Louez l’amour que vous n’avez pas eu

par | 14 avril 2023 | Aucun com­men­taire

Le vieillis­se­ment de la popu­la­tion dans le monde occi­den­tal, mais aus­si dans d’autres par­ties du monde, fait émer­ger un sec­teur d’ac­ti­vi­té que l’on désigne com­mu­né­ment par :

Services à la personne

Préambule éco­no­mique : il s’a­git bien de valeur ajou­tée qui mérite une valo­ri­sa­tion rému­né­rée. Or ladite rému­né­ra­tion est issue des pen­sions des clients. Ce qui veut dire que les clients des ser­vices à la per­sonne ont dû préa­la­ble­ment épar­gner pour béné­fi­cier de pen­sions qui leur per­met de payer ces ser­vices. Autrement dit la créa­tion de valeur pas­sée rému­nère la créa­tion de valeur pré­sente. Les socié­tés de ser­vice à la per­sonne sont actuel­le­ment sur un cré­neau por­teur tant que les retrai­tés pour­ront régler ces ser­vices. Cette situa­tion est vulnérable.

Dans le modèle fami­lial tra­di­tion­nel, les géné­ra­tions s’en­traident. Cela se pas­sait ain­si pen­dant des mil­lé­naires à tra­vers la pla­nète, avant même que l’i­dée de retraite (à 64 ans) ne passe dans les esprits. Au sein de la famille, ou du clan, ou de la tri­bu, ou de la com­mu­nau­té, les jeunes prennent soin des vieux et réci­pro­que­ment. Les vieux, s’ils ne vont plus labou­rer ou chas­ser, prennent soin des jeunes.

C’est sur ce modèle que sont nées la Sécurité Sociale et la retraite : les per­sonnes en bonne san­té cotisent pour les malades et celles qui tra­vaillent cotisent pour les retrai­tés. C’est la logique de la répar­ti­tion qui ne fonc­tionne qu’au sein d’une com­mu­nau­té soli­daire. Bien sûr que cela ne peut pas fonc­tion­ner dans une socié­té où tout le monde triche.

Depuis plu­sieurs décen­nies la soli­da­ri­té fami­liale est métho­di­que­ment détri­co­tée :
• Le modèle de la mère au foyer qui éduque ses enfants est rin­gar­di­sé au pro­fit de la secré­taire libé­rée car celle-ci fait fonc­tion­ner la socié­té de consom­ma­tion.
• Le rôle du père, « chef de famille », est juri­di­que­ment détruit.
• Le divorce est bana­li­sé tan­dis que le mariage est ren­du facul­ta­tif, ou pure­ment fes­tif.
• Le mariage entre per­sonnes du même sexe est juri­di­que­ment vali­dé.
• La furie anti-famille s’ac­cé­lère avec la doc­trine « woke » qui nous est impo­sée par les ins­ti­tu­tions poli­tiques et média­tiques : parent‑1, parent‑2 au lieu de père et mère, théo­rie du genre dans les écoles, Gay Prides.
• Grand Remplacement.

Il n’y a donc plus d’en­fants pour prendre soin de leurs parents, a for­tio­ri de leurs grands-parents. Alors ceux-ci — du moins ceux qui peuvent le payer pour le moment — achètent des ser­vices qui étaient effec­tués, hors rému­né­ra­tion, dans un cadre fami­lial élar­gi. Ces pres­ta­tions sont contrac­tua­li­sées, tari­fées, rému­né­rées. Au pas­sage les struc­tures bureau­cra­tiques para­si­taires pro­fitent de l’au­baine alors que les pres­ta­tions intra-fami­liales échap­paient aux pré­da­teurs fiscaux.

Des nom­breuses struc­tures ont trou­vé leur place sur ce sec­teur qui est lar­ge­ment sub­ven­tion­né par les fonds publics puisque leurs clients ne pour­raient pas payer les pres­ta­tions sans les aides publiques :

Voici le clas­se­ment des pre­miers réseaux d’en­tre­prises de ser­vices à la per­sonne en fonc­tion du nombre d’a­gences [source Aladom] :
O2 Care Services : O2 emploie aujourd’hui 13500 sala­riés et appar­tient au groupe OuiCare.
Axéo Services : Le groupe La Poste ?] est action­naire majo­ri­taire d’Axéo Services qui emploie 4500 sala­riés.
Shiva (Groupe Domia Group) : 230 agences en fran­chise – ménage et repas­sage.
Adhap (Groupe Orpéa) : Adhap Services emploie 7000 sala­riés.
Azaé (ancien­ne­ment A2micile).
Petits-fils (Groupe Korian).
Âge d’Or : Cette entre­prise fait figure de pion­nière dans le sec­teur des ser­vices à la per­sonne, la fran­chise de ser­vices aux per­sonnes âgées a été créé en 1991. Elle fut le tout pre­mier acteur pri­vé à se lan­cer sur le mar­ché des pres­ta­tions de ser­vices à domi­cile qui était jus­qu’a­lors domi­né par des asso­cia­tions.
(liste non exhaustive)

La plu­part des enseignes sont très « ten­dance » : beau­coup de sigles et d’anglicismes.

Et puis il y a deux enseignes por­teuses de mes­sage : Âge d’Or et Petit-fils. Impossible d’é­chap­per à la cam­pagne de publi­ci­té mas­sive de cette dernière.

La genèse de Petits-fils

Petits-fils est une entre­prise qui a été créée en 2007 par Damien Tixier et Pierre Gauthey qui, consta­tant le manque de pro­fes­sion­na­lisme dans le métier de l’aide à domi­cile, ont déci­dé de créer un ser­vice sus­cep­tible de conve­nir à leurs propres grands-parents. [source site petits-fils.com]

Rien ne rem­place pour­tant l’af­fec­tion fami­liale puisque la dimen­sion mar­chande y est absente, ou — à tout le moins — réduite. Les fon­da­teurs de « Petits-fils » l’ont bien com­pris : au lieu de l’ap­pe­ler « Senior Care » ou « Golden Age », ils ont, très oppor­tu­né­ment, appe­lé leur entre­prise « Petits-fils ». Cette struc­ture com­mer­ciale joue à fond sur l’at­ta­che­ment fami­lial : pro­po­ser un ser­vice qui soit aus­si proche que pos­sible d’une pré­sence fami­liale… en voie de disparition.

Petit-fils Canada Dry, en quelque sorte

Petits-fils est à l’i­mage de notre socié­té dans laquelle tout s’a­chète. Heureusement cela ne dure­ra pas car tout cela fonc­tionne à crédit.

Il ne reste plus qu’à espé­rer qu’une petite flamme d’a­mour, non mar­chand, lui­ra dans les familles sur­vi­vantes lorsque toute cette machi­ne­rie finan­cière se sera effondrée.

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Georges Gourdin

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