Une prière pour Zakhar

par | 9 mai 2023 | 3 Commentaires 

Qui connaî­trait chez nous tous ces noms héroïques, celui du légen­daire pré­sident de la République popu­laire de Donetsk Alexandre Zakhartchenko, l’anti-Zelensky par excel­lence, celui d’Arseni Pavlov (dit Motorola), chef mythique du bataillon Sparta, ou encore celui de Vladimir Joga (dit Vokha), son fidèle et cou­ra­geux suc­ces­seur, et ceux de tous les autres héros et mar­tyrs venus fou­ler le sol du Donbass au cours de ces dix der­nières années, sans les œuvres majeures et ines­ti­mables que repré­sentent Ceux du Donbass et Certains n’i­ront pas en enfer, écrites dans la sobrié­té d’un style débor­dant de véri­té par l’incontournable Zakhar Prilepine ?

Zakhar Prilepine - Ceux du Donbass Zakhar Prilepine - Certains n-iront pas en enfer Zakhar Prilepine - Archipel des Solovki

Issu d’une gauche tumul­tueuse sor­tie tout droit des champs de ruines du chaos post-sovié­tique, rom­pu au coup de feu au cours de la pre­mière guerre de Tchétchénie, naz­bol(1) dans l’âme pour tou­jours et éper­du­ment fier de sa rus­si­té, Zakhar Prilepine aura réus­si l’ex­ploit, incon­ce­vable sous nos contrées irré­mé­dia­ble­ment embour­geoi­sées, de pas­ser du vain sta­tut ado­les­cent de mili­tant à celui, deve­nu si rare, car adulte et his­to­rique, de par­ti­san. Et si les imbé­ciles de Libération, d’Actes Sud, des Inrocks et de toute la clique bien­pen­sante de la vieille gauche fran­çaise déran­gée (à défaut d’être déran­geante) l’ont por­té au pinacle jusqu’en 2014 et L’Archipel des Solovki, ne vou­lant voir en lui qu’un doux ban­dit révo­lu­tion­naire mi-rocker mi-punk, repre­nant vaillam­ment le flam­beau de la dis­si­dence poli­tique à Anna Politkovskaïa au sein de la Novaïa Gazeta, force est de consta­ter que la réa­li­té du conflit du Donbass, avec le moment de véri­té qu’il a néces­sai­re­ment impo­sé, aura révé­lé à nos tristes révo­lu­tion­naires d’opérettes pari­siennes le véri­table Zakhar Prilepine. Ces bons bour­geois, qui ne par­viennent à per­ce­voir le monde et la réa­li­té qu’à tra­vers le prisme réduc­teur de leur infâme petit miroir égo­tique, auront appris à leur dépend que toute dis­si­dence anti-pou­ti­nienne était loin d’être benoî­te­ment libé­rale. En se révé­lant, dès le début du conflit, fervent chré­tien et défen­seur jusqu’au-boutiste de sa Sainte Russie, Zakhar Prilepine a rejoint Alexandre Douguine au rang des parias abso­lus et autres « ultra-natio­na­listes » de commodités.

Zakhar Prilepine

Épargné au cours de ces der­nières années dans un Donbass voué au feu et au sang, et où il aura vu mou­rir l’un après l’autre ses plus braves frères d’armes, c’est fina­le­ment dans la région de Nijni-Novgorod, dans son petit vil­lage situé à 900 km du front, sur un che­min de terre ser­pen­tant à tra­vers les arbres, que Zakhar Prilepine aura rou­lé ce same­di 6 mai sur une mine posée ce matin-là à son inten­tion. Après avoir tué l’été der­nier la jour­na­liste Daria Douguina(2), fille d’Alexandre Douguine, puis le blo­gueur Maxime Fomine (dit Vladen Tatarsky) le mois der­nier, c’est cette fois-ci une figure encore plus ico­nique que les ter­ro­ristes de l’Internationale ban­dé­riste ont cher­ché à éli­mi­ner en s’en pre­nant à l’écrivain-combattant Zakhar Prilepine. Personne d’autre que lui ne pou­vait sur­vivre à la puis­sance d’une telle explo­sion, pas même son frère d’arme et fidèle garde du corps Shubin, mal­heu­reux pas­sa­ger assis à ses côtés ce jour-là. Miraculé, les deux jambes cas­sés, c’est un Zakhar Prilepine plus dos­toïevs­kien que jamais qui nous écrit tout juste sor­ti du coma arti­fi­ciel dans lequel il avait été tem­po­rai­re­ment plon­gé : « Aux démons : vous n’intimiderez per­sonne. Dieu existe. Nous allons gagner. » Zakhar Prilepine se remet­tra sur pied, il repren­dra de plus belle le com­bat qui sera toute sa vie le sien et ter­mi­ne­ra la cha­pelle de son vil­lage qu’ils avaient com­men­cée à construire avec son ami Shubin.

La Russie, à tra­vers ses glo­rieux repré­sen­tants que nous venons de citer, incarne plus que jamais pour notre Occident-col­lec­tif en voie de déli­te­ment final, l’insupportable miroir en néga­tif de notre propre décré­pi­tude vitale et spirituelle.

Car si nous avons fait nôtre la spé­cia­li­té de nous repen­tir sans fin de notre pas­sé, ce n’est que pour mieux oublier l’in­fâme pré­sent dans lequel nous nous vau­trons tous sans dis­cer­ne­ment un peu plus chaque jour. Après avoir vidé le ciel de sa cité et du Dieu qui y régnait, vidé les mers de leurs pois­sons et les forêts de leurs bêtes sau­vages, vidé enfin les corps de leurs âmes encom­brantes, l’Occident ago­ni­sant, dans ses der­niers sou­bre­sauts, uti­lise en vain le chaos comme ultime rou­leau com­pres­seur de sa sté­ri­li­té enva­his­sante. De Ben Laden à Al Nosra, en pas­sant par l’UÇK, l’Occident-col­lec­tif sous tutelle amé­ri­caine pour­suit son œuvre nihi­liste en Ukraine avec son sou­tien hys­té­rique au ter­ro­risme bandériste.

Face à ce déclin civi­li­sa­tion­nel semble-t-il irré­mé­diable, la rus­so­phi­lie, et à tra­vers elle l’exemple des sla­vo­philes, nous appa­raît comme un remède des plus pré­cieux qu’il soit.

Il se trouve, para­doxa­le­ment, que le moindre brouillon de Dostoïevski ou Léontiev contient, pour tout véri­table Français, infi­ni­ment plus de res­sources spi­ri­tuelles sal­va­trices, que dans la tota­li­té des œuvres com­plètes en Pléiade de nos fou­tues Lumières. Et s’il n’existait aujourd’hui même qu’un seul Zakhar Prilepine en France, par le miracle de la conta­gion du cou­rage cher à Soljenitsyne, la face mori­bonde de notre pauvre pays pour­rait en être radi­ca­le­ment changée.

Car Zakhar écrit des livres pour nous réveiller, Zakhar combat les armes à la main pour la vérité et Zakhar bâtit des chapelles pour l’éternité.

Zakhar est en défi­ni­tive le grand-frère cou­ra­geux qui manque ici aux hommes n’ayant pas encore renon­cé à l’usage de leur cœur et de leur mémoire. Loin du car­can idéo­lo­gique étri­qué qu’on lui prête, et de toute forme de natio­na­lisme impos­sible, Zakhar a pris, pour sa plus grande gloire et celle de son peuple, le par­ti de la Tradition et de la fidé­li­té à ses ancêtres.

Les Russes ont Zakhar Prilepine et les héros qu’ils méritent, la France, de son côté, Samuel Paty. Prions pour Zakhar, prions pour la Sainte Russie, lisons et reli­sons ses livres pour nous si pré­cieux. Prions pour le réveil d’une France en dor­mance, ne nous lais­sons pas zigouiller et émas­cu­ler sur l’autel vani­teux d’une laï­ci­té dés­in­car­née qui n’existera jamais.

Tom Benejam
9 mai 2023

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Tom Benejam

NDLR : Lire éga­le­ment la recen­sion de Certains n’i­ront pas en enfer publiée le 9 juin 2022 par Emmanuelle Caminade.

3 Commentaires 

  1. Complément à mon pré­cé­dent mes­sage : Lublin (Pologne) constate une aug­men­ta­tion « anor­male » de la radio­ac­ti­vi­té dans ses environs.

    Le Patriot détruit : 5 morts ukro-ota­­niens, dont « 2 ins­truc­teurs étran­gers » – tra­duc­tion : US.

    (sources : Histoire et Société, topic jour­na­lier sur le 17 mai)

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  2. Merci pour cet éloge, effectivement. 

    Au fait, qui a enten­du par­ler de Khmelnitsky ? Cette ville uknaze, au sud de Lvov, a vu 3 de ses dépôts mili­taires détruits ce same­di par des frappes russes (mis­siles Kalibr ou drones sui­cides Géran 2).
    Or, l’un de ces dépôts conte­nait des armes à ura­nium appau­vri, donc radio­ac­tives. Depuis « il y a du sou­ci » pour les popu­la­tions de l’ouest uknaze, de Pologne, et même d’Allemagne ; et, sauf erreur de ma part, aucune info en France… Pourtant, depuis lun­di, nous avons un vent d’est ! Lavez bien vos fruits et légumes du jardin !

    Autre info, « moins mena­çante », et fai­sant plai­sir : un sys­tème SAM Patriot détruit dans la région de Kiev par un Kinjal, même CNN parle « d’une uni­té Patriot endom­ma­gée », ce qui est un aveu, car le Kinjal lou­pé sa cible (incon­nu à ce jour) ou la détruit tout simplement. 

    Sources : Top War RU, Avia-Pro, Histoire et Société (son topic jour­na­lier des opé­ra­tions), et numidia-liberum.blogspot.com.

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  3. Merci pour ce remar­quable éloge qui fait du bien à l’âme !

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