La réforme des retraites passe par la réforme des mots
Depuis plusieurs années, nous alertons nos lecteurs sur l’enfumage de la réforme des retraites. Lire par exemple :
• Retraites et démocratie du 13 septembre 2019
• Retraites : il faut renverser la table ! 17 septembre 2019
• Macron n’est pas légitime pour réformer les retraites du 21 octobre 2019
• Retraites : questions que l’on se pose du 18 décembre 2019
• Réforme des retraites ? D’abord préservons les privilèges ! 12 octobre 2022
et encore récemment :
• Réforme des retraites : le psychodrame mal joué qui finira mal du 15 janvier 2023
Toute cette agitation sur « l’âge du départ à la retraite » est révélatrice de cette situation ubuesque où les principaux bénéficiaires des pensions sont les personnes qui en décident. On ne règle jamais un problème avec ceux qui l’ont créé. Notre éditorialiste Michel Lebon l’exprime fort bien sur sa page Facebook :Il en va des retraites comme de notre société : chacun pour soi, embrouille, « jouir sans entrave », « Toujours plus », « Après nous le déluge ». Le fonctionnement des retraites est une usine à gaz sans cesse rafistolée pour qu’elle tienne le temps que ceux qui en décident en profitent.
Du reste les jeunes n’entendent rien à ce débat alors qu’ils sont les premiers concernés en tant que contributeurs actuels et déshérités futurs. Mais qui les entend ? Pascal Praud, hier lundi 23 janvier 2023, entend, lui, « Enzo » qui dit : « On finit avec le travail, terminé le travail ! »
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« Si j’avais 20 ans, je penserais comme Enzo », avoue Pascal Praud tandis que Nathan Devers précise : « Enzo pose la question de la réforme des retraites au niveau où elle devrait se poser, c’est-à-dire non pas au niveau technocratique, [ … ] mais au niveau de notre rapport au travail. »
Enzo commet toutefois une erreur car il attribue à la gauche les avancées relatives à la réduction du temps de travail. Mais la gauche le fait en considérant le travail comme une corvée qu’il convient d’abréger.
Le verbe travailler provient du latin vulgaire tripaliare, signifiant « torturer », lui-même dérivé du nom tripalium, qui désigne un instrument de torture à trois pals (illustration ci-contre). Dans les mots travail et travailler, il y a donc originellement les notions de torture, de souffrance, de douleur. |
La Gauche voit toujours le travail comme une torture
Son objectif est de l’adoucir avec les « 35 heures » ou la « retraite à 60 ans » qui sont plus des erreurs culturelles qu’économiques. Les Gilets Jaunes de Cannes – Antibes l’expriment fort bien :
La Gauche a sans cesse besoin de nouveaux « travailleurs » pour alimenter ses troupes. Puisque les prolétaires se sont embourgeoisés, la Gauche renfloue son prolétariat par le bas.
Jamais la notion de travail-corvée n’est remise en cause. La preuve : observez le personnel à l’arrière des camions-bennes à ordure. Et pourtant « il n’y a pas de sot métier ». Éboueur est un métier noble au même titre que ministre. Du reste la société peut se passer de ministres (rappelons nous de la Belgique qui a vécu sans gouvernement pendant un an et 1⁄2 en 2019–2020) alors qu’elle ne peut pas se passer de ses éboueurs plus de 3 jours. Quel est donc le travail qui mérite la meilleure considération sociale ?
Le travail est l’expression de sa contribution au Vivre ensemble. Qu’est-ce que j’apporte à la société en contre-partie de ce qu’elle m’apporte ? Telle est LA question.
En anglais « travail » se dit « work », de l’allemand « Werk », l’œuvre.
« Travailler », c’est « werken », c’est donc œuvrer
Et si au lieu de travailler, on « œuvrait » ? Ça changerait tout. Œuvrer au Bien Commun, c’est autre chose que souffrir. Cela remet en cause le travail pénible ou aliénant, qu’il faut alors bannir. Œuvrer au Bien Commun est noble et gratifiant. Il faut donc « interdire » le « travail » et promouvoir l’ouvrage !
Mais il faut aussi interdire la roublardise comme comportement anti-social. Actuellement ceux qui réussissent selon les critères de Macron, ce sont les roublards. Plus tu es roublard, mieux tu réussis. Le premier d’entre eux étant à la tête de la nation. Tous nos dirigeants se soustraient du travail et s’octroient la valeur ajoutée générée par ceux qui ne sont rien et qu’ils clouent au tripalium. S’ils sont politiciens, c’est précisément pour pouvoir se soustraire de toute souffrance et en même temps « taper dans la caisse ».
Si le travail est remplacé par l’ouvrage au service du Bien Commun, alors la vie prend son vrai sens. Chacun œuvre selon ses compétences, ses aptitudes et ses besoins, dans un cadre communément partagé. Plus besoin de surconsommer des produits fabriqués en trop grand nombre dont on programme dès la conception l’obsolescence. On peut imaginer qu’à l’instar d’Enzo, certaines personnes aient envie d’œuvrer moins. Et alors ? Mais elles doivent assumer leurs choix.
Il faut remplacer le mot « travail » par le mot « ouvrage »
Et la retraite alors ? S’il n’y a plus de travail-souffrance, mais ouvrage-partage, alors la retraite n’est plus une libération attendue, mais un moment que chacun détermine — et assume — en fonction de ses choix. La retraite n’est plus l’oisiveté tant attendue après 40 ans de souffrance. Tout comme « travail », le mot « retraite » porte une consonance négative : partir en retraite, c’est battre en retraite, quelques années avant de mourir. Sauf pour les dirigeants qui se sont arrangés pour bien se protéger.
Avec l’âge, l’ouvrage doit prendre des modalités différentes sans jamais vraiment cesser. On parle aujourd’hui beaucoup des carreleurs éreintés à 60 ans. Bien sûr ! Ils n’auraient jamais dû être carreleurs au delà de la quarantaine. Et même à 80 ans, œuvrer cela peut être garder ou éduquer ses petits-enfants ou ceux des voisins. Ça tombe bien, l’Éducation nationale est en complète déconfiture. Les carreleurs ou les éboueurs doivent continuer d’œuvrer pour le Bien Commun d’une autre manière.
Mais alors c’est n’est plus une « retraite », c’est un « retrait »
Un retrait préparé et assumé, et donc bien vécu. Nous sommes loin des gesticulations autour de la retraite à 62 ou 63 ans. Cela n’a plus aucun sens.
Une refonte totale et profonde de notre civilisation est nécessaire pour placer le Bien Commun à la base du Contrat social
Ce sont des siècles d’aliénation à bouleverser car les dirigeants roublards se sont ancrés dans des bastions où ils jouissent sans entrave de leur Pouvoir. Et pour cela ils contrôlent les mots. Ils nous ont placés dans une prison dans laquelle nous nous sentons protégés, voire libres.
Il n’est plus question de négocier le poids de nos chaînes, mais bien de briser nos chaînes.
Georges Gourdin
Bonus :
Parce-que ça me donne du courage,
Ça me remet le cœur à l’ouvrage.
M. HENOU, la provocation a ses limites…!
La seule vraie réforme de la retraite, c’est une vraie politique nataliste, car dans le système par répartition, ce sont nos enfants qui paient la retraite. Tout couple qui ne fait pas deux enfants minimum, verra sa cotisation retraite doublée et sa pension retraite diminuée par deux. Plutôt que de donner des capotes aux jeunes, apprenons leur à faire de enfants.