Pandora Papers : 600 personnalités françaises épinglées
Dans l’ombre, les lanceurs d’alertes et autres « hackers » fouillent méticuleusement les poubelles numériques de l’oligarchie mondiale et, de temps en temps, trouvent du grain à moudre pour provoquer de jolis scandales. On se souvient des fameux « Panama Papers », en 2016, constitués par la fuite de plus de 11,5 millions de documents confidentiels issus du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca. Ces petits papiers avaient révélé des informations sur plus de 214 000 sociétés offshore ainsi que les noms des actionnaires de ces sociétés. Aujourd’hui, ce sont les « Pandora Papers » qui viennent défrayer la chronique.
L’ICIJ, le Consortium International des Journalistes d’Investigation(1), s’est livré à une vaste enquête concernant les paradis fiscaux qu’il vient de publier, jetant en pâture le nom de nombreux responsables politiques à travers le monde qui n’hésitent pas à placer leurs capitaux à l’étranger. Douze millions de documents confidentiels auraient été récupérés permettant de mouiller des gens comme le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le Premier ministre tchèque Andrej Babis, l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair ou encore le roi de Jordanie Abdallah II. Ces gouvernants ont possédé – et/ou possèdent encore – des sociétés offshore dans des paradis fiscaux. Tous les noms n’ont pas encore été dévoilés mais les responsables politiques se compteraient par centaines, nous dit le ICIJ, dont 35 chefs d’État. On attend la liste avec impatience d’autant qu’elle contiendrait les noms de 600 personnalités françaises.
D’ores et déjà, on sait que le député LREM (et chef d’entreprise), Sylvain Maillard, est épinglé. Il aurait été lié à une structure aux Seychelles. Bien entendu, l’intéressé défend son « intégrité » : il affirme avoir été « victime d’une usurpation d’identité en 2010 ». Ben voyons ! Bruno Le Maire, le Ministre de l’économie, s’est aussitôt lancé dans des vérifications concernant la présence ou non de résidents fiscaux français parmi les personnes épinglées dans les Pandora Papers. Il serait cocasse qu’il y trouvât le sien et, qui sait, celui du Président. Un méchant pavé dans sa mare à l’orée de la campagne présidentielle ! Dans la foulée, Bruno Le Maire pourrait s’intéresser à l’activité économique de DSK, l’ancien ministre français de l’Économie disqualifié par une histoire au-dessous de la ceinture dans un hôtel new-yorkais, qui a délocalisé sa fiscalité au Maroc induisant un manque à gagner de 6 millions d’euros au fisc français.
Cependant, il ne faut pas trop attendre de ces « Pandora Papers » puisque c’est le journal Le Monde qui relaie ces révélations pour la France
Ce média à la solde ne peut pas mordre durement la main qui le nourrit(2). Par conséquent, on risque fort de rester sur notre faim. D’ailleurs, le quotidien s’empresse de rappeler que l’utilisation des sociétés offshore n’est pas illégale dans une grande majorité de pays et que les agissements discutables moralement de ceux qui les utilisent pour éviter une fiscalité trop élevée ne peuvent être répréhensibles qu’en cas d’activité illicite comme du blanchiment d’argent ou de la corruption. Et de pointer du doigt les États-Unis en passe devenir « l’un des centres financiers offshore les plus importants de la planète », nommant des États comme le Delaware (cher à Joe Biden), le Nevada et le Wyoming déjà spécialistes des zones défiscalisées.
À l’instar des « Panama Papers », les « Pandora Papers » ne feront guère changer les choses
Quelques boucs-émissaires vont tomber et les pratiques financières immorales perdureront. Les précédentes révélations à scandale n’ont jamais engendré de larges et profondes mesures pour sanctionner les pratiquants ni réformer les systèmes. Gageons qu’il en sera de même cette fois encore. À moins que… À l’heure où de nombreuses nations cherchent à se mettre d’accord sur une imposition minimum des sociétés, ce dernier scandale pourrait être l’opportunité d’un effort mondialisé dans la lutte contre l’évasion fiscale. La chose pourrait se faire dans la mesure où il s’avèrerait qu’une bonne partie des chefs de gouvernement pourrait être directement concernée. Mais ne rêvons pas trop tout de même.
Charles ANDRÉ
« L’important n’est pas de convaincre mais de donner à réfléchir. »
(1) On trouve du beau monde dans la liste des sponsors de l’ICIJ, notamment l’Open Society de George Soros : Adessium Foundation, Arnold Ventures, Bay and Paul Foundations, Barbara Streisand, Bertha Foundation, Ford Foundation, Franklin Philanthropic Foundation, Fritt Ord Foundation, Fund for Nonprofit News at The Miami Foundation (NewsMatch), Green Park Foundation, Hollywood Foreign Press Association, Hurd Foundation, John and Florence Newman Foundation, Jonathan Logan Family Foundation, Luminate, KCIJ Newstapa, Meryl Streep, Nationale Postcode Loterij, Norad, Open Society Foundations, Swedish Postcode Foundation, Tinius Trust, Wellspring Philanthropic Fund [source]
(2) Le Monde perçoit — outre des subventions publiques — des aides de Facebook et de la Bill & Melinda Gates Foundation (2,1 millions de dollars en 2019 pour cette dernière) [source].
On devrait les appeler les « Pandora Pampers » !
C’est bon pour les toilettes.