GPA : le gouvernement se prend les pieds dans le tapis de ses propres contradictions
Communiqué de Juristes pour l’Enfance
Association pour la promotion et la défense des droits de l’enfant
Consultant auprès du Conseil économique et social de l’ONU
Communiqué de presse du 22 janvier 2020
GPA : le gouvernement se prend les pieds dans le tapis de ses propres contradictions
Alors que l’examen du projet de loi de bioéthique commençait mardi 21 janvier au Sénat, le gouvernement a déposé in extremis un amendement sur la GPA pour contrer le texte issu de la commission spéciale qui avait adopté un amendement de bon sens dans ce domaine (article 4 bis).
Rappelons que l’article 47 du Code Civil énonce que « Tout acte de l’état civil.. fait en pays étranger.. fait foi, sauf si..les faits qui y sont déclarés ne correspondent pas à la réalité. ». Et l’amendement gouvernemental de préciser que « la réalité est appréciée au regard de la loi française ».
Pourquoi cette précision ? Le gouvernement rappelle que « en matière de filiation, s’agissant de la maternité, la réalité, au sens de la loi française (article 325 du code civil), est celle de l’accouchement » (exposé des motifs): le but de l’amendement est donc d’interdire la transcription des actes de naissance post GPA indiquant des parents d’intention.
Ceci est pour le moins cocasse dès lors que l’objectif annoncé est totalement désavoué par le reste du projet de loi : l’article 4, qui instaure une double filiation maternelle portée sur l’acte de naissance d’origine de l’enfant, tend en effet à mettre fin à cette réalité de la maternité découlant de l’accouchement qui est celle du droit français. Il prévoit que « pour les couples de femmes, la filiation est établie, à l’égard de chacune d’elles, par la reconnaissance qu’elles ont faite conjointement devant le notaire lors du recueil du consentement ». Et il est prévu à ce jour que l’acte de naissance ne précise pas la femme qui a accouché mais mentionne au même niveau et sans différenciation les deux femmes comme mères.
Dès lors que le projet de loi consacre l’abandon du principe reliant la maternité à l’accouchement, et l’établissement de la filiation par le simple effet de la volonté d’un individu, l’amendement proposé par le gouvernement est tout simplement privé d’effet par le reste du projet de loi !
Le gouvernement se prend les pieds dans le tapis de ses propres contradictions, mais ce n’est pas pour nous rassurer sur l’état du droit.
Gageons que les Sénateurs sauront déceler la supercherie et rejeter cet amendement pour en rester au texte de la Commission qui a le mérite de dire quelque chose de précis et compréhensible.
Site internet : www.juristespourlenfance.com
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