1er anniversaire de la guerre en Ukraine (1 /​3)

par | 1 mars 2023 | 2 Commentaires 

Cette ana­lyse très com­plète de notre édi­to­ria­liste Patrice Lemaître fera l’ob­jet d’une publi­ca­tion en trois par­ties. Nous vous livrons aujourd’­hui la pre­mière des trois.

Le 24 février 2022, il y a tout juste un an, la Russie lance son « opé­ra­tion spé­ciale » contre l’Ukraine. Vu sous cet angle, il est évident qu’il y a un pays agres­seur, la Russie, et un pays agres­sé, l’Ukraine ! C’est ce que l’on va faire croire d’une manière pri­maire aux peuples euro­péens, for­mi­dable opé­ra­tion de pro­pa­gande, sui­vant (est-ce vrai­ment un hasard ?) celle sur le Covid les années précédentes.

Mais qu’en est-il vrai­ment ? Cette guerre a t‑elle vrai­ment com­men­cé le 24 février 2022 ?

En fait, elle dure depuis 2014, ce que vient de confir­mer Donald Trump il y a tout juste deux jours. En 2014 donc, un sou­lè­ve­ment « popu­laire » a ren­ver­sé le pré­sident Ianoukovitch, pré­sident pro-russe, élu de l’Ukraine. Un sou­lè­ve­ment vou­lu et bien aidé par « l’Occident », USA en tête. Ce sou­lè­ve­ment inter­vient après des mois de mani­fes­ta­tions et l’occupation de la place Maïdan au centre de Kiev. Une mani­fes­ta­tion au cours de laquelle une fusillade très curieuse a vu des tireurs viser à la fois les mani­fes­tants et la police.

Un film, tour­né en 2016 ! par Oliver Stone « Ukraine on fire » raconte en détail cette his­toire. Il explique éga­le­ment le tra­vail dis­cret du gou­ver­ne­ment amé­ri­cian four­nis­sant des infor­ma­tions et finan­çant les mani­fes­tants contre le gou­ver­ne­ment légal de l’Ukraine.

Une des premières décisions de ce nouveau gouvernement sera de limiter fortement l’utilisation de la langue russe en Ukraine

Auparavant, envi­ron 30% du pays était rus­so­phone. Cette affaire a donc fort logi­que­ment déplu aux Russes. Ils en sont donc venus à sou­te­nir tout d’a­bord indi­rec­te­ment (sans inter­ven­tion mili­taire) un sou­lè­ve­ment dans les régions du Donbass, de Lougansk et Donetsk. Ils en ont pro­fi­té pour obte­nir la séces­sion de la Crimée, vidée des troupes ukrai­niennes sans un seul coup de feu. La Crimée, peu­plée de 90% de rus­so­phones, accep­te­ra par la suite son retour en Russie dans un réfé­ren­dum. C’est un grand coup pour la Russie qui récu­père ain­si Sébastopol, le seul port en mer chaude de toute la Russie. Plus impor­tant en tous cas que les répu­bliques du Donbass, que la Russie ne peut pour­tant pas lais­ser tomber.

Depuis lors, le conflit va écla­ter entre l’Ukraine et ces ter­ri­toires pro-russes, conflit qui fera selon l’ONU, envi­ron 14 000 morts, dont per­sonne n’a par­lé en Occident, sauf ceux que l’on a tout de suite clas­sés dans la caté­go­rie des complotistes.

Chaque semaine, Christelle Néant de Donbass Insider vous pro­pose un rap­port de situa­tion (mili­taire, politique,…

Publiée par Donbass Insider sur Samedi 22 février 2020

Pendant ce temps, depuis 2015, est dif­fu­sée à la TV ukrai­nienne, une série télé­vi­sée humo­ris­tique dans laquelle joue un comé­dien alors incon­nu Volodymyr Zelensky. Il se fera connaître éga­le­ment grâce aux Pandora Papers. Lors de l’é­lec­tion pré­si­den­tielle de 2019, pous­sé par les Américains, et sans aucune expé­rience poli­tique, fort de son seul suc­cès télé­vi­sé, il pro­pose un pro­gramme aty­pique et mini­ma­liste dans lequel il prend pour cible la cor­rup­tion du gou­ver­ne­ment de Petro Porochenko, et inclut la pro­messe de mettre fin au conflit et de résoudre les dif­fé­rends avec les répu­bliques du Donbass et la Russie. Il est élu avec 73,2% des voix au second tour.

Il devient dès lors la marion­nette de l’Occident, qui rem­pla­ce­ra une cor­rup­tion par une autre que même Zelensky recon­naî­tra en limo­geant cer­tains de ses proches collaborateurs.

En sep­tembre 2014, la Russie était au bord d’en­va­hir l’Ukraine. Un pre­mier accord de Minsk est signé entre l’Ukraine et les répu­bliques de Donetsk & Lougansk, sous le patro­nage de la France de l’Allemagne et de la Russie pour un ces­sez-le-feu. En sep­tembre 2015, un second accord de Minsk (notre illus­tra­tion à la une) garan­tit aux répu­bliques du Donbass une cer­taine auto­no­mie, mais ces accords n’ont jamais été appli­qués par l’Ukraine qui a conti­nué à bom­bar­der ces régions.

François Hollande et Angela Merkel ont recon­nu publi­que­ment il y a quelques semaines que ces accords n’a­vaient pour objec­tif réel que de gagner du temps pour per­mettre à l’Ukraine de se pré­pa­rer à la guerre contre la Russie, ce qu’elle va faire pen­dant sept ans avec l’aide des USA et de l’Occident (lire Hollande et Merkel : res­pon­sables de la guerre en Ukraine du 13 décembre 2022).

Une telle situa­tion ne pou­vait que pous­ser les Russes à la guerre. Pendant toute l’année 2021, la Russie a signi­fié à l’Occident et à l’OTAN qu’une adhé­sion future de l’Ukraine et la pré­sence éven­tuelle de mis­siles nucléaires à 500 km de Moscou était inac­cep­table et entraî­ne­rait un conflit. La Russie a deman­dé la tenue d’une confé­rence de sécu­ri­té glo­bale en Europe en rap­pe­lant la pro­messe qui avait été faite en 1991 que l’OTAN ne s’étende pas aux anciens membres du pacte de Varsovie (Pologne, Hongrie et la Roumanie la République tchèque, Slovaquie aujourd’hui tous membres de l’OTAN …) et aux anciennes répu­bliques sovié­tiques (les pays baltes sont éga­le­ment membres de l’OTAN).OTAN 1990-2020

Pendant ce temps, les USA encou­ragent l’Ukraine à se rap­pro­cher de l’OTAN et à s’ar­mer, pro­fi­tant du non res­pect des accords de Minsk. Dans le pays, les milices natio­na­listes, sou­vent néo­na­zies comme le bataillon Azov (illuus­tra­tion ci-des­sous), forcent la main pour une solu­tion mili­taire au Donbass.

Milice nazie Ukraine Azov

Le dra­peau ukrai­nien, celui de l’OTAN et la croix gam­mée font bon ménage

En décembre 2021, la Russie com­mence à mas­ser des troupes à la fron­tière, tout en réité­rant ses requêtes à l’OTAN et à l’Occident : l’arrêt de l’expansion de l’OTAN, une Ukraine neutre, et l’application des accords de Minsk. Aucune réponse ne vien­dra sinon un arme­ment accé­lé­ré de l’Ukraine. Et les Russes fini­ront par entrer dans le pays en février 2022. Ceci aurait pu être évi­té, mais l’Occident n’a jamais cher­ché l’a­pai­se­ment, bien au contraire. On est aujourd’­hui en pré­sence d’une vraie guerre, que l’Union Européenne, pous­sée par les États Unis ne cesse d’at­ti­ser, en décla­rant par exemple qu’il faut faire dis­pa­raitre la Russie.

Patrice Lemaître

Fin de la pre­mière partie

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Patrice Lemaître

2 Commentaires 

  1. L’analyse est très bien faite !
    Enfant d’a­près-guerre, j’ai tou­jours enten­du, confir­mé pen­dant mes années de lycée, que l’Europe est à construire : « Pour la Paix ! ». Maintenant que les sur­vi­vants com­bat­tants ou ayant souf­fert, adultes, de la 2ème guerre mon­diale, les poli­tiques occi­den­taux rêvent d’une 3ème guerre mon­diale, avec en tête les Américains qui ont tou­jours béné­fi­cié des conflits à l’ex­té­rieur de leur pays, par un bond éco­no­mique phé­no­mé­nal.
    Actuellement, l’é­co­no­mie amé­ri­caine est au plus mal depuis 2008 et donc il leur faut un conflit pour repar­tir en recons­trui­sant les ruines. Ces bel­li­cistes amé­ri­cains ont tou­jours le fan­tasme que les « vrais euro­péens » sont des com­mu­nistes en puis­sance, ain­si, il faut atta­quer l’Est de l’Europe occi­den­tale, par n’im­porte quel moyen.

    Le coup d’État en Ukraine en 2014, pro­ba­ble­ment orches­tré par la CIA (c’est tout à fait son style), confirme le plan amé­ri­cain – ou tout au moins de ces bel­li­cistes, car le peuple n’est cer­tai­ne­ment pas de cet avis.

    Ainsi, voyant ce qui se passe, je ne com­prends pas qu’en avril 45, les Américains ne se sont pas alliés avec les Nazis contre les « bol­che­viques » tel que le pré­voyait Himmler. Mais il faut dire que les Alliés (de l’époque) avaient, peu de temps avant, décou­vert les camps d’extermination.

    On peut devi­ner que les « alliés » actuels (US, France, Allemagne, Grande-Bretagne) vont débar­quer (comme l’o­pé­ra­tion d’entraînement Orion 23 dans la région de Sète récem­ment) en Crimée pour la « libé­rer » et la res­ti­tuer au comique-trou­­pier à la tête de l’Ukraine, auto-pro­­cla­­mé pré­sident, non élu, au grand-dam d’une popu­la­tion pro-Russe. Il faut voir la pro­pa­gande des médias et même d’Arte qui modi­fie l’Histoire, et consta­ter que les « réfu­giés » qui s’ins­tallent presque gra­tui­te­ment en France ne font pas par­tie du petit peuple « oppri­mé » : je les vois rou­ler dans des Mercédès ou autres SUV flam­bant neuf, imma­tri­cu­lé en UA (!?), que je ne peux même pas me payer !
    Ces « réfu­giés » ont pu pré­ser­ver leurs avoirs et béné­fi­cient des lar­gesses de l’État, alors que les Français sont dans une situa­tion déplo­rable qui n’en fini­ra plus de s’aggraver.

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  2. C’est effrayant de lire votre der­nière phrase, venant de pays se pré­ten­dant à tout bout de champ « démo­crates et éco­lo­gistes »
    En décla­rant par exemple qu’il « faut faire dis­pa­raitre la Russie ».
    C’est ahu­ris­sant que des gens qui t’ac­cusent depuis 40 ans de voter FN, soient encore pires que des fas­cistes névropathes !!!

    Répondre

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