Abstenez-vous de voter blanc, c’est nul
On connaît la chanson républicaine des loges : honte aux abstentionnistes ! Des Français sont morts hier pour avoir le droit de vote aujourd’hui. Ah oui ? où ? quand ? Mort pour sa patrie, mort pour une idéologie oui, mort pour déposer un papier dans un cendrier, non.
Si voter est un droit, ne pas voter en est également un. Même « secret », comment peut-on obliger quelqu’un à déposer un bulletin dans l’urne bien nommée, qui devient le cendrier de la démocratie.
L’abstention est la bête noire de nos hommes politiques
En effet le taux de participation à leur élection est vital pour eux pour trois raisons.
• D’abord : C’est de ce taux de participation qui légitime leur élection.
Ainsi, aux élections présidentielles de 2022, Emmanuel Macron a été élu avec soi-disant 58 % des voix. C’est faux. Alors qu’avec 18 millions de voix sur 48 millions d’inscrits, il n’a été réélu qu’avec 38,5 % du corps électoral en raison des 13 millions d’abstention.
On notera que par un tour de passe-passe, les votes blancs et nuls (3 millions) disparaissent des compteurs et ne sont pas comptabilisés dans l’abstention.
• Ensuite : C’est l’existence même de l’échelon soumis au suffrage universel qui est en jeu.
Par exemple, en 2004 l’abstention aux élections européennes a atteint des sommets en 2009 avec 59 %. Manifestement l’Europe n’intéresse personne. Les Français ont pourtant été clairs en 2004 en votant NON à l’Europe. Voter ne servirait à rien ?
Il y a au suffrage universel rien moins que 6 échelons : les municipales, départementales, régionales, législatives, présidentielles et européennes, plus les éventuels référendums.
Ce fameux mille-feuilles administratif auquel il faut ajouter les communautaires, les sénatoriales et les parrainages, à ne pas oublier.
Alors que nous sommes, tous ces échelons confondus, en campagne électorale permanente, comment « traîner » encore et encore les électeurs récalcitrants aux urnes.
À cette paranoïa démocratique, ils n’ont rien trouvé de mieux que d’inventer des primaires, pour se faire exister, occuper les médias qui leur servent la soupe, ajoutant ainsi des élections aux élections.
On a une overdose de vote ! Trop de « démocratie » tue la démocratie en la noyant.
• Enfin, et c’est peut-être le plus important :
Les candidats et leurs partis reçoivent des sommes considérables pour leurs campagnes. L’argent des contribuables, le mien, le vôtre. Des centaines de millions d’euros, c’est vertigineux.
- Ainsi, pour l’élection présidentielle de 2012, l’État a pris 228 millions d’euros à sa charge. Sur ses frais de campagne François Hollande a reçu 21 millions d’euros, soit quasiment l’intégralité de ses frais de campagne.
- Les partis sont financés à hauteur du nombre de voix obtenus par leurs députés élus aux législatives.
Chacune de nos voix à leurs élections contribue à augmenter la manne financière que tous ces élus reçoivent de l’argent public.
Votre bulletin de vote devient un billet de banque (1,64 euros par an) pour nos hommes politiques cupides.
Ce sont les trois raisons pour lesquelles, face à cette menace d’abstention dévastatrice pour leur porte-monnaie donc leur existence, les politiques envisageraient de rendre le vote OBLIGATOIRE, sous peine de sanctions pour celui qui aura préféré rester chez lui plutôt que choisir le candidat le moins pire. Il y a peu de chance pour que cela arrive. En effet, on verrait probablement une explosion des votes blancs ou nuls qu’on ne pourrait plus faire disparaître comme c’est le cas à ce jour.
Il faudra alors comptabiliser celui qui aura glissé un nom fantaisiste ou une feuille de papier hygiénique usagée dans l’enveloppe.
« Il faut voter » nous disent-ils. Mais quel culot !
Sur les 47 000 élus ayant le pouvoir de parrainer un candidat à l’élection présidentielle en2017, 14 000 seulement se sont prononcés. Ce qui porte à 70 % l’abstention chez nos politiques, quand ils ont à voter, eux ! Record battu.
Et ils voudraient qu’on se déplace… en nous culpabilisant sur notre prétendu devoir citoyen.
En conclusion.
• Voter, même blanc ou nul, c’est valider l’élection, donc celui qui sera élu. C’est accepter le choix forcé des urnes.
Les votes blancs ou nuls ne sont pas comptabilisés dans la majorité simple retenue pour introniser le candidat ; donc ne servent qu’à cacher une part de l’abstention. En votant blanc, vous disparaissez de la démocratie.
• Voter pour le moins pire, c’est lui donner de l’argent au candidat et un blanc seing pour ses promesses qui n’engagent que ceux qui l’écoutent. Ce n’est pas éliminer l’autre.
Si vous votez Emmanuel Tartempion pour éliminer Marine Truc en vous bouchant le nez, vous aurez voté Tartempion, les bulletins n’ont pas d’odeur.
• Il y a bien la possibilité de déchirer sa carte d’électeur, cela devient à la mode. Cela soulage probablement l’instant mais ce n’est pas la bonne solution non plus. Cette carte d’électeur a un pouvoir, celui d’être utilisé… ou pas.
Alors, la prochaine fois, choisissez celui ou celle qui vous convient au premier tour comme au deuxième tour. Voter c’est adhérer, pas éliminer.
Ou sinon, abstenez-vous, allez à la pêche. N’allez pas émarger la liste électorale de votre bureau de vote. Vous respecterez alors la vraie démocratie et surtout votre conscience.
Michel Lebon
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