La « blockchain » pour nous délivrer de nos chaînes ?

16 mars 2021 | 1 com­men­taire

Depuis la nuit des temps, tout groupe humain se place sous l’au­to­ri­té d’un chef. Servitude volon­taire, dic­ta­ture orwel­lienne, sou­mis­sion consen­tie, peu importe. Du chef de clan pré­his­to­rique au grand mani­tou du Nouvel Ordre Mondial, tout est com­man­dé. La com­mune et son maire. Le club bou­liste et son pré­sident. Le royaume et son roi. La socié­té et son PDG. Du géné­ral au capo­ral. La France et son ana­gramme de Monarc.

Certes, l’Histoire témoigne de toutes ces entre­prises avor­tées de se libé­rer de l’au­to­crate. Le fan­tasme de la « démo­cra­tie » — le Peuple exerce le Pouvoir — a vécu : le com­mu­nisme aura duré un petit siècle tan­dis que les démo­cra­ties repré­sen­ta­tives sombrent dans la cor­rup­tion et la fraude élec­to­rale. Le libé­ra­lisme éco­no­mique abou­tit à une nou­velle nomenk­la­tu­ra, retour à la case départ. Rien n’y fait, à chaque fois la pyra­mide se reconstitue.Pyramide maçonnique

Le début du 21e siècle a vu explo­ser un nou­veau venu dans l’or­ga­ni­sa­tion de nos vies, une révo­lu­tion pla­né­taire : l’Internet. Nous nous sommes tous appro­prié ce nou­vel espace de liber­té, du moins le pense-t-on. Que nen­ni, le WWW, World Wide Web a un pou­voir cen­tral déte­nu par les Américains. Les nou­veaux dic­ta­teurs sont les GAFA. Un mot de tra­vers sur la toile et hop ! devant les tribunaux.

Web - Toile araignée

WWW, World Wide Web, tra­duc­tion mot à mot : la toile d’a­rai­gnée à l’é­chelle de la planète

Et voilà qu’un nouvel acteur vient bouleverser ce qui semblait être un ordre anthropologique immuable : la « blockchain »

Une blo­ck­chain, ou chaîne de blocs, est une tech­no­lo­gie de cryp­tage sans organe de contrôle, autre­ment-dit sans auto­ri­té centralisée.

Sans entrer dans la complexité de la martingale, on comprend que ce type d’organisation se libère de toute autorité centralisée

Impénétrable, incra­quable, les règles du jeu de départ sont véri­fiées par une mul­ti­tude ano­nyme d’au­to­ri­tés de contrôle, les mineurs (*). Tout le monde peut deve­nir mineur. Autrement dit la démo­cra­tie est directe, sans repré­sen­tants, sans inter­mé­diaires, sans hié­rar­chie. Chaque moindre action est vali­dée par une puis­sance de cal­cul gigan­tesque décen­tra­li­sée, les algorithmes.

La pre­mière chaîne de blocs a été concep­tua­li­sée par un incon­nu au bataillon, un cer­tain Satoshi Nakamoto en 2008. Elle a ser­vi de base de lan­ce­ment au bit­coin. Cette mon­naie vir­tuelle échap­pait au départ aux banques. C’était un crime de lèse-majes­té. C’était un séisme. Les banques ont sen­ti le dan­ger et se sont effor­cées de reprendre la main, ce qu’elles ont en par­tie réussi.

Au delà de ce révé­la­teur qu’est le bit­coin fon­dé sur ce méca­nisme de la blo­ck­chain, bien d’autres aspects de nos vies pour­ront s’ap­puyer sur ce mode de fonc­tion­ne­ment. Tout un cha­cun peut dores et déjà créer sa blo­ck­chain : exemple, créer son album pho­to avec un pro­to­cole d’ac­cès. On y entre par un token (tra­duc­tion jeton, le bit­coin est un token). Déterminer qui peut y accé­der, y ajou­ter des images, en reti­rer, les com­men­ter, etc.

Le fonc­tion­ne­ment de toute enti­té pour­rait s’or­ga­ni­ser ain­si. Pourquoi pas la Constitution d’un État. Ce serait alors la fin de toutes les nomenk­la­tu­ras, poli­tiques, syn­di­cales, média­tiques, finan­cières, reli­gieuses ! Ça fait rêver.

La com­mu­ni­ca­tion géné­rale média­tique s’ef­force de faire silence radio sur la bête effrayante. On n’en parle pas. Les élites mon­diales essaient de mettre la pous­sière sous le tapis d’or­di­na­teur. Le stress s’empare de tous les dic­ta­teurs qui se réunissent à Davos ou ailleurs. Mais « pas qu’eux ». Sont mena­cées toutes les orga­ni­sa­tions non trans­pa­rentes et lour­de­ment pyra­mi­dales, avec un grand chef au som­met. Dans votre moteur de recherche, tapez : « blo­ck­chain notaires ». Une ava­lanche de liens ren­voie à leurs états d’âme. Ces gens ont com­pris que leur exis­tence est mena­cée. Ils essaient de reprendre la main et sau­ver les meubles.

Faut-il y voir un espoir ou un désastre pour notre liberté ?

De nom­breuses ques­tions sub­sistent.
La blo­ck­chain repose sur la sécu­ri­té invio­lable du cryp­tage. Voilà un axiome bien fra­gile. On se sou­vient que pen­dant la Deuxième Guerre mon­diale, l’in­vio­lable Enigma nazie a été cra­quée par ni plus ni moins que le pre­mier ordi­na­teur mon­dial créé par Alan Turing.
De plus, ce contrôle répu­té uni­ver­sel­le­ment par­ta­gé, l’est par… des humains, appe­lés pour la cir­cons­tance des mineurs (*). La chaîne de blocs pour­rait bien se réduire à un bloc d’en­chai­nés par des petits geeks malins.Chaîne boulets - Zaïtchick

Caricature de Zaïtchick [source]Enfin l’hu­main reste encore dans le dis­po­si­tif. L’Intelligence Artificielle risque bien de prendre le pou­voir abso­lu, total. Je vous laisse ima­gi­ner la fin.

Cette course en avant est bel et bien lan­cée. Amis de la science-fic­tion, à vos plumes !

Michel Lebon

(*) Les mineurs dans une chaîne de blocs sont des indi­vi­dus ano­ny­més en très grand nombre, qui ne doivent pas se connaître et qui véri­fient les tran­sac­tions et opé­ra­tions effec­tuées par les uti­li­sa­teurs de leur blo­ck­chain. Ils les ins­crivent ensuite sur la chaîne (registre public) qui pour­suit son par­cours sur le réseau.

1 commentaire

  1. Michel, le type en polo rayé sur le cari­ca­ture te res­semble, est ce volontaire ?

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