Le Parlement européen traite la Russie « d’État promoteur du terrorisme » : manichéisme à l’américaine ou diversion de scandales internes ?
Ce 23 novembre, le Parlement européen a adopté à une large majorité (494 voix pour, 58 contre et 44 abstentions), une résolution qualifiant la Fédération de Russie « d’État soutenant le terrorisme » [source]. Historique ou hystérique, elle exprime clairement la volonté de provoquer des réactions susceptibles de forcer un processus diplomatique bloqué. Ou de faire diversion.
Neuf mois après le début des hostilités en Ukraine, le procédé et le moment ne sont évidemment pas le fruit du hasard. Car l’hiver approche, qui risque de geler des combats que la presse dominante et des experts de plateau au ton assuré, dont certains, otanisés voire stockholmisés — mais aussi peu informés de la situation réelle que vous et moi —, et qu’ils ont pourtant maintes fois proclamés perdus pour « l’ours russe », dont la peau a été prématurément vendue. Prescience ou nescience, en attendant la propagande continue de battre son plein de part et d’autre, relayée par les médias de régime.
Cette condamnation très grave crispe davantage, si c’est possible, la relation entre les belligérants du conflit en Ukraine, Russes et Ukrainiens en premier lieu. Mais aussi la position des parties prenantes étrangères plus ou moins déclarées, principalement occidentales dont la France, impliquées de fait comme « cobelligérantes » en appui de l’Ukraine par la fourniture d’armements, de matériels et d’équipements, de conseillers et de troupes à portée de fusil. On se demande d’ailleurs jusqu’où tiendra l’ambiguïté et l’impunité du terme « cobelligérant », qui ne trompe que les apparences, terme commode pour faire la guerre sans la déclarer.
Or, un point de non-retour géopolitique semble avoir été franchi dans les déclarations et les sanctions
Avant la fin constatée des combats et quelle qu’en soit l’issue réelle, on connait déjà d’irrémédiables victimes collatérales de sanctions internationales contreproductives, population française en premier lieu, que le temps qui passe enfonce plus lourdement dans les difficultés économiques et la dépendance otanienne. De même qu’on en connait les principaux bénéficiaires pour qui le temps joue en leur faveur, leur commandant en chef états-unien en tête.
Ce nouveau pas résolu vers un manichéisme à l’américaine teinté d’économie autant que d’idéologie, s’aligne sur la dialectique néo-conservatrice reprise indifféremment par les « éléphants républicains » et les « ânes démocrates » depuis des décennies, car insufflée par le tout puissant et apolitique complexe militaro-industriel : combat du Bien contre le Mal, Axe du Mal, États-voyous. La machine économique américaine est toujours gagnante de ces conflits programmés qui mettent en scène les « salons de l’armement » les plus spectaculaires et rentables, par la démonstration de puissance en direct de ses matériels, et par la mise sous dépendance de nouveaux pays-clients se réfugiant sous le « parapluie américain bienveillant ».
Le texte voté [source], reprise fidèle de ce que les médias publics dominants nous assènent quotidiennement sans nuances, condamne « le joug du régime dictatorial de Vladimir Poutine », pourtant élu et largement soutenu par son peuple. Il « invite l’Union européenne et ses États membres à mettre en place un cadre juridique européen permettant de déclarer des États “soutiens du terrorisme”, dispositif qui exposerait les pays concernés à une batterie de lourdes mesures restrictives et qui aurait pour effet de limiter de manière importante les relations de l’Union avec lesdits pays ». Il demande plus particulièrement « au Conseil d’envisager, une fois cela fait, d’inscrire la Fédération de Russie sur ladite liste de l’Union des États qui soutiennent le terrorisme ».
Coïncidence, cette charge européenne offre une diversion opportune des scandales internes récemment dévoilés de corruption et de conflits d’intérêts, qui impliquent les plus hautes instances de l’Union européenne dans le domaine de la santé publique, du covid-business en particulier.
Pour qui voudrait prendre en compte la perspective russe et sortir des clichés média-politisés, des ouvrages comme « Un Russe nommé Poutine », d’Héléna Perroud, et le roman hyperréaliste « Le mage du Kremlin », de Giuliano da Empoli, Grand prix du roman de l’Académie française 2022, sont intéressants et éclairants.
Jean-Michel Lavoizard
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[NDLR] L’Europe de Bruxelles qui pratique le terrorisme sous différentes formes, notamment le terrorisme sanitaire, use et abuse de l’inversion accusatoire. Nos lecteurs se reporteront à notre article du 3 novembre 2022, intitulé De l’inversion accusatoire.
Complément d’information du 30 novembre 2022 :
Les États-Unis ont refusé d’inclure la Russie dans leur liste de pays parrainant le terrorisme.
Le représentant permanent du pays auprès de l’organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a fait une déclaration le 29 novembre. Selon lui, une inclusion pourrait entraver la transaction céréalière.
Une fois encore, la commission européenne, sous influence américaine, soumise à une véritable hystérie russophobe, fait du zèle en se montrant plus royaliste que le roi, plus américaine encore que les Américains.
L’Europe s’exclut ainsi de toute future négociation de paix. Cette Europe est une véritable catastrophe pour les Européens.
Les politiques de tout poil ne nous représentent plus car ils sont à la solde de la finance.
Ce que le président de l’UKRAINE ne voit pas ou il le fait exprès, c’est qu’il s’est fait prendre entre le marteau et l’enclume. Plus il bouge, plus sa population MEURT.