est pla­cé, plus on trans­gresse l’État de droit. C’est le cas avec tous les pré­si­dents de la répu­blique depuis Mitterrand. Puis presque tous les ministres, et de proche en proche jus­qu’aux communes.

L’État de droit, les valeurs de la répu­blique, « Liberté – Égalité – Fraternité », sont des impos­tures d’un sys­tème régi à pré­sent par l’hé­do­nisme et l’individualisme.

Notre illus­tra­tion à la une avait déjà ser­vi pour notre article du 17 août 2020, inti­tu­lé Christian Estrosi est-il conscient de ce qu’il dit ?, dans lequel nous écri­vions — déjà — : « Dites vous que lorsqu’un poli­ti­cien dit quelque chose, il vous ment. »

Q

Les innom­brables mal­ver­sa­tions, d’une extrême gra­vi­té de Nicolas Sarkozy, doivent être rap­pe­lées à tous ceux qui seraient prompts à se lais­ser influen­cer par la pro­pa­gande de CNews (Bolloré) ou de TF1 (Bouygues), outils de dés­in­for­ma­tion aux ordres de la bour­geoi­sie dont sont issus tous nos diri­geans politique.

Politique Intérieure :

Le Traité de Lisbonne : Refusé par réfé­ren­dum en 2005, le trai­té consti­tu­tion­nel euro­péen a été res­sus­ci­té sous forme de trai­té de Lisbonne, rati­fié par voie par­le­men­taire en 2008 sans consul­ta­tion popu­laire. Sarkozy, alors pré­sident, a jus­ti­fié cette manœuvre comme une “sim­pli­fi­ca­tion ins­ti­tu­tion­nelle”.
Ruine d’EDF avec la loi NOME : Adoptée en 2010 sous l’impulsion de François Fillon et Nicolas Sarkozy, la loi sur la Nouvelle Organisation du Marché de l’Électricité (NOME) a impo­sé à EDF de vendre son élec­tri­ci­té nucléaire à bas prix à ses concur­rents via l’Arenh (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique). Ce méca­nisme, cen­sé ouvrir le mar­ché à la concur­rence euro­péenne, a été cri­ti­qué comme une “vente à perte” qui a endet­té EDF de mil­liards d’euros et fra­gi­li­sé la filière nucléaire fran­çaise. Des experts estiment que cette loi a coû­té à l’État des dizaines de mil­liards en sub­ven­tions cachées.
Immigration choi­sie : Sous Sarkozy, l’immigration légale a atteint un pic de 250 000 titres de séjour annuels, mal­gré sa rhé­to­rique de fer­me­té. Sa loi de 2006 sur “l’immigration choi­sie” a été un échec, avec seule­ment 14 % d’immigration pro­fes­sion­nelle contre un objec­tif de 50 %.
Discrimination posi­tive : Plus pro­vo­ca­teur, son dis­cours de 2008 sur le “défi du métis­sage” – “Ce n’est pas un choix, c’est une obli­ga­tion” – a annon­cé la poli­tique de quo­tas d’immigrés non-euro­péens dans toutes les sphères de l’État et de la socié­té, expres­sion du mul­ti­cul­tu­ra­lisme anglo-amé­ri­cain qu’il a vou­lu impo­ser en France.
Mayotte dépar­te­men­ta­li­sée : En 2009, Sarkozy a impul­sé la dépar­te­men­ta­li­sa­tion de Mayotte, effec­tive en 2011, mal­gré les aver­tis­se­ments sur l’immigration clan­des­tine mas­sive. Résultat : une explo­sion démo­gra­phique et des ten­sions sociales, avec des cri­tiques qua­li­fiant cela d””erreur his­to­rique” qui a alour­di les finances publiques sans résoudre les pro­blèmes struc­tu­rels.
Théorie du genre à l’Éducation Nationale : En 2011, sous son man­dat, des manuels sco­laires de SVT ont inté­gré des cha­pitres sur le genre, expli­quant que l’identité sexuelle est socio-cultu­relle autant que bio­lo­gique.
Fin de la double peine et poli­tique du chiffre à la police : La réforme de 2003, impul­sée par Sarkozy comme ministre de l’Intérieur, a limi­té les expul­sions auto­ma­tiques d’étrangers délin­quants, vue comme un laxisme pénal. Parallèlement, sa “poli­tique du chiffre” a pous­sé les forces de l’ordre à pri­vi­lé­gier les sta­tis­tiques (PV, inter­pel­la­tions) au détri­ment de la pré­ven­tion, géné­rant des dys­fonc­tion­ne­ments per­sis­tants.
Saccage de l’Hôpital public : Les réformes hos­pi­ta­lières de 2009 (loi HPST) ont ren­for­cé les pou­voirs des direc­teurs et favo­ri­sé les par­te­na­riats public-pri­vé, au détri­ment des soi­gnants. Budgets rognés et fer­me­tures de lits ont été dénon­cés comme un “déman­tè­le­ment” du ser­vice public, aggra­vé par la crise Covid.
Saisie indi­vi­duelle du Conseil consti­tu­tion­nel : Membre de droit du Conseil depuis 2012, Sarkozy a été accu­sé d’instrumentaliser l’institution pour ses recours per­son­nels, comme en 2013 pour ses comptes de cam­pagne, sou­le­vant des ques­tions d’impartialité.
Vente de 20 % des réserves d’or : Une Perte de 40 Milliards : En 2004, comme ministre, Sarkozy a ven­du 589 tonnes d’or de la Banque de France pour 4,67 mil­liards d’euros. Avec la flam­bée du cours de l’or, cette opé­ra­tion a coû­té à l’État envi­ron 40 mil­liards d’euros en valeur actuelle.
Ouverture à gauche : Sitôt élu sur une ligne de droite dure, Sarközy a ouvert son gou­ver­ne­ment à des figures his­to­rique de gauche (le (..) néo-conser­va­teur Bernard Kouchner aux Affaires étran­gères, le socia­liste liba­nais Éric Besson à la Prospective) et à des per­son­na­li­tés non blanches ou d’origine immi­grée, comme Rachida Dati (Justice), Fadela Amara (poli­tique de sub­ven­tions des quar­tiers eth­nique), ou Ramatoulaye Wade. Il s’agit d’accélérer le mul­ti­cul­tu­ra­lisme et la dis­cri­mi­na­tion posi­tive.
Suppression du crime de haute tra­hi­son : La révi­sion consti­tu­tion­nelle de 2007, sous son impul­sion, a rem­pla­cé la “haute tra­hi­son” par un vague “man­que­ment aux devoirs”, sup­pri­mant une pro­tec­tion contre les abus pré­si­den­tiels et pro­té­geant poten­tiel­le­ment Sarkozy lui-même.
Maintien des 35 heures et retraite à 60 ans : Malgré ses pro­messes de “rup­ture”, Sarkozy n’a pas abro­gé les 35 heures (seule­ment assou­plies) ni repous­sé immé­dia­te­ment la retraite à 60 ans (repor­tée à 62 en 2010, mais main­te­nue pour les car­rières longues), déce­vant la droite libé­rale.
Maintien des Accords d’Évian : Sarkozy a pré­ser­vé les faci­li­tés d’immigration issues des accords de 1962, mal­gré les appels à leur rené­go­cia­tion, favo­ri­sant selon les détrac­teurs un flux migra­toire incon­trô­lé.
Enterrement du rap­port sur le finan­ce­ment des syn­di­cats de gauche : En novembre 2011, sous son man­dat, un rap­port par­le­men­taire explo­sif sur les finan­ce­ments opaques des syn­di­cats (plus de 5 mil­liards d’euros annuels, avec des abus via les comi­tés d’entreprise et des publi­ci­tés sus­pectes) a été reje­té et “enter­ré” par l’Assemblée, mal­gré six mois de tra­vail et 45 audi­tions. Cette déci­sion, prise à la veille des élec­tions pré­si­den­tielles de 2012, visait à se conci­lier la gauche syn­di­cale en vue de la réélec­tion de Sarközy.
Déclarations de Carla Bruni sur le “sang pour­ri” des Français : En 2010, Carla Bruni, épouse de Sarkozy, évoque “le vieux sang pour­ri” qui coule dans les veines des Français, en réfé­rence à leur sup­po­sée fri­lo­si­té face à l’immigration et à la diver­si­té raciale.
Constructions de mos­quées : En 2006, le rap­port Machelon, com­man­dé par Sarkozy, ministre de l’intérieur, a auto­ri­sé les sub­ven­tions com­mu­nales aux lieux de culte, contour­nant la loi de 1905. Cela a accé­lé­ré la construc­tion de mos­quées (près de 2 500 en 2012), sou­vent finan­cées par des fonds qata­ris, via des baux emphy­téo­tiques à 1 euro/​an.
Débat tru­qué sur l’identité natio­nale : Lancé en novembre 2009 par Éric Besson, ministre de l’Immigration, le “grand débat sur l’identité natio­nale” visait à répondre aux pré­oc­cu­pa­tions des élec­teurs de droite sur l’immigration. Présenté comme une réflexion ouverte, il a rapi­de­ment été repris en mains par le pou­voir. Les 150 réunions publiques, sou­vent enca­drées par des pré­fets, ont élu­dé les ques­tions sen­sibles comme l’immigration mas­sive ou l’influence de l’islam, se concen­trant sur des thèmes abs­traits comme la “République” ou la “laï­ci­té”. En février 2010, le débat s’est conclu par une célé­bra­tion iré­nique des valeurs de la gauche répu­bli­caine, avec des pro­po­si­tions vagues (hymne natio­nal à l’école, dra­peau tri­co­lore).
Collusion pour un demi mil­liard d’euros avec Bernard Tapie : En 2007, alors pré­sident, Sarkozy a influen­cé la déci­sion de recou­rir à un arbi­trage pri­vé plu­tôt qu’à une pro­cé­dure judi­ciaire clas­sique pour régler le dif­fé­rend entre Tapie et le Consortium de Réalisation (CDR), enti­té publique gérant les dettes du Crédit Lyonnais. Cette déci­sion a été prise par la ministre de l’Économie, la (..) Christine Lagarde, sous son man­dat. En 2015, la cour d’appel de Paris a annu­lé l’arbitrage, jugeant qu’il était enta­ché de fraude. Tapie a été condam­né à rem­bour­ser les 403 mil­lions d’euros. Sarközy, bien que non direc­te­ment condam­né dans cette affaire, a été mis en cause pour son influence. Christine Lagarde, jugée pour “négli­gence”, a été recon­nue cou­pable en 2016 mais dis­pen­sée de peine.

Politique Étrangère :

Néoconservatisme et Soumission à l’OTAN : Sarkozy s’est dis­tin­gué par un atlan­tisme fana­tique, rom­pant avec la tra­di­tion d’indépendance fran­çaise.
Destruction de la Libye : Après avoir per­mis à Mouammar Kadhafi de poser sa tente à l’Élysée, Sarkozy, en 2011, a ini­tié l’intervention de l’OTAN en Libye pour abattre un État jugé hos­tile à “Israël”. Soutenu par BHL, il a contri­bué à la chute de Kadhafi grâce à des milices dji­ha­distes, lais­sant un chaos de grande ampleur s’installer, ouvrant un cor­ri­dor migra­toire béant qui n’a tou­jours pas été refer­mé. Cette guerre a entraî­né la per­cée dji­ha­diste dans le Sahel, notam­ment au Mali, qui a culmi­né avec le retrait en catas­trophe des troupes fran­çaises de toute l’Afrique de l’Ouest.
Revirements en Syrie : Après avoir réha­bi­li­té Bachar al-Assad en 2008 (invi­té au 14 juillet), Sarkozy a pivo­té en 2011, appe­lant à une inter­ven­tion mili­taire en 2012, sans aval de l’ONU.
Alignement sur “Israël” : Son dis­cours à la Knesset en 2008 et ses condam­na­tions de l’Iran ont mar­qué un sou­tien incon­di­tion­nel à l’entité sio­niste, rom­pant avec l’équilibre tra­di­tion­nel fran­çais au Proche-Orient.
Réintégration dans l’OTAN : En 2009, Sarkozy a rame­né la France dans le com­man­de­ment inté­gré de l’OTAN, aban­don­nant 43 ans d’exception gaul­liste, le mou­ve­ment poli­tique dont il pro­vient. Pro-guerre et pro-OTAN, il a ali­gné Paris sur Washington, au détri­ment d’une défense fran­çaise et euro­péenne auto­nome.
Corruption qata­rie : Sarkozy a favo­ri­sé l’influence isla­mo-qata­rie en France via des inves­tis­se­ments (PSG, Rafale) et une conven­tion fis­cale de 2008 exo­né­rant les capi­taux qata­ris. En contre­par­tie, le Qatar a finan­cé son divorce avec la (..) Cécilia Cziganer Albeniz, mère de Louis Cziganer Albeniz Sarközy (3 mil­lions d’euros via une sur-ran­çon pour les infir­mières bul­gares en 2007). Les enquêtes sur le Mondial 2022, attri­bué au Qatar, pointent un “pacte de cor­rup­tion” lors d’un déjeu­ner ély­séen en 2010, impli­quant Sarkozy, Platini et l’émir du Qatar. Cette col­lu­sion culmine avec la guerre en Syrie, le Qatar vou­lant ren­ver­ser Bachar Al Assad pour ins­tal­ler un pou­voir isla­miste à Damas et faire tran­si­ter son gaz par le ter­ri­toire syrien conquis avec l’aide de l’OTAN et de la France.

Q

3 Commentaires 

  1. Les Niçois s’at­ten­daient plu­tôt à une « Place Albert Spaggiari » qui avait le sens de l’Honneur, une très grande classe, et qui n’a fait que prendre de l’argent aux riches qu’ils cachaient dans des caves.
    « Ni arme, ni vio­lence et sans haine ».

    Répondre
  2. Certes les chefs de clan peuvent êtres « rugueux » (Mâle ALFA), mais ils sont moins sour­nois, mécréants et avides, que des boni­men­teurs initié(e)s (escroc congé­ni­tal) ! Sinon, leurs vies s’achèvent briè­ve­ment ! Ne comp­ter que sur la justiSSe, est bien une impasse sociétale…

    Répondre
  3. Dans les fon­da­men­taux de l’État de droit, il est bien écrit :
    « Toute infrac­tion entraîne une déci­sion de Justice. » (point 4 de votre tableau)
    Ce qui n’est pas — ou plus — le cas.
    La Justice opère donc une sélec­tion dans le trai­te­ment des infrac­tions. D’où cette per­cep­tion par le Peuple que la Justice est poli­tique.
    Pour évi­ter cela, la Justice doit trai­ter toutes les infrac­tions. C’est alors seule­ment que nous pour­rons dire que nous sommes dans un État de droit.

    Répondre

Envoyer le commentaire

Votre adresse e‑mail ne sera pas publiée. Les champs obli­ga­toires sont indi­qués avec *

Je sou­haite être notifié(e) par mes­sa­ge­rie des nou­veaux com­men­taires publiés sur cet article.