Le 11 septembre d’Israël
La réaction aux atrocités commises par la branche armée du Hamas, ceux que les Israéliens appellent des « animaux humains », a été immédiate et unanime pour dénoncer ces barbares.
Ce conflit lointain nous concerne, nous, Français, et nous, Européens, parce que nous accueillons tous les jours dans nos pays un nombre important de musulmans, venus souvent de pays qui soutiennent la Palestine, dont la plupart choisiront le camp palestinien par solidarité religieuse et parce que cette prise de position risque de créer davantage de troubles s’il en était besoin ; de plus, nous pouvons nous alarmer de l’éventualité que, parmi ces clandestins, ont pu s’infiltrer des djihadistes qui ont eu pour mission d’opérer des attentats sur notre sol(1).
FLN, Hamas, même combat
Je vais évoquer brièvement la différence de traitement médiatique en France, révélée par ce carnage commis par ces terroristes(2) contre d’innocents civils israéliens, les enfants n’ayant pas été épargnés par cette sauvagerie, avec celui, tout aussi cruel mais occulté, enduré par les Français d’Algérie, chrétiens, juifs ou musulmans, vieillards, femmes et enfants compris, carnage commis quotidiennement de 1954 à 1962 (et au-delà en ce qui concerne notamment les harkis, musulmans fidèles à la France) par les mêmes barbares, ou tout au moins leurs initiateurs, il y a 70 ans.
Les Français d’Algérie n’étaient pas rompus à cette époque aux techniques de manipulation des masses dont se servent actuellement tous les politiciens de tous les pays au monde selon leurs besoins et les circonstances. Israël dispose de relais importants dans le monde grâce à la diaspora juive et a naturellement activé ses réseaux médiatiques pour condamner l’agression du Hamas dont a été victime une partie du peuple israélien.
Le terrorisme tel qu’il a été pratiqué par le Hamas et tel qu’il a été pratiqué par le FLN (Front de Libération Nationale) algérien fait aussi partie de cette technique de manipulation des masses qui s’appelle la stratégie de l’émotion ; les fellaghas, ainsi nommés autrement les terroristes du FLN, s’en sont pris d’abord aux musulmans pour les contraindre par la terreur (essentiellement la torture et les mutilations du visage – nez, lèvres, oreilles – bien visibles, pour faire des exemples) à s’éloigner de la communauté des Français d’Algérie et de toutes les structures qui représentaient la France sous toutes ses formes, de telle manière à provoquer une rupture irréversible entre les deux communautés ; il semble bien que c’est le même effet qui est également recherché dans cette opération en Israël.
Il est probable que si les Français d’Algérie et la grande majorité des musulmans fidèles à la France avaient su utiliser cette même stratégie de l’émotion – celle de la victime – sur le plan national et international pour contrer celle de la terreur choisie par leurs ennemis, une solution aurait pu être trouvée pour que les deux communautés puissent continuer à vivre en bonne entente dans ce qui était leur pays, aux uns et aux autres. Ce qui est actuellement le même cas de figure pour la Palestine et pour Israël.
Qu’est-ce que la stratégie de l’émotion ? Elle a été bien définie par le site internet Penser et agir : « Il s’agit d’une technique de manipulation qui repose sur l’exploitation des émotions d’un individu ou d’un groupe dans le but de paralyser sa réflexion et éteindre son esprit critique. Le contrôle émotionnel sert à pousser une personne ou un groupe de personnes à réagir sous l’impulsion émotive plutôt que de raisonner et d’agir devant une situation. C’est un moyen pour atrophier la faculté d’analyse des individus et de la société par le biais d’émotions que l’on veille avec soin à susciter chez eux. De la sorte, on se charge d’affaiblir la capacité à cogiter de l’humain pour réduire toute son action au ressenti.
L’objectif est de s’opposer à ce que les autres se fassent leur conception propre de la réalité. Il faut les empêcher de mener des analyses critiques dénuées de toute émotivité sur les faits. C’est une technique très prisée dans les domaines où les notions de liberté de choisir, liberté de penser ou le libre arbitre posent problème. Très concrètement, c’est la politique et le marketing qui y ont très souvent recours. »
L’analogie du FLN et du Hamas ne s’arrête pas à leur commune propension à considérer que le seul moyen de rallier leur peuple à leur cause et de gagner leur guerre est de régner par la terreur, ce qui reste la seule ressource pour ceux qui n’ont pas d’autre moyen d’agir.
L’une et l’autre de ces factions n’ont pas, ou très peu, de légitimité à représenter leur peuple.
L’Algérie — ni même son nom — n’existait pas à l’arrivée des Français ; le territoire était peuplé de tribus berbères successivement envahi par les Romains, les Vandales, les Arabes, les Turcs, les Français ; ses habitants furent successivement païens, chrétiens, musulmans.
Le FLN est apparu en 1954, fort d’une idéologie curieuse faite d’un cocktail de marxisme (comme c’était la mode à l’époque) et d’islamisme (comme c’est la mode aujourd’hui), le shaker possiblement agité par la CIA (comme c’est la mode depuis que les USA existent et partout dans le monde), la CIA, comme un chien renifleur, attirée alors par la découverte en 1954 du gaz puis du pétrole saharien.
Le Hamas suit la même stratégie qui a si bien réussi au FLN ; on peut ainsi constater que son fanatisme a transporté le conflit israélo-palestinien du plan territorial au plan religieux, radicalisant d’une manière dogmatique la situation et fermant ainsi la porte à tout processus de paix entre les deux factions.
Je vais maintenant poser les questions que nos médias occidentaux qui ne servent à rien, sinon à diffuser la parole de leurs maîtres, ne se posent toujours pas sur cet événement qui est pourtant de la plus haute importance. Je n’apporte pas de réponse à ces questions ; ce sont les dirigeants israéliens qui y répondent ; quelques-unes resteront sans réponse pendant… un certain temps.
Première question :
D’où vient le Hamas ?
Avi Primor, importante et influente personnalité du monde culturel, politique et diplomatique israélien nous donne une piste de compréhension de cet événement qui a surpris et horrifié le monde entier le 7 octobre 2023 ; il nous dit, dans la vidéo ci-jointe : « Le Hamas, c’est le gouvernement israélien, c’est nous qui avons créé le Hamas afin de créer un poids contre le Fatah (mouvement nationaliste palestinien créé par Yasser Arafat en 1959) »
Deuxième question :
Si le Hamas est une création de l’État d’Israël, a t‑il agi de sa propre initiative pour provoquer le massacre du 7 octobre ? Est-il devenu incontrôlable, telle la créature de Frankenstein, et pour quelle raison ? Ou bien a t‑il reçu des instructions d’une puissance étatique (qui risque fort de rester inconnue) ?
Troisième question :
L’État d’Israël a t‑il une stratégie, un projet, ou une vision concernant ses relations avec la Palestine ?
Le Media 4−4−2 a diffusé le 11 octobre 2023 une intéressante vidéo où « le très proche conseiller de Klaus Schwab (NDLR : l’adjudant-chef de la Secte mondialiste), Yuval Harari, compare les territoires palestiniens occupés par Israël à un laboratoire de 2,5 millions de cobayes : « Pirater les gens signifie connaître les gens mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes… Et nous arrivons déjà à l’émergence des régimes de surveillance totale comme dans mon pays en Israël où nous avons un grand laboratoire de surveillance appelé « les territoires occupés » où il y a 2,5 millions de cobayes, qui montre comment surveiller et contrôler complètement une population avec très peu de soldats. »(4) Ah, tiens, voilà un indice intéressant sur le rôle de Tsahal qui, finalement, n’aurait pas besoin d’avoir un grand nombre d’effectifs.
Netanyahou lui-même ne cache rien, dans la vidéo jointe, de sa stratégie à l’égard de la Palestine : « Ce que je veux dire, c’est une grande attaque sur les Palestiniens, jusqu’au point où ils s’imaginent que le monde s’écroule, la peur, c’est ça qui les… mais, après, le monde va dire que c’est nous, les agresseurs… »(5)
Quatrième question :
Est-il possible que ni le Mossad, ni la CIA, ni Tsahal n’aient eu la moindre information sur la gigantesque opération montée par le Hamas ?
Le Mossad est considéré comme l’un des meilleurs services de renseignements du monde, au même titre que la CIA, avec laquelle il travaille souvent de concert, les deux nations, USA et Israël, étant étroitement liées ; originellement, ces liens sont d’ordre religieux, ils proviennent de la puissance du fondamentalisme de source évangéliste en Amérique, du fait que les premiers colons américains sont des pilgrims et des membres de diverses sectes religieuses, venus primitivement d’Angleterre d’où ils ont été chassés, qui ont fait de l’Amérique leur nouvelle Terre promise, destin très semblable à celui des Juifs intégristes avec lesquels ils se sont identifiés, considérant qu’ils sont les porteurs d’une mission visant à apporter la « lumière » sur le monde mais sans trop demander leur avis aux peuples sur lesquels cette « lumière » (quelquefois de source nucléaire) vient se déverser.
L’opération du Hamas a impliqué au moins un millier de ses combattants qui ont envahi le sol israélien par la mer, la terre, le ciel (par ULM), écrasant les clôtures qui matérialisent cette séparation avec des bulldozers… on pense à une scène de Madmax…
Est-il possible qu’une telle débauche de moyens ait pu passer inaperçue alors que la quasi-totalité du système de défense israélien, très sophistiqué, est concentrée sur la frontière séparant son territoire de celui de la Palestine ?
Dans cette vidéo(6), cette jeune femme qui a été en poste sur cette frontière pendant deux ans répond à cette question en affirmant que la chose est tout à fait impossible, elle a passé des heures avec ses collègues sans quitter des yeux les caméras de surveillance, réveillée par les battements d’aile d’un oiseau, ou l’intrusion d’un cafard…
Accessoirement, on peut se demander si, lorsque l’armée israélienne s’est enfin mise en position de contrer l’opération terroriste du Hamas, elle n’a pas fait un seul prisonnier susceptible d’expliquer comment la chose a pu se produire. Elle se compose de 170 000 militaires, vient de rappeler 360 000 réservistes et, selon TF1 : « Concrètement, ce pays de 9,6 millions d’habitants dispose de moyens hors norme : outre son Dôme de fer destiné à abattre les roquettes du Hamas, les forces aériennes peuvent s’appuyer sur 339 avions de combat américains. Notamment près de 200 F‑16 et une cinquantaine de F‑35. Auxquels s’ajoutent deux escadrons d’hélicoptères Apache, et une flotte de drones : des appareils de repérage, mais aussi des « drones-kamikazes ». L’armée de terre, elle, a en sa possession environ 2 200 blindés et 530 pièces d’artillerie. Coté mer, pour mettre en œuvre le blocus de la bande de Gaza, la force navale se compose de six sous-marins, 14 navires de guerre et 48 patrouilleurs. »
Le 11 septembre d’Israël
L’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Guilad Erdan, a estimé que cette opération du Hamas était le 11 septembre israélien(7), en référence aux attentats de New-York du 11 septembre 2001, qui ont déclenché, en représailles, plusieurs guerres au Moyen-Orient (dont celle d’Irak, la deuxième) qui auraient fait au moins 4,5 millions de morts.
Les attentats du 11 septembre 2001 ont été attribués à une organisation islamiste, Al-Qaïda, créée par la CIA lors de la première guerre d’Afghanistan pour contrer l’URSS selon Peter Dale Scott(8): « Dans les années 1980, le directeur de la CIA, William Casey, prit des décisions cruciales dans la conduite de la guerre secrète en Afghanistan. Toutefois, celles-ci furent élaborées hors du cadre bureaucratique de l’Agence, ayant été préparées avec les directeurs des services de renseignement saoudiens – d’abord Kamal Adham puis le prince Turki ben Fayçal. Parmi ces décisions, nous pouvons citer la création d’une légion étrangère chargée d’aider les moudjahidines afghans à combattre les Soviétiques. En clair, il s’agit de la mise en place d’un réseau de soutien opérationnel connu sous le nom d’al-Qaïda depuis la fin de cette guerre entre l’URSS et l’Afghanistan. Casey mit au point les détails de ce plan avec les deux chefs des services secrets saoudiens, ainsi qu’avec le directeur de la Bank of Credit and Commerce International (BCCI), la banque pakistano-saoudienne dont Kamal Adham et Turki ben Fayçal étaient tous deux actionnaires. Ce faisant, Casey dirigeait alors une deuxième Agence, ou une CIA hors canaux, construisant avec les Saoudiens la future al-Qaïda au Pakistan, alors que la hiérarchie officielle de l’Agence à Langley “pensait que c’était imprudent”. »
Quelle est donc la raison qui conduit l’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Guilad Erdan, bien renseigné, à comparer l’attaque du Hamas et les attentats du 11 septembre 2001 ?
Pierre-Émile Blairon
Les articles du même auteur
À l’instant même où ces lignes sont écrites, nous apprenons l’attentat islamiste dont viennent d’être victimes des enseignants à Arras en France.
C’est un mot bien pratique, utilisé ad nauseam par nos politiciens, car il permet de ne désigner personne en particulier pour ne pas « stigmatiser » ou « discriminer » telle ou telle communauté ethnique ou religieuse pourvoyeuse de voix électorales.
Attaque du Hamas en Israël : « C’est notre 11 septembre », affirme l’ambassadeur israélien aux Nations Unies [source]
Peter Dale Scott : L’État profond américain : La finance, le pétrole, et la guerre perpétuelle [« The American Deep State : Wall Street, Big Oil, and the Attack on U.S. Democracy »], Éditions Demi-Lune, 2015
Cette affaire intérieure israélo-palestinienne doit bien embêter les dirigeants européens : les présidents français, surtout, et quelques Européens favorisent le « dialogue » avec les Arabes, jusqu’à les soutenir ouvertement, souhaitant ainsi éviter le terrorisme, mais ils se mettent alors à dos les Juifs, qui, eux, sont soutenus ardemment par les Américains. Paradoxe, comme le soutien aux rebelles ukrainiens néo-nazis, soutenus par les Américains contre les Russes, mais en contradiction avec Israël qui soutenait aussi malgré tout les rebelles pour être agréable aux Américains bellicistes.
Aucune information en ce qui concerne les opinions du peuple américain ; il est vraisemblable qu’il ne soit pas en total accord avec son gouvernement, mais impossible d’en savoir plus, les mainstream étant des organes de propagande éhontée.
Il est difficile de comprendre la logique des Américains qui s’évertuent à vouloir faire la guerre un peu partout dans le monde depuis soixante-dix ans, en essuyant des échecs à chaque fois ; à part une puérilité à l’égard de la vieille Europe et des peuples russe et oriental, ou une volonté de colonisation et de domination héréditaire de ce peuple issu des rejets de l’Europe du 17–18ème siècle ayant massacré les propriétaires outre-Atlantique.