Séparons la politique de la médecine !

8 février 2021 | 1 com­men­taire

Dans le pro­lon­ge­ment de nos deux articles récents :
notre article sur Jean Léonetti, maire d’Antibes, qui montre toute l’am­bigüi­té du méde­cin de faire en même temps de la poli­tique, et
Être calife à la place du calife, qui montre les méfaits des méde­cins régis par le dog­ma­tisme,
nous vous pro­po­sons cette ana­lyse très inté­res­sante de Franck BULEUX publiée dans metainfos.com :

Séparons la politique de la médecine !

Dans les années 1980, une oppo­si­tion est appa­rue, dans les milieux de la psy­cha­na­lyse aux États-Unis (qui ont tou­jours quelques décen­nies « d’avance » sur nous), entre les tenants de la « mémoire retrou­vée » et ceux des « faux souvenirs ».

En effet, un peu comme en France en ce moment dans la Jet Society, on assis­tait à une explo­sion de plaintes de per­sonnes décla­rant, long­temps après les faits d’ailleurs ini­tia­le­ment oubliés, des abus sexuels carac­té­ri­sés, attou­che­ments ou viols, pen­dant l’enfance. Des adultes se mirent sou­dain à se sou­ve­nir qu’ils avaient été abu­sés sexuel­le­ment par des (très) proches, plus de vingt ou trente ans après les faits. Cette explo­sion de témoi­gnages a pris pour nom la théo­rie des « faux sou­ve­nirs ». Pour les détrac­teurs de ces révé­la­tions, il ne s’agissait, en effet, que d’une créa­tion pure née d’une thé­ra­pie psy­cha­na­ly­tique. Toutefois et en réponse, d’autres repro­chèrent à ces nou­veaux théo­ri­ciens de mettre en cause la parole, notam­ment et sur­tout des femmes qui se décla­raient victimes.

Les « faux sou­ve­nirs » comme résul­tante d’une thé­ra­pie ont ain­si lais­sé place à la théo­rie dite de la « mémoire retrou­vée ». Les tenants de cette autre théo­rie expli­quaient que nos troubles psy­chiques pou­vaient s’expliquer par l’enfouissement de sou­ve­nirs d’évènements oubliés. Pour gué­rir, il fal­lait donc se sou­ve­nir et déter­rer ce pas­sé dou­lou­reux. S’inspirant de Freud, ce sys­tème psy­cha­na­ly­tique se repor­tait au refou­le­ment des abus sexuels subis dans l’enfance.

Le pro­blème de la « mémoire retrou­vée » est qu’elle fai­sait par­fois appel à de « faux sou­ve­nirs » d’abus sexuels. Les nuages du pas­sé laissent par­fois appa­raître des cau­che­mars. Ce débat était, bien évi­dem­ment, pol­lué par les actes de pédophilie.

Cette épi­dé­mie de faux sou­ve­nirs engen­dra des conflits et détrui­sit des familles (qui par­fois l’étaient d’ailleurs déjà). Des groupes de défense des familles se mirent en place au début des années 1990 (tou­jours outre-Atlantique) et les tri­bu­naux amé­ri­cains devinrent pru­dents sur les abus sexuels sup­po­sés et dénon­cés par des enfants deve­nus majeurs ayant recou­vré la mémoire.

On voit que, quelques décen­nies plus tard, ce débat com­mence à poindre avec les der­nières affaires concer­nant des per­sonnes et des familles, plus décom­po­sées que recom­po­sées, connues, en France.

Sans s’engager dans un débat qui concerne le tré­fonds des per­sonnes, l’inconscient dirait Freud, deux élé­ments semblent à prendre en consi­dé­ra­tion dans cette contro­verse : la poli­tique et la psychanalyse.

D’abord, la poli­tique par l’intégration de la sexua­li­té dans son large péri­mètre selon l’acception « Tout est poli­tique ». Il appa­raît évident, preuves maté­rielles à l’appui, que des poli­tiques et des intel­lec­tuels ont lié, dans les années 1970, leurs propres pra­tiques sexuelles au poli­tique. Il se devait que le réac­tion­naire, l’homme de droite, n’eut qu’un conjoint, celui épou­sé devant Dieu. Le réac­tion­naire pro­vin­cial (voir les films de Claude Chabrol, fameux réa­li­sa­teur mais mili­tant tout de même pour ceux qui ont des yeux pour voir et de l’esprit cri­tique pour décryp­ter) pou­vait – et avait for­cé­ment sou­vent – avoir une vie sexuelle dépra­vée mais tou­jours cachée (la taverne la plus cachée de la com­mune de 20 000 habi­tants…). L’homme de gauche était épa­noui car il pra­ti­quait, à décou­vert, toutes les sexua­li­tés pos­sibles, quitte à en inven­ter. La boîte de nuit glauque et hos­tile rete­nait le notaire pro­vin­cial (voir l’affaire de Bruay-en-Artois sur la dénon­cia­tion gau­chiste de la vie pri­vée d’un homme céli­ba­taire notaire) aux mœurs tor­rides et hor­ribles (sur ce point, la Gauche pro­lé­ta­rienne de l’immonde Sartre était d’accord avec ce constat peu réjouis­sant de l’être humain) et la pis­cine ou le lit ouvert à tous, dans un contexte qua­si-fami­lial (la mode de la lite­rie la plus large avec des miroirs par­tout autour), réjouis­sait les ébats des intel­lec­tuels de gauche, qui d’ailleurs, racon­taient cela à Bernard Pivot dans Apostrophes, qui s’en léchait le bout de sa mon­ture de lunettes d’envie. Eh oui, sur ce point, être de gauche per­met­tait d’être libre et être de droite, d’être mal­sain en se reti­rant dans un bar à hôtesses comme un homme de foi (catho­lique, for­cé­ment catho­lique) se libé­re­rait de ses propres vices dans une rue mal­fa­mée pari­sienne (Paris pour se cacher de la pro­vince où tout se sait). L’homme de droite quit­tait sa pro­vince pour deve­nir ano­nyme à Paris et l’homme de gauche quit­tait la capi­tale pour vivre ses pas­sions dans les régions de France. Comme la fille Kouchner semble détes­ter Sanary aujourd’hui. Et cette concep­tion du monde, ce com­bat LGBTQ (dont les lettres ne semblent plus finir tel­le­ment les concepts sexuels semblent nom­breux) se por­tait comme poli­tique, en écharpe. La libé­ra­tion du monde ne passe-t-elle pas par la libé­ra­tion de l’enfant ? Même les mai­ries com­mu­nistes de Seine-Saint-Denis, dans les années 1970, sou­te­naient leurs « ani­ma­teurs » spor­tifs dont les actes étaient péna­le­ment répré­hen­sibles. La poli­tique por­tait la sexua­li­té à son apo­gée, celle du « lais­sez faire, lais­sez pas­ser (sic) ». Lorsque la poli­tique est entrée dans la sexua­li­té du fait de nos « boo­mers » nés après la Seconde Guerre mon­diale, le ver était dans le fruit.

Ensuite, car la poli­tique n’est pas tout, le monde de la psy­cha­na­lyse. Car il est évident que les per­sonnes, lar­ge­ment majeurs, qui dénoncent parents, beaux-parents et proches ont sui­vi et subi de longues années de psy­cha­na­lyse. Ils passent dix ans devant un psy­chiatre puis direc­tion l’éditeur sans même pas­ser par la case « jus­tice ». C’est la mode chez les « sachants », ceux qui connaissent. Ils savent tout sauf ce qui pro­vient d’eux-mêmes. Quelle cré­di­bi­li­té don­ner à ces nou­veaux rois de la pensée ?

Bien sûr, loin de moi de reje­ter toute révé­la­tion post-délai de pres­crip­tion juri­dique mais il est néces­saire de consta­ter que ces per­sonnes agissent sous une influence médi­cale, un envi­ron­ne­ment psy­chia­trique. Quid de la res­pon­sa­bi­li­té des méde­cins ? La loi Kouchner (dont le nom est bien­ve­nu ici) de 2002 exige que le plai­gnant doive prou­ver la faute du pra­ti­cien pour le mettre en cause (pas de res­pon­sa­bi­li­té sans faute en la matière). Alors, un psy­chiatre peut tout dire, mieux même tout faire dire, c’est qua­si­ment la théo­rie du ventriloque.

En matière de sexua­li­té, la poli­tique avait pris trop de place. En matière de vie publique, la méde­cine prend trop de place. Avant de conti­nuer ce débat, que je repren­drais au fil du temps dans mes mes­sages, il serait peut-être temps de dire aux doc­teurs Knock, à la manière de la divi­sion entre la cité ter­restre et le Ciel, qu’il est temps de sépa­rer la poli­tique du médi­cal. Avoir élu un fils de méde­cins à la pré­si­dence de la République nous donne, sur un autre sujet, celui de la ges­tion de la crise sani­taire, un goût de même nature.

Franck Buleux

1 commentaire

  1. La san­té indi­vi­duelle reste du domaine de la liber­té indi­vi­duelle. « D’abord ne pas nuire » s’ap­plique à la méde­cine, mais d’une manière beau­coup plus impor­tante et grave au poli­tique. la vio­lence d’un méde­cin pré­somp­tueux s’ap­plique sur un malade à la fois tant que le malade gère lui-même sa san­té. La vio­lence du poli­tique nuit à des mil­lions de per­sonnes puis­qu’il dis­pose de la force publique pour impo­ser ses croyances qui pro­fitent à l’en­semble de la classe poli­tique en termes de pou­voir et de reve­nus. Le tout sur fond de conflits d’intérêts.
    Si on lit la Constitution avec atten­tion, toutes les lois actuelles sont illé­gi­times et illé­gales, puisque nos faux « repré­sen­tants » la tra­hissent en per­ma­nence et sont en situa­tion de crimes per­ma­nents en bande organisée !

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