Et si les moines sauvaient notre civilisation ?
Ce titre provocateur doit pourtant être pris au sérieux. Ce sont les moines qui ont fait du Moyen-Âge l’une des périodes les plus spirituelles de notre histoire en assurant la jonction des cultures
• païenne, celte, rurale, sylvestre avec la proximité de la nature (les Eaux et Forêts),
• romaine avec l’architecture, l’adduction de l’eau, l’administration (les Pont et Chaussées),
• et bien sûr chrétienne avec l’amour du prochain, le don de soi et la primauté de la spiritualité.
Les moines ont permis à l’Europe de sortir de la torpeur et du chaos qui ont suivi l’effondrement de l’empire romain par un réseau de monastères qui étaient autant de centres culturels — et agri-culturels — d’excellence.
Il est permis d’imaginer que ce réseau de monastères sauvera une fois encore notre civilisation en péril.
Marc Paitier a bien saisi la symbolique du vin et de la vigne dans l’Écriture Sainte. Il décrit le rôle éminemment culturel de la viticulture monastique dans un magnifique livre qui lui a demandé plus d’un an et demi de travail et toute une vie de passion.
Ils sont une trentaine d’hommes, alignés face à face sur deux rangs, de part et d’autre d’un chemin qui traverse une parcelle de vignes. Ils sont jeunes, vigoureux, pleins de force et pourtant leur sourire est désarmant comme celui des enfants. Certains portent la tonsure, signe ancestral de leur renonciation au monde. Ils sont revêtus de l’habit monastique traditionnel. Ce sont des moines bénédictins de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux(1) dont on aperçoit le clocher de l’église, au loin, sur les hauteurs qui dominent les vignes. À leurs pieds, des caisses vides qui se rempliront dans un instant avec les premiers raisins vendangés, des clairettes gorgées de soleil. Pour l’heure, les moines se recueillent, ils chantent la louange de Dieu, avant de cueillir sous le soleil provençal, les fruits nouveaux de la vigne que le beau temps a amenés à maturité. « Ora et labora », ils travaillent dans le silence avec des gestes précis et une cadence régulière qui ne faiblit pas. Ils lèvent par instant les yeux pour remercier Dieu de tant d’abondance. En contemplant cette scène, me revient en mémoire une phrase de Dom Gérard, le fondateur de l’abbaye : « En regardant le ciel, les moines ont dessiné les jardins de la terre. »
Ici tout est à sa place, dans la tranquillité d’un ordre qui porte à la joie et à la paix : des rangs de vignes, encadrés de murs de pierres sèches, côtoient des champs d’oliviers et une garrigue où cohabitent genévriers, romarins, chênes verts, chèvrefeuilles et thym. Un parfum d’éternité monte de la terre. Nous sommes à l’endroit même, où Clément V, le premier pape d’Avignon, a planté la première vigne pontificale au début du XIVe siècle. 700 ans plus tard, rien ne semble avoir changé comme si ce lieu était préservé de la fureur du monde.
Ce très bel ouvrage, richement illustré, peut constituer une idée de cadeau pour Noël.
« Les vignerons du Ciel » sortira en librairie le 25 novembre prochain. D’ici là, il est possible de le pré-commander en souscription à un tarif 30% inférieur au prix de sortie, en utilisant ce lien.
(1) Lire par ailleurs dans nos colonnes : L’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux où la tradition amène les vocations ! du 1er août 2019
Bonus :
Aucun commentaire