Être calife à la place du calife
« Tout homme bien portant est un malade qui s’ignore », disait doctement ce cher Dr Knock – alias Louis Jouvet – dans la célèbre pièce de Jules Romains « Knock ou le Triomphe de la médecine ».
Une comédie grinçante où un idéologue prétendument médecin prend le contrôle de tout un canton et étale sa volonté de puissance. Et bien, la situation sanitaire que nous vivons depuis l’arrivée du Coronavirus est en tout point comparable.
Le défilé perpétuel, sur les plateaux de télévision et aux micros des radios, de médecins autoproclamés experts ou présentés comme tels, pour nous prodiguer leurs conseils anxiogènes, procède du même scénario. Ces gens-là, bien conscients d’avoir gagné un grand pouvoir – on pourrait même dire, à certains égards, LE Pouvoir – ne cessent de remettre couche sur couche pour entretenir le malaise dans les esprits et se maintenir sous les projecteurs.
On comprend donc qu’après une année à occuper le devant de la scène, il leur était cruel de concevoir un retour à l’anonymat. Le pouvoir rend terriblement addict ! C’est pourquoi ils veulent à tout prix remettre la France sous cloche pour faire durer encore leur petite période de domination. Il fallait voir leur déception quand le gouvernement a décidé de ne pas recourir précipitamment à un troisième confinement. Blessés dans leur amour propre, certains mandarins ont aussitôt affiché leur dépit et brandi le spectre d’une catastrophe imminente. Ils sont l’incarnation du médecin « Tan-pis » de la fable de Jean de La Fontaine :
Le Médecin Tant-pis allait voir un malade
Que visitait aussi son confrère Tant-mieux ;
Ce dernier espérait, quoique son camarade
Soutînt que le gisant irait voir ses aïeux.
Tous deux s’étant trouvés différents pour la cure,
Leur malade paya le tribut à Nature,
Après qu’en ses conseils Tant-pis eut été cru.
Ils triomphaient encor sur cette maladie.
L’un disait : il est mort, je l’avais bien prévu.
– S’il m’eût cru, disait l’autre, il serait plein de vie.
Knock a montré la voie à ces médecins prétentieux qui, à l’instar de la grenouille d’une autre fable de La Fontaine, veulent se faire aussi gros que le bœuf : les gens qui ont le Pouvoir en main ont toujours tendance à en abuser. À l’image d’Iznogoud, ils veulent désormais être calife à la place du calife. Se distribuant les rôles de Tant-pis et de Tant-mieux, ils entendent rester maîtres d’une conjoncture qui leur permet de satisfaire leurs égos boursoufflés. Parvenir à remettre les Français sous cloche demeure leur plus grand fantasme. Ils font donc tout pour que la situation anxiogène perdure.
Ah ! Être calife à la place du calife !
Charles André
Bonus :
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