Macron veut contrôler toute la presse, sans exception
Encore un décret que le gouvernement nous fourgue discrètement et qui est pourtant loin d’être anodin :
l’État garantit un prêt bancaire de 465 millions d’euros (un demi milliard !) au groupe de presse Lagardère
Ce décret honteux fut validé le 31 décembre par le ministre de l’Économie complice de cette turpitude :
Cette décision prise en catimini le 31 décembre reflète bien la dégradation de la gouvernance de notre pays.
Tout d’abord l’argent public renfloue un groupe privé
Il faut savoir que les prêts garantis par l’État permettent aux entreprises ayant des difficultés de trésorerie de contracter plus facilement des emprunts. En cas de non-remboursement, l’État s’engage à prendre à sa charge la majeure partie du reste du crédit à rembourser, jusqu’à 80% ! Voilà donc une garantie bien généreuse à seule fin d’éviter une nouvelle cession d’actifs à Lagardère SCA. Cette garantie s’apparente objectivement à du favoritisme caractérisé et une entrave à la libre concurrence tant prônée par ailleurs.
On attend la réaction de la très libérale Commission européenne, toujours très tatillonne sur ce point. Il semblerait qu’elle ait choisi de se montrer moins regardante puisqu’on ne l’a toujours pas entendue. Qui ne dit mot consent, ce qui prouve que Bruxelles a déjà pris parti pour Macron. Libéral quand cela les arrange, interventionniste quand cela les arrange.
La société en commandite par actions Lagardère SCA est une société privée, détenue par des actionnaires privés. Son président, Arnaud Lagardère, fait partie du petit milieu des milliardaires français. Certes il n’a pas l’envergure entrepreneuriale de son papa Jean-Luc, qui a transformé l’ancien fabriquant d’armes sous l’occupation Matra en un groupe industriel innovant mais fragile, et que nationalisera stupidement François Mitterrand en septembre 1981. Jean-Luc Lagardère investira le pactole de la vente dans les médias. Le fils Arnaud peine à manager le groupe, occupé qu’il est par ailleurs.
L’héritier Arnaud n’est jamais parvenu à assurer une rentabilité pérenne à son groupe. Le groupe ne survit que par des apports extérieurs réguliers : cessions de parts et subventions publiques. Mais cela ne suffit pas et en septembre 2020, son ami milliardaire Bernard Arnault rachète 5% du groupe après être entré dans la holding au printemps. Celui-ci explique sur BFM Business : « J’ai fait ça pour aider Arnaud Lagardère. Jean-Luc, son père, était mon meilleur ami. Nous jouions au tennis toutes les semaines ensemble, j’étais absolument désolé de le voir partir aussi vite, de manière inattendue ». Jean-Luc Lagardère, lucide avait confié : « Si Arnaud a des problèmes, essaye de t’en occuper ».
Mais les millions de Bernard Arnault ne suffisent pas à renflouer le groupe. Un autre prédateur milliardaire rode autour du groupe médiatique, le groupe de la famille Bolloré.
Macron s’inquiète de la montée en puissance du groupe Bolloré
Celui-ci est bien présent dans les médias par l’intermédiaire de sa participation dans Vivendi qui lui octroie une énorme participation dans Lagardère SCA de 26,7 %, précisément, afin de la bloquer en dessous de 30%. Mais Bolloré a la main par ailleurs sur Canal+ et il ne dérange pas tant que les chaînes du groupe émettent les niaiseries à la Hanouna ou des convenances à la Morandini. Ce modus vivendi (c’est bien le cas de le dire) est perturbé par le succès de deux émissions diffusées par CNews (Groupe Canal+) à une heure de grande écoute : Face à l’info animée par Christine Kelly et L’heure des Pros animée par Pascal Praud. Ces deux animateurs bénéficient d’une liberté de propos inédite. Notamment Face à l’info donne la parole quotidiennement à Éric Zemmour qui est condamné au silence par la Bien Pensance.
Malgré l’omerta la Police de la Pensée, le succès de cette émission est fulgurant. Zemmour propulse CNews devant LCI. C’est insupportable pour le Système. Les recettes publicitaires se dirigent vers le groupe Bolloré. Rien ne va plus dans l’univers médiatique que Macron entend contrôler puisque c’est ce contrôle qui lui a permis de remporter son putsch électoral(1).
Dans cet univers très parisien, le groupe Bolloré est moins asservi puisqu’il prospère par ailleurs et qu’il reste entaché, pour le microcosme parisien, de ses ancrages provincial et familial. Bolloré s’intéresse de trop près à Europe 1, qui est sous le contrôle du groupe Lagardère, lui même sous le contrôle de Bernard Arnault. Pour Macron, Bernard Arnault qui a activement participé et très tôt à sa campagne médiatique promotionnelle est plus sûr que Bolloré.
Emmanuel Macron sait que son maintien au Pouvoir passe par le contrôle total de tous les médias
Il faut sauver Europe 1 pour maintenir cette radio sous la coupe du Pouvoir. Ce sera d’autant plus facile que cela se fait avec l’argent public. Donc tout le monde paiera pour une radio qu’il n’écoute plus. Mais tout le monde paie déjà pour une presse qu’il ne lit plus.
Pour le chef de l’État, on ne serait plus très éloigné de la prise illégale d’intérêt. Le « quoi qu’il en coûte » d’Emmanuel Macron est désormais bien commode pour sortir de la crise, non pas sanitaire, mais de la crise qui le préoccupe vraiment, celle qui plombe sa cote de popularité. Le contribuable ne réalise pas dans quelle galère cela est en train de l’embarquer car il faudra payer ces largesses tôt ou tard. Reste à espérer qu’il se réveillera avant mai 2022. Ce qui n’est pas gagné au vu la soumission qu’il accepte docilement dans cette crise dite sanitaire, prétexte à rogner une à une ses libertés les plus fondamentales.
La République en Marche vers Staline ? ou vers Mao ?
(1) À cette époque Nice Matin faisait dissidence :Mais Nice Matin rentra bien vite dans le rang après son rachat par le milliardaire Xavier Niel :Lire notamment : Xavier Niel, seul maître à bord de Nice Matin
Je découvre et suis agréablement surpris par le ton inhabituel employé par le rédacteur. Possible que je l’ai croisé par le passé.