Le 11 septembre d’Israël

par | 18 octobre 2023 | 1 com­men­taire

La réac­tion aux atro­ci­tés com­mises par la branche armée du Hamas, ceux que les Israéliens appellent des « ani­maux humains », a été immé­diate et una­nime pour dénon­cer ces bar­bares.
Ce conflit loin­tain nous concerne, nous, Français, et nous, Européens, parce que nous accueillons tous les jours dans nos pays un nombre impor­tant de musul­mans, venus sou­vent de pays qui sou­tiennent la Palestine, dont la plu­part choi­si­ront le camp pales­ti­nien par soli­da­ri­té reli­gieuse et parce que cette prise de posi­tion risque de créer davan­tage de troubles s’il en était besoin ; de plus, nous pou­vons nous alar­mer de l’éventualité que, par­mi ces clan­des­tins, ont pu s’infiltrer des dji­ha­distes qui ont eu pour mis­sion d’opérer des atten­tats sur notre sol(1).

FLN, Hamas, même combat

Je vais évo­quer briè­ve­ment la dif­fé­rence de trai­te­ment média­tique en France, révé­lée par ce car­nage com­mis par ces ter­ro­ristes(2) contre d’innocents civils israé­liens, les enfants n’ayant pas été épar­gnés par cette sau­va­ge­rie, avec celui, tout aus­si cruel mais occul­té, endu­ré par les Français d’Algérie, chré­tiens, juifs ou musul­mans, vieillards, femmes et enfants com­pris, car­nage com­mis quo­ti­dien­ne­ment de 1954 à 1962 (et au-delà en ce qui concerne notam­ment les har­kis, musul­mans fidèles à la France) par les mêmes bar­bares, ou tout au moins leurs ini­tia­teurs, il y a 70 ans.
Les Français d’Algérie n’étaient pas rom­pus à cette époque aux tech­niques de mani­pu­la­tion des masses dont se servent actuel­le­ment tous les poli­ti­ciens de tous les pays au monde selon leurs besoins et les cir­cons­tances. Israël dis­pose de relais impor­tants dans le monde grâce à la dia­spo­ra juive et a natu­rel­le­ment acti­vé ses réseaux média­tiques pour condam­ner l’agression du Hamas dont a été vic­time une par­tie du peuple israé­lien.
Le ter­ro­risme tel qu’il a été pra­ti­qué par le Hamas et tel qu’il a été pra­ti­qué par le FLN (Front de Libération Nationale) algé­rien fait aus­si par­tie de cette tech­nique de mani­pu­la­tion des masses qui s’appelle la stra­té­gie de l’émotion ; les fel­la­ghas, ain­si nom­més autre­ment les ter­ro­ristes du FLN, s’en sont pris d’abord aux musul­mans pour les contraindre par la ter­reur (essen­tiel­le­ment la tor­ture et les muti­la­tions du visage – nez, lèvres, oreilles – bien visibles, pour faire des exemples) à s’éloigner de la com­mu­nau­té des Français d’Algérie et de toutes les struc­tures qui repré­sen­taient la France sous toutes ses formes, de telle manière à pro­vo­quer une rup­ture irré­ver­sible entre les deux com­mu­nau­tés ; il semble bien que c’est le même effet qui est éga­le­ment recher­ché dans cette opé­ra­tion en Israël.
Il est pro­bable que si les Français d’Algérie et la grande majo­ri­té des musul­mans fidèles à la France avaient su uti­li­ser cette même stra­té­gie de l’émotion – celle de la vic­time – sur le plan natio­nal et inter­na­tio­nal pour contrer celle de la ter­reur choi­sie par leurs enne­mis, une solu­tion aurait pu être trou­vée pour que les deux com­mu­nau­tés puissent conti­nuer à vivre en bonne entente dans ce qui était leur pays, aux uns et aux autres. Ce qui est actuel­le­ment le même cas de figure pour la Palestine et pour Israël.
Qu’est-ce que la stra­té­gie de l’émotion ? Elle a été bien défi­nie par le site inter­net Penser et agir : « Il s’agit d’une tech­nique de mani­pu­la­tion qui repose sur l’exploitation des émo­tions d’un indi­vi­du ou d’un groupe dans le but de para­ly­ser sa réflexion et éteindre son esprit cri­tique. Le contrôle émo­tion­nel sert à pous­ser une per­sonne ou un groupe de per­sonnes à réagir sous l’impulsion émo­tive plu­tôt que de rai­son­ner et d’agir devant une situa­tion. C’est un moyen pour atro­phier la facul­té d’analyse des indi­vi­dus et de la socié­té par le biais d’émotions que l’on veille avec soin à sus­ci­ter chez eux. De la sorte, on se charge d’affaiblir la capa­ci­té à cogi­ter de l’humain pour réduire toute son action au res­sen­ti.
L’objectif est de s’opposer à ce que les autres se fassent leur concep­tion propre de la réa­li­té. Il faut les empê­cher de mener des ana­lyses cri­tiques dénuées de toute émo­ti­vi­té sur les faits. C’est une tech­nique très pri­sée dans les domaines où les notions de liber­té de choi­sir, liber­té de pen­ser ou le libre arbitre posent pro­blème. Très concrè­te­ment, c’est la poli­tique et le mar­ke­ting qui y ont très sou­vent recours. »
L’analogie du FLN et du Hamas ne s’arrête pas à leur com­mune pro­pen­sion à consi­dé­rer que le seul moyen de ral­lier leur peuple à leur cause et de gagner leur guerre est de régner par la ter­reur, ce qui reste la seule res­source pour ceux qui n’ont pas d’autre moyen d’agir.
L’une et l’autre de ces fac­tions n’ont pas, ou très peu, de légi­ti­mi­té à repré­sen­ter leur peuple.
L’Algérie — ni même son nom — n’existait pas à l’arrivée des Français ; le ter­ri­toire était peu­plé de tri­bus ber­bères suc­ces­si­ve­ment enva­hi par les Romains, les Vandales, les Arabes, les Turcs, les Français ; ses habi­tants furent suc­ces­si­ve­ment païens, chré­tiens, musul­mans.
Le FLN est appa­ru en 1954, fort d’une idéo­lo­gie curieuse faite d’un cock­tail de mar­xisme (comme c’était la mode à l’époque) et d’islamisme (comme c’est la mode aujourd’hui), le sha­ker pos­si­ble­ment agi­té par la CIA (comme c’est la mode depuis que les USA existent et par­tout dans le monde), la CIA, comme un chien reni­fleur, atti­rée alors par la décou­verte en 1954 du gaz puis du pétrole saha­rien.
Le Hamas suit la même stra­té­gie qui a si bien réus­si au FLN ; on peut ain­si consta­ter que son fana­tisme a trans­por­té le conflit israé­lo-pales­ti­nien du plan ter­ri­to­rial au plan reli­gieux, radi­ca­li­sant d’une manière dog­ma­tique la situa­tion et fer­mant ain­si la porte à tout pro­ces­sus de paix entre les deux factions.

Je vais main­te­nant poser les ques­tions que nos médias occi­den­taux qui ne servent à rien, sinon à dif­fu­ser la parole de leurs maîtres, ne se posent tou­jours pas sur cet évé­ne­ment qui est pour­tant de la plus haute impor­tance. Je n’apporte pas de réponse à ces ques­tions ; ce sont les diri­geants israé­liens qui y répondent ; quelques-unes res­te­ront sans réponse pen­dant… un cer­tain temps.

Première question :

D’où vient le Hamas ?

Avi Primor, impor­tante et influente per­son­na­li­té du monde cultu­rel, poli­tique et diplo­ma­tique israé­lien nous donne une piste de com­pré­hen­sion de cet évé­ne­ment qui a sur­pris et hor­ri­fié le monde entier le 7 octobre 2023 ; il nous dit, dans la vidéo ci-jointe : « Le Hamas, c’est le gou­ver­ne­ment israé­lien, c’est nous qui avons créé le Hamas afin de créer un poids contre le Fatah (mou­ve­ment natio­na­liste pales­ti­nien créé par Yasser Arafat en 1959) »

En mars 2019, Netanyahou disait ceci : « Quiconque veut contre­car­rer la créa­tion d’un État pales­ti­nien doit sou­te­nir le ren­for­ce­ment du Hamas et trans­fé­rer de l’argent au Hamas(3). »

Deuxième question :

Si le Hamas est une créa­tion de l’État d’Israël, a t‑il agi de sa propre ini­tia­tive pour pro­vo­quer le mas­sacre du 7 octobre ? Est-il deve­nu incon­trô­lable, telle la créa­ture de Frankenstein, et pour quelle rai­son ? Ou bien a t‑il reçu des ins­truc­tions d’une puis­sance éta­tique (qui risque fort de res­ter inconnue) ?

Troisième question :

L’État d’Israël a t‑il une stra­té­gie, un pro­jet, ou une vision concer­nant ses rela­tions avec la Palestine ?

Le Media 4−4−2 a dif­fu­sé le 11 octobre 2023 une inté­res­sante vidéo où « le très proche conseiller de Klaus Schwab (NDLR : l’adjudant-chef de la Secte mon­dia­liste), Yuval Harari, com­pare les ter­ri­toires pales­ti­niens occu­pés par Israël à un labo­ra­toire de 2,5 mil­lions de cobayes : « Pirater les gens signi­fie connaître les gens mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes… Et nous arri­vons déjà à l’émergence des régimes de sur­veillance totale comme dans mon pays en Israël où nous avons un grand labo­ra­toire de sur­veillance appe­lé « les ter­ri­toires occu­pés » où il y a 2,5 mil­lions de cobayes, qui montre com­ment sur­veiller et contrô­ler com­plè­te­ment une popu­la­tion avec très peu de sol­dats. »(4) Ah, tiens, voi­là un indice inté­res­sant sur le rôle de Tsahal qui, fina­le­ment, n’aurait pas besoin d’avoir un grand nombre d’effectifs.
Netanyahou lui-même ne cache rien, dans la vidéo jointe, de sa stra­té­gie à l’égard de la Palestine : « Ce que je veux dire, c’est une grande attaque sur les Palestiniens, jusqu’au point où ils s’imaginent que le monde s’écroule, la peur, c’est ça qui les… mais, après, le monde va dire que c’est nous, les agres­seurs… »(5)

Quatrième question :

Est-il pos­sible que ni le Mossad, ni la CIA, ni Tsahal n’aient eu la moindre infor­ma­tion sur la gigan­tesque opé­ra­tion mon­tée par le Hamas ?

Le Mossad est consi­dé­ré comme l’un des meilleurs ser­vices de ren­sei­gne­ments du monde, au même titre que la CIA, avec laquelle il tra­vaille sou­vent de concert, les deux nations, USA et Israël, étant étroi­te­ment liées ; ori­gi­nel­le­ment, ces liens sont d’ordre reli­gieux, ils pro­viennent de la puis­sance du fon­da­men­ta­lisme de source évan­gé­liste en Amérique, du fait que les pre­miers colons amé­ri­cains sont des pil­grims et des membres de diverses sectes reli­gieuses, venus pri­mi­ti­ve­ment d’Angleterre d’où ils ont été chas­sés, qui ont fait de l’Amérique leur nou­velle Terre pro­mise, des­tin très sem­blable à celui des Juifs inté­gristes avec les­quels ils se sont iden­ti­fiés, consi­dé­rant qu’ils sont les por­teurs d’une mis­sion visant à appor­ter la « lumière » sur le monde mais sans trop deman­der leur avis aux peuples sur les­quels cette « lumière » (quel­que­fois de source nucléaire) vient se déverser.
L’opération du Hamas a impli­qué au moins un mil­lier de ses com­bat­tants qui ont enva­hi le sol israé­lien par la mer, la terre, le ciel (par ULM), écra­sant les clô­tures qui maté­ria­lisent cette sépa­ra­tion avec des bull­do­zers… on pense à une scène de Madmax…
Est-il pos­sible qu’une telle débauche de moyens ait pu pas­ser inaper­çue alors que la qua­si-tota­li­té du sys­tème de défense israé­lien, très sophis­ti­qué, est concen­trée sur la fron­tière sépa­rant son ter­ri­toire de celui de la Palestine ?
Dans cette vidéo(6), cette jeune femme qui a été en poste sur cette fron­tière pen­dant deux ans répond à cette ques­tion en affir­mant que la chose est tout à fait impos­sible, elle a pas­sé des heures avec ses col­lègues sans quit­ter des yeux les camé­ras de sur­veillance, réveillée par les bat­te­ments d’aile d’un oiseau, ou l’intrusion d’un cafard…
Accessoirement, on peut se deman­der si, lorsque l’armée israé­lienne s’est enfin mise en posi­tion de contrer l’opération ter­ro­riste du Hamas, elle n’a pas fait un seul pri­son­nier sus­cep­tible d’expliquer com­ment la chose a pu se pro­duire. Elle se com­pose de 170 000 mili­taires, vient de rap­pe­ler 360 000 réser­vistes et, selon TF1 : « Concrètement, ce pays de 9,6 mil­lions d’ha­bi­tants dis­pose de moyens hors norme : outre son Dôme de fer des­ti­né à abattre les roquettes du Hamas, les forces aériennes peuvent s’ap­puyer sur 339 avions de com­bat amé­ri­cains. Notamment près de 200 F‑16 et une cin­quan­taine de F‑35. Auxquels s’a­joutent deux esca­drons d’hélicoptères Apache, et une flotte de drones : des appa­reils de repé­rage, mais aus­si des « drones-kami­kazes ». L’armée de terre, elle, a en sa pos­ses­sion envi­ron 2 200 blin­dés et 530 pièces d’artillerie. Coté mer, pour mettre en œuvre le blo­cus de la bande de Gaza, la force navale se com­pose de six sous-marins, 14 navires de guerre et 48 patrouilleurs. »

Le 11 septembre d’Israël

L’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Guilad Erdan, a esti­mé que cette opé­ra­tion du Hamas était le 11 sep­tembre israé­lien(7), en réfé­rence aux atten­tats de New-York du 11 sep­tembre 2001, qui ont déclen­ché, en repré­sailles, plu­sieurs guerres au Moyen-Orient (dont celle d’Irak, la deuxième) qui auraient fait au moins 4,5 mil­lions de morts.
Les atten­tats du 11 sep­tembre 2001 ont été attri­bués à une orga­ni­sa­tion isla­miste, Al-Qaïda, créée par la CIA lors de la pre­mière guerre d’Afghanistan pour contrer l’URSS selon Peter Dale Scott(8): « Dans les années 1980, le direc­teur de la CIA, William Casey, prit des déci­sions cru­ciales dans la conduite de la guerre secrète en Afghanistan. Toutefois, celles-ci furent éla­bo­rées hors du cadre bureau­cra­tique de l’Agence, ayant été pré­pa­rées avec les direc­teurs des ser­vices de ren­sei­gne­ment saou­diens – d’abord Kamal Adham puis le prince Turki ben Fayçal. Parmi ces déci­sions, nous pou­vons citer la créa­tion d’une légion étran­gère char­gée d’aider les moud­ja­hi­dines afghans à com­battre les Soviétiques. En clair, il s’agit de la mise en place d’un réseau de sou­tien opé­ra­tion­nel connu sous le nom d’al-Qaïda depuis la fin de cette guerre entre l’URSS et l’Afghanistan. Casey mit au point les détails de ce plan avec les deux chefs des ser­vices secrets saou­diens, ain­si qu’avec le direc­teur de la Bank of Credit and Commerce International (BCCI), la banque pakis­ta­no-saou­dienne dont Kamal Adham et Turki ben Fayçal étaient tous deux action­naires. Ce fai­sant, Casey diri­geait alors une deuxième Agence, ou une CIA hors canaux, construi­sant avec les Saoudiens la future al-Qaïda au Pakistan, alors que la hié­rar­chie offi­cielle de l’Agence à Langley “pen­sait que c’était impru­dent”. »
Quelle est donc la rai­son qui conduit l’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Guilad Erdan, bien ren­sei­gné, à com­pa­rer l’at­taque du Hamas et les atten­tats du 11 sep­tembre 2001 ?

Pierre-Émile Blairon

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Pierre-Émile Blairon

Pierre-Émile Blairon est l’auteur d’un cer­tain nombre de livres liés à l’Histoire, notam­ment de la Provence, de Nostradamus à Giono et à la fin du Cycle :
Pierre-Émile Blairon - Iceberg
Pierre-Émile Blairon - Chronique fin cycle - Enfers parodisiaques
Pierre-Émile Blairon - La roue et le sablier - Bagages pour franchir le gué
Pierre-Émile Blairon - Le messager des dieux
Pierre-Émile Blairon - Livre Tradition primordiale

À l’instant même où ces lignes sont écrites, nous appre­nons l’attentat isla­miste dont viennent d’être vic­times des ensei­gnants à Arras en France.

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C’est un mot bien pra­tique, uti­li­sé ad nau­seam par nos poli­ti­ciens, car il per­met de ne dési­gner per­sonne en par­ti­cu­lier pour ne pas « stig­ma­ti­ser » ou « dis­cri­mi­ner » telle ou telle com­mu­nau­té eth­nique ou reli­gieuse pour­voyeuse de voix électorales.

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Attaque du Hamas en Israël : « C’est notre 11 sep­tembre », affirme l’ambassadeur israé­lien aux Nations Unies [source]

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Peter Dale Scott : L’État pro­fond amé­ri­cain : La finance, le pétrole, et la guerre per­pé­tuelle [« The American Deep State : Wall Street, Big Oil, and the Attack on U.S. Democracy »], Éditions Demi-Lune, 2015
Peter Dale Scott : L'État profond américain : La finance, le pétrole, et la guerre perpétuelle

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