Deux crimes de guerre parfaitement identiques, mais pourtant…
Le succès récent du film Vaincre et mourir le mois dernier au cinéma, a peut être fait prendre conscience à nos compatriotes de la réalité des guerres de Vendée. Cette période de la Révolution française, que l’on classe volontiers parmi les épisodes de « La Terreur » commencée en 1793, est malheureusement inconnue du grand public, car notre République ne s’en vante pas. Le petit comparatif ci-dessous montre à quel point on peut mettre en évidence un acte tout en occultant parfaitement un autre qui s’est déroulé 121 ans auparavant.Vaincre et mourir ouvrira peut-être, en tous cas je l’espère, l’appétit de curiosité des Français sur un épisode de notre histoire loin d’être glorieux, mais qui sert encore souvent hélas, de référence historique.
Rappel : depuis 1793 et la mort de Louis XVI, la Vendée s’est soulevée contre les troupes révolutionnaires…
En 1794, une contre-offensive vendéenne voit l’armée des Blancs attaquer la ville de Cholet. La ville sera prise au bout de quelques heures. Chez les Bleus, le Général Moulin (dont on dit qu’il portait des culottes en peau humaine) se bat farouchement, est blessé deux fois mais retourne au combat. Finalement il décidera de fuir. Mais les Vendéens bloquent toutes les rues. Il choisit de se faire sauter la cervelle… Sa disparition sera le premier signe d’une réaction vendéenne. Les Bleus sont effarés, en particulier le général Cordellier.
Rappel : au printemps 1944, toute la France est occupée par l’armée allemande, un débarquement allié est attendu…
En avril 1944, après avoir subi de lourdes pertes sur le front de l’Est, notamment lors de la bataille de Kharkov, la 2e division blindée SS « Das Reich », sous le commandement du Gruppenführer Heinz Lammerding, est mise au repos dans la région de Montauban, pour être « reconstruite ». Début mai, elle comporte 18 468 hommes, dont de nombreuses recrues, par rapport à un effectif théorique de 21 000 hommes ; début juin, plusieurs de ses composantes ne sont toujours pas opérationnelles et la situation du matériel roulant, de l’armement lourd et des blindés est encore défaillante.
Dès lors, leurs déplacements seront systématiquement synonymes de massacres.
Le 23 février, à Chavagne en Paillers, les Bleus surgissent. Dans un champ, quinze femmes sont fusillées, ailleurs on sabre les jeunes filles, on torture un homme. Trois femmes dont deux de 72 et 73 ans ainsi que quatre enfants de 9, 8, 6 et 3 ans sont brûlés vifs dans une maison. En tout, près de 80 victimes.
Les Bleus continuent leur périple. Le 24 février, le général Huché « passe » par La Verrie, puis La Gaubretière. Partout, tortures, tueries. Bilan : plus de 700 victimes. Huché ajoute qu’ils étaient en trop petit nombre pour en faire un grand carnage.…
Au lendemain du débarquement, le 7 juin 1944, la « Das Reich » reçoit deux ordres contradictoires du commandement suprême à l’Ouest : le premier lui donne instruction de rejoindre la Normandie, le second d’intervenir contre la Résistance dans la zone de Tulle-Limoges. Cette ambiguïté est levée par deux ordres reçus le 8 et 9 juin, qui précisent que l’essentiel de la division doit être retiré des engagements en cours avant le 11 juin à 12 h pour rejoindre le front de Normandie.
Le 28 février 1794 restera un jour tristement célèbre dans toute la Vendée. Dès le petit matin, la colonne Cordellier avance vers le village des Lucs-sur-Boulogne. On lui a signalé que Charette se trouvait dans les parages. Les Bleus ne tardent d’ailleurs pas à le trouver près de La Vivantière. Les Vendéens bien que très inférieurs en nombre (un contre quatre) mais furieux des scènes abominables qu’ils ont vues, se précipitent à l’attaque. Les Bleus sont défaits, ils se sauvent. Pas très loin, à moins d’une demi-lieue, ils tombent sur les villages et hameaux du Grand Luc et du Petit Luc.
Au cours de leur progression vers Tulle, des éléments de la division sont confrontés au renforcement des actions de la Résistance : de nombreux partisans sont tués lors des combats ou sommairement exécutés ; des civils sont également assassinés par le bataillon commandé par Diekmann, qui est « le seul à s’en prendre délibérément aux femmes et surtout aux enfants ». La répression menée par la « Das Reich » connaît un premier point culminant avec le massacre de Tulle. Le 9 juin, après avoir réoccupé la ville brièvement libérée par les FTP, l’avant-veille le 7 juin, 99 hommes, sans aucun lien avec la Résistance, sont pendus aux balcons et aux réverbères et 149 hommes sont déportés le lendemain.
On n’entend plus que des hurlements de terreur, des cris de douleur, des crépitements d’incendie. Des familles, des hameaux entiers sont méthodiquement exterminés : 32 personnes à la Gaconnière, 30 à la Guyonnière, 19 à Chef du Pont, 22 à Bourgneuf. À la Bugelière, le père Simonneau est égorgé avec sa femme et 16 de ses enfants et petits enfants. Les survivants se sont réfugiés dans la chapelle du Petit Luc. Le curé, M. Voyneau, âgé de 70 ans, va au-devant des Bleus. Il est immédiatement torturé puis massacré. Autour de l’église, se pressent, le chapelet à la main, tous ceux qui n’ont pas pu y entrer. La foule prie à genoux. Les Bleus surgissent, tirent, écrasent, transpercent des centaines de corps.
Pendant ce temps, à environ 100 km plus au nord, un détachement dirigé par le Sturbannführer Kämpfe part de Limoges pour venir aider à reprendre Guéret, libérée par le maquis. Au retour, des maquisards dirigés par Georges Guingouin capturent Kämpfe puis Karl Gerlach. Prisonnier des résistants, Gerlach arrive à se sauver et à alerter le commandement allemand à Limoges. Mais Kämpfe sera exécuté sur ordre de Guingouin.
En se retirant, les Bleus canonnent l’église qui s’écroule sur les mourants, sur les blessés. Ils ont tué ce jour-là 564 personnes dont 110 enfants de moins de 7 ans.
Le 10 juin, une colonne comportant huit camions, deux blindés à chenilles et un motocycliste de liaison, prend la direction d’Oradour-sur-Glane.
Convoqué par le commandant Dieckmann, le maire du village demande aux habitants de se rassembler sur le champ de foire. On demande alors aux 180 hommes et jeunes gens de plus de quatorze ans présents de dire où sont cachées les armes, dont les Allemands ont entendu parler. Les hommes sont alors conduits dans six granges repérées par les SS, par groupes d’une trentaine. Ils sont fusillés par les fusils-mitrailleurs mis en batterie devant les portes. Les corps sont ensuite recouverts de paille, de foin et de fagots auxquels les SS mettent le feu.
Les femmes et les enfants sont réunis dans l’église, où les SS ont placé une charge explosive qui se révéla insuffisante. Les soldats entrèrent alors dans l’édifice religieux où ils ont tiré des rafales de mitraillettes, tandis que d’autres SS ont lancé des grenades à main à l’intérieur, sans aucun doute pour achever la population.
Les 635 victimes dénombrées se répartissent comme suit : 25 de moins de cinq ans, 145 entre cinq et quatorze ans, 193 jeunes gens et hommes, dont le curé septuagénaire du village et ses deux vicaires lorrains, et 240 jeunes filles ou femmes de plus de 14 ans.
« Il n’y a plus de Vendée », écrivait le général François-Joseph Westermann à la Convention en novembre 1993, après sa victoire de Savenay. « Elle est morte sous notre sabre avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l’enterrer dans les marais et les bois de Savenay. J’ai écrasé les enfants sous les pieds de nos chevaux, massacré les femmes qui, au moins celles-là, n’enfanteront plus de brigands. Je n’ai pas un prisonnier à me reprocher. J’ai tout exterminé… Nous ne faisons pas de prisonniers, car il faudrait leur donner le pain de la liberté, et la pitié n’est pas révolutionnaire. »
François-Joseph Westermann
dit Le boucher de Vendée
À la lecture de ces deux récits en compétition dans l’horreur, on est en droit de se poser quelques questions :
Quel collégien a entendu parler des Lucs en Boulogne ?
Quel événement est le plus souvent cité ?
Lequel récolte aujourd’hui des célébrations mémorielles ?
Lequel est toujours cité comme exemple de la barbarie envers des civils ?
Il serait donc temps de rendre à l’Histoire sa vérité
On demande souvent à la France de faire acte de repentance, pourquoi pas envers la Vendée, qui était appelée à disparaître, on l’avait même renommée « Vengé ». Pourquoi ne compare t‑on pas les officiers qui se sont illustrés là-bas aux officiers allemands qui se sont illustrés à Oradour (Hoche versus Lammerding) ?
Tout simplement parce que l’Histoire est écrite par les vainqueurs
Les Révolutionnaires de 1793 avaient tout intérêt à cacher ce fait, de même que les vainqueurs de 1945 avaient intérêt eux, à monter en épingle l’histoire d’Oradour que l’on cite toujours en exemple, 80 ans après.
Ces deux événements semblables en tous points montrent comment on peut enseigner l’Histoire, et par là, y incorporer une certaine philosophie, un certain endoctrinement.
Patrice Lemaître
A propos de l épisode dOradour, je” plussoie les commentaires précédents.
Voir le travail de Reynouard sur le sujet : https://blogue.sansconcession.org/category/oradour/
En effet, avant de vous lancer dans des parallèles faciles, à la mode, creusez davantage ce qui s’est réellement passé à Oradour !
Si d’un côté (pour la Vendée) vous n’avalez pas la thèse officielle de la République, pourquoi de l’autre côté (Oradour) êtes-vous si appliqué à la régurgiter sans recul critique ?
L’histoire (au sens scientifique) n’est pas affaire de sentiment, d’émotions du moment, mais de froide analyse.
Un point d’accord avec vous néanmoins : en effet, les vainqueurs écrivent l’histoire en leur faveur, et cachent souvent ce qui pourrait leur faire ombrage, quitte à mettre leurs crimes sur le dos des vaincus. Cela dure depuis la Guerre des Gaules. Et cela passe comme une lettre à la poste.
Cf. l’analyse sur Oradour par l’ingénieur Vincent Reynouard… actuellement en prison.
Historiens comparatistes, encore un effort…