Apocalypse chrétienne ou parousie libérale ?

par | 18 mai 2023 | 1 com­men­taire

C’est une très belle his­toire, vrai­ment, une magni­fique his­toire. Une his­toire comme on aime­rait en voir tel­le­ment plus sou­vent dans nos joyeuses démo­cra­ties libé­rales. Arnaud et Léo « ont tout pla­qué » (pro­ba­ble­ment pas grand chose) pour mon­ter glo­rieu­se­ment leur « entre­prise » de vente de sous-vête­ments por­tés et « salis ». Arnaud et Léo, c’est deux jeunes métro­sexuels aux traits infan­tiles, de la branche des sodo­mites décom­plexés comme il se doit de nos jours, aimant le rap quand il est doux et les heures per­dues à trans­pi­rer en salle de mus­cu­la­tion, contrô­lant leur pilo­si­té au mil­li­mètre prêt, comme tout bon foot­bal­leur ou tout homme de télé­réa­li­té qui se respecte.

Arnaud Léo

Nos deux jeunes capi­ta­listes en herbe, à la bonne conscience rose-bon­bon, offi­cient depuis deux ans sur OnlyFans, antre cyber­né­tique de l’impudicité effré­née, où vous pou­vez suivre leurs exhi­bi­tions nau­séeuses moyen­nant un abon­ne­ment de treize euros par mois. Pour l’achat d’un de leur short de sport, comp­tez une tren­taine d’euros, six euros sup­plé­men­taires si vous choi­sis­sez l’option « por­té quatre à cinq jours » et dix euros (petit vei­nard) si l’option « avec jus » est vrai­ment celle qu’il vous faut. Pour des chaus­settes, les prix fluc­tuent autour des vingt-cinq euros la paire (options non com­prises), mais s’envolent lit­té­ra­le­ment dès qu’il s’agit de cale­çons… Si vous pei­nez d’ores et déjà à finir le mois, trou­vant dif­fi­ci­le­ment au fond de vos tiroirs tout juste de quoi payer votre abon­ne­ment Netflix et vous offrir un petit tatouage sup­plé­men­taire de temps à autre, alors n’imaginez sur­tout pas pou­voir vous pro­cu­rer le superbe slip Versace, encore taché de foutre, qu’Arnaud por­tait la nuit où il ren­con­tra Léo. Vous pour­rez, pour vous conso­ler, rejoindre leurs cent-mille abon­nés sur TikTok, et suivre, gra­tui­te­ment ce coup-ci, leurs inéga­lables ter­gi­ver­sa­tions exis­ten­tielles et autres petits bisous du quo­ti­dien. Et si de tout ce dur labeur, Arnaud et Léo retirent tous les mois entre cinq et dix mille euros, ras­su­rez-vous, l’argent n’est sur­tout pas leur moti­va­tion pre­mière. Nos deux tour­te­raux inver­tis exercent sans aucun doute ce « métier encore tabou » pour la gloire et la libé­ra­tion finale du genre humain, un peu aus­si sûre­ment parce que c’est cool, cer­tai­ne­ment enfin pour emmer­der les quelques grin­cheux réac­tion­naires qui aime­raient de temps en temps vivre dans un monde un peu moins dégueulasse.

Dans le même temps, la France, pour sa plus grande fier­té, célèbre ces jours-ci les dix ans de pro­mul­ga­tion de la loi auto­ri­sant le mariage contre nature, plus com­mu­né­ment appe­lé « mariage pour tous » dans la nov­langue contem­po­raine. Après des heures et des heures de bour­rage de crâne télé­vi­suel, et plu­sieurs mil­liers de pages de pro­pa­gande dans tous les médias confon­dus, notre tout der­nier homme par­fai­te­ment réédu­qué, libé­ral et démo­cra­tique à sou­hait, plus sûr et fier de lui que jamais, ne man­que­rait pas de vous envoyer direc­te­ment bou­ler au tri­bu­nal le plus proche, si vous aviez l’outrecuidance de lui révé­ler, cette véri­té pour­tant plu­ri­mil­lé­naire, que l’exis­tence de telles pra­tiques est une abo­mi­na­tion. Et si les péchés de la ville de Sodome sont mon­tés en leur temps jusqu’au ciel, comme nous l’enseigne la Genèse, que faut-il donc pen­ser de ceux mon­dia­li­sés d’aujourd’hui, imman­qua­ble­ment accom­pa­gnés d’une pro­mo­tion tou­jours plus per­ver­se­ment ostentatoire ?

Jacob Jacobsz de Wet (1642-1697) - Sodome et Gomorrhe en feu (1680)

Jacob Jacobsz de Wet (1642−1697), Sodome et Gomorrhe en feu (1680, huile sur toile), Hessisches Landesmuseum Darmstadt, Allemagne

Si l’on pense, avec Nicolas Gomez Davila, que « les révo­lu­tions sont des méca­nismes des­ti­nés à adap­ter le monde moderne au pro­gramme de la bour­geoi­sie », alors la parou­sie libé­rale ne devrait plus se trou­ver bien loin devant nous. Sous peu de temps (vrai­ment si peu vous diront les plus opti­mistes), la vie sur terre devrait enfin deve­nir ce para­dis tant atten­du, cet immense Club Med sans fron­tière où les hommes pour­ront enfin libre­ment s’enfiler à l’infini sous un soleil éter­nel et une pluie de bit­coins ininterrompue.

Voici quelques semaines, au Parlement euro­péen, se dérou­lait la désor­mais fameuse affaire dite du « Christ LGBT ».

Antéchrist LGBT

Photo d’Elisabeth Ohlson expo­sée au Parlement euro­péen. L’eurodéputée sué­doise Malin Björk, à l’o­ri­gine de l’ex­po­si­tion, défend « l’in­clu­si­vi­té en matière d’a­mour et même de reli­gion ».

Les imbé­ciles de tout bord, raf­fo­lant de ce genre d’événement, n’ont, comme tou­jours, pas man­qué d’ergoter beau­coup sans jamais rien sai­sir de ce qui se pas­sait réel­le­ment sous leurs yeux. Si les imbé­ciles d’extrême-gauche, à l’initiative de cette sinistre « expo­si­tion », ont été par­fai­te­ment dans leur rôle en se réjouis­sant sans sur­prise de l’écho recueilli par leur triste entre­prise sata­nique, les soi-disants chré­tiens de la droite bour­geoise, spé­cia­li­sés dans l’offuscation col­la­bo­ra­tion­niste, n’eurent pas grand chose à leur envier, révé­lant encore une fois au grand jour (comme si c’était néces­saire) leur par­faite céci­té, se four­voyant jusque dans la foi qu’ils pré­tendent timi­de­ment encore incarner.

Comment, en effet, un chré­tien digne de ce nom, j’entends par là un chré­tien non conta­mi­né par les men­songes et la lâche­té du confu­sion­nisme ambiant, pour­rait-il un ins­tant, avec toute la sin­cé­ri­té de son âme, recon­naître sous les traits de ce faus­saire « raci­sé » enla­cé par la pre­mière tar­louze venue, l’image de Son Seigneur en croix ? En criant bête­ment au blas­phème, les néo-pha­ri­siens euro­péens com­mettent une double erreur d’appréciation, symp­to­ma­tique de l’étiolement de leur foi. Ils oublient tout d’abord que le Christ lui-même, du temps de son minis­tère ter­restre, est allé au devant de toutes les humi­lia­tions pos­sibles et inima­gi­nables ; et sur­tout, et c’est bien là le plus grave dans cette his­toire, ils confondent impar­don­na­ble­ment la repré­sen­ta­tion de leur Maître avec celle d’un « Antéchrist LGBT » dont l’identité fal­la­cieuse devrait pour­tant cre­ver les yeux de tout véri­table chrétien.

Baudelaire, écri­vain dan­tesque et déchif­freur pré­mo­ni­toire de notre moder­ni­té, nous avait déjà pré­ve­nus qu’il était « plus dif­fi­cile aux gens de [son] siècle de croire au Diable que de l’aimer », ajou­tant que « Tout le monde le sert et per­sonne n’y croit ».Charles Baudelaire- diable - portrait Fabrizio Cassetta

Deux siècles plus tard, plus au bord de l’abîme que jamais, alors même qu’une ins­ti­tu­tion aus­si démo­niaque que le Parlement euro­péen, por­tée par le vent par­ti­cu­liè­re­ment favo­rable d’une époque orgueilleu­se­ment apos­tate, décide d’assumer enfin sa véri­table allé­geance à visage décou­vert (comme les pirates his­saient jadis leur funeste pavillon noir avant l’abordage), nous conti­nuons dérai­son­na­ble­ment de croire que le diable n’existe pas.

Abraham, négo­ciant avec l’Éternel, obtint de Lui la pro­messe qu’Il ne détrui­rait pas Sodome s’Il y trou­vait ne serait-ce que dix justes. Sodome - 7 trompettes

Au moment venu, lorsque la sep­tième et der­nière trom­pette reten­ti­ra, le Fils de l’homme trou­ve­ra-t-il encore par­mi nous un seul et unique juste ?

Tom Benejam

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Tom Benejam

1 commentaire

  1. Il n’y a point de juste, pas même un seul. Romains 3:10

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