La politique de Macron : le jambon-fromage

Mercredi der­nier, Emmanuel Macron et son ministre de la Culture, Franck Riester, pré­sen­taient le plan du gou­ver­ne­ment pour sau­ver le monde de la culture face à l’épidémie de coro­na­vi­rus. Comme à l’habitude, nous avons assis­té à un des ces « shows » dont le Président raf­fole. En bras de che­mise, à grand ren­fort de gestes et de mimiques, il s’est accor­dé la vedette, relé­guant son ministre au rôle de spec­ta­teur voire à celui d’apprenti.Emmanuel Macron - Franck Riester

Pour convaincre le monde de la culture, Macron nous a dit qu’il fal­lait être prag­ma­tique, usant pour cela d’une méta­phore pour le moins éton­nante : « Quand Robinson part, il part pas avec des grandes idées de poé­sies ou de récits, il va dans la cale cher­cher ce qui va lui per­mettre de sur­vivre : du fro­mage, du jam­bon, des choses très concrètes… ». La théo­rie du jam­bon-fro­mage de Robinson, voi­là qui peut sur­prendre quand il s’agit de culture. C’était pour le moins hasar­deux. Du reste, ça n’a pas man­qué de déclen­cher l’hilarité et les raille­ries des réseaux sociaux.

Il faut dire que notre acteur-Président – ou Président-acteur, comme on vou­dra – qui aime tant s’écouter par­ler avait com­men­cé par une autre gran­di­lo­quence tout aus­si dou­teuse : « Là, on entre dans une période où on doit, en quelque sorte, enfour­cher le tigre et donc le domes­ti­quer. Il ne va pas dis­pa­raître le tigre, il sera là ; et la peur sera là, elle ne va pas dis­pa­raître ! » Franck Riester eut beau­coup de mal à conte­nir un fou-rire.

On admire ou on rigole. Peut être faudrait-il davantage en pleurer

Car ce n’est pas la pre­mière fois qu’il nous le fait, le coup du jam­bon-fro­mage, l’usurpateur de l’Élysée. L’an der­nier, dans son dis­cours d’hommage à Pompidou, il décla­rait, fier de lui : « Robinson Crusoé n’est pas par­ti avec des poèmes, des livres de rêves, il est par­ti avec du fro­mage, du jam­bon et ce qu’il fal­lait pour sur­vivre… »

Ah, mais alors, c’était du réchauf­fé le dis­cours de mer­cre­di der­nier devant le monde de la culture ? Et oui ! Et vous allez rire, pour l’hommage à Pompidou, ce n’était déjà pas une pre­mière ; il y a deux ans, pour expli­quer la poli­tique migra­toire aux Européens que croyez-vous que notre Guignol s’en fût cher­cher comme argu­ment ? Et bien, le jam­bon-fro­mage, par­di : « Les vrais idéa­listes sont des prag­ma­tiques. Regardez : Robinson Crusoé n’est pas par­ti avec des poèmes, des livres de rêves ; il est pas par­ti avec des grandes idées de voyages, il est par­ti avec des jam­bons et des fro­mages et une orga­ni­sa­tion pour pou­voir tenir… ». Ça fait pas mal de redites, tout ça.

Oui, et cela a com­men­cé bien en amont. La pre­mière uti­li­sa­tion de la for­mule – du moins dans l’espace public –, sem­ble­rait remon­ter à l’année 2017, pen­dant sa cam­pagne élec­to­rale. Sur un mar­ché, il avait déjà expli­qué : « Robinson Crusoé part pas avec des poèmes, sur lui, il part avec des jam­bons et des fro­mages, du pain, de quoi tenir… » Depuis, cette locu­tion méta­pho­rique semble être deve­nue la patte de lapin de notre Président. Lui attri­buant sans doute son suc­cès à l’élection, il en aurait fait sa for­mule fétiche.

On ne change pas une tactique qui fonctionne

Charles ANDRÉ

« L’important n’est pas de convaincre mais de don­ner à réflé­chir. »

2 Commentaires 

  1. ON EUT KERMITTERRAND MAINTENANT ON A MACRONAVIRUS

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  2. Pour rado­ter, il pren­drait de l’âge ? Proximité de Brigitte ?

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