Les Lacs du Connemara contre Boum Boum Baby : le choc des Titans

par | 16 août 2023 | 4 Commentaires 

Une jeune et, peut-être, talen­tueuse chan­teuse a récem­ment défrayé la chro­nique, comme on dit conven­tion­nel­le­ment, en s’attaquant à une chan­son du réper­toire du chan­teur Michel Sardou.

Interrogée sur la chan­son qui pour­rait lui faire quit­ter une soi­rée, Juliette Armanet (notre illus­tra­tion ci-des­sus) n’a pas mis long­temps à répondre. « Trois fois Les Lacs du Connemara, je pense ». Avant de déve­lop­per son avis sur ce célèbre titre inter­gé­né­ra­tion­nel : « C’est vrai­ment une chan­son qui me dégoûte pro­fon­dé­ment. Le côté scout, sec­taire, la musique est immonde… C’est de droite, rien ne va », a étrillé l’interprète de « L’Amour en soli­taire(1) ».

Nous avons immé­dia­te­ment pen­sé que Juliette Armanet, la chan­teuse en ques­tion, devait avoir de sacrés argu­ments à oppo­ser à ce monu­ment de la chan­son popu­laire, d’où le titre de notre article. Nous devons avouer que nous n’avions jamais enten­du par­ler de ce pro­bable génie en herbe qui n’hésitait pas à défier l’un des plus grands chan­teurs de varié­tés fran­çais. Quelle bra­vi­tude ! comme dirait Ségolène.

Derechef, nous nous sommes mis en quête de sa pro­duc­tion ; par exemple, une pres­ta­tion en direct qui nous don­ne­rait une idée de son talent ; nous l’avons décou­verte dans l’interprétation d’une chan­son, une vidéo qui accom­pa­gnait un article des Inrocks, en fait, les Inrockcuptibles(2).

Veuillez nous par­don­ner cette apo­cope, nous sommes trop « bran­chés » ; nous avons décou­vert dans cette vidéo une petite bonne femme qui jouait du pia­no en s’accompagnant d’une voix haut per­ché ; mal­heu­reu­se­ment, nous n’avons pas pu retrans­crire le texte auquel nous n’avons rien com­pris, la don­zelle ava­lant la moi­tié de ses mots dans ses envo­lées.
Elle inter­pré­tait une chan­son qui s’appelle “Solo sur mon île, sur ma plage”, qui est, selon la revue des jeunes macro­nistes (et autres déjan­tés confor­mistes – oui, en même temps) « son titre le plus connu et peut-être le plus emblé­ma­tique de son style – ce doux mélange de roman­tisme pur jus, d’écriture cise­lée et de jeux de mots dadaïstes. » Tiens, voi­là qui nous fait pen­ser à Julius Evola(3) qui fut l’une des grandes figures de cette ten­dance artis­tique déli­bé­ré­ment révo­lu­tion­naire. On peut parier que la jou­ven­celle n’a jamais enten­du par­ler du divin baron qui ani­ma le mou­ve­ment dadaïste en 1920 et en 1921 et, d’ailleurs, elle aurait été hor­ri­fiée en appre­nant qu’il demeure le chantre de la Tradition, qui consti­tue le concept sur lequel elle vomit en abon­dance.
Elle a encore confié aux Inrocks dans ce même article : « Ce qui m’importe dans une chan­son, c’est l’émotion qu’elle pro­cure ».
Diable ! Nous nous sommes donc mis en quête de paroles dont nous avions été pri­vés et nous sommes tom­bés tout de suite sur ce qui pour­rait être vu comme une prouesse abso­lue (« l’écriture cise­lée » dont parlent les Inrocks ?) dont le titre est : Boum, Boum, Baby.
Oui, bon, n’ayons pas de pré­ju­gés dès l’abord. Voyons plu­tôt le texte :

J’veux pas d’chocolats
j’veux pas d’joujoux
Non, non, j’veux juste ce mec-là
Point, c’est tout
J’veux pas d’opéra
J’veux pas d’froufrous
juste ce mec-là
Point, bas­ta
Car il m’fait
Boum boum baby, boum boum baby
Boum boum baby, boum boum baby
Boum boum baby, boum boum baby
J’en suis fou, hein, oh
Boum boum baby, boum boum baby
Boum boum baby, boum boum baby
Boum boum baby, boum boum baby
J’en suis fou
Ce love tem­po, c’est mon poème, oh, oh, oh
Le plus cool des « je t’aime« 
J’veux pas chan­ger d’disque
J’m’enroule en boucle
Give me ce mec-là, ha-ah-ah-ah
Point, bas­ta
Car où que je sois
J’entends dedans, en moi
Mon cœur qui clap
Un fee­ling qui tapе
Qui fait
Boum boum baby, boum boum baby
Boum boum baby, boum boum baby
Boum boum baby, boum boum baby
J’en suis fou, ouh-ouh, huh-oh
Boum boum baby, boum boum baby
Boum boum baby, boum boum baby
Boum boum baby, boum boum baby
J’en suis fou
Cе love tem­po, c’est mon poème
Le plus cool des « je t’aime« 
Boum boum baby, boum boum baby
Boum boum baby, boum boum baby
Boum boum baby, boum boum baby
J’en suis fou, ouh-ouh (j’en suis fou, ouh-ouh)
Boum boum baby, boum boum baby
Boum boum baby, boum boum baby
Boum boum baby, boum boum baby
Boum boum baby, boum boum baby
J’en suis fou(4) »

Et voi­là le tra­vail. Nous en res­tons bouche bée. Comment avons-nous failli rater un tel chef‑d’œuvre ?

Donc, pas­sons au match :
• à ma gauche, la chan­son Boum Boum Baby, repré­sen­tée par Juliette Armanet et,
• à ma droite, Les lacs du Connemara(5)
, défen­due par Michel Sardou, qui raconte un mariage en ancienne Irlande.
Voyons les paroles de cette dernière :

Terre brû­lée au vent
Des landes de pierres
Autour des lacs, c’est pour les vivants
Un peu d’en­fer, le Connemara
Des nuages noirs qui viennent du nord
Colorent la terre, les lacs, les rivières
C’est le décor du Connemara
Au prin­temps sui­vant, le ciel irlan­dais était en paix
Maureen a plon­gé nue dans un lac du Connemara
Sean Kelly s’est dit « je suis catho­lique », Maureen aus­si
L’église en gra­nit de Limerick, Maureen a dit « oui« 
De Tipperary, Barry-Connelly et de Galway
Ils sont arri­vés dans le com­té du Connemara
Y avait les Connors, les O’Connolly, les Flaherty du Ring of Kerry
Et de quoi boire trois jours et deux nuits
Là-bas, au Connemara
On sait tout le prix du silence
Là-bas, au Connemara
On dit que la vie, c’est une folie
Et que la folie, ça se danse
Terre brû­lée au vent
Des landes de pierres
Autour des lacs, c’est pour les vivants
Un peu d’en­fer, le Connemara
Des nuages noirs qui viennent du nord
Colorent la terre, les lacs, les rivières
C’est le décor du Connemara
On y vit encore au temps des Gaëls et de Cromwell
Au rythme des pluies et du soleil
Aux pas des che­vaux
On y croit encore aux monstres des lacs
Qu’on voit nager cer­tains soirs d’é­té
Et replon­ger pour l’é­ter­ni­té
On y voit encore
Des hommes d’ailleurs venus cher­cher
Le repos de l’âme et pour le cœur, un goût de meilleur
L’on y croit encore
Que le jour vien­dra, il est tout près
Où les Irlandais feront la paix autour de la Croix
Là-bas, au Connemara
On sait tout le prix de la guerre
Là-bas, au Connemara
On n’ac­cepte pas
La paix des Gallois
Ni celle des rois d’Angleterre

Bien, trêve de plai­san­te­rie. Je laisse la parole à Jacques Revaux(6), qui est, lui, un com­po­si­teur de musique sub­til et inven­tif tout autant que l’est le paro­lier Pierre Delanoë dans son domaine. Pour le grand public, qui ne se pré­oc­cupe que très peu de ce qui se passe dans les cou­lisses et qui ne connaît pas tou­jours ces hommes et ces femmes de l’ombre qui font la répu­ta­tion d’un inter­prète, seul, le nom de Michel Sardou est connu et ado­ré comme une idole.

Cette chan­son, Les lacs du Connemara, est incon­tes­ta­ble­ment la plus abou­tie du réper­toire fran­çais popu­laire contem­po­rain. La preuve en est qu’elle est plé­bis­ci­tée par le public en per­ma­nence depuis l’année de sa créa­tion en 1981.

Mais pourquoi cette haine ? Pourquoi s’attaquer à cette chanson précisément ?

D’abord pour son suc­cès popu­laire ; les gens de cette gauche mon­daine détestent le Peuple ; d’ailleurs, pour­quoi faire per­du­rer cette dicho­to­mie mal­saine comme le fait Juliette Armanet en tor­dant la bouche quand elle pro­nonce le mot « droite » ? Peut-être aus­si parce que cette chan­son porte en elle tous les ingré­dients et toutes les valeurs qui ont fait le génie de notre peuple et qui sont à l’exact oppo­sé de toutes les idées « pro­gres­sistes » et déca­dentes que nos diri­geants veulent nous imposer.

Même si les paroles de cette chan­son font expli­ci­te­ment réfé­rence à l’histoire catho­lique de l’Irlande, la chan­son nous ren­voie incons­ciem­ment à un pas­sé loin­tain (tout est rela­tif) anté­rieur à l’arrivée du chris­tia­nisme en Gaule, il y a donc bien plus de 2000 ans. La Gaule ? Quel rap­port avec l’Irlande ? Mais les Français d’aujourd’hui ne savent plus, ou ne l’ont jamais su, que nos ancêtres les Gaulois sont des Celtes, et même les plus nom­breux de la grande nation celte, sur le ter­ri­toire le plus éten­du de cette eth­nie ; nous por­tons tous en nous ses gènes et notre ADN en est consti­tué en majeure par­tie ; nous sommes là bien loin des apports exo­tiques que nos modernes his­to­riens peinent à exhu­mer pour faire de la France une nation « métis­sée », sauf à lui adjoindre la branche ita­lienne des Gaulois, les Insubres au nord de l’Italie qui ont fon­dé Milan, ou sa branche espa­gnole, les Celtibères, l’une et l’autre pénin­sule (ita­lienne et ibé­rique) ayant consti­tué majo­ri­tai­re­ment l’apport soi-disant « étran­ger » à nos Gaulois français.

Voilà, peut-être, ce qui doit déplaire à notre « artiste », si tant est qu’elle ait une vague idée des ori­gines du pays qu’elle habite. Car sa réac­tion épi­der­mique concer­nant cette chan­son – qui consiste sim­ple­ment à nier farou­che­ment toute trace de pas­sé, d’origine, d’histoire, de nature, vu comme quelque chose de dégoû­tant, selon le terme employé par Juliette Armanet – nous amène à nous deman­der si ce com­por­te­ment n’est pas annon­cia­teur de l’une des pre­mières phases d’un pro­ces­sus ini­tié par le Système qui, s’inspirant du concept trans­hu­ma­niste, vise­rait à la pro­duc­tion d’être hybrides, plus tout à fait humains, pas encore com­plè­te­ment robo­ti­sés, un peu comme les indus­triels de l’agroalimentaire pro­duisent des tomates hors-sol, arti­fi­cielles, qui n’ont plus aucune attache avec le sol ou la nature, nour­ries d’éléments chi­miques et for­ma­tées sur un mode uni­forme sus­cep­tible de plaire au plus grand nombre, avec de jolies cou­leurs et de jolies formes, mais com­plè­te­ment insipides.

Tomates-hors-sol

Ces êtres hybrides, uni­que­ment pré­oc­cu­pés de leur petites per­sonnes, atten­tifs à toutes les nou­velles ten­dances, empor­tés comme les feuilles mortes au moindre coup de vent, pul­lulent déjà dans les quar­tiers à la mode de Paris ou des grandes villes, et dans les pro­fes­sions et espaces sociaux choyés par nos gou­ver­nants (presse, milieux artis­tiques, mino­ri­tés de toutes sortes agres­sives et reven­di­ca­tives) car ils servent de relais média­tiques à toutes les injonc­tions des­ti­nées à contraindre ce petit peuple fran­çais fait de chair et de sang, et ils servent éga­le­ment de paravent, ou de modèles, aux pires per­ver­sions pro­mues et exer­cées par la caste mondialiste.

Nous ne savons pas quelle est la durée de vie de ces coques vides mais, nous réfé­rant aux lois de la nature, nous savons qu’un arbre pri­vé de ses racines meurt dans des délais rela­ti­ve­ment courts.

Pierre-Émile Blairon


On se fait un petit plai­sir (vidéo, cli­quez sur le lien ci-des­sous) :
Michel Sardou – Les Lacs du Connemara – Olympia 1995


Pierre-Émile Blairon est l’auteur d’un cer­tain nombre de livres liés à l’Histoire, notam­ment de la Provence, de Nostradamus à Giono et à la fin du Cycle :

Pierre-Émile Blairon - Iceberg
Pierre-Émile Blairon - Chronique fin cycle - Enfers parodisiaques
Pierre-Émile Blairon - La roue et le sablier - Bagages pour franchir le gué
Pierre-Émile Blairon - Le messager des dieux
Pierre-Émile Blairon - Livre Tradition primordiale

Les articles du même auteur

Pierre-Émile Blairon

Source : Musixmatch. Paroliers : Victor Le Masne /​Juliette Anne Solange Armanet. (Ils s’y sont mis à deux pour les paroles, sans doute pour comp­ter les boum boum baby)

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Source : LyricFin. Paroliers : Jacques Revaux /​Michel Sardou /​Pierre Delanoë
Q

4 Commentaires 

  1. Les « artistes » (ah bon ?) actuels n’ont, depuis long­temps en France, aucun, mais abso­lu­ment aucun talent. Aucun ne m’é­meut (je ne res­sens rien en lisant le texte de « boom, boom …), pour­tant, j’a­dore la musique.

    J’ai sur mon télé­phone qui me sert main­te­nant d’Ipod tout un réper­toire (« play­list » on dit) très hété­ro­clite : de « Lacrymosa » de Mozart, en pas­sant par Schubert, j’ai du rap amé­ri­cain (le seul bon), de l’élec­tro, du Métal Indus, du Death Metal, de la varié­té fran­çaise (la vraie : Chelon, Brassens, Béart, Le Forestier, Brel…), de la varié­té étran­gère (bré­si­lienne, amé­ri­caine et anglaise de 58 à 90, méxi­caine), de la musique « exo­tique » (de Scandinavie, de Mongolie…), du Delta Blues amé­ri­cain, etc,etc…

    Tout çà sur la très mau­vaise pente de la soixan­taine. Les jeunes qui écoutent mon réper­toire me « kiffent », mais aucun « artiste fran­çais actuel » n’a de chance d’y être intégré.

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  2. Les Lacs du Connemara, une superbe chan­son de ma jeu­nesse. Pour ce qui est de cette néo-« artiste », je n’ai même pas envie de l” écouter.

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  3. « J’veux pas d’chocolats
    j’veux pas d’joujoux »
    Non, non, j’veux juste ce mec-là, Pierre-Emile Blairon qui a écrit ici un bel article, à ma gloire fina­le­ment …« trop beau
    Point, c’est tout »

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    • Dans la vie il vaut mieux pas­ser pour une conne que de l ouvrir comme elle l a fait, et ne lais­ser aucun doute

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