Apocalypse chrétienne ou parousie libérale ?
C’est une très belle histoire, vraiment, une magnifique histoire. Une histoire comme on aimerait en voir tellement plus souvent dans nos joyeuses démocraties libérales. Arnaud et Léo « ont tout plaqué » (probablement pas grand chose) pour monter glorieusement leur « entreprise » de vente de sous-vêtements portés et « salis ». Arnaud et Léo, c’est deux jeunes métrosexuels aux traits infantiles, de la branche des sodomites décomplexés comme il se doit de nos jours, aimant le rap quand il est doux et les heures perdues à transpirer en salle de musculation, contrôlant leur pilosité au millimètre prêt, comme tout bon footballeur ou tout homme de téléréalité qui se respecte.
Nos deux jeunes capitalistes en herbe, à la bonne conscience rose-bonbon, officient depuis deux ans sur OnlyFans, antre cybernétique de l’impudicité effrénée, où vous pouvez suivre leurs exhibitions nauséeuses moyennant un abonnement de treize euros par mois. Pour l’achat d’un de leur short de sport, comptez une trentaine d’euros, six euros supplémentaires si vous choisissez l’option « porté quatre à cinq jours » et dix euros (petit veinard) si l’option « avec jus » est vraiment celle qu’il vous faut. Pour des chaussettes, les prix fluctuent autour des vingt-cinq euros la paire (options non comprises), mais s’envolent littéralement dès qu’il s’agit de caleçons… Si vous peinez d’ores et déjà à finir le mois, trouvant difficilement au fond de vos tiroirs tout juste de quoi payer votre abonnement Netflix et vous offrir un petit tatouage supplémentaire de temps à autre, alors n’imaginez surtout pas pouvoir vous procurer le superbe slip Versace, encore taché de foutre, qu’Arnaud portait la nuit où il rencontra Léo. Vous pourrez, pour vous consoler, rejoindre leurs cent-mille abonnés sur TikTok, et suivre, gratuitement ce coup-ci, leurs inégalables tergiversations existentielles et autres petits bisous du quotidien. Et si de tout ce dur labeur, Arnaud et Léo retirent tous les mois entre cinq et dix mille euros, rassurez-vous, l’argent n’est surtout pas leur motivation première. Nos deux tourteraux invertis exercent sans aucun doute ce « métier encore tabou » pour la gloire et la libération finale du genre humain, un peu aussi sûrement parce que c’est cool, certainement enfin pour emmerder les quelques grincheux réactionnaires qui aimeraient de temps en temps vivre dans un monde un peu moins dégueulasse.
Dans le même temps, la France, pour sa plus grande fierté, célèbre ces jours-ci les dix ans de promulgation de la loi autorisant le mariage contre nature, plus communément appelé « mariage pour tous » dans la novlangue contemporaine. Après des heures et des heures de bourrage de crâne télévisuel, et plusieurs milliers de pages de propagande dans tous les médias confondus, notre tout dernier homme parfaitement rééduqué, libéral et démocratique à souhait, plus sûr et fier de lui que jamais, ne manquerait pas de vous envoyer directement bouler au tribunal le plus proche, si vous aviez l’outrecuidance de lui révéler, cette vérité pourtant plurimillénaire, que l’existence de telles pratiques est une abomination. Et si les péchés de la ville de Sodome sont montés en leur temps jusqu’au ciel, comme nous l’enseigne la Genèse, que faut-il donc penser de ceux mondialisés d’aujourd’hui, immanquablement accompagnés d’une promotion toujours plus perversement ostentatoire ?
Si l’on pense, avec Nicolas Gomez Davila, que « les révolutions sont des mécanismes destinés à adapter le monde moderne au programme de la bourgeoisie », alors la parousie libérale ne devrait plus se trouver bien loin devant nous. Sous peu de temps (vraiment si peu vous diront les plus optimistes), la vie sur terre devrait enfin devenir ce paradis tant attendu, cet immense Club Med sans frontière où les hommes pourront enfin librement s’enfiler à l’infini sous un soleil éternel et une pluie de bitcoins ininterrompue.
Voici quelques semaines, au Parlement européen, se déroulait la désormais fameuse affaire dite du « Christ LGBT ».
Les imbéciles de tout bord, raffolant de ce genre d’événement, n’ont, comme toujours, pas manqué d’ergoter beaucoup sans jamais rien saisir de ce qui se passait réellement sous leurs yeux. Si les imbéciles d’extrême-gauche, à l’initiative de cette sinistre « exposition », ont été parfaitement dans leur rôle en se réjouissant sans surprise de l’écho recueilli par leur triste entreprise satanique, les soi-disants chrétiens de la droite bourgeoise, spécialisés dans l’offuscation collaborationniste, n’eurent pas grand chose à leur envier, révélant encore une fois au grand jour (comme si c’était nécessaire) leur parfaite cécité, se fourvoyant jusque dans la foi qu’ils prétendent timidement encore incarner.
Comment, en effet, un chrétien digne de ce nom, j’entends par là un chrétien non contaminé par les mensonges et la lâcheté du confusionnisme ambiant, pourrait-il un instant, avec toute la sincérité de son âme, reconnaître sous les traits de ce faussaire « racisé » enlacé par la première tarlouze venue, l’image de Son Seigneur en croix ? En criant bêtement au blasphème, les néo-pharisiens européens commettent une double erreur d’appréciation, symptomatique de l’étiolement de leur foi. Ils oublient tout d’abord que le Christ lui-même, du temps de son ministère terrestre, est allé au devant de toutes les humiliations possibles et inimaginables ; et surtout, et c’est bien là le plus grave dans cette histoire, ils confondent impardonnablement la représentation de leur Maître avec celle d’un « Antéchrist LGBT » dont l’identité fallacieuse devrait pourtant crever les yeux de tout véritable chrétien.
Baudelaire, écrivain dantesque et déchiffreur prémonitoire de notre modernité, nous avait déjà prévenus qu’il était « plus difficile aux gens de [son] siècle de croire au Diable que de l’aimer », ajoutant que « Tout le monde le sert et personne n’y croit ».
Deux siècles plus tard, plus au bord de l’abîme que jamais, alors même qu’une institution aussi démoniaque que le Parlement européen, portée par le vent particulièrement favorable d’une époque orgueilleusement apostate, décide d’assumer enfin sa véritable allégeance à visage découvert (comme les pirates hissaient jadis leur funeste pavillon noir avant l’abordage), nous continuons déraisonnablement de croire que le diable n’existe pas.
Abraham, négociant avec l’Éternel, obtint de Lui la promesse qu’Il ne détruirait pas Sodome s’Il y trouvait ne serait-ce que dix justes.
Au moment venu, lorsque la septième et dernière trompette retentira, le Fils de l’homme trouvera-t-il encore parmi nous un seul et unique juste ?
Tom Benejam
Il n’y a point de juste, pas même un seul. Romains 3:10