Prix de l’électricité : les instances européennes intransigeantes

12 octobre 2021 | 1 com­men­taire

Dans notre article du 4 octobre der­nier inti­tu­lé « Flambée du prix de l’électricité : Bruxelles “nous a tuer” », nous expli­quions pour­quoi la Commission euro­péenne por­tait une res­pon­sa­bi­li­té énorme sur les hausses inces­santes du prix de l’électricité des­ti­née pour­tant à deve­nir la prin­ci­pale éner­gie uti­li­sable par les consom­ma­teurs du monde futur tel que les pro­gres­sistes nous le concoctent. La poli­tique euro­péenne du mar­ché unique et concur­ren­tiel conju­guée à celle des droits d’émission de CO2 – dont les quo­tas à la baisse génèrent un mar­ché spé­cu­la­tif – sont les deux prin­ci­pales rai­sons de ces aug­men­ta­tions ver­ti­gi­neuses du prix de l’électricité.

Prisonnière de ses mesures dog­ma­tiques, l’Europe se trouve dans la situa­tion du ser­pent qui se mord la queue. Le Pacte vert cen­sé nous conduire à la neu­tra­li­té car­bone d’ici à 2050 pousse l’Allemagne à cam­per sur ses posi­tions vis-à-vis du nucléaire qu’elle aban­donne au pro­fit des éner­gies renou­ve­lables tota­le­ment inef­fi­cientes. Pour com­pen­ser, elle uti­lise mas­si­ve­ment le gaz et le char­bon dans ses cen­trales. Or, ce der­nier deve­nu beau­coup trop cher à cause de l’envolée du prix des droits d’émission de CO2 sur le mar­ché euro­péen, elle pri­vi­lé­gie for­te­ment le gaz. Et qui dit demande forte dit hausse des prix. Ajoutons à cela le chan­tage russe sur les condi­tions d’exploitation du nou­veau gazo­duc Nord Stream 2, les pro­blèmes de main­te­nance des capa­ci­tés de pro­duc­tion nor­vé­giennes, la concur­rence de la Chine et de l’Asie sur le mar­ché du GNL (gaz natu­rel liqué­fié) et la demande crois­sante des USA qui se détournent pro­gres­si­ve­ment du gaz de schiste, et on assiste logi­que­ment à une flam­bée des prix. Mais, l’emploi du gaz allant en aug­men­tant, les droits d’émissions de CO2 flambent à leur tour pour les Européens…

Et le prix de l’électricité s’envole. Le cercle est bien vicieux

En haut lieu, on s’en inquiète un peu. On garde en mémoire la crise des Gilets Jaunes née de l’augmentation des prix des car­bu­rants. C’est sans doute la rai­son qui a pous­sé Bruno Le Maire, lors de la ren­contre des ministres des Finances qui s’est tenue à Luxembourg, le 4 octobre, à deman­der une réforme du mar­ché euro­péen de l’électricité afin que le prix payé par le consom­ma­teur cor­res­ponde mieux aux coûts de pro­duc­tion de chaque pays. Il était sou­te­nu dans cette démarche par quatre autres pays de l’UE, l’Espagne, la Grèce, la Roumanie et la Tchéquie, plai­dant, eux aus­si, pour une réponse com­mune à la crise de l’énergie. L’Espagne deman­dant en outre une euro­péa­ni­sa­tion des stocks de gaz.

La ques­tion a donc été dis­cu­tée au som­met des chefs d’État et de gou­ver­ne­ment qui s’est tenu le jour sui­vant en Slovénie. La France a sou­hai­té une réponse euro­péenne à la crise actuelle de l’énergie sans pour autant remettre en cause le Pacte vert : l’idéologie reste de mise dans la macro­nie. Un peu égoïs­te­ment, elle a donc plai­dé pour le retour à un mar­ché plus régu­lé et moins dépen­dant de la vola­ti­li­té des cours du gaz. À l’inverse, les pays comme la Tchéquie, la Pologne et la Hongrie se sont mon­trés très cri­tiques à l’égard du fonc­tion­ne­ment des droits d’émission de CO2 et vent debout contre la radi­ca­li­té du Pacte vert euro­péen. Ils se sont heur­tés au vice-pré­sident de la Commission euro­péenne en charge du Pacte vert, le tra­vailliste néer­lan­dais Frans Timmermans – sous l’influence de plu­sieurs pays, Allemagne en tête –, qui ne veut sur­tout pas entendre par­ler d’une remise en ques­tion du prin­cipe. La prag­ma­tique Pologne, dont les trois quarts de l’électricité pro­viennent encore du char­bon, ne se ber­çant plus d’illusion quant à une pos­sible inflexion de Bruxelles, a déjà enta­mé des négo­cia­tions pour la construc­tion de cen­trales nucléaires sur son sol. Le jusqu’au-boutisme vert de l’UE a ses effets indésirables.

Aucune illu­sion à se faire non plus quant à l’attitude du Parlement euro­péen dont la majo­ri­té éco­lo-pro­gres­siste à una­ni­me­ment balayé d’un revers de main les cri­tiques sur le Pacte vert, lors des débats du 6 octobre qui ont sui­vi les remous ini­tiés par Bruno Le Maire et ses sou­tiens. Il n’aura donc pas fal­lu plus trois jours pour que les ins­tances euro­péennes matent un début de fronde sus­cep­tible de remettre en ques­tion le dogme sacro-saint de la tran­si­tion éco­lo­gique. Les citoyens euro­péens sont ain­si condam­nés à plier l’échine, à payer la folie verte au prix fort… Et tant pis si il y en a qui ne pour­ront plus se chauf­fer l’hiver.

Charles ANDRÉ

« L’important n’est pas de convaincre mais de don­ner à réflé­chir. »​

1 commentaire

  1. Les éco­lo­gistes fon­da­men­ta­listes sont à vomir. Ils ne com­prennent rien à l’é­co­no­mie des pays.
    Faire payer des taxes dites « éco­lo­giques » ne sert a rien, car c’est la nature et la terre qui ont le pouvoir.

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