Killers of the Flower Moon : Martin Scorsese dénonce la société du mensonge

par | 2 novembre 2023 | 5 Commentaires 

Je ne suis pas ciné­phile car le ciné­ma, autre­fois le 7e art, est deve­nu le vec­teur pri­vi­lé­gié de l’o­li­gar­chie pour façon­ner les esprits.

Cinéma - 7e art

C’est pour­quoi je fré­quente très peu les salles obs­cures. Seuls quelques noms me parlent, tous portent sur une époque aujourd’­hui révo­lue, et par­mi les­quels Martin Scorsese (80 ans). Je ne sais pour quelles rai­sons l’en­vie m’a pris d’al­ler voir son der­nier film mal­gré la durée (3 heures et demi) et le titre rébar­ba­tif (Killers of the Flower Moon).

Bien m’en a pris, il s’agit d’un véritable chef d’œuvre

Synopsis :
Au début du XXe siècle, le pétrole a appor­té la for­tune au peuple Osage qui, du jour au len­de­main, est deve­nu l’un des plus riches du monde. La richesse de ces Amérindiens attire aus­si­tôt la convoi­tise de Blancs peu recom­man­dables qui intriguent, sou­tirent et volent autant d’argent Osage que pos­sible avant de recou­rir au meurtre…
D’après une his­toire vraie et cen­trée autour de l’improbable romance d’Ernest Burkhart (Leonardo DiCaprio) et Mollie Kyle (Lily Gladstone), “Killers of the Flower Moon” est à la fois un wes­tern épique et une saga cri­mi­nelle, où se mêlent un amour véri­table et une tra­hi­son indi­cible.
Avec Robert De Niro et Jesse Plemons, le film est réa­li­sé par Martin Scorsese (récom­pen­sé en 2007 par l’Oscar du meilleur réa­li­sa­teur) sur un scé­na­rio qu’il cosigne avec Eric Roth, d’après le best-sel­ler de David Grann [source Paramount].

Comme tous les chefs d’œuvre, ce film peut se voir à plu­sieurs niveaux. Chacun y trou­ve­ra son compte.
• Sur un plan pure­ment esthé­tique, ce film est magis­tral. Les recons­ti­tu­tions his­to­riques sont d’une très grande rigueur avec des moyens épous­tou­flants.
• On peut voir ce film comme une épo­pée de la Conquête de l’Ouest, un « wes­tern » haut de gamme, mais aus­si
• comme un film poli­cier, ou encore
• comme une his­toire d’a­mour.
Ce film est tout cela à la fois, et Scorsese est trop habile pour s’en tenir là. Né à New-York en 1942 de parents d’o­ri­gine sici­lienne, Scorsese voit son pays d’a­dop­tion avec la dis­tance que lui pro­cure sa culture euro­péenne. Tout comme cet autre réa­li­sa­teur ita­lo-amé­ri­cain : Francis Ford Coppola, auteur de ce monu­ment du ciné­ma, la saga du Parrain. Martin Scorsese se com­plaît avec des acteurs ita­lo-amé­ri­cains : Al Pacino, Pesci, De Niro, DiCaprio.

Avec Killers of the Flower Moon, Scorsese nous livre son tes­ta­ment : un réqui­si­toire monu­men­tal contre la socié­té amé­ri­caine. Il nous montre com­ment les « WASP » (White Anglo-Saxon Protestants)(1) ont non seule­ment plu­mé, mais blou­sé les Indiens « rouges ».
• Certes il y a les assas­si­nats vio­lents et gra­tuits.
• Certes il y a l’argent qui cor­rompt tout ce qu’il touche.
• Mais Scorsese nous montre que der­rière tout cela, il y a en toile de fond : l’a­vi­di­té et le MENSONGE, le men­songe assu­mé de ces immi­grés pré­da­teurs et sans scru­pules qui usent de toutes les manœuvres pour s’ap­pro­prier le bien d’au­trui. Scorsese pousse le bou­chon jus­qu’à faire de William Hale (joué par Robert De Niro) un franc-maçon du 32e degré (notre illus­tra­tion à la une). Le phi­lan­thrope n’est en fait qu’une fri­pouille qui dupe tout le monde, à tel point qu’il ne se rend même plus compte qu’il est en per­ma­nence dans le men­songe, la mani­pu­la­tion et la four­be­rie. Son neveu Ernest Burkhart (joué par Leonardo DiCaprio) est lui-même entraî­né dans cette turpitude.

Scorsese et DiCaprio pro­duisent ce film aux côtés d’Apple Studios. Ils y ont mis le paquet avec leur deux socié­tés de pro­duc­tion : Sikelia Productions de Scorsese et Appian Way Productions de DiCaprio ont inves­ti plus de 200 mil­lions de dol­lars.

Derrière cette grandiose fresque historique, Scorsese et DiCaprio dénoncent l’acte fondateur des États-Unis : le mensonge et la spoliation.

Il faut voir ce film. Les 3 heures et demi passent bien vite tel­le­ment le spec­tacle est éblouis­sant tout au long de la pro­jec­tion en même temps que le spec­ta­teur est absor­bé par les mul­tiples his­toires qui se trament. Il faut voir ce film si l’on veut mieux com­prendre notre actualité.

Les articles du même auteur

Georges Gourdin

Nous parions que Scorsese et sa bande de « ritals » ne s’i­den­ti­fient pas aux WASP.

Q

5 Commentaires 

  1. Juste la véri­té !
    Les « WASP » sont gran­de­ment res­pon­sables de l’é­tat actuel du monde…
    Nous, Français, sommes de « petits joueurs »…

    Répondre
  2. Excellent film qui sort des block­bus­ters, des comé­dies débiles et des pro­duc­tions à la fran­çaise fai­sant la pro­mo­tion du wokisme. Une fresque his­to­rique qui rap­pelle le film « Il était une fois dans l’Ouest » du grand Sergio Leone. Mais là, c’est du vécu, ça prend une autre dimen­sion.
    Comme beau­coup de spec­ta­teurs, j’ai pas­sé les 3h et demie sans m’en rendre compte.

    Répondre
  3. Je confirme tout ce qui est dit sur ce film. Il est par­fait. Avec une cer­taine réserve, 3h 30 minutes pas­sées dans une salle obs­cure c’est beau­coup trop long. Je conseille de s’ab­sen­ter une heure au milieu du film pour aller boire un verre et se dégour­dir les jambes. Il res­te­ra ain­si 2h30 de film, c’est bien suf­fi­sant.
    Qui trop embrasse mal étreint, en effet il y a dans ce film plu­sieurs his­toires en même temps : un wes­tern, une his­toire d’a­mour, une his­toire poli­cière etc. Tout cela nuit au thème prin­ci­pal de ce film à savoir l’acte fon­da­teur des États-Unis : « le men­songe et la spo­lia­tion », sujet de cet article.
    Scorsese se trompe de cible, ici c’est le petit blanc moyen amé­ri­cain, stu­pide et cupide qui est visé et ridi­cu­li­sé. Il faut cher­cher plus haut dans les élites mon­dia­listes le mal amé­ri­cain. De Rockefeller à Rothschild en pas­sant par Soros. Le petit blanc amé­ri­cain ou euro­péen res­pon­sable de tous les maux dans tous les autres peuples du monde, c’est très à la mode aujourd’hui.
    Padamalgam, comme on dit aujourd’hui.
    Bref, je confirme, ce film est à voir absolument

    Répondre
    • Pas d’ac­cord avec cette cri­tique néga­tive. Les 3h26 que dure le film passent sans qu’on s’en aper­çoive tant le réa­li­sa­teur fait preuve de talent. Quitter la salle une heure pour reve­nir serait idiot. Si on n’ap­pré­cie pas, on s’en va et on ne revient pas.
      Je suis d’ac­cord avec Georges Gourdin, ce film est un chef d’œuvre à tout point de vue. Mais je ne le consi­dère pas comme le tes­ta­ment de Scorsese. Pourquoi cela ?
      Enfin, il n’y a aucun inté­rêt à dis­so­cier les « niveaux » du film ? Il s’a­git d’un tout qui mêle, comme dans la vraie vie, amour, joies, peines, affaires, cupi­di­té, cynisme, gran­deurs d’âmes, lâche­tés, etc…
      Une fresque his­to­rique qui dénonce les exac­tions des WASP, certes, mais quel peuple peut se reven­di­quer d’un pas­sé sans tache ?
      Alors, ne pas hési­ter à aller voir ce film.

      Répondre
      • « Ici c’est le petit blanc moyen amé­ri­cain, stu­pide et cupide qui est visé »
        C’est tout de même plus facile – moins ris­qué ! – que de poin­ter les véri­tables pré­da­teurs der­rière le petit blanc conta­mi­né par l’es­prit (****) et qui veut sa petite part à son petit niveau. J’irai voir ce film comme « Il était une fois l’Amérique »…
        Et dire que si le Mayflower avait coulé… 😉

Envoyer le commentaire

Votre adresse e‑mail ne sera pas publiée. Les champs obli­ga­toires sont indi­qués avec *

Je sou­haite être notifié(e) par mes­sa­ge­rie des nou­veaux com­men­taires publiés sur cet article.