Incompétents ou menteurs ? Les deux !
J’entends tous les jours des critiques sur les informations qui circulent autour de ce fameux virus et de ses conséquences.
Tantôt on me dit que c’est vrai, tantôt, on me dit que c’est un « fake », allez savoir. Je ne vais pas juger, n’étant pas moi-même à coup sûr dans la vérité. Mais j’avoue quand même qu’il faut une bonne dose de réflexion pour démêler le vrai du faux, en dehors des avis des « décodeurs » ou « experts » officiels patentés. Peu importe la réponse, la suite est là pour vous informer sur la manière dont on vous informe et dont dépendent vos avis et réflexions. La liste n’est bien entendu pas exhaustive, et je vous invite à la compléter avec votre propre expérience.
À tout bien tout honneur, Mme Agnès Buzyn était encore ministre de la Santé au début de l’épidémie quand elle déclara que le risque d’importation depuis Wuhan était quasi nul, ceci le 20 janvier, ce qui montre quand même pour une professionnelle de santé, une sacrée perspicacité.
Jean-Yves Le Drian, le ministre de l’Europe et des Affaires Étrangères (c’est ainsi qu’on le nomme aujourd’hui), décide le 19 février, d’envoyer 17 tonnes de fret médical en solidarité avec la Chine. Le stock comprend des masques, des combinaisons… Pourtant, dès le milieu du mois la pénurie de matériel pour les professionnels de santé en France se fait déjà cruellement sentir. Ce qui amènera le 4 mars, certains généralistes à vouloir attaquer l’État devant le tribunal administratif, et la Chine à fournir du matériel médical à l’Italie !
Ce même 4 mars, la porte-parole en boubou du gouvernement, Mme Sibeth Ndaye affirme que cela semble « peu probable que la France atteigne jamais le stade 3 », affirmation pour le moins péremptoire ou hasardeuse — ou les deux — puisque 10 jours plus tard, les autorités sanitaires françaises décideront du contraire.
N’oublions pas le premier d’entre tous, le chef de l’État lui-même qui, le 11 mars, tweete : « Nous ne renoncerons à rien. Surtout pas à rire, à chanter, à penser, à aimer. Surtout pas aux terrasses, aux salles de concert, aux fêtes de soir d’été. Surtout pas à la liberté. Surtout pas à notre esprit de résistance qui fait la République si grande, la France si forte ».
Nous ne renoncerons à rien.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) March 11, 2020
Surtout pas à rire, à chanter, à penser, à aimer.
Surtout pas aux terrasses, aux salles de concert, aux fêtes de soir d’été.
Surtout pas à la liberté.
Surtout pas à notre esprit de résistance qui fait la République si grande, la France si forte. pic.twitter.com/SoBnuWqcof
Mais on n’attendra pas longtemps avant que le Premier ministre annonce deux jours plus tard, le 14 mars 2020, la fermeture à partir du 15 mars, de nombreux lieux publics : restaurants, bars, cinéma, discothèques, etc.
Et ce n’est pas tout. Lors de son allocution télévisée du 12 mars, Macron n’a pas annoncé la fermeture des frontières nationales, puisque comme je le disais la semaine dernière, un virus n’a pas de frontières… sans doute saute t‑il par-dessus les barrières laissant derrière lui le pauvre hère qui lui servait de vecteur. C’est donc pour cela que l’on apprend le 15 mars que la Slovénie, l’Autriche, la Lituanie, l’Italie, la Norvège, la Pologne, le Danemark et la Russie fermaient leurs frontières. Il faudra quand même leur donner l’adresse de l’Élysée pour qu’ils lui expliquent !
Mais le plus beau et le plus rapide des demi-tours, on le doit à Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, qui, interrogé le 12 mars au matin par BFM exclut absolument la fermeture totale des écoles, qu’il juge inadaptée, au profit d’une fermeture ciblée au cas par cas (lire aussi Coronavirus : expliquez nous, monsieur Blanquer dans notre édition d’hier).
Quelques heures plus tard, à l’heure du souper, Emmanuel Macron le reniera en annonçant la fermeture totale et pour une durée illimitée de toutes les crèches, écoles, collèges, lycées et universités.
Autre sinistre personne à ne pas suivre : Michel Cymes, l’animateur TV qui se prend pour un médecin, qui déclare solennellement le 10 mars : « Il n’y a absolument aucune raison de s’inquiéter », et le 15 du même mois, déplorant le comportement « irresponsable » des Français : « Le virus est un ennemi invisible. Donc les Français n’ont pas conscience du danger qu’il représente. »
Et pour terminer ce florilège, retour sur la Sybeth Ndaye, qui ce matin encore, qualifiait de « fake news » les rumeurs d’un confinement total immédiat qui circulent depuis hier. Pourtant tous les journaux d’information TV et radio depuis ce matin nous préparent au confinement… Réponse ce soir, avec une nouvelle allocution du chef de l’État. Donnera t‑il raison à sa porte-parole, ou aux observateurs qui dénoncent le peu de sérieux et d’anticipation des mesures prises depuis un mois ?
Patrice LEMAÎTRE
Notre illustration à la une : caricature de Philippe Tastet [source]