La Réunion : un nouveau Mayotte en construction
C’est le sixième navire depuis juillet dernier, déjà le second depuis le début de l’année 2023. Le vendredi 13 janvier dernier, après la reconduite au Sri Lanka de 46 émigrés clandestins, à la veille de l’arrivée d’un nouveau bateau, alors que de source policière, deux autres bateaux suivraient embarquant en tout une centaine de candidats à l’immigration.
Le préfet de la Réunion, Jérôme Filippini, faisait la déclaration suivante : « Je veux dire factuellement que 400 personnes arrivées en 5 ans dans une île de 860 000 habitants, cela ne s’appelle pas une invasion ».
Depuis juillet 2022, quatre navires sont arrivés à La Réunion en provenance du Sri Lanka, avec à leur bord un total de 122 personnes, directement ou via l’archipel des Chagos. Six émigrés clandestins (6) sont arrivés le 31 juillet, quarante-six (46) le 17 septembre, 17 le 20 octobre et cinquante-trois (53) le 24 décembre, vingt-cinq (25) début février.
La Réunion a connu une précédente vague d’arrivées en 2018 et 2019. Six navires, avec 275 personnes à leur bord, avaient alors accosté sur les côtes réunionnaises.
400 émigrés clandestins srilankais sont arrivés en 5 ans du Sri Lanka à La Réunion en 2 vagues.
Alors que des négociations sont à l’œuvre pour restituer les 55 îles de l’archipel à Maurice, c’est toujours avec le Royaume-Uni que la France doit collaborer. « Un rôle britannique qui a pu sembler nébuleux, et une coopération plus difficile qu’avec le Sri Lanka au sujet de ces mouvements migratoires », évoquait le préfet de La Réunion lors de sa récente conférence de presse, le 13 janvier 2023. « Depuis ces arrivées, les échanges n’ont pas toujours été fluides. Mais cela s’améliore. C’est d’ailleurs pour cela qu’on en sait plus, aujourd’hui, sur les bateaux qui sont arrivés là-bas ou qui seraient susceptibles de venir ici. Mais vous dire que c’est complètement satisfaisant, non », développait toujours Jérôme Filippini.
Lors de cette prise de parole, le préfet ne cachait pas la possibilité de voir arriver dans les prochains mois plusieurs bateaux. Le navire en approche du lundi 6 février semble loin d’être le dernier. Il s’agirait d’un navire parti de la base américaine de Diego Garcia le 25 janvier. À son bord : 25 personnes, dont une poignée d’enfants, selon les avocats du cabinet londonien Leigh Day (qui ont plusieurs de leurs clients sur cet archipel).
La Réunion comme destination, ni Maurice ni les Chagos
Situés à 4000 kilomètres de Colombo, capitale du Sri Lanka, les hébergements sur l’île sont saturés et la situation est très tendue.
De son côté, l’OFII (l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration) indique que face à « l’afflux inhabituel » de demandeurs d’asile à La Réunion, un dispositif d’accueil spécifique a été créé.
Pourquoi seulement une escale sur l’île de Diego Garcia ?
Les Chagos ! Une escale réputée pour bon nombre de ressortissants srilankais en proie à une crise économique et politique majeures. Ces émigrés clandestins passent parfois par les eaux territoriales de Maurice et s’arrêtent même dans l’archipel des Chagos, mais ne se signalent en détresse qu’une fois dans les eaux territoriales françaises, car « ils veulent venir en France » explique le Préfet de La Réunion.
Il faut rappeler qu’une base militaire américaine stratégique, se situe sur l’île de Diego Garcia de l’archipel des Chagos. Cette base est sur un territoire britannique d’outre-mer en cours de restitution.
« Malte de l’océan indien », « Nouvelle Okinawa » ou encore « Diego Garcia, marche pied vers la liberté ». Les formules ne manquent pas dans les états-majors des grandes puissances comme dans la presse spécialisée pour qualifier la base aéronavale édifiée par les États-Unis au début des années 1970 et, par la suite sans cesse modernisée. Il faut dire que sur l’île de Diego Garcia, les émigrés clandestins ne sont pas éligibles au statut d’asile politique. Ils sont un peu comme les détenus de Guantanamo, soit dans un endroit où le droit n’existe pas.
Sur les escales aux Chagos, Jérôme Filippini n’en dira pas plus : « I’m just a prefet of La Réunion ».
En revanche, ce que l’on sait depuis le 21 septembre dernier, ce sopnt les émigrés clandestins qui l’ont affirmé devant le juge des libertés et de la détention au tribunal de St Denis : c’est qu’ils ont été envoyés à La Réunion depuis cet atoll de Chagos.
À la suite d’une panne moteur, les émigrés clandestins se seraient échoués sur une île dont ils ignoraient le nom et la nationalité. Sur place, ils auraient été pris en charge par des militaires qui, pendant 8 jours, leur auraient fourni un toit, de la nourriture et des vêtements sur lesquels apparaissait : « Diego Garcia ». Les militaires les auraient fait embarquer en direction du Sri Lanka. Mais les passagers ont rebroussé chemin vers leur destination voulue : La Réunion.
Quant à Maurice, les ONGs commencent à prendre position. Elles veulent alerter les Nations Unies.
Sur les 400 émigrés clandestins arrivés à La Réunion, 276 ont été reconduits au Sri Lanka, 120 émigrés clandestins sont restés à La Réunion, admis à demander l’asile pour une grande partie d’entre eux. Une quarantaine a d’ores et déjà obtenu l’asile. Pour les autres la procédure est en cours.
« Nous appliquons le droit, nous appliquons les lois de la République », affirme le préfet de la Réunion. « 7 sur 10 des migrants srilankais qui sont arrivés à La Réunion ont été reconduits dans leur pays d’origine quand ils avaient épuisé les procédures juridictionnelles », précise t‑il en ajoutant.
« Il y a vraisemblablement des filières qui sont organisées, la France souhaite faire comprendre que partir en bateau depuis le Sri Lanka, traverser toute la zone Sud de l’Océan Indien pour venir à La Réunion, c’est à la fois extrêmement dangereux, c’est sans doute coûteux et c’est de façon certaine l’assurance d’être renvoyé dans son pays. »
Avec 276 reconduites, les autorités estiment qu’un signal fort est envoyé aux émigrés clandestins mais aussi à ceux qui organisent leur départ au Sri Lanka affirme le Préfet.
Le voyage retour coûte très cher à la France et ce n’est qu’un début
Le vendredi 13 janvier 2023, un avion d’Air Austral affrété par l’État a décollé en direction du Sri Lanka. À son bord, une quarantaine d’émigrés clandestins qui seront reconduits dans leur pays d’origine après avoir essuyé un refus d’entrer en France au titre du droit d’asile.
Cet aller-retour express pour ces réfugiés mobilise de nombreux personnels des forces de l’ordre et a un coût important.
Sur les 53 ressortissants srilankais arrivés à La Réunion le samedi 24 décembre 2022, une quarantaine est repartie en direction du Sri Lanka. Leurs compatriotes ont obtenu le droit de rester en France pour demander l’asile et trois mineurs isolés ont pu entrer sur le territoire français. Par ailleurs, cinq de ces émigrés clandestins sont en cavale depuis le mardi 10 janvier, après s’être évadés de la zone d’attente de l’aéroport Roland-Garros.
En comptant les représentants des forces de l’ordre mobilisés pour les escorter, une bonne centaine de personnes ont fait le voyage. Un aller sans retour pour les Srilankais et un aller-retour pour les policiers.
C’est un Airbus 220 d’Air Austral qui a été affrété. L’appareil, qui peut transporter 132 personnes, prévu au décollage dans la matinée de vendredi destination, Colombo (capitale du Sri Lanka) avec un retour à La Réunion prévu dans la soirée. Pour piloter cet Airbus qui, en temps normal fait le trajet vers Chennai en Inde, une équipe composée de deux pilotes et de quatre personnels naviguant a été mobilisée. Selon les informations,
le coût de l’affrètement, avion et équipage, s’élèverait à 250 000 €.
À ce lourd montant, il faut encore ajouter la prise en charge des policiers composant l’escorte.
Actuellement, l’Île de La Réunion compte 130 000 chômeurs, 120 000 personnes sont au RSA et les services sociaux traitent plus de 30 000 demandes de logement.
Tant que la France continuera à naïvement respecter les prétendus accords internationaux alors que l’Angleterre, l’Île Maurice ou les États-Unis s’assoient dessus allègrement, nous ne pourrons que subir le bon déroulement et l’évolution désastreuse de ce trafic mafieux. Il faut néanmoins relever le flair de ceux qui ont, en bons opportunistes, récemment investi dans le capital d’Air Austral. Ils ont sûrement tablé sur un affrètement régulier de leurs aéronefs pour des vols spéciaux qui desserviront régulièrement une nouvelle destination entièrement à la charge du peuple français, Colombo.
Sollicitée sur le coût réel des expulsions, la Préfecture n’a pas répondu aux multiples demandes à ce stade.
Pierre Pignon
Références :
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Ce ne serait pas plutôt des « boat people » ukrainiens d’après les couleurs du bateau !
😉
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