Une marée humaine a enva­hi le cours Sextius pour se diri­ger vers la Rotonde, la grande place de la ville, par l’a­ve­nue Napoléon Bonaparte ; on ne voit pas la fin du cor­tège sur le cours Sextius alors que les pre­miers mani­fes­tants ont déjà défer­lé sur la place de la Rotonde.

Les Français, en plein mois d’août, se mobi­lisent en masse pour pro­tes­ter contre la dic­ta­ture sous faux dra­peau sani­taire ; cette dame qui prend la peine de mar­cher à béquilles — et son abné­ga­tion le prouve — a bien com­pris l’im­por­tance his­to­rique de la période que nous vivons ; elle a bien com­pris que ce mou­ve­ment a besoin de tous les patriotes, et pro­ba­ble­ment ses enfants l’accompagnent.

Mais, au fait, où sont donc les anciens com­bat­tants (qui n’ont jamais com­bat­tu) « natio­na­listes » qui atten­daient tous les jours sinon le Grand Soir, tout au moins l’Homme (ou la Femme) pro­vi­den­tiel ? Peut-être n’at­tendent-ils plus rien d’autre que l’heure de l’a­pé­ro, confor­ta­ble­ment ins­tal­lés à la ter­rasse d’un café du cours Mirabeau, pass sani­taire en poche, à se racon­ter avec nos­tal­gie leurs exploits d’é­tu­diants facé­tieux des années 60 ou 70 tout en regar­dant négli­gem­ment pas­ser la dame aux béquilles.

Pierre-Émile Blairon