Le conseil municipal de Louis Nègre bâillonné

14 février 2021 | 3 Commentaires 

Suite à l’ar­ticle Oyez, oyez, le sei­gneur de Cagnes parle que nous publiions le 14 décembre 2020, des élus de son oppo­si­tion lui ont adres­sé ce communiqué :

Le der­nier conseil muni­ci­pal du jeu­di 10 décembre 2020 s’est tenu d’une façon inac­cep­table.
La salle du gym­nase était mal chauf­fée, une carafe d’eau et un gobe­let plas­tique devant chaque conseiller.
La séance com­men­cée à 16 heures s’est ter­mi­née à 00h10, après que les élus du Rassemblement cagnois ont quit­té la salle à minuit, soit 8 heures de débats sans inter­rup­tion.
Certes, les élus ont pu poser toutes les ques­tions rela­tives à l’ordre du jour de façon cir­cons­tan­ciées, mais les réponses du maire étaient à chaque fois inter­mi­nables. La las­si­tude a gagné tous les membres du Conseil, s’oc­cu­pant à divers tâches per­son­nelles sur leurs por­tables.
- Nous deman­dons, qu’a­près l’ap­pel et les pré­sen­ta­tions régle­men­taires, que l’ordre du jour soit trai­té dès le début et que les temps de paroles soient rai­son­na­ble­ment limi­tés dans la pré­sen­ta­tion, les ques­tions et les réponses.
- Nous deman­dons qu’une pause de dix minutes inter­vienne après deux heures de débats et qu’une col­la­tion soit pro­po­sée.
- La durée totale du conseil ne pour­ra durer au delà de quatre heures.
- Si l’ordre du jour n’est pas trai­té à ce terme, les élus de l’op­po­si­tion quit­te­ront la salle. Nous deman­de­rons alors qu’un nou­veau conseil muni­ci­pal soit pro­gram­mé.
Enfin, nous rap­pe­lons que, compte-tenu du couvre-feu, les débats ne pour­ront aller au delà de 17h30. Ce qui impo­se­ra donc de com­men­cer la séance à 13h30. Les élus ne sau­raient s’y sous­traire et doivent mon­trer l’exemple.

Les élus des listes L’autre voie et Rassemblement cagnois

Deux mois plus tard, la réponse du maire pas­sait par l’or­gane de presse local conve­nu et sub­ven­tion­né. Il pro­met­tait une réponse détaillée (doux euphé­misme) en son Conseil muni­ci­pal du jeu­di 11 février, main­te­nu à 16 heures :

Nice-Matin - 12 février 2021 - Conseil municipal Cagnes-sur-Mer

Le maire a com­men­cé par annon­cer qu’il s’est bien amu­sé du com­mu­ni­qué, adres­sé par ses élus de l’op­po­si­tion.
Rien de chan­gé, si ce n’est qu’à l’ar­ri­vée à 16 heures, la salle était chauf­fée : 22 degrés ! Merci.
Ce com­mu­ni­qué a été lu à l’as­sem­blée par le pre­mier adjoint Roland Constant et lar­ge­ment com­men­té et cari­ca­tu­ré par ce der­nier. S’agissant de la col­la­tion deman­dée à mi-par­cours, il s’est inquié­té de savoir si cette demande concer­nait du « sucré ou du salé ». Très drôle, sans doute prend-il sou­vent l’a­vion. Le maire a rajou­té qu’il était comp­table du moindre euro dépen­sé par sa ges­tion en « bon père de famille » qu’il pré­tend être. Selon lui le contri­buable cagnois ne sau­rait sup­por­ter cette dépense de bouche (1). Selon sa colis­tière Mme Trastour, même refus de com­men­cer plus tôt au pré­texte que les conseillers muni­ci­paux « ne sont pas tous retrai­tés » (sic). C’est une autre déli­ca­tesse. Pour le maire, sur la durée exces­sive : la porte est ouverte : on est en démo­cra­tie (sic). Enfin, si cela ne plait pas à ses oppo­sants pré­sents, sui­vant sa recom­man­da­tion qu’ils mettent des boules Quiès ! (sic). Pour le maire de Cagnes-sur-Mer la démo­cra­tie fonc­tion­ne­rait mieux sans oppo­si­tion.

Alors qu’il est nom­mé plu­sieurs fois par le Maire, M. Lebon, conseiller muni­ci­pal d’op­po­si­tion, demande la parole qui ne lui est pas don­née. C’était pour rap­pe­ler un point essen­tiel : que les élus doivent être exem­plaires, soli­daires de leurs conci­toyens et res­pec­ter le couvre-feu à 18 heures. Cela ne fera donc pas débat, on passe vite à la suite.

Fidèle à son habi­tude, le maire a donc pu lar­ge­ment com­men­ter les 18 pages de son rap­port de pré­sen­ta­tion d’Orientation bud­gé­taire 2021. Un long dis­cours de poli­tique géné­rale en pré­am­bule : tout y est pas­sé, la situa­tion natio­nale, inter­na­tio­nale, sani­taire, sécu­ri­taire, éco­no­mique. Quelle chance eut son audi­toire d’être ain­si éclai­ré de ses connais­sances géopolitiques !

Humour tou­jours, façon Nègre, vers 19 heures, un petit pré­sen­toir de gâteaux secs a cir­cu­lé, sans suc­cès, de pupitres en pupitres. Délicate atten­tion d’un plaisantin.

Quatre heures plus tard d’é­coute impo­sée, soit à 20 heures, la salle n’a pas encore voté la pre­mière réso­lu­tion. Les élus du Rassemblement natio­nal quittent la salle confor­mé­ment à ce qu’ils avaient décla­ré dans leur com­mu­ni­qué, après que la tem­pé­ra­ture du gym­nase est redes­cen­due à 18 degrés.

On remar­que­ra que cha­cune des réso­lu­tions se ter­mine par la for­mule consa­crée d’une traite, sur­tout sans temps d’ar­rêt :
« Qui vote pour, qui vote contre, adop­tée à l’unanimité. »

Le Conseil muni­ci­pal s’a­chè­ve­ra vers 22.30. Une heure et demie de moins que le pré­cé­dent conseil qui dura huit heures. En pro­grès, peut mieux faire.

Que ses manants mettent leurs bou­chons d’o­reilles, sirotent leur carafe d’eau (il aura man­qué le pain sec), quittent sa ville et se taisent à jamais. Vive le Seigneur, vive Cagnes.

Michel Lebon

(1) La veille, son conseil métro­po­li­tain de Nice Côte d’Azur dont il est l’un des 20 vice-pré­si­dents qu’il vénère tant — on le com­prend —, ce conseil métro­po­li­tain donc fort de 140 conseillers, s’est lui dérou­lé mais aux heures de bureau avec une pause buf­fet de qua­li­té. Couvre-feu res­pec­té. Mais qui paye ce gueu­le­ton, si ce ne sont les Cagnois ? Il faut aus­si pen­ser que ces gens sont pro­ba­ble­ment tous des retrai­tés sui­vant Mme Trastour.Conseil métropolitain Nice Côte Azur

Bonus :

Mediapart-Le-clan-Estrosi-rudoyé-par-la-chambre-régionale-des-comptes

(cli­quer sur l’i­mage pour télé­char­ger le docu­ment au for­mat PDF)

3 Commentaires 

  1. A noter éga­le­ment dans cette scène théâ­trale, l’autre leçon de démo­cra­tie de mon­sieur Schmitt, élu d’op­po­si­tion, qui se targue de « ne jamais rejoindre une motion ou un voeu qui cor­res­pon­drait pour moi à une oppo­si­tion outran­cière ou poli­ti­sée ». Quel homme !
    Donc si le Rassemblement National dit : « L’eau, ça mouille », il ne l’ap­prou­ve­ra pas !
    Voilà le niveau poli­tique de nos élus.
    Voilà pour­quoi on est bien dans la merde avec des imbé­ciles pareils.
    Et pen­dant ce temps là, ils se gavent en bouf­fant à tous les râte­liers tout en nous don­nant des leçons de démo­cra­tie.
    Je ne peux plus les supporter.

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  2. Entre le Maire de Nice qui déclare que l oppo­si­tion est là. Mais comme pré­vu par la loi il a la majo­ri­té abso­lue. Il écoute par poli­tesse l oppo­si­tion. Ce qui prouve encore une fois, ils ont mode­lé la République fran­çaise en nation bana­nière où l oppo­si­tion est bâillon­née par la loi votée par eux. Maintenant c est le Maire de Cagnes qui déclare que la démo­cra­tie se porte mieux sans oppo­si­tion. Je constate que les répu­bli­cains et les socia­listes, qui ont par­ta­gé le pou­voir ensemble toutes ces années, ont trans­for­mé la France répu­bli­caine en pays de tyran ou toute oppo­si­tion est inter­dite de déci­sion. Fidel Castro aurait pu être jaloux de notre pays !

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  3. L’arrogance de ces petits roi­te­lets locaux devient INSUPPORTABLE !
    L’ancien cou­reur de moto, maire de Nice, et l’an­cien prof de gym, maire de Cagnes-sur-Mer, affichent un mépris abys­sal à l’en­contre de leurs oppo­sants.
    Et ils viennent nous don­ner des leçons de démo­cra­tie et de bonne ges­tion.
    Le pou­voir les a ren­dus fous.
    Je ne les sup­porte plus.
    Arrêtez donc de voter pour eux !

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