
Pour Valérie Bugault : la monnaie n’est pas une marchandise
La salle de conférence où était attendue Valérie Bugault ce samedi 12 septembre 2020 à l’initiative de Culture Populaire était comble compte tenu des restrictions imposées par les autorités.
Rappelons brièvement que Valérie Bugault est docteur en droit et qu’elle a exercé en tant qu’avocate fiscaliste dans le domaine des prix de transfert ainsi qu’en droit fiscal interne avant d’étendre ses réflexions à l’analyse des problématiques de géopolitique économique.
C’est ce qui explique la densité et la force des propos tenus par la conférencière car sa démarche est fondée d’abord sur une compétence pointue et maîtrisée et par une réflexion courageuse sur la marche du monde.
Faire une synthèse de cette conférence est une véritable gageure tant chaque phrase pèse et s’insère dans une présentation rigoureusement articulée en trois parties :
• L’inexistence démocratique : la représentation populaire contre le Peuple.
• Le fait politique a disparu au profit du fait économique : la subversion du concept monétaire.
• Quel avenir politique et démocratique ? Réorganisation de l’autonomie des peuples.
Nice Provence Info se lance toutefois dans cet exercice dans l’attente de la publication de l’enregistrement vidéo intégral de Culture Populaire que nous relaierons bien entendu.
1) L’inexistence démocratique : la représentation populaire contre le Peuple
Les élus ne rendent plus compte à leurs électeurs mais au parti auquel ils appartiennent et auquel ils sont bel et bien soumis par une discipline de parti, indépendamment du corps électoral. L’élu est devenu un homme de paille.
Il n’y a pas de séparation des Pouvoirs (législatif – exécutif – judiciaire) telle que l’imaginait Montesquieu car tous les Pouvoirs sont concentrés dans les mains des partis vainqueurs. Curieusement le Pouvoir le plus puissant, le Pouvoir financier, n’apparaît pas dans ce triptyque alors que nous vivons sous un régime ploutocratique absolu. Bruxelles est le reflet de cette ploutocratie omnipotente.
Le Pouvoir n’est pas contre-balancé par une responsabilité équivalente.
La Justice est confisquée par la finance. Dans un État économique, la sécurité juridique n’est plus assurée.
Le Parlement, en charge de notre sécurité juridique, organise en fait notre insécurité juridique par une inflation législative. Une superposition de droits individuels fait disparaître l’intérêt collectif. Le droit au service d’intérêts privés n’est plus du droit. Alors que les devoirs rassemblent les sociétés humaines, celles-ci s’émiettent sous une avalanche de droits catégoriels.
2) Le fait politique a disparu au profit du fait économique : subversion du concept monétaire
Valérie Bugault rappelle que la monnaie n’est pas un bien. C’est un point fondamental : la monnaie ne peut pas être une valeur. Elle ne peut pas être une devise. On ne peut pas acheter de l’argent avec de l’argent.
Au contraire nous dit-elle : la monnaie est un service public destiné à faciliter les échanges.
À l’issue d’un processus historique que la conférencière rappelle étape par étape, en partant de la création de la banque d’Amsterdam en 1609 suivie quelques années plus tard, en 1614, de la création de la banque d’Angleterre, la monnaie échappe dorénavant aux intérêts publics pour être entre les mains d’intérêts privés.
De grandes manœuvres se déroulent en coulisses pour dématérialiser entièrement la monnaie.
Un pays toutefois, et non des moindres puisqu’il s’agit de la Chine, s’efforce de sortir de toute dépendance à l’égard de la City de Londres. Le gouvernement chinois a systématiquement « nettoyé » — c’est le mot de Valérie Bugault — ses instances dirigeantes de tous ses membres soupçonnés de compromission avec la City.
Il est donc fondamental que la monnaie abandonne son statut de marchandise pour retrouver un statut de service public. Rien sur le plan démocratique ne pourra se faire sans ce préalable.
Valérie Bugault y reviendra à plusieurs reprises lors de son intervention : le fait que la monnaie soit devenue une marchandise est le cœur du mal.
Elle précise, si on n’avait pas compris : la monnaie a une valeur sociale comme le mètre ou le litre. Imagine-t-on acheter le mètre ou le litre ?
3) Quel avenir politique et démocratique ? Réorganisation de l’autonomie des peuples
Valérie Bugault ne s’en tient pas qu’aux analyses. Elle propose des pistes concrètes pour que les Peuples retrouvent leur souveraineté. Mais aurons nous la capacité de nous libérer ? s’interroge-t-elle. Une course contre la montre est engagée contre les forces globalistes qui nous mènent à l’esclavage et notre capacité résiduelle à refuser cet enfermement.
Valérie Bugault fait des propositions radicales mais très concrètes pour en sortir :
• Réforme du droit civil qui doit être un droit commun : pas de droit agricole, ou commercial, ou catégoriel. Il est important de distinguer entre les normes liées aux professions et le droit. Le droit ne doit répondre qu’à une seule chose : le principe de Justice.
• Fin de la Banque Centrale indépendante et retour à une conception de la monnaie initiale.
• Fin du parlementarisme au profit de groupes de représentation.
Ces groupes de représentation sont articulés autour de trois grands pôles d’intérêt :
→ commercial,
→ social,
→ spirituel.
Le gouvernement est issu de ces trois composantes et doit se consacrer à ses prérogatives régaliennes, notamment :
→ battre la monnaie, redevenue un service public,
→ dire le droit,
→ gérer des forces de l’ordre.
L’heure des choix a sonné et il ne faut pas craindre de se projeter dans un chaos car le Pouvoir en place est très fort. Cependant les peuples s’éveillent partout dans le monde. Même les Français malgré leur consommation record d’anxiolytiques ! Les peuples peuvent retrouver leur autonomie à condition de mettre en place une méthodologie de libération et de partir de la base.
Georges Gourdin
S’ensuivra une très longue partie de questions-réponses qui reflètera la qualité du public et sa volonté de ne pas mourir.
[Crédit photos : Éric Boizet]
Y a‑t‑il une video de cette conférence ?
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Valérie Bugault : crise des institutions françaises, pistes pour une refondation (vidéo)
« Les élus ne rendent plus compte à leurs électeurs mais au parti auquel ils appartiennent et auquel ils sont bel et bien soumis par une discipline de parti, indépendamment du corps électoral. L’élu est devenu un homme de paille. »
C’est bien là le problème et ça commence dès la première marche pour les conseillers municipaux. L’engagement politique de parti installé est une machine à broyer les convictions. L’appel des indemnités, de la carrière politique espérée efface les consciences.
J’ai pu assister à cette conférence. Valérie Bugault est très agréable tout en étant directe. Ses propos sont effectivement percutants, étayés. La démonstration s’enchaîne clairement.
J’ai un seul petit regret : dans ses conclusions, Valérie Bugault propose trois groupes de représentation articulés autour de trois grands pôles d’intérêt :
– commercial,
– social,
– spirituel.
On n’est pas loin des trois fonctions analysées par Georges Dumézil :
– l’économie, représentée par le marchand ou le paysan,
– la défense, représentée par le guerrier ou le chevalier
– le spirituel, représenté par le prêtre.
Valérie Bugault consoliderait ses propositions en reprenant les travaux du célèbre anthropologue.
C’est vieux comme le monde, ajouterais-je. Souvenez-vous des trois ordres : Oratores, Bellatores, Laboratores