Hamas : le bébé Frankenstein d’Israël
Un événement chassant l’autre, dans les médias, les priorités du moment se sont déplacées : la bande de Gaza a remplacé l’Ukraine et le Hamas a chipé la vedette à l’ogre Poutine. Il est vrai que les massacres barbares perpétrés dans les Kibboutz israéliens ont de quoi révulser les âmes les plus indifférentes et susciter l’indignation générale – La France Insoumise exceptée – car il ne s’agit plus d’affrontement entre deux armées mais de pogroms dirigés contre des civils innocents. Cela dit, au-delà de l’émotion légitime, il convient d’appréhender la situation en Israël et en Palestine, deux semaines après le 7 octobre, avec lucidité et discernement.
Si l’État, l’armée et l’ensemble des autorités israéliennes ont été incapables de protéger leur population civile, c’est la faute du gouvernement de Benyamin Netanyahou, au Pouvoir depuis 2009 (avec interruption d’une année), et de la politique que la droite israélienne mène depuis 2005, laquelle consiste à favoriser et même financer le Hamas au détriment de l’autorité palestinienne reconnue par les accords d’Oslo. Il y a à peine deux ans, on a encore vu l’émissaire du Qatar arriver à l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv avec des valises pleines de dollars (des millions de dollars), avec l’autorisation d’Israël et même une escorte de la police israélienne jusqu’a l’entrée de Gaza, pour remettre cet argent au Hamas afin qu’il puisse payer ses combattants. Un fait relaté par le journaliste franco-israélien Charles Enderlin sur le plateau de TV5-Monde, le 11 octobre dernier(1), et que nul ne mettra en doute eu égard à la profonde connaissance du proche Orient par cet ancien correspondant à Jérusalem de France 2 (jusqu’en août 2015).
Israël a donc encouragé l’émergence du Hamas et favorisé son développement contre l’autorité palestinienne, le Fatah. Après la conquête de Gaza par les forces israéliennes en 1967, relate encore Charles Enderlin, un Cheikh musulman, Ahmed Yassine, est allé à la rencontre des généraux israéliens pour leur dire : « Moi, je veux faire du social à Gaza ». En réalité, Yassine était un Frère musulman de la branche la plus radicale de la confrérie. Les généraux ont néanmoins trouvé formidable que ce brave Cheikh veuille faire du social dans cette enclave. Un général commandant de secteur du nom d’Ariel Sharon a même offert les ballons de football et des maillots à l’équipe de la mosquée du Cheikh Yassine. C’est dire l’aveuglement… Ou le calcul !
Le pseudo conte de fée a duré jusqu’en 1988, lorsque, subitement, l’union islamique créée par Yassine s’est transformée en Hamas et là, les Israéliens ont découvert qu’ils avaient donné les clefs de la maison un véritable ennemi. Nonobstant, Ariel Sharon a poursuivi son plan : en 2005, il a procédé à l’évacuation des colonies de Gaza avec l’intention délibérée de laisser l’enclave au Hamas afin d’empêcher la création d’un État palestinien — l’objectif du Hamas étant, quant à lui, d’empêcher la création et l’existence d’un État juif en terre d’islam —. Cela s’est traduit dans les faits par quelques conflits armés mais jamais les Israéliens n’ont tué la direction du Hamas ni cherché à le faire. Car les extrémistes nationalistes et messianiques juifs ne veulent en aucun cas d’un État palestinien en terre d’Israël. Ainsi se retrouve-t-on en présence de deux extrêmes qui se rencontrent et s’alimentent, chacune refusant le principe de deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité.
Tel Frankenstein, Israël voit aujourd’hui sa créature lui échapper et se retourner pour mordre la main qui l’a façonnée et nourrie. Ce coup de pied de l’âne a déclenché une situation d’escalade de plus en plus dramatique de guerre et de violence avec la menace d’une confrontation directe entre Israël et l’Iran qui finirait par entraîner toute la région du Moyen-Orient dans un conflit dévastateur. Un conflit que nos banlieues radicalement islamisées pourraient importer sur notre sol. Hypothèse que l’exécutif redoute au plus haut point et qui explique le déplacement à retardement d’Emmanuel Macron en Israël. Celui-ci s’en est allé donner des gages aux radicalisés des banlieues en accordant autant de considération au représentant de l’autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qu’il est le seul à avoir rencontré depuis le 7 octobre, qu’au premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Cela suffira-t-il à calmer les esprits qui s’échauffent et éviter des émeutes du style de celles que nous avons connues cet été ? Rien de moins sûr. Mais mieux vaut y croire…
Charles ANDRÉ
« L’important n’est pas de convaincre mais de donner à réfléchir. »
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L’analyse de Charles Enderlin, qui a été pendant plus de 30 ans correspondant de France 2 à Jérusalem [source].
Cette vidéo dérangeante est donc… à voir : https://www.kla.tv/27340
Je note tout de même que l’Autorité Palestinienne (« Fatah Land ») voit son territoire – Cisjordanie – morcelé sans cesse par une colonisation armée, où les Palestiniens subissent les humiliations quotidiennes de l’occupant. Donc même sans révolte armée à l’instar du Hamas, l’Autorité ne contrôle pas grand-chose et la création d’un État palestinien – 75 ans après l’entité sioniste – est une chimère. C’est tout de même l’israël qui a grignoté la Palestine et poursuit l’annexion totale des terres. Alors oui, on peut regretter les conséquences de ce conflit interminable et les éruptions de violences qui se succèdent – se rappeler de « Plomb durci ! – mais en termes de destructions et de massacre, la palme revient à l’occupant. Et dans le même temps, des associations communautaires juives en France poursuivent de leur vindicte judiciaire les patriotes français qui s’opposent à l’immigration invasion de populations majoritairement musulmanes au prétexte d’un supposé « racisme » et « antisémitisme ». Et ces associations ont le brave culot d’oser nous demander d’aimer notre invasion et crier vive le CRIF !
Sa créature ne lui a pas « échappé »… C’est voulu et organisé.
La créature du professeur Frankenstein est le fruit d’un réassemblage de fragments anatomiques prélevés sur des cadavres. C’est une créature passablement artificielle, qui n’a ni passé, ni mémoire, ni racines, ni repères, analogie parfaite de l’Homme Moderne !
Il se trouve que la Créature échappe immédiatement au contrôle de son maître car le professeur est absent lors de son réveil. Elle sera alors livrée à elle-même, faisant son chemin dans les Alpes suisses, où elle découvrira le sens de la vie : qui est l’Amour. (et non le Coran)
Tout ça pour dire que le Hamas est un Golem, je plussoie l’analyse de Walter, et je plussoie également cet article qui tape dans le mille.
Ce qu’il faut ajouter, c’est que le golem avait sur son front « ameth », qui signifie vérité.
Le « a » aleph effacé, il restait la mort, « meth ».
Excellent article qui, en quelques lignes, va au plus vif de cette situation sanglante.
Juste un petit ajout : l’auteur évoque le thème littéraire de Frankenstein (sous-titré ou le Prométhée moderne). Or, le grand ancêtre de ce personnage est le célèbre Rabbi Juda Loew ben Benzalel, alias le Maharal (=« notre maître ») de Prague (XVIème et tout début XVIIème siècle), constructeur du Golem. Le Hamas a pris la place du Golem et, une fois de plus, le légendaire « s’incarne » dans l’Histoire.