Les Lacs du Connemara contre Boum Boum Baby : le choc des Titans
Une jeune et, peut-ĂŞtre, talenÂtueuse chanÂteuse a rĂ©cemÂment dĂ©frayĂ© la chroÂnique, comme on dit convenÂtionÂnelÂleÂment, en s’attaquant Ă une chanÂson du rĂ©perÂtoire du chanÂteur Michel Sardou.
InterrogĂ©e sur la chanÂson qui pourÂrait lui faire quitÂter une soiÂrĂ©e, Juliette Armanet (notre illusÂtraÂtion ci-desÂsus) n’a pas mis longÂtemps Ă rĂ©pondre. « Trois fois Les Lacs du Connemara, je pense ». Avant de dĂ©veÂlopÂper son avis sur ce cĂ©lèbre titre interÂgĂ©ÂnĂ©ÂraÂtionÂnel : « C’est vraiÂment une chanÂson qui me dĂ©goĂ»te proÂfonÂdĂ©Âment. Le cĂ´tĂ© scout, secÂtaire, la musique est immonde… C’est de droite, rien ne va », a Ă©trillĂ© l’interprète de « L’Amour en soliÂtaire(1) ».
Nous avons immĂ©ÂdiaÂteÂment penÂsĂ© que Juliette Armanet, la chanÂteuse en quesÂtion, devait avoir de sacrĂ©s arguÂments Ă oppoÂser Ă ce monuÂment de la chanÂson popuÂlaire, d’oĂą le titre de notre article. Nous devons avouer que nous n’avions jamais entenÂdu parÂler de ce proÂbable gĂ©nie en herbe qui n’hĂ©sitait pas Ă dĂ©fier l’un des plus grands chanÂteurs de variĂ©ÂtĂ©s franÂçais. Quelle braÂviÂtude ! comme dirait SĂ©golène.
Derechef, nous nous sommes mis en quĂŞte de sa proÂducÂtion ; par exemple, une presÂtaÂtion en direct qui nous donÂneÂrait une idĂ©e de son talent ; nous l’avons dĂ©couÂverte dans l’interprĂ©tation d’une chanÂson, une vidĂ©o qui accomÂpaÂgnait un article des Inrocks, en fait, les Inrockcuptibles(2).
Veuillez nous parÂdonÂner cette apoÂcope, nous sommes trop « branÂchĂ©s » ; nous avons dĂ©couÂvert dans cette vidĂ©o une petite bonne femme qui jouait du piaÂno en s’accompagnant d’une voix haut perÂchĂ© ; malÂheuÂreuÂseÂment, nous n’avons pas pu retransÂcrire le texte auquel nous n’avons rien comÂpris, la donÂzelle avaÂlant la moiÂtiĂ© de ses mots dans ses envoÂlĂ©es.
Elle interÂprĂ©Âtait une chanÂson qui s’appelle “Solo sur mon Ă®le, sur ma plage”, qui est, selon la revue des jeunes macroÂnistes (et autres dĂ©janÂtĂ©s conforÂmistes – oui, en mĂŞme temps) « son titre le plus connu et peut-ĂŞtre le plus emblĂ©ÂmaÂtique de son style – ce doux mĂ©lange de romanÂtisme pur jus, d’écriture ciseÂlĂ©e et de jeux de mots dadaĂŻstes. » Tiens, voiÂlĂ qui nous fait penÂser Ă Julius Evola(3) qui fut l’une des grandes figures de cette tenÂdance artisÂtique dĂ©liÂbĂ©ÂrĂ©Âment rĂ©voÂluÂtionÂnaire. On peut parier que la jouÂvenÂcelle n’a jamais entenÂdu parÂler du divin baron qui aniÂma le mouÂveÂment dadaĂŻste en 1920 et en 1921 et, d’ailleurs, elle aurait Ă©tĂ© horÂriÂfiĂ©e en appreÂnant qu’il demeure le chantre de la Tradition, qui constiÂtue le concept sur lequel elle vomit en abonÂdance.
Elle a encore confiĂ© aux Inrocks dans ce mĂŞme article : « Ce qui m’importe dans une chanÂson, c’est l’émotion qu’elle proÂcure ».
Diable ! Nous nous sommes donc mis en quĂŞte de paroles dont nous avions Ă©tĂ© priÂvĂ©s et nous sommes tomÂbĂ©s tout de suite sur ce qui pourÂrait ĂŞtre vu comme une prouesse absoÂlue (« l’écriture ciseÂlĂ©e » dont parlent les Inrocks ?) dont le titre est : Boum, Boum, Baby.
Oui, bon, n’ayons pas de prĂ©ÂjuÂgĂ©s dès l’abord. Voyons pluÂtĂ´t le texte :
J’veux pas d’chocolats
j’veux pas d’joujoux
Non, non, j’veux juste ce mec-lĂ
Point, c’est tout
J’veux pas d’opéra
J’veux pas d’froufrous
juste ce mec-lĂ
Point, basÂta
Car il m’fait
Boum boum baby, boum boum baby
Boum boum baby, boum boum baby
Boum boum baby, boum boum baby
J’en suis fou, hein, oh
Boum boum baby, boum boum baby
Boum boum baby, boum boum baby
Boum boum baby, boum boum baby
J’en suis fou
Ce love temÂpo, c’est mon poème, oh, oh, oh
Le plus cool des « je t’aime«
J’veux pas chanÂger d’disque
J’m’enroule en boucle
Give me ce mec-lĂ , ha-ah-ah-ah
Point, basÂta
Car oĂą que je sois
J’entends dedans, en moi
Mon cœur qui clap
Un feeÂling qui tapе
Qui fait
Boum boum baby, boum boum baby
Boum boum baby, boum boum baby
Boum boum baby, boum boum baby
J’en suis fou, ouh-ouh, huh-oh
Boum boum baby, boum boum baby
Boum boum baby, boum boum baby
Boum boum baby, boum boum baby
J’en suis fou
Cе love temÂpo, c’est mon poème
Le plus cool des « je t’aime«
Boum boum baby, boum boum baby
Boum boum baby, boum boum baby
Boum boum baby, boum boum baby
J’en suis fou, ouh-ouh (j’en suis fou, ouh-ouh)
Boum boum baby, boum boum baby
Boum boum baby, boum boum baby
Boum boum baby, boum boum baby
Boum boum baby, boum boum baby
J’en suis fou(4) »
Donc, pasÂsons au match :
• Ă ma gauche, la chanÂson Boum Boum Baby, reprĂ©ÂsenÂtĂ©e par Juliette Armanet et,
• à ma droite, Les lacs du Connemara(5)
, dĂ©fenÂdue par Michel Sardou, qui raconte un mariage en ancienne Irlande.
Voyons les paroles de cette dernière :
Terre brĂ»ÂlĂ©e au vent
Des landes de pierres
Autour des lacs, c’est pour les vivants
Un peu d’enÂfer, le Connemara
Des nuages noirs qui viennent du nord
Colorent la terre, les lacs, les rivières
C’est le décor du Connemara
Au prinÂtemps suiÂvant, le ciel irlanÂdais Ă©tait en paix
Maureen a plonÂgĂ© nue dans un lac du Connemara
Sean Kelly s’est dit « je suis cathoÂlique », Maureen ausÂsi
L’église en graÂnit de Limerick, Maureen a dit « oui«
De Tipperary, Barry-Connelly et de Galway
Ils sont arriÂvĂ©s dans le comÂtĂ© du Connemara
Y avait les Connors, les O’Connolly, les Flaherty du Ring of Kerry
Et de quoi boire trois jours et deux nuits
LĂ -bas, au Connemara
On sait tout le prix du silence
LĂ -bas, au Connemara
On dit que la vie, c’est une folie
Et que la folie, ça se danse
Terre brĂ»ÂlĂ©e au vent
Des landes de pierres
Autour des lacs, c’est pour les vivants
Un peu d’enÂfer, le Connemara
Des nuages noirs qui viennent du nord
Colorent la terre, les lacs, les rivières
C’est le décor du Connemara
On y vit encore au temps des Gaëls et de Cromwell
Au rythme des pluies et du soleil
Aux pas des cheÂvaux
On y croit encore aux monstres des lacs
Qu’on voit nager cerÂtains soirs d’éÂtĂ©
Et replonÂger pour l’éÂterÂniÂtĂ©
On y voit encore
Des hommes d’ailleurs venus cherÂcher
Le repos de l’âme et pour le cœur, un goût de meilleur
L’on y croit encore
Que le jour vienÂdra, il est tout près
OĂą les Irlandais feront la paix autour de la Croix
LĂ -bas, au Connemara
On sait tout le prix de la guerre
LĂ -bas, au Connemara
On n’acÂcepte pas
La paix des Gallois
Ni celle des rois d’Angleterre
Bien, trĂŞve de plaiÂsanÂteÂrie. Je laisse la parole Ă Jacques Revaux(6), qui est, lui, un comÂpoÂsiÂteur de musique subÂtil et invenÂtif tout autant que l’est le paroÂlier Pierre DelanoĂ« dans son domaine. Pour le grand public, qui ne se prĂ©ÂocÂcupe que très peu de ce qui se passe dans les couÂlisses et qui ne connaĂ®t pas touÂjours ces hommes et ces femmes de l’ombre qui font la rĂ©puÂtaÂtion d’un interÂprète, seul, le nom de Michel Sardou est connu et adoÂrĂ© comme une idole.
Cette chanÂson, Les lacs du Connemara, est inconÂtesÂtaÂbleÂment la plus abouÂtie du rĂ©perÂtoire franÂçais popuÂlaire contemÂpoÂrain. La preuve en est qu’elle est plĂ©ÂbisÂciÂtĂ©e par le public en perÂmaÂnence depuis l’annĂ©e de sa crĂ©aÂtion en 1981.
Mais pourquoi cette haine ? Pourquoi s’attaquer à cette chanson précisément ?
D’abord pour son sucÂcès popuÂlaire ; les gens de cette gauche monÂdaine dĂ©testent le Peuple ; d’ailleurs, pourÂquoi faire perÂduÂrer cette dichoÂtoÂmie malÂsaine comme le fait Juliette Armanet en torÂdant la bouche quand elle proÂnonce le mot « droite » ? Peut-ĂŞtre ausÂsi parce que cette chanÂson porte en elle tous les ingrĂ©Âdients et toutes les valeurs qui ont fait le gĂ©nie de notre peuple et qui sont Ă l’exact oppoÂsĂ© de toutes les idĂ©es « proÂgresÂsistes » et dĂ©caÂdentes que nos diriÂgeants veulent nous imposer.
MĂŞme si les paroles de cette chanÂson font expliÂciÂteÂment rĂ©fĂ©Ârence Ă l’histoire cathoÂlique de l’Irlande, la chanÂson nous renÂvoie inconsÂciemÂment Ă un pasÂsĂ© loinÂtain (tout est relaÂtif) antĂ©Ârieur Ă l’arrivĂ©e du chrisÂtiaÂnisme en Gaule, il y a donc bien plus de 2000 ans. La Gaule ? Quel rapÂport avec l’Irlande ? Mais les Français d’aujourd’hui ne savent plus, ou ne l’ont jamais su, que nos ancĂŞtres les Gaulois sont des Celtes, et mĂŞme les plus nomÂbreux de la grande nation celte, sur le terÂriÂtoire le plus Ă©tenÂdu de cette ethÂnie ; nous porÂtons tous en nous ses gènes et notre ADN en est constiÂtuĂ© en majeure parÂtie ; nous sommes lĂ bien loin des apports exoÂtiques que nos modernes hisÂtoÂriens peinent Ă exhuÂmer pour faire de la France une nation « mĂ©tisÂsĂ©e », sauf Ă lui adjoindre la branche itaÂlienne des Gaulois, les Insubres au nord de l’Italie qui ont fonÂdĂ© Milan, ou sa branche espaÂgnole, les Celtibères, l’une et l’autre pĂ©ninÂsule (itaÂlienne et ibĂ©Ârique) ayant constiÂtuĂ© majoÂriÂtaiÂreÂment l’apport soi-disant « Ă©tranÂger » Ă nos Gaulois français.
VoilĂ , peut-ĂŞtre, ce qui doit dĂ©plaire Ă notre « artiste », si tant est qu’elle ait une vague idĂ©e des oriÂgines du pays qu’elle habite. Car sa rĂ©acÂtion Ă©piÂderÂmique concerÂnant cette chanÂson – qui consiste simÂpleÂment Ă nier farouÂcheÂment toute trace de pasÂsĂ©, d’origine, d’histoire, de nature, vu comme quelque chose de dĂ©goĂ»Âtant, selon le terme employĂ© par Juliette Armanet – nous amène Ă nous demanÂder si ce comÂporÂteÂment n’est pas annonÂciaÂteur de l’une des preÂmières phases d’un proÂcesÂsus iniÂtiĂ© par le Système qui, s’inspirant du concept transÂhuÂmaÂniste, viseÂrait Ă la proÂducÂtion d’être hybrides, plus tout Ă fait humains, pas encore comÂplèÂteÂment roboÂtiÂsĂ©s, un peu comme les indusÂtriels de l’agroalimentaire proÂduisent des tomates hors-sol, artiÂfiÂcielles, qui n’ont plus aucune attache avec le sol ou la nature, nourÂries d’élĂ©ments chiÂmiques et forÂmaÂtĂ©es sur un mode uniÂforme susÂcepÂtible de plaire au plus grand nombre, avec de jolies couÂleurs et de jolies formes, mais comÂplèÂteÂment insipides.
Ces ĂŞtres hybrides, uniÂqueÂment prĂ©ÂocÂcuÂpĂ©s de leur petites perÂsonnes, attenÂtifs Ă toutes les nouÂvelles tenÂdances, emporÂtĂ©s comme les feuilles mortes au moindre coup de vent, pulÂlulent dĂ©jĂ dans les quarÂtiers Ă la mode de Paris ou des grandes villes, et dans les proÂfesÂsions et espaces sociaux choyĂ©s par nos gouÂverÂnants (presse, milieux artisÂtiques, minoÂriÂtĂ©s de toutes sortes agresÂsives et revenÂdiÂcaÂtives) car ils servent de relais mĂ©diaÂtiques Ă toutes les injoncÂtions desÂtiÂnĂ©es Ă contraindre ce petit peuple franÂçais fait de chair et de sang, et ils servent Ă©gaÂleÂment de paravent, ou de modèles, aux pires perÂverÂsions proÂmues et exerÂcĂ©es par la caste mondialiste.
Nous ne savons pas quelle est la durĂ©e de vie de ces coques vides mais, nous rĂ©fĂ©Ârant aux lois de la nature, nous savons qu’un arbre priÂvĂ© de ses racines meurt dans des dĂ©lais relaÂtiÂveÂment courts.
Pierre-Émile Blairon
On se fait un petit plaiÂsir (vidĂ©o, cliÂquez sur le lien ci-desÂsous) :
Michel Sardou – Les Lacs du Connemara – Olympia 1995
Pierre-Émile Blairon est l’auteur d’un cerÂtain nombre de livres liĂ©s Ă l’Histoire, notamÂment de la Provence, de Nostradamus Ă Giono et Ă la fin du Cycle :
Les articles du mĂŞme auteur
Source : Musixmatch. Paroliers : Victor Le Masne /​Juliette Anne Solange Armanet. (Ils s’y sont mis Ă deux pour les paroles, sans doute pour compÂter les boum boum baby)
Les « artistes » (ah bon ?) actuels n’ont, depuis longÂtemps en France, aucun, mais absoÂluÂment aucun talent. Aucun ne m’éÂmeut (je ne resÂsens rien en lisant le texte de « boom, boom …), pourÂtant, j’aÂdore la musique.
J’ai sur mon tĂ©lĂ©Âphone qui me sert mainÂteÂnant d’Ipod tout un rĂ©perÂtoire (« playÂlist » on dit) très hĂ©tĂ©ÂroÂclite : de « Lacrymosa » de Mozart, en pasÂsant par Schubert, j’ai du rap amĂ©ÂriÂcain (le seul bon), de l’élecÂtro, du MĂ©tal Indus, du Death Metal, de la variĂ©ÂtĂ© franÂçaise (la vraie : Chelon, Brassens, BĂ©art, Le Forestier, Brel…), de la variĂ©ÂtĂ© Ă©tranÂgère (brĂ©ÂsiÂlienne, amĂ©ÂriÂcaine et anglaise de 58 Ă 90, mĂ©xiÂcaine), de la musique « exoÂtique » (de Scandinavie, de Mongolie…), du Delta Blues amĂ©ÂriÂcain, etc,etc…
Tout çà sur la très mauÂvaise pente de la soixanÂtaine. Les jeunes qui Ă©coutent mon rĂ©perÂtoire me « kiffent », mais aucun « artiste franÂçais actuel » n’a de chance d’y ĂŞtre intĂ©grĂ©.
Les Lacs du Connemara, une superbe chanÂson de ma jeuÂnesse. Pour ce qui est de cette nĂ©o-« artiste », je n’ai mĂŞme pas envie de l” Ă©couter.
« J’veux pas d’chocolats
j’veux pas d’joujoux »
Non, non, j’veux juste ce mec-lĂ , Pierre-Emile Blairon qui a Ă©crit ici un bel article, Ă ma gloire finaÂleÂment …« trop beau
Point, c’est tout »
Dans la vie il vaut mieux pasÂser pour une conne que de l ouvrir comme elle l a fait, et ne laisÂser aucun doute