Macron veut contrôler toute la presse, sans exception

10 jan­vier 2021 | 1 com­men­taire

Encore un décret que le gou­ver­ne­ment nous fourgue dis­crè­te­ment et qui est pour­tant loin d’être anodin :

l’État garantit un prêt bancaire de 465 millions d’euros (un demi milliard !) au groupe de presse Lagardère

Ce décret hon­teux fut vali­dé le 31 décembre par le ministre de l’Économie com­plice de cette turpitude :

Journal Officiel - 3 janvier 2021 - Prêt 465 millions Euros - Lagardère

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Cette déci­sion prise en cati­mi­ni le 31 décembre reflète bien la dégra­da­tion de la gou­ver­nance de notre pays.

Tout d’abord l’argent public renfloue un groupe privé

Il faut savoir que les prêts garan­tis par l’État per­mettent aux entre­prises ayant des dif­fi­cul­tés de tré­so­re­rie de contrac­ter plus faci­le­ment des emprunts. En cas de non-rem­bour­se­ment, l’État s’engage à prendre à sa charge la majeure par­tie du reste du cré­dit à rem­bour­ser, jusqu’à 80% ! Voilà donc une garan­tie bien géné­reuse à seule fin d’éviter une nou­velle ces­sion d’actifs à Lagardère SCA. Cette garan­tie s’apparente objec­ti­ve­ment à du favo­ri­tisme carac­té­ri­sé et une entrave à la libre concur­rence tant prô­née par ailleurs.

On attend la réac­tion de la très libé­rale Commission euro­péenne, tou­jours très tatillonne sur ce point. Il sem­ble­rait qu’elle ait choi­si de se mon­trer moins regar­dante puisqu’on ne l’a tou­jours pas enten­due. Qui ne dit mot consent, ce qui prouve que Bruxelles a déjà pris par­ti pour Macron. Libéral quand cela les arrange, inter­ven­tion­niste quand cela les arrange.

La socié­té en com­man­dite par actions Lagardère SCA est une socié­té pri­vée, déte­nue par des action­naires pri­vés. Son pré­sident, Arnaud Lagardère, fait par­tie du petit milieu des mil­liar­daires fran­çais. Certes il n’a pas l’en­ver­gure entre­pre­neu­riale de son papa Jean-Luc, qui a trans­for­mé l’an­cien fabri­quant d’armes sous l’oc­cu­pa­tion Matra en un groupe indus­triel inno­vant mais fra­gile, et que natio­na­li­se­ra stu­pi­de­ment François Mitterrand en sep­tembre 1981. Jean-Luc Lagardère inves­ti­ra le pac­tole de la vente dans les médias. Le fils Arnaud peine à mana­ger le groupe, occu­pé qu’il est par ailleurs.

Arnaud Lagardere

Arnaud Lagardère et sa femme Jade au Festival de Cannes en 2017

L’héritier Arnaud n’est jamais par­ve­nu à assu­rer une ren­ta­bi­li­té pérenne à son groupe. Le groupe ne sur­vit que par des apports exté­rieurs régu­liers : ces­sions de parts et sub­ven­tions publiques. Mais cela ne suf­fit pas et en sep­tembre 2020, son ami mil­liar­daire Bernard Arnault rachète 5% du groupe après être entré dans la hol­ding au prin­temps. Celui-ci explique sur BFM Business : « J’ai fait ça pour aider Arnaud Lagardère. Jean-Luc, son père, était mon meilleur ami. Nous jouions au ten­nis toutes les semaines ensemble, j’é­tais abso­lu­ment déso­lé de le voir par­tir aus­si vite, de manière inat­ten­due ». Jean-Luc Lagardère, lucide avait confié : « Si Arnaud a des pro­blèmes, essaye de t’en occu­per ».

Mais les mil­lions de Bernard Arnault ne suf­fisent pas à ren­flouer le groupe. Un autre pré­da­teur mil­liar­daire rode autour du groupe média­tique, le groupe de la famille Bolloré.

Macron s’inquiète de la montée en puissance du groupe Bolloré

Celui-ci est bien pré­sent dans les médias par l’in­ter­mé­diaire de sa par­ti­ci­pa­tion dans Vivendi qui lui octroie une énorme par­ti­ci­pa­tion dans Lagardère SCA de 26,7 %, pré­ci­sé­ment, afin de la blo­quer en des­sous de 30%. Mais Bolloré a la main par ailleurs sur Canal+ et il ne dérange pas tant que les chaînes du groupe émettent les niai­se­ries à la Hanouna ou des conve­nances à la Morandini. Ce modus viven­di (c’est bien le cas de le dire) est per­tur­bé par le suc­cès de deux émis­sions dif­fu­sées par CNews (Groupe Canal+) à une heure de grande écoute : Face à l’in­fo ani­mée par Christine Kelly et L’heure des Pros ani­mée par Pascal Praud. Ces deux ani­ma­teurs béné­fi­cient d’une liber­té de pro­pos inédite. Notamment Face à l’in­fo donne la parole quo­ti­dien­ne­ment à Éric Zemmour qui est condam­né au silence par la Bien Pensance. CNews audience - Zemmour

Malgré l’o­mer­ta la Police de la Pensée, le suc­cès de cette émis­sion est ful­gu­rant. Zemmour pro­pulse CNews devant LCI. C’est insup­por­table pour le Système. Les recettes publi­ci­taires se dirigent vers le groupe Bolloré. Rien ne va plus dans l’u­ni­vers média­tique que Macron entend contrô­ler puisque c’est ce contrôle qui lui a per­mis de rem­por­ter son putsch élec­to­ral(1).Presse Main stream - Macron

Dans cet uni­vers très pari­sien, le groupe Bolloré est moins asser­vi puis­qu’il pros­père par ailleurs et qu’il reste enta­ché, pour le micro­cosme pari­sien, de ses ancrages pro­vin­cial et fami­lial. Bolloré s’in­té­resse de trop près à Europe 1, qui est sous le contrôle du groupe Lagardère, lui même sous le contrôle de Bernard Arnault. Pour Macron, Bernard Arnault qui a acti­ve­ment par­ti­ci­pé et très tôt à sa cam­pagne média­tique pro­mo­tion­nelle est plus sûr que Bolloré.

Emmanuel Macron sait que son maintien au Pouvoir passe par le contrôle total de tous les médias

Marc-Zuckerberg-Élysée-10-mai-2019

Marc Zuckerberg, le patron de Facebook à la sor­tie de l’Élysée le 10 mai 2019

Il faut sau­ver Europe 1 pour main­te­nir cette radio sous la coupe du Pouvoir. Ce sera d’au­tant plus facile que cela se fait avec l’argent public. Donc tout le monde paie­ra pour une radio qu’il n’é­coute plus. Mais tout le monde paie déjà pour une presse qu’il ne lit plus.

Pour le chef de l’État, on ne serait plus très éloi­gné de la prise illé­gale d’intérêt. Le « quoi qu’il en coûte » d’Emmanuel Macron est désor­mais bien com­mode pour sor­tir de la crise, non pas sani­taire, mais de la crise qui le pré­oc­cupe vrai­ment, celle qui plombe sa cote de popu­la­ri­té. Le contri­buable ne réa­lise pas dans quelle galère cela est en train de l’embarquer car il fau­dra payer ces lar­gesses tôt ou tard. Reste à espé­rer qu’il se réveille­ra avant mai 2022. Ce qui n’est pas gagné au vu la sou­mis­sion qu’il accepte doci­le­ment dans cette crise dite sani­taire, pré­texte à rogner une à une ses liber­tés les plus fondamentales.

La République en Marche vers Staline ? ou vers Mao ?


(1) À cette époque Nice Matin fai­sait dis­si­dence :Nice-Matin Macron emmerdeur 17 novembre 2016Mais Nice Matin ren­tra bien vite dans le rang après son rachat par le mil­liar­daire Xavier Niel :Logo niel-matinLire notam­ment : Xavier Niel, seul maître à bord de Nice Matin

1 commentaire

  1. Je découvre et suis agréa­ble­ment sur­pris par le ton inha­bi­tuel employé par le rédac­teur. Possible que je l’ai croi­sé par le passé.

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