Abstenez-vous de voter blanc, c’est nul

par | 17 juin 2022 | Aucun com­men­taire

On connaît la chan­son répu­bli­caine des loges : honte aux abs­ten­tion­nistes ! Des Français sont morts hier pour avoir le droit de vote aujourd’­hui. Ah oui ? où ? quand ? Mort pour sa patrie, mort pour une idéo­lo­gie oui, mort pour dépo­ser un papier dans un cen­drier, non.

Si voter est un droit, ne pas voter en est éga­le­ment un. Même « secret », com­ment peut-on obli­ger quel­qu’un à dépo­ser un bul­le­tin dans l’urne bien nom­mée, qui devient le cen­drier de la démo­cra­tie.Cendrier - A voté

L’abstention est la bête noire de nos hommes politiques

En effet le taux de par­ti­ci­pa­tion à leur élec­tion est vital pour eux pour trois raisons.

• D’abord : C’est de ce taux de par­ti­ci­pa­tion qui légi­time leur élec­tion.
Ainsi, aux élec­tions pré­si­den­tielles de 2022, Emmanuel Macron a été élu avec soi-disant 58 % des voix. C’est faux. Alors qu’a­vec 18 mil­lions de voix sur 48 mil­lions d’ins­crits, il n’a été réélu qu’a­vec 38,5 % du corps élec­to­ral en rai­son des 13 mil­lions d’abs­ten­tion.
On note­ra que par un tour de passe-passe, les votes blancs et nuls (3 mil­lions) dis­pa­raissent des comp­teurs et ne sont pas comp­ta­bi­li­sés dans l’abstention.

• Ensuite : C’est l’exis­tence même de l’é­che­lon sou­mis au suf­frage uni­ver­sel qui est en jeu.
Par exemple, en 2004 l’abs­ten­tion aux élec­tions euro­péennes a atteint des som­mets en 2009 avec 59 %. Manifestement l’Europe n’in­té­resse per­sonne. Les Français ont pour­tant été clairs en 2004 en votant NON à l’Europe. Voter ne ser­vi­rait à rien ?
Il y a au suf­frage uni­ver­sel rien moins que 6 éche­lons : les muni­ci­pales, dépar­te­men­tales, régio­nales, légis­la­tives, pré­si­den­tielles et euro­péennes, plus les éven­tuels réfé­ren­dums.
Ce fameux mille-feuilles admi­nis­tra­tif auquel il faut ajou­ter les com­mu­nau­taires, les séna­to­riales et les par­rai­nages, à ne pas oublier.
Alors que nous sommes, tous ces éche­lons confon­dus, en cam­pagne élec­to­rale per­ma­nente, com­ment « traî­ner » encore et encore les élec­teurs récal­ci­trants aux urnes.
À cette para­noïa démo­cra­tique, ils n’ont rien trou­vé de mieux que d’inven­ter des pri­maires, pour se faire exis­ter, occu­per les médias qui leur servent la soupe, ajou­tant ain­si des élec­tions aux élec­tions.
On a une over­dose de vote ! Trop de « démo­cra­tie » tue la démo­cra­tie en la noyant.

• Enfin, et c’est peut-être le plus impor­tant :
Les can­di­dats et leurs par­tis reçoivent des sommes consi­dé­rables pour leurs cam­pagnes. L’argent des contri­buables, le mien, le vôtre. Des cen­taines de mil­lions d’eu­ros, c’est ver­ti­gi­neux.
- Ainsi, pour l’é­lec­tion pré­si­den­tielle de 2012, l’État a pris 228 mil­lions d’eu­ros à sa charge. Sur ses frais de cam­pagne François Hollande a reçu 21 mil­lions d’eu­ros, soit qua­si­ment l’in­té­gra­li­té de ses frais de cam­pagne.
- Les par­tis sont finan­cés à hau­teur du nombre de voix obte­nus par leurs dépu­tés élus aux légis­la­tives.
Chacune de nos voix à leurs élec­tions contri­bue à aug­men­ter la manne finan­cière que tous ces élus reçoivent de l’argent public.
Votre bul­le­tin de vote devient un billet de banque (1,64 euros par an) pour nos hommes poli­tiques cupides.

Ce sont les trois rai­sons pour les­quelles, face à cette menace d’abs­ten­tion dévas­ta­trice pour leur porte-mon­naie donc leur exis­tence, les poli­tiques envi­sa­ge­raient de rendre le vote OBLIGATOIRE, sous peine de sanc­tions pour celui qui aura pré­fé­ré res­ter chez lui plu­tôt que choi­sir le can­di­dat le moins pire. Il y a peu de chance pour que cela arrive. En effet, on ver­rait pro­ba­ble­ment une explo­sion des votes blancs ou nuls qu’on ne pour­rait plus faire dis­pa­raître comme c’est le cas à ce jour.
Il fau­dra alors comp­ta­bi­li­ser celui qui aura glis­sé un nom fan­tai­siste ou une feuille de papier hygié­nique usa­gée dans l’enveloppe.

« Il faut voter » nous disent-ils. Mais quel culot !

Sur les 47 000 élus ayant le pou­voir de par­rai­ner un can­di­dat à l’é­lec­tion pré­si­den­tielle en2017, 14 000 seule­ment se sont pro­non­cés. Ce qui porte à 70 % l’abs­ten­tion chez nos poli­tiques, quand ils ont à voter, eux ! Record bat­tu.
Et ils vou­draient qu’on se déplace… en nous culpa­bi­li­sant sur notre pré­ten­du devoir citoyen.

En conclu­sion.
• Voter, même blanc ou nul, c’est vali­der l’é­lec­tion, donc celui qui sera élu. C’est accep­ter le choix for­cé des urnes.
Les votes blancs ou nuls ne sont pas comp­ta­bi­li­sés dans la majo­ri­té simple rete­nue pour intro­ni­ser le can­di­dat ; donc ne servent qu’à cacher une part de l’abs­ten­tion. En votant blanc, vous dis­pa­rais­sez de la démo­cra­tie.
• Voter pour le moins pire, c’est lui don­ner de l’argent au can­di­dat et un blanc seing pour ses pro­messes qui n’en­gagent que ceux qui l’é­coutent. Ce n’est pas éli­mi­ner l’autre.
Si vous votez Emmanuel Tartempion pour éli­mi­ner Marine Truc en vous bou­chant le nez, vous aurez voté Tartempion, les bul­le­tins n’ont pas d’o­deur.
• Il y a bien la pos­si­bi­li­té de déchi­rer sa carte d’é­lec­teur, cela devient à la mode. Cela sou­lage pro­ba­ble­ment l’ins­tant mais ce n’est pas la bonne solu­tion non plus. Cette carte d’é­lec­teur a un pou­voir, celui d’être uti­li­sé… ou pas.

Alors, la pro­chaine fois, choi­sis­sez celui ou celle qui vous convient au pre­mier tour comme au deuxième tour. Voter c’est adhé­rer, pas éli­mi­ner.
Ou sinon, abs­te­nez-vous, allez à la pêche. N’allez pas émar­ger la liste élec­to­rale de votre bureau de vote. Vous res­pec­te­rez alors la vraie démo­cra­tie et sur­tout votre conscience.Abstention - Pêche

Michel Lebon

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