L’autonomie des territoires français peut-elle résoudre les conflits en Europe ?
Une entité autonome est définie comme une subdivision d’un pays qui possède un degré d’autonomie territoriale ou qui est libre vis-à-vis d’une autorité externe.
Typiquement, cela concerne en majorité des entités géographiques distantes ou habitées par des minorités.
Il ne s’agit pas d’une utopie. Nombre de régions insulaires d’autres pays d’Europe bénéficient d’un statut d’autonomie : Sardaigne, Sicile, Baléares, Canaries, Madère notamment et cela existe aussi en France.
Prenons le cas de la Polynésie Française.
La Constitution du 27 octobre 1946 en fait un Territoire d’Outre-Mer. Le nouveau statut juridique est précisé par un décret du 25 octobre 1946, qui charge l’Assemblée représentative territoriale des « intérêts propres du Territoire », le gouverneur restant responsable de la préparation et de l’exécution des décisions.
L’évolution se poursuit avec l’instauration d’un véritable statut d’autonomie par la loi du 6 septembre 1984. La loi organique du 12 avril 1996 transfère ensuite des compétences supplémentaires à la Polynésie française, notamment en matière économique, et introduit des aménagements techniques en vue d’améliorer le fonctionnement des institutions.
Enfin, en 2004, une nouvelle étape a été franchie avec la publication de la loi organique du 27 février 2004 renforçant le statut d’autonomie de la Polynésie française.
La principale modalité de fonctionnement du statut d’autonomie a consisté à confier une compétence de droit commun à la Polynésie française, l’État conservant une compétence d’attribution.
En application de ce principe, la Polynésie française est compétente dans toutes les matières, à l’exception de celles expressément attribuées à l’État. Elle peut, à travers les actes de l’assemblée de la Polynésie française et de sa commission permanente, définir ses propres règles dans la plupart des domaines, y compris dans les matières qui en métropole relèvent du législateur, sous réserves du respect des principes généraux inscrits dans les textes formant le bloc constitutionnel ou ceux dégagés par la jurisprudence.
Peu de Français métropolitains sont avertis de la situation de la Polynésie malgré des actions locales qui n’émeuvent personne. Pas beaucoup de « com » sur ce TOM !
Prenons le cas de la Corse
La Corse est une collectivité territoriale à statut particulier, au sens de l’article 72 al.1er de la Constitution.
La Loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) portant nouvelle organisation territoriale de la République du 7 août 2015 comporte plusieurs dispositions relatives à la Corse (article 30 et suivants). Désormais elle n’est plus qualifiée de « collectivité territoriale », mais de « collectivité de Corse ». En outre, en vue de la création de la Collectivité Territorirale de Corse (CTC), la loi de 2015 a autorisé le gouvernement à prendre, selon la procédure des ordonnances de l’article 38 de la Constitution et pendant un délai de 18 mois, des mesures relevant de la loi dans neuf domaines différents.
À compter du 1er janvier 2018, la Corse est une collectivité à statut particulier au sens de l’article 72 de la constitution, en lieu et place de la Collectivité Territoriale de Corse et des départements de Corse-du-Sud et de Haute-Corse.
Dorénavant la Corse s’administre librement, dans les conditions fixées par la Loi et par l’ensemble des autres dispositions législatives non contraires relatives aux départements et aux régions.
Quelques règles de fonctionnement :
• Création d’une conférence de coordination des collectivités territoriales en Corse réunissant des membres du Conseil exécutif de Corse, le Président de l’Assemblée corse, les Présidents des communautés d’agglomération, les maires des communes de 30 000 habitants ou plus, un représentant des collectivités territoriales et groupements de collectivités des territoires de montagne, huit représentants élus des présidents des communautés de communes et huit représentants élus des maires de communes de moins de 30 000 habitants.
• Élargissement des pouvoirs du président du Conseil exécutif de Corse.
• etc…
Alors que la Corse a longtemps été un département comme les autres, la politique de régionalisation et l’impossibilité de constituer des régions métropolitaines ne comprenant qu’un seul département ont conduit à la création de deux départements.
Les revendications locales vers plus d’autonomie ou en faveur de l’indépendance ont avivé le souhait de doter la Corse d’un statut spécifique. D’abord région métropolitaine (Loi du 2 mars 1982), cela lui a permis de se doter d’une Assemblée de Corse aux compétences assez étendues. La loi de 1991 fait de la Corse une collectivité territoriale à statut particulier. Ce n’est donc plus une véritable Région.
La loi de 2002 lui a donné des compétences nouvelles sans changer le statut qui propose, un peu sur le modèle du système parlementaire allemand, un mécanisme de responsabilité politique de l’exécutif, l’Assemblée de Corse pouvant voter une motion de défiance.
Conclusion :
La plupart des conflits actuels ne se produisent plus entre États mais sont davantage d’ordre intraétatique et opposent des États et des groupes minoritaires revendiquant leurs droits de préserver leur identité. Ces conflits s’expliquent :
• d’une part par les modifications territoriales et la formation de nouveaux États suite aux deux guerres mondiales et à l’effondrement de l’ancien système communiste, à la recherche permanente de la suprématie américaine partout dans le monde et
• d’autre part par la nécessaire adaptation du concept d’État-Nation qui considérait jusque là la souveraineté nationale et l’homogénéité culturelle comme primordiales.
L’autonomie permet à un groupe minoritaire dans un État de jouir de ses droits tout en offrant à l’État des garanties en matière d’unité, de souveraineté et d’intégrité territoriale.
La procédure est simple et passe par la mise en place d’un certain nombre de conditions fondamentales :
• Établissement d’un cadre juridique du statut d’autonomie (transfert de pouvoirs ou de répartitions de compétences, tout en demeurant soumis à l’autorité de l’État).
• Répartition claire des pouvoirs et l’instauration d’organes législatifs et exécutifs élus démocratiquement à l’échelle de la région autonome.
Le Comté de Nice, les deux Savoie, la Bretagne, le pays Basque, la Vendée, etc…
Pierre Pignon
Références :
• Le statut de l’autonomie et la répartition des compétences
• Quel est le statut de la Corse ?
• Expériences positives des régions autonomes comme source d’inspiration dans la résolution de conflits en Europe
• Liste d’entités territoriales autonomes
Mais QUI est derrière ces autonomistes voire indépendantistes ? Nous sommes bien d’accord que chaque petite patrie doit garder sa spécificité, et que par la subsidiarité chacun administre ce qui lui est possible. Reste que beaucoup de ces mouvements veulent bien quitter la « France » mais rester dans l’UE ! La république condamne « la superstition » et ceux qui parlent le « bas-breton » disaient les Jacobins. Gare aux manipulation des identités locales qui ne visent qu’a détruire la plus grande patrie, l’UE n’est pas « Notre Europe » ! 😉 comme la « république » n’est pas la France.
À quand l’autonomie du Comté de Savoie ? dont fait partie le Comté de Nice !
https://youtu.be/ThWpMnuy00g?t=5966
Merci M. Pierre Pignon pour l’article.