Bénédiction des couples de même sexe, un geste progressiste qui sème le trouble en Afrique
Ce 18 décembre, le Vatican a publié la « Déclaration Fiducia Supplicans sur la signification pastorale des bénédictions »(1). La presse laïque(2) retient qu’elle autorise « la bénédiction des couples de même sexe et “en situation irrégulière” pour l’Église, une première, tout en restant ferme sur son opposition au mariage homosexuel. »
Il est indéniable que le Vatican est dans son rôle pour définir la doctrine catholique sur cette question. Pour autant, on peut s’interroger sur les implications de cette mise au point et sur son caractère opportun, en particulier en Afrique.
Une Déclaration universelle qui ne tient pas compte des contextes locaux.
En effet, dès le lendemain de sa publication et « eu égard aux très nombreuses réactions », l’Archevêché d’Abidjan a jugé nécessaire et urgent de diffuser « aux prêtres, aux religieux, aux religieuses et aux fidèles laïcs de l’Archidiocèse », la recommandation expresse (voir ci-dessous) « d’attendre et de se conformer aux Dispositions de son Éminence Jean-Pierre cardinal Kutwa, Archevêque d’Abidjan […] Cette recommandation est à appliquer strictement dans toutes les structures se trouvant sur le territoire diocésain […] Des informations complémentaires seront communiquées au fur et à mesure. »
Pour qui vit en Afrique au contact des populations et des réalités locales, cette réaction préventive et vigoureuse des autorités ecclésiales n’est pas insolite. Dans des sociétés africaines attachées à leurs traditions et à leurs religions, où le terme ‘conservateur’ n’est pas péjoratif mais facteur de stabilité et de pérennité, les autorités spirituelles exercent encore un magistère moral sur la population.
Or, comme nous l’avons déjà rapporté ici(3), une nouvelle forme de colonisation, idéologique, envahit l’Afrique à travers divers thèmes comme l’écologie, le progrès, les identités de genre. Pour ces lobbies progressistes en quête de milieux de propagation, l’Afrique représente un immense réservoir de militants jeunes, peu éduqués, pauvres et donc manipulables.
En juin 2022, nous avions expliqué ici(4) combien la tentative des États-Unis d’imposer en Afrique la culture LGBT(5) heurtait les cultures, les traditions et les sensibilités locales. Un an après, une manipulation culturelle(6) prétendait sans vergogne que l’homosexualité serait une tradition africaine. Cette vague idéologique, offensive et offensante, utilise tous les moyens pour s’imposer.
Une mise au point fondée, mais qui amalgame des réalités incomparables.
Le Vatican, par sa Déclaration, rappelle le sens des bénédictions non ritualisées. Celle dont il s’agit ici est « un simple geste qui constitue un moyen efficace pour accroître la confiance en Dieu des personnes qui le demandent, en évitant qu’elles deviennent un acte liturgique ou semi-liturgique, semblable à un sacrement. » Dont acte.
Pour autant, la Déclaration traite sur un pied d’égalité inacceptable en Afrique, des réalités distinctes, les « couples de même sexe » et ceux « en situation irrégulière pour l’Église ». Maladresse involontaire ou confusion intentionnelle, cet amalgame est perçu comme choquant par les couples hétérosexuels « en situation irrégulière pour l’Église » du fait des circonstances. En particulier, les personnes divorcées remariées, toujours invitées à régulariser leur situation, comparées injustement aux personnes atteintes de troubles identitaires, couples non composés d’un homme et d’une femme au sens biologique du terme, lesquels n’ont aucune intention de « régulariser leur situation ».
Une concession à l’air du temps qui ne bénéficiera pas à l’Église.
Ainsi, en prétendant clarifier un point de doctrine sur un sujet de brulante actualité, le Vatican embrouille les esprits et attise les braises de tensions communautaires toujours larvées, qui ne demandent qu’à se réveiller dans des pays africains en quête perpétuelle de cohésion identitaire. Du trouble privé aux troubles publics, le pas est vite franchi et les motifs ne manquent pas.
Si l’intention inavouée de ce geste était de s’attirer de la sympathie populaire et de nouveaux fidèles, ou d’en faire revenir, on peut douter de son efficacité. Le nombre d’éventuels ralliés à la cause de l’Église ne compensera pas celui des fidèles qui s’en sont déjà éloignés ou vont le faire, regrettant la dérive humanitariste d’une Église désacralisée, déspiritualisée. C’est d’autant plus vrai sur le continent africain dont les statistiques démographiques disent que la population de plus d’un milliard d’habitants, dont plus de la moitié a moins de 25 ans, est en passe de doubler d’ici 2050. Le succès croissant des mouvements spirituels et des églises concurrentes, en particulier évangéliques sous toutes ses formes, montre l’attrait des solutions immédiates de bonheur proposées sans effort – ni contrainte autre que financière.
Enfin, le cardinal Robert Sarah, originaire de Guinée Conakry, reste une autorité morale écoutée et respectée en Afrique. Il a toujours incité l’Afrique et l’Asie à protéger leurs cultures et leurs valeurs propres. Dans« Le soir approche et déjà le jour baisse »(7), il précise : « Il y a progrès si une réalité s’amplifie et s’améliore en demeurant elle-même ; si elle se transforme en une autre réalité, il n’y a que changement, pas progrès ». À méditer.
Jean-Michel Lavoizard
Déclaration Fiducia supplicans sur la signification pastorale des bénédictions [source]
Le Vatican autorise la bénédiction hors liturgie des couples de même sexe [source]
Le mois des fiertés de l’ambassade américaine agace en Côte d’Ivoire [source]
Notre illustration à la une : L’ambassade des États-Unis en Côte d’Ivoire arbore le drapeau LGBT (juillet 2022 – source)
Le soir approche et déjà le jour baisse (chez Fayard) |
Jean-Michel Lavoizard est le dirigeant-fondateur de la société ARIS – Advanced Research & Intelligence Services.
Jean-Michel Lavoizard publie également sur Boulevard Voltaire.
Le démon avait déjà « pollué » Paul VI, il recommence avec ce soi-disant « pape »… !!!
Satan est entré dans l’Eglise il y a plus de 100 ans.
Je suis très choquée par cette décision. Un pape qui se laisse influencer par la folie de ce monde !
Le Pape est un jésuite, qu’ajouter de plus ? En tant que jésuite il n’aurait jamais dû être Pape.
Ce n’est pas le problème.
Ce monsieur n’est surtout pas Pape, avec un P majuscule. Le siège de Pierre est vacant depuis l’élection entachée d’irrégularité de Montini en 1963. Le ver est dans le fruit depuis longtemps.
Mais que l’homme en blanc continue ses extravagances satanistes, cela réveille les gens, et stimule les conversions ! Il faudra un peuple uni, fort et droit pour repartir après les 3 jours de ténèbres !
Je suis Européen (et Français), et, même pour moi, cette « bénédiction » papale est pour moi choquante. En fait, on en arrive à ça : « Vous tendez la main, on vous prend le bras ». Trop, c’est trop !
Précision : « la main » (le PACS), le bras (aujourd” hui).
Le pape perd la tête. Malheureusement, il n’est pas le seul.
La reconnaissance du fait homosexuel a été un progrès incontestable. En revanche, la bénédiction papale, inévitablement confondue avec un sacrement, est une boulette énorme.
Pour complaire à la Bien Pensance européenne et américaine il rend le risque de déboussoler les 3⁄4 de ses ouailles. C’est stupéfiant.
Par ailleurs, la reconnaissance du fait homosexuel conduit les tenants de ces pratiques à les brandir tel un étendard, ce dont tout le monde se moque éperdument mais dont chacun finit par être irrité.
Ainsi va le monde, pendant combien de temps ? Dieu seul le sait et encore n’est ce pas sûr.
G. Hubin.